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26 novembre 2018 1 26 /11 /novembre /2018 22:00
D'un pas à l'autre, de Zivo & Valérie Ivanovic

Ce bel objet est composé d'images et de textes. Valérie tient la plume et Zivo le pinceau, dans l'atelier. Zivo y prodigue ses couleurs et Valérie ses mots.

 

Chacun dans son art, l'aquarelle pour Zivo, le poème pour Valérie, laisse libre cours à son imaginaire où le végétal, l'animal et l'humain souvent se mêlent.

 

Les peintures et les vers se répondent et créent un univers où celui qui regarde et lit trouve matière à évasion. Le réel s'abstrait et l'abstrait se réalise.

 

Les cinq poèmes oniriques de Valérie sont précédés d'un titre qu'annonce le pinceau de Zivo et ces titres, déjà, invitent au rêve le lecteur et voyeur.

 

Si, à défaut de reproduire des images, on veut au moins avoir un aperçu des sons qui les accompagnent, il faut en passer par quelques brèves citations:

 

Ô ce moi qui recule! Sur ton dessin les ondoiements

                                                                 incertains

d'une trajectoire batracienne.

(Ce moi qui recule)

 

Et j'apprends que ton aïeule de là-bas détenait

parmi ses modestes possessions

un bocal de sangsues

prêtes à l'usage.

(Entre les doigts)

 

Chaque fois que nous parlerons de la mort,

nous nous chantournerons l'un l'autre

d'un espace horrible.

(Telle Psyché)

 

Et, depuis les tendres sabots, masqués pour la forme,

nous attribuons au rythme libre

la noble cause de plus nombreux désirs - aériens.

(Au milieu de l'atelier)

 

Ainsi, lorsque le matin tu me tires d'une abyssale apnée

et que tu fais tenir en équilibre debout

sur la tranche l'un de tes carnets à dessins

que tu m'ouvres avec le bonjour rituel,

j'y découvre - encore rêvé de tes doigts -

du mobilier végétal

élancé et frêle, qui vibre,

tels les élytres d'un insecte --

(Tout au fond de l'atelier)

 

On ne peut qu'être ému, en lisant, en regardant les pages de ce livre d'être admis dans la complicité de ces deux artistes, qui se révèlent sans se dévoiler...

 

Francis Richard

 

D'un pas à l'autre, Zivo & Valérie Ivanovic, 128 pages, BSN Press

 

Vernissages et dédicaces:

- Librairie La Fontaine (Vevey), 29 novembre 2018, de 17h à 19h

- Librairie Molly & Bloom (Lausanne), 30 novembre 2018, de 17h à 19h

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30 octobre 2018 2 30 /10 /octobre /2018 23:55
Richard Rognet et Jean-Pierre Vallotton

Richard Rognet et Jean-Pierre Vallotton

Deux années sur trois, le Prix de Poésie de la Fondation Pierrette Micheloud est décerné à un poète qui a publié un recueil de poèmes dans l'année précédant l'attribution, soit entre le 1er juillet et le 30 juin.

 

Cette année le lauréat est Richard Rognet, dont le recueil Les frôlements infinis du monde a paru chez Gallimard le 15 mars. Hier soir, au Bourg, à Lausanne, le prix d'un montant de 20'000 francs, lui a été remis à l'issue d'un entretien avec Jean-Pierre Vallotton.

Jean-Pierre Vallotton

Jean-Pierre Vallotton

Dans sa présentation du poète, Jean-Pierre Vallotton, qui est à la fois membre du Conseil de la Fondation et Président du Jury, souligne qu'il émane de ses poèmes une forte présence au monde et une grande dilection pour la Nature et, plus particulièrement, pour les oiseaux et les arbres:

 

A la cime des branches de pin,

Le ciel rend des comptes à la terre.

 

Richard Rognet soigne les épigraphes et dédicaces de ses recueils. Ainsi, dans son dernier opus, cite-t-il Pentti Holappa, Willem Van Toorn et Tarjei Vesaas: sa présence au monde n'est pas réservée à la faune et à la flore, elle s'étend à la diversité humaine. Ainsi dédie-t-il cet opus à Alain Haller et à Béatrice Marchal, laquelle a fait le déplacement à Lausanne avec lui.

 

Il n'y a pas de solution de continuité entre les différents recueils du poète. Leurs titres en sont d'ailleurs comme les traits d'union: le titre d'un recueil est tiré d'un poème du recueil précédent. Ce qui renforce, s'il en était besoin, l'unité de cette oeuvre rare.

 

Comme le dit un autre poète, surprendre est quelque chose qui est à la portée de n'importe quel écrivain, mais il est plus rare qu'il surprenne par la justesse, la clarté, l'équilibre, toutes qualités qui caractérisent les textes de Richard Rognet.

 

De plus, il y a non seulement continuité d'un recueil l'autre, mais il n'y a pas rupture non plus sur le fond. La poésie de Richard Rognet est une poésie de liaison, ce qui est peu commun aujourd'hui. Sans doute cela vient-il de sa parenté avec celle d'un autre poète.

 

Cet autre poète, Francis Jammes, apprécié de Gide et de Mallarmé, est comme lui un enraciné: Jammes dans les Pyrénées, lui dans les Vosges, qu'il n'a jamais vraiment quittées et où il vit encore aujourd'hui, à Dommartin-lès-Miremont.

Richard Rognet

Richard Rognet

Au cours de l'entretien avec Jean-Pierre Vallotton, le lauréat explique qu'écrire est un plaisir et une mutilation. En effet, les écrits n'expriment qu'en partie ce que l'auteur aimerait dire:

 

Que de cris sans écho sous les bruits

De la vie.

(Dans les méandres des saisons)

 

Il y a aussi une dépossession des écrits à partir du moment où ils sont publiés. Ils n'appartiennent dès lors plus à leur auteur, qui en fait l'abandon à autrui, c'est-à-dire à ses lecteurs qui se l'approprient malgré qu'il en ait.

 

Richard Rognet a commencé par lire les poèmes des autres avant de lire les siens. Il y a pris goût. Et il faut dire qu'il excelle dans cet art de lire: il lit avec sobriété, sans emphase, ce qui, paradoxalement, donne aux textes toute leur profondeur.

 

Hier soir, Richard Rognet lit d'abord des poèmes extraits de son dernier recueil et le courant passe entre lui et l'assistance recueillie, qui l'écoute en silence, religieusement.

 

Puis il lit des poèmes inédits qu'il a composés pour la journée d'études qui lui a été consacrée le 6 octobre 2017 à l'Université de Tours.

 

Enfin il lit des poèmes de Béatrice Marchal, une femme poète, qui a écrit sur lui un texte intitulé Richard Rognet ou "l'ailleurs qui veut vivre" et qui a beaucoup contribué à sa connaissance de lui-même.

Olivier Engler, Richard Rognet et Jean-Pierre Vallotton

Olivier Engler, Richard Rognet et Jean-Pierre Vallotton

Vient le moment de la remise du Prix de Poésie 2018 par le Président de la Fondation, Olivier Engler. Qui, dans son intervention, sans porter de jugement, prévoit que nous sommes à la veille d'un bouleversement sociétal d'envergure, en raison de la place toujours plus grande du digital.

 

Cette réflexion l'amène, lui l'homme des chiffres, à parler du besoin de lettres que les hommes auront pour supporter ce bouleversement et notamment de poésie: les poètes n'auront-ils pas leur rôle à jouer pour en stopper les éventuelles dérives?

 

Dans son remerciement, le poète, très ému, ne cède pas à la tentation de plaire, ni de déplaire. Il reste lui-même, c'est-dire d'une grande simplicité et d'une grande authenticité. Il sait trouver les mots qui communiquent cette belle émotion à celles et ceux qui l'écoutent...

 

Francis Richard

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23 octobre 2018 2 23 /10 /octobre /2018 22:55
Les frôlements infinis du monde, de Richard Rognet

Les mots, ils sont ma main,

mes doigts, leurs empreintes,

ils gouvernent l'espace,

ils prolongent le temps,

ils veillent pour moi,

sur les contrées inexplorées

de mes poèmes à venir.

 

Dans les poèmes présents de Richard Rognet, des mots reviennent sous sa plume, sans doute parce qu'ils sont bien lui et qu'il les aime plus particulièrement, même s'ils ne portent pas toujours directement en eux le visage des hommes...

 

Il ne s'agit pas, bien sûr, de compter combien d'occurrences. Car le nombre des mots n'a pas d'importance. Ce qui importe, c'est juste leur répétition, révélatrice de ses regards, changés en reflets éblouis par la beauté du monde.

 

Les mésanges?

Elles soulèvent ce qui en [lui] frémit.

 

La nuit?

L'aube prend en main ses restes. Elle est un cri de la lumière. Et elle parle de nous.

 

La lumière?

Vivante, elle est un reflet de l'ombre.

 

Les étoiles?

La beauté des étoiles dépend de l'oeil

qui les regarde, comme l'amour

dépend des caresses données.

 

L'amour?

Ah! L'amour, comme une main

qui éclôt sur la mienne,

comme le choc ardent d'une étreinte absolue

et comme ce martèlement du sang

qui libère des feux

jusqu'au fond des ténèbres.

 

Le temps presse le poète, le talonne, alors il se donne un conseil pour résister:

tu devrais ne retenir

que cet ultime amour

auquel tu dois d'être vivant.

 

La vie est mouvement. Il doit donc marcher plus loin que [ses] pas,

aller au-devant des secrets

qui, avec les mystères, préparent

l'évidente clarté dont a besoin la vie,

 

la vie qui nous possède

et possède le monde,

avec la même force têtue

que celle que forgèrent, peu à peu,

les puissants millénaires

appuyés sur le temps

et sur ce qui oeuvra,

dans l'espace, avant lui.

 

Francis Richard

 

Les frôlements infinis du monde, Richard Rognet, 152 pages, Gallimard

 

Pour ce livre, Richard Rognet, se verra remettre le lundi 29 octobre 2018, le Prix de Poésie 2018 décerné par La Fondation Pierrette Micheloud, lors d'une cérémonie qui aura lieu à 18 heures au Café-Théâtre Le Bourg, Rue de Bourg 51, à Lausanne (1003).

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20 juin 2018 3 20 /06 /juin /2018 22:40
Grammaire blanche, de Claudine Gaetzi

Grâce absolue des mots, même des mots perdus, rétrécis, déformés: leur sens, quoi qu'il en soit, me restitue la transparence des vraies raisons.

 

C'est sur cette esquisse d'explication que se termine, ou presque, la partie intitulée Grammaire blanche qui donne son titre au livre en prose poétique de Claudine Gaetzi.

 

Cette esquisse montre toute l'importance que la poétesse attache aux mots. Et répond à cette autre esquisse qui se trouve à la première page où elle évoque leurs formes et leurs signes:

 

Formes, signes, les mots ne diminuent ni n'augmentent ma vie, parler absolument, parler de tout, distraitement et de toutes les façons, pour ne pas cesser d'exister, pour me garder présente, pour rester en perspective.

 

Le lecteur serait tenter de dire que les mots eux-mêmes sont sa vie (ils lui permettent en outre avec ses actes de sauver les apparences) et que le bénéfice de leurs inventaires l'aident à vivre.

 

La douleur est muette, dit-on. Les mots sont alors silencieux et les récits sont tus. Mais les mots, de toute façon, existent et, chose curieuse, quand ils reculent, ils ne l'empêchent pas d'avancer...

 

Encore une fois les mots sont essentiels. Avancer ne veut pas dire qu'il faille y renoncer: Ne pas abandonner. M'arrimer aux mots, énoncer, décrire, afin que l'existence ne se dissolve, ne se disperse, ne s'évanouisse.

 

Cela n'est pas si simple: Que signifie la vraie vie ? Égrener des réponses maigres et dérisoires, c'est être, c'est faire, c'est penser, c'est dire, la vraie vie, alors que, de toute évidence, c'est aimer, la vraie vie.

 

Tout au long des lignes, le lecteur se rend compte que la poétesse passe par des affres dont elle semble sortir pour retomber plus loin. Elle se fait alors des recommandations:

 

M'exercer. M'appliquer. Projeter ma voix. Jeter mon regard sur ce qui m'environne. Mouvement vers le réel. Dépasser ce que le langage refuse à accorder.

 

Dans l'autre partie du livre, intitulée Belles saisons imparfaites, le lecteur ne peut que ressentir ces va-et-vient entre réalité et langage, mais cette fois ils se font qui plus est dans la dimension temporelle:

 

Le présent est invivable. Le présent est déjà vécu. Mieux vaudrait ne plus vivre si tout est à revivre. Mes humeurs sautent. M'animer s'impose. Il me faut inverser la géométrie du présent, laissé le passé remonter.

 

Là encore, comme pour se sortir du malaise dans lequel elle se trouve, elle se fait des recommandations qui vont à l'encontre du constat précédent:

 

Saisir ce qui arrive. Laisser échapper ce qui est passé. Inspirer, expirer. Chaque matin, chaque soir. Chaque instant. Respirer tout ce que l'entre-deux contient. Ne pas avoir vécu en vain. D'ici la fin de. Ne pas penser à ce qui finira.

 

Finalement, hors des mots écrits point de salut:

 

Écrire est ma raison, mon recours , comme si avec l'univers je conversais. J'ai ma voix et les mots que tous emploient. Où ça mène, où ça m'emmène, c'est réel. Je tourne une page transparente, tandis que brillent tous les soleils. Alors mon corps glisse dans le temps et les dimensions coïncident.

 

Écrire lui permet de l'emporter sur la déraison...

 

Francis Richard

 

Grammaire blanche, Claudine Gaetzi, 68 pages, Samizdat

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11 juin 2018 1 11 /06 /juin /2018 06:00
Les seins de l'amante, de Timba Bema

Les seins de l'amante est un seul et long poème, charnu et charnel, composé librement par Timba Bema.

 

Ce poème raconte l'histoire d'un homme qui voit partir un train en direction des steppes du nord, un train qui emporte l'amante et le souvenir qu'il a de ses seins, comparables à

 

... des mangues que la nuit dernière encore

Allongé sur le côté, tu jugeais d'une caresse du doigt

 

Pourquoi part-elle?

 

... elle devait partir avant que le destin s'accomplisse...

 

Cet homme n'a pas vu venir ce départ, alors que l'amante avait le pressentiment de son impériosité... Et, tandis que s'éloigne le train, il reste figé sur le quai de la gare

 

Comme profondément ancré dans cette latérite poreuse

A tel point que remuer les cils te paraissait aussi douloureux qu'une punition

 

Il s'arrache du quai cependant et, à défaut de tenter de rattraper le train, l'amante et ses seins,

 

Tu étais parti en direction de la ville

Avec la triste intention de remplir ton corps de boisson

 

Il aurait dû comprendre les signes, entendre le murmure des voix anciennes et pour cela s'imposer silence...

 

Au lieu de cela, il a fabriqué du bruit et, maintenant, n'a pas d'autre ambition que de fuir... dans la direction opposée à celle du train...

 

Grâce à la molécule enchantée qui se trouve dans les alcools forts...

 

Il croit qu'il peut ainsi tourner la page douloureuse :

 

Mais c'était sans savoir que la molécule enchantée est rusée comme le diable...

 

Et quand, enfin, il quitte ces hommes qui voulaient simplement se saouler la gueule, il se fait complètement dépouiller sur la route où il s'est mis à marcher...

 

Il lui reste une image:

 

Les seins de l'amante étaient là, sous tes yeux, droits et tendus à la convoitise de ta bouche, de tes mains, de ton souffle haletant

Tu répandais une main tremblotante pour les palper, comme dans ton souvenir

Mais, à mesure que tu t'en approchais, ils s'éloignaient dans le train à destination des steppes du nord

 

Ce qui le sauve, c'est qu'il écoute enfin la voix de son corps qu'il croyait trompeuse et qui lui dit de marcher, en quête de chaleur, au risque de gêner, par sa nudité, ceux qui n'ont pourtant pas oublié

 

que leurs ancêtres, jadis, allaient nus

 

encore à l'époque où la civilisation leur était venue, deux siècles plus tôt, par les routes grises de l'océan...

 

Mais, il se trouve que les hommes n'aiment pas les miroirs

Car ils les renvoient à leurs laideurs

                                         Lâcheté

                                       Animalité

 

Il comprend toutefois, à la fin du poème, quel message son corps voulait lui délivrer et le pourquoi de la solitude qu'il éprouve: il s'est coupé de son histoire... ce qui a fait fuir l'amante, prise de vertige, et imposer la loi du plus fort...

 

La conclusion selon le poète s'impose d'elle-même:

 

Maintenant tu sais ce qu'il te reste à faire

Retourner vers ce passé que tu avais longtemps fui

 

Francis Richard

 

Les seins de l'amante, Timba Bema, 62 pages, Éditions Stellamaris (sortie le 11 juin 2018)

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31 mai 2018 4 31 /05 /mai /2018 21:45
A parts entières, de Jacques Tornay

Bien sûr, ce n'est pas dit explicitement, mais ce recueil de poèmes en prose parcourt une année, comme une vie, et, mieux, se poursuit au-delà...

 

Le poète observe le monde qui l'entoure, et, de ces observations, il le recrée comme il le sent, sans chercher à comprendre, en s'en imprégnant, tout simplement: que du bonheur.

 

Dans un de ses poèmes, il dit en effet:

 

C'est un bienfait de ne rien comprendre à l'existence.

 

Un espace plus loin, il ajoute:

 

Heureusement les détails nous soutiennent.

 

Alors le lecteur lit et relit, éclairé par ces deux phrases glissées en douce dans un même poème qui se trouve presque à la fin du recueil.

 

Dans le premier poème le cycle annuel commence:

 

Mai arrive en avance. Je n'éprouve plus aucun désert en moi

et chaque visage que je croise m'en rappelle aussitôt un autre.

 

Dans un des derniers ce cycle semble se refermer:

 

Tôt ce vendredi de mai, le soleil empourpré d'un rosé de Provence

pris d'ivresse ou de vertige bascule pile sur notre ville.

 

Le recueil ne s'arrête pourtant pas en si bon cycle; il se termine par un poème où se profile l'espoir d'une autre saison:

 

L'été pointe au contour de la forêt, prodigue en talus herbeux

qui invite à s'allonger sur eux...

 

Entre le début et la fin, au rythme des saisons, le poète aura eu tout loisir de s'émerveiller de ce qu'il voit et d'en noter la circonstance:

 

Le ciel est mélodieux

quand les nuages lui font de la place.

 

[...]

 

J'apprécie le jour parce qu'il tombe

et bravement se relève.

 

[...]

 

Même sans vent les feuilles s'en vont

vives dans la saison soi-disant morte.

 

[...]

 

Si nous aimions le brouillard au lieu de le maudire

il nous guiderait au lieu de nous égarer...

 

Il ne se limite pas à la première impression qu'il a. Certes, elle est bonne, mais elle en suscite bien d'autres chez lui.

 

Pour ne pas les perdre il a sa méthode:

 

Je note des phrases, en effet, et elles vont leur itinéraire

bras dessus bras dessous en trébuchant dans mon calepin.

 

De ces notes surgissent des images. Sans doute en a-t-il été ainsi pour ces deux-ci:

 

Vers minuit, au carrefour, un point d'interrogation

fait les cent pas sans aucune phrase qui le précède.

 

[...]

 

Ce trente juillet à minuit les grillons saluent la récolte des prunes

      déclarée officiellement close.

 

Pour Jacques Tornay, la vraie vie, A parts entières, est donc poétique et le mot de sa fin ne peut qu'être gagnant, du moins le souhaite-t-il:

 

      Si la fin dernière me réclame

j'aimerais qu'elle s'apparente à un glissement de terrain

en douceur donnant sur un décor jamais vu auparavant.

 

Francis Richard

 

A parts entières, Jacques Tornay, 64 pages, Éditions de l'Aire

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4 mai 2018 5 04 /05 /mai /2018 22:45
Ivory Honey, de Barbara Polla

Le premier recueil de poèmes que Barbara Polla publie est en anglais, pas seulement mais surtout. Sur les trente-huit poèmes de ce livre, elle n'en a en effet écrit que quatre en français. Tous ont en commun d'être sortis spontanément de son esprit...

 

Si elle a choisi d'écrire dans une langue étrangère, c'est que ce qu'elle appelle l'immigration linguistique lui importe et qu'elle sait bien avec Julia Kristeva que sa mélodie anglaise trahit son origine en ne s'ajustant pas tout à fait à l'identité britannique.

 

De là un charme indéniable, au fond quelque peu frenchie...

 

Écrire dans une langue étrangère est aussi pour elle une expérience. En l'occurrence, elle ne peut être que fructueuse parce que la langue anglaise, qui est rythme, se prête bien à la poésie et à l'imaginaire avec son vocabulaire latin et saxon.

 

Dans cette langue étrangère, les mots lui semblent plus légers pour dire les choses qu'en français et elle se sent plus allègre pour y jouer avec les termes érotiques qu'elle ne le serait en français, peut-être grâce à sa mise à distance d'observatrice.

 

Aurait-elle écrit les vers qui suivent en français ?

 

I was lying on him

Him naked so was I

And his sperm in a cloud

Was dropping upon us

Like the tears in the rain

 

Cette inspiration est cohérente avec celle de ses autres livres, desquels émane une forte libido pour la vie. Ses mots-clés, dans la langue de Shakespeare, sont peace and sex, ce qui a une toute autre saveur que l'insipide slogan des hippies dans les sixties...

 

Barbara Polla ne peut faire oublier qu'elle est médecin, pas seulement du corps mais de l'âme:

 

Without you I would have died

Shadowless surgical light

Red like blood pink like flesh

Graft a leg graft a soul

Under the skin human soul

 

Si Barbara Polla aime et défend les femmes, elle ne hait point les hommes:

 

I adore when his power

Melts inside me

I'm a female I'm a man

Molecular networks open the sky

And souls get lost in ivory honey

 

Le recueil est illustré de dessins de Julien Serve. Ce sont des mains, dans toutes les positions. Il dit de ses séries de mains qui sont sa marque d'artiste:

 

The hand is the condition of civilization on one side. It's also the first part of the body that touches the other. The hand is the node in which intersect society and intimacy. It thinks, builds and also connects, feels, breathes.

 

Par ce choix approprié d'illustrations, Barbara Polla rappelle qu'elle est également galeriste...

 

Francis Richard

 

Ivory Honey, Barbara Polla, 80 pages, New River Press

 

Livres précédents de l'auteur:

Victoire, L'Age d'Homme (2009)

Tout à fait femme, Odile Jacob (2012)

Tout à fait homme, Odile Jacob (2014)

Troisième vie, Editions Eclectica (2015)

Vingt-cinq os plus l'astragale Art & Fiction (2016)

Femmes hors normes, Odile Jacob (2017)

 

Collectifs sous sa direction ou sa coordination:

Noir clair dans tout l'univers, La Muette - Le Bord de l'Eau (2012)

L'ennemi public, La Muette (2013)

Éloge de l'érection La Muette (2016)

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24 avril 2018 2 24 /04 /avril /2018 22:00
La couleuvre qui se mordait la queue, de Pierre-André Milhit

Pierre-André Milhit aime bien se mettre sous contrainte et il le fait avec un tel naturel que le lecteur ne s'en apercevrait pas s'il ne prenait pas soin de l'en avertir. Cette fois chacun de ses poèmes porte le nom d'un nombre premier et ce nombre est en même temps celui des mots qui le compose.

 

La série de nombres premiers commence par 2 et se termine par 191, soit 44 nombres premiers. Une fois parvenu à 191, la série des nombres premiers redescend et un bis leur est accolé, si bien que La couleuvre qui se mordait la queue comprend en tout 88 poèmes et 7276 mots...

 

Cette contrainte, comme dit plus haut, ne semble pas du tout en être une pour le poète. Au contraire même, elle le stimule et le lecteur se prend à son jeu, d'autant plus aisément qu'il gravit petit à petit ce qui ressemble à une montagne de mots pour mieux la dévaler parvenu à son sommet.

 

Pierre-André Milhit semble friand de tels exercices littéraires: il avait bien écrit naguère 1440 petits textes, d'une à plusieurs lignes, correspondant chacun à une des 1440 minutes qui s'écoulent en 24 heures de temps... Alors, pourquoi pas donner au recueil ce mouvement numérique.

 

Quoi qu'il en soit, cette façon originale de mettre en branle le lecteur ne nuit pas à sa santé. Cela lui permet de s'imprégner en douceur de l'univers singulier du poète, d'en goûter ce qu'il faut bien appeler les saveurs, parce que celui-ci prend un plaisir évident à donner du goût aux mots.

 

Ces vers, libres comme l'air, comportent peu de subordonnées: le poète, avec le sourire, fait tout de suite entrer le lecteur dans le vif de ses sujets, qui ont trait à la nature des êtres et des choses, associés à des scènes de la vie quotidienne et déformés poétiquement par son prisme personnel.

 

Dans ces poèmes il y a donc des plantes et des bêtes anthropomorphes, des personnages que l'on côtoie comme le facteur, le dentiste ou la bûcheronne, des allusions un brin moqueuses à la religion - le poète est valaisan -, des propos un tantinet polissons et sensuels - le poète n'est pas de bois.

 

Une fois refermé le recueil le lecteur affiche une mine réjouie; il n'a pas perdu son temps à le lire; dès lors il le feuillette et retrouve ici ou là des phrases qui l'ont ravi; il ne regrettera pas d'avoir avalé cette couleuvre, parce qu'il ne l'aura pas fait dans les sens habituels que l'on donne à l'expression.

 

Francis Richard

 

La couleuvre qui se mordait la queue, Pierre-André Milhit, 124 pages, éditions d'autre part

 

Livres précédents chez le même éditeur:

La garde-barrière dit que l'amour arrive à l'heure (2013)

1440 minutes (2015)

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2 avril 2018 1 02 /04 /avril /2018 19:00
L'Or du rien, de Vahé Godel

Vahé Godel n'a pas mis pour rien en épigraphe une phrase de Paul Claudel extraite de son Journal:

 

Il n'y a que dans rien que tout se trouve à l'aise.

 

Appliquant cette maxime, il extrait de L'Or du rien, ce qui n'a évidemment rien de wagnérien... Et ce sont donc des pépites qu'il offre au lecteur avec ses poèmes, ses textes poétiques, ses notules...

 

Il commence par faire à partir du noir et du blanc quelque chose, jonglant avec les expressions où ces couleurs apparaissent. C'est sa manière photographique et artistique à lui de préfacer son livre.

 

Et dans son livre, comme dans un de ses poèmes,

 

Les mots se démultiplient

Les langues se délient

 

Il se fait écho du rien, il rithmaille, comme disait Rabelais, il répète (Au commencement était la répétition, disait Michaux...) et, chez lui:

 

Rime et anaphore se conjuguent, se répondent.

 

Ainsi dans ce poème où je est rien moins que haïssable et qui commence par ces vers:

 

je marche

je mâche

je crache...

 

Le lecteur prend, déprend, reprend son livre, suivant volontiers le conseil avisé de l'auteur:

 

N'implore pas: explore.

 

Conseil qui n'est pas seulement règle de vie...

 

Et s'il est ingénieur, peut-être un de ces géniaux ingénieurs qu'évoque le centralien Boris Vian, il se repaîtra de sa paradoxale Loi des nombres, poursuivant avec lui une ombre, l'ombre du Nombre d'Or...

 

Vahé Godel met en pratique, dans ce recueil substantifique, ses propos sur la poésie, qui, pour lui est, entre autres:

 

Une clé sans serrure. Un oeil sans paupière. Un oiseau déplumé. Une ombre. Une lueur. (Une résurgence).

 

Pour faire une fin, pourquoi ne pas citer, la définition du mot (dont il est un alchimiste) qu'il susurre entre parenthèses:

 

(Qu'est-ce qu'un MOT?

c'est un MORT qui

n'en a pas l'R...)

 

Francis Richard

 

L'Or du rien, Vahé Godel, 56 pages, Éditions de l'Aire

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15 mars 2018 4 15 /03 /mars /2018 22:00
Enfin le royaume, de François Cheng

L'immense nuit du monde

semée de tant d'étoiles,

Prendrait-elle jamais sens,

hors de notre regard?

 

Car c'est le regard sur le monde qui permet d'en appréhender la beauté:

 

Un iris,

et tout le créé justifié;

Un regard,

et justifiée toute la vie.

 

C'est le regard encore qui peut transcender les choses, à condition d'y consentir:

 

La lumière n'est belle qu'incarnée, à travers

Un vitrail ou le verre d'une bouteille de vin...

Consentons donc au sort d'être un oeil fini

Qui se fait reflet de l'Éclat infini.

 

Ce regard du poète s'exerce la nuit, le jour, sur les êtres et les choses, sur la faune et la flore, en toutes saisons, printemps, été, automne, hiver, dont le rythme s'accorde au chant primordial:

 

Ici la gloire? Oui, c'est ici

Que damnés, nous avons appris

A nous sauver par le chant - Aum

Qui nous conduit au vrai royaume.

 

Le royaume est à bâtir, incessamment, par les chants, certes, mais aussi par les oeuvres:

 

Qui accueille s'enrichit, qui exclut s'appauvrit.

Qui élève s'élève, qui abaisse s'abaisse.

Qui oublie se délie, qui se souvient advient.

Qui vit de mort périt, qui vit de vie sur-vit.

 

Et, dans son Envoi, François Cheng propose un art de vivre qui parachève son recueil Enfin le royaume, où, par de seuls quatrains dont la forme concise est expression universelle, il dit l'essentiel que l'existence a cristallisé en lui:

 

Ne quémande rien. N'attends pas

D'être un jour payé de retour.

Ce que tu donnes trace une voie

Te menant plus loin que tes pas.

 

Francis Richard

 

Enfin le royaume, François Cheng, 160 pages, Gallimard

 

Livres précédents chez Albin Michel:

Assise-Une rencontre inattendue (2014)

De l'âme (2016)

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1 mars 2018 4 01 /03 /mars /2018 22:30
De rage et d'eau, d'Anne-Sophie Dubosson

                                                                                 n'avoir que l'eau et la rage

                                                                                                        à la bouche

 

Dans ce recueil, Anne-Sophie Dubosson parle effectivement De rage et d'eau. Et elle ne se contente pas de les avoir à la bouche, elle les fait apparaître sous sa plume.

 

La rage est dans les mots, dans les cris:

 

le cri sous l'échine le faire mûrir

alors d'un large couteau                                                 blanc la petite incision

                                            sur le langage cru

ce sera pour nous

le bassin du mot âcre

celui prêté le décharné

                                                                        une parole dérisoire essentielle

à se mettre sous l'aube et la dent

 

Et ces mots - est-ce voulu? - peuvent avoir un double sens, un second aquatique...

 

De toute façon l'eau, particulièrement celle du lac, y suinte de partout:

 

happée par le lac

[...]

méditer me dit-il

c'est observer le lac

un oeil fermé l'autre ouvert

[...]

s'estompe le trait

retenu du lac

[...]

le torse enfumé tu parles haut de cette lumière sur le lac

[...]

de cette forme et cette perte privilégier le mirage assonant l'alliance impossible avec ce qui aurait dû être les nervures du lac données et recueillies...

[...]

les marécages sont des champs de blé la boue déliée au fond vestige de courants malheureux le lac dressé nappé et son marécage bleu parfois si le vent souffle sa petite écume

 

Toute cette eau, celle du lac, de la pluie, de la neige, des névés, c'est la vie, notamment de la flore:

 

l'être en douce des hêtres

                                                                                en étage l'eau ressource

[...]

trouver le long des gouttes les lèvres d'un été d'ancolies

 

Et de la faune qui lui est liée:

 

mon saule roux

                                                                                                          toujours

petit poumon embrasé

où quelques mouettes

se reposent

 

C'est aussi le décor des corps, du désir:

 

bouche montée en neige

[...]

l'orange ouverte du désir

 

Pour goûter cette poétique, en fait, il faut suivre, avec modestie, le conseil de la jeune poétesse:

 

prendre les choses

comme elles viennent

 

C'est-à-dire trouver son rythme de lecture, la ponctuation de sa propre chair... et se laisser porter simplement par la musique des mots et ce qu'elle peut évoquer en nous...

 

Francis Richard

 

De rage et d'eau, Anne-Sophie Dubosson, 68 pages, Torticolis et frères

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24 janvier 2018 3 24 /01 /janvier /2018 23:00
Alors que tout le monde dort, de Houda Bouacha

Alors que tout le monde dort - le sous-titre le dit - est un recueil de Poèmes lunatiques à fond mélancolique. Il comprend deux chapitres: Obscurité et Clarté. Qui, déjà, riment, tout en  s'opposant et se répondant...

 

Les vers y sont libres, mais ils ont leur rythme et ils riment. Comme les chapitres qui les englobent. Et les sonorités de ces rimes créent à elles seules les notes personnelles d'une petite musique intérieure.

 

La plupart d'entre ces poèmes ne comportent que des vers à une seule ou deux rimes, trois tout au plus. Et ce ne sont pas seulement de simples bouts rimés, puisqu'ils chantent à l'oreille et taquinent volontiers l'esprit.

 

Dans Obscurité, le premier poème est comme une adresse au lecteur et il commence ainsi, donnant d'emblée l'obscure tonalité des poèmes qui le suivent:

 

Pardonne

Pardonne à mes vers l'habit noir

Ce deuil qu'ils portent tous les soirs

Puisqu'à leur réveil il va pleuvoir

[...]

 

Dans Clarté, le dernier des poèmes termine le recueil par ces vers dont la tonalité est cette fois franchement lumineuse, voire éblouissante:

 

Éveil

Remplis-moi

D'éclairs divins à faire fondre les songes

Sans rien dire, intrigue céleste et étrange

M'y voilà tel un phénix en feux qui change

Son plumage et renaît aux soins des anges

 

Dans l'intervalle, les autres poèmes font passer par bien des états d'âme, comme peut les favoriser l'alternance de sommeils et d'éveils...

 

Les titres des poèmes en témoignent: Anémie verbale, Défaillance, Déprime ou Douleurs dans le premier chapitre; Lumières, Création, Rêverie ou Éveil dans le second.

 

Plusieurs de ces poèmes sont de véritables chants: un de leurs vers se répète, comme une antienne; ou le début d'un de leurs vers, mis en écho, est prélude à variation sur un même thème, comme dans ce poème au titre évocateur:

 

Distance

Entre toi et moi il y a des angoisses étranges

[...]

Entre toi et moi il y a des buissons d'épines et des mensonges

[...]

Entre toi et moi il y a l'oubli, des silences qui dérangent

 

Dans ce recueil, une chose est sûre: Houda Bouacha y révèle son amour des mots, son habileté à les apprivoiser et son talent à les faire chanter, même si, parfois, elle le sait, ils peuvent rimer avec des maux... qu'elle saura sans doute soigner un jour...

 

Francis Richard

 

Alors que tout le monde dort, Houda Bouacha, 48 pages, Edilivre

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16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 23:20
Absences, de Sita Pottacheruva et Andréa Villat

Absences est un livre composé à quatre mains. Sita Pottacheruva y tient le stylo, Andréa Villat le crayon. Enfin c'est une manière de dire: il conviendrait plutôt de dire que l'une écrit et que l'autre dessine.

 

Avant de lire la prose poétique de Sita et de regarder les illustrations d'Andréa, le lecteur découvre ce qu'elles disent d'elles et qui les éclaire:

 

Lire, écrire: une respiration dans le quotidien moderne, un retour à l'essentiel, à ce temps hors temps qu'est celui de la pensée et de la création, écrit la première.

 

Artiste dans l'âme, la création sur papier - que ce soit au crayon, à l'aquarelle ou au stylo - me suit depuis l'enfance, écrit la seconde.

 

Qui ont donc mis en commun papier et création...

 

En l'occurrence, ce livre-papier est le bel objet de leur convergence complice, la couverture donnant un aperçu du dessin d'Andréa, fin, aérien - même lorsqu'il est terrestre ou aquatique...

 

Le recueil comprend deux parties:

- les absences proprement dites,

- un sourire conclusif.

 

Dans la vie le mot absences revêt plusieurs sens et Sita en explore quelques-uns, par exemple:

- l'absence de l'autre et de son corps avec l'idée que l'on s'en fait, 

- l'absence de l'habituée d'un bar qui n'est pas là,

- l'absence de l'instant qui est déjà passé,

- l'absence quand on est plus vivant,

- l'absence du savon au moment de se laver avant un rendez-vous important,

- l'absence de celui qu'on n'ira plus voir à Paris.

 

Etc.

 

Cela ne peut que toucher le lecteur parce qu'il ne peut pas ne pas avoir connu telle ou telle de ces absences.

 

Cela ne peut que toucher le lecteur parce les mots et les images, souvent intimes, se répondent et disent beaucoup, avec simplicité...

 

Quand j'éprouve pour toi un sentiment

si fort

si poignant

indescriptible

 

et que

J'aimerais te le dire

te l'écrire...

 

Je n'ai pas les mots...

 

c'est là encore une absence...

 

Heureusement que, parfois, lorsque la porte se ferme sur toi, avec les simples souvenirs de ton toucher, de ta vue, de ton odeur,

 

Chaque objet

chaque lieu

les gestes et les sons

de mon quotidien

prennent une autre couleur

une autre tonalité

                                                                        transformant ton absence

                                                                        en formidable présence.

 

Dans Sourire conclusif, Sita s'amuse à imaginer des alliances interespèces: une magnifique athlète et un éléphant d'Afrique, un bel adolescent asiatique et une magnifique girafe, une jeune donzelle et un aigle superbe. Ils se rendent tous dans un magasin d'ameublement en quête de couche adaptée à leur couple improbable... et le sourire conclusif annoncé se trouve dans la chute...

 

Francis Richard

 

Absences, Sita Pottacheruva et Andréa Villat, 80 pages Éditions Encre Fraiche

 

Livre précédent de Sita Pottacheruva chez Favre:

Le guide des balades cyclo-littéraires (2013)

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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