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4 juin 2018 1 04 /06 /juin /2018 20:30
Un amour parfait, de Lolvé Tillmanns

A Coppet, une route sépare symboliquement la villa des Boisseau, une famille de la noblesse française, et la villa des McNeil, une famille de la noblesse écossaise.

 

Le roman de Lolvé Tillmanns se passe principalement dans cet environnement privilégié de l'arc lémanique, où, fait notable, la piscine des McNeil est deux fois plus grande que celle des Boisseau...

 

En dehors de leur noblesse, autre point commun des deux familles, les héritiers mâles ont dérogé. Patrick McNeil a épousé sa secrétaire et Louis de Boisseau la bonne à tout faire de la famille, tous deux après avoir fauté délicieusement...

 

Ces deux mésalliances - les deux couples sont, en plus, mal assortis, pour d'autres raisons que la différence de classe sociale - vont avoir des conséquences sur leurs rejetons, d'autant que les brus ne sont pas reconnues par les belles-mères...

 

Bien qu'ils soient l'un comme l'autre le fruit de l'union d'un noble et d'une roturière - sort qui pourrait les rapprocher - leurs mères, Kate et Francine, font tout, en effet, pour qu'ils ne se fréquentent pas.

 

Seulement les sentiments ne se commandent pas: Matthew et Elisabeth sont attirés l'un vers l'autre dès l'enfance, dès l'école. Ce serait même entre eux Un amour parfait s'il n'y avait ces deux mères parvenues pour le contrarier, sinon l'empêcher.

 

L'auteur raconte l'histoire de cet amour impossible entre Matthew et Elisabeth sur une longue période, d'un peu plus de trois décennies, pendant lesquelles ils suivent des routes parallèles - ils fondent une famille chacun de leur côté - qui, de temps en temps, se croisent.

 

Car, de temps en temps, l'auteur donne l'espoir au lecteur que ces convenances d'un autre âge ne sont pas inexorables et que de leurs brèves rencontres pourrait surgir un autre destin, commun...

 

Encore faudrait-il que le poids des traditions et des préjugés ne se fasse pas sentir chez l'un comme chez l'autre: l'influence des mères semble tout de même avoir le dessus sur celle des pères...

 

Il y a toutefois chez eux une entorse aux préjugés sociaux: depuis le début Elisabeth ose et protège, tandis que Matthew ne prend pas et laisse faire. Il ne faut cependant pas tenter le diable, parce qu'après tout, sang bleu ne saurait toujours mentir...

 

Francis Richard

 

Un amour parfait, Lolvé Tillmanns, 272 pages, éditions cousu mouche

 

Livres précédents chez le même éditeur:

33 rue des grottes (2014)

Rosa (2015)

Les fils (2016)

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3 juin 2018 7 03 /06 /juin /2018 15:15
Vingt-deux, Rue des Capucines, d'Alexandra Cinter

... Jeanne, comme sortie d'un rêve, s'aperçoit qu'elle n'a plus son manteau. Le dossier de la chaise, où elle aurait dû le poser, est résolument vide. Son sang ne fait qu'un tour. Quelqu'un l'aurait-il pris? Bien sûr que non. On l'aurait vu...

 

Jeanne n'aime pas les choses pour la forme décomposée qu'elles forment ensemble, mais pour ce qu'elles sont. Et son manteau, elle l'aime pour ce qu'il est, un manteau dont la divine rougeur et le néanmoins sobre caractère lui [donnent] - elle s'en [réjouit] secrètement - des allures de pucelle.

 

Ce soir-là, Jeanne est allée à l'opéra avec son mari Antoine pour assister à une représentation des Contes d'Hoffmann de Jacques Offenbach. Mais elle se sentait lasse, ou fatiguée, elle était en tout cas suffisamment indécise pour qu'on puisse dire qu'au fond, elle n'[avait] pas envie d'y aller.

 

A l'issue du souper pris en groupe, avec son amie Esther et son nouveau compagnon Marc, à l'Escarpolette, un café-restaurant attenant au Grand-Théâtre, elle s'est aperçue de la disparition de son manteau, sa douceur, création de la maison Sherrer, qu'elle porte maintenant depuis trois automnes:

 

L'étoffe, composée d'une laine de cachemire fine à double tissage et rehaussée d'une doublure de soie, confère à ce vêtement flamboyant - il est d'un rouge à faire pâlir l'hiver - une élégance personnelle, que la quarantenaire avait aussitôt remarquée et dont elle ne pouvait plus se passer.

 

Si Antoine est hypno-thérapeute, Jeanne est antiquaire. Elle aime les choses pour leur beauté, non pour leur utilité : La beauté penche du côté de l'amour. La fonction, c'est l'opposé. C'est l'utile, le cadavre, le supermarché. Elle aime ainsi une centauresse en bronze qui va être mise aux enchères.

 

Cet amour démesuré des choses uniques va conduire l'héroïne d'Alexandra Cinter à cultiver un jardin secret et lui jouer des tours: la recherche du manteau perdu la mène au Vingt-deux, Rue des Capucines... et la quête de la centauresse pour elle seule lui confirme que la valeur des choses est... subjective. 

 

Francis Richard

 

Vingt-deux, Rue des Capucines, Alexandra Cinter, 336 pages, Les Éditions de l'Hèbe

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1 juin 2018 5 01 /06 /juin /2018 22:30
Étoile de papier, de François Conod

Le présent livre n'est qu'une oeuvre littéraire qui contient notamment des théories. En cela, ce n'est pas un roman, pas un essai non plus. Zut alors, on aime bien les étiquettes.

 

Qu'importe l'étiquette pourvu qu'on ait l'oeuvre... C'est ce que le lecteur est tenté de dire un fois le livre refermé. Parce qu'il s'agit bien là d'une oeuvre littéraire qui relève à la fois du roman et du témoignage, qui dit donc faussement la vérité, mais la dit...  

 

Le premier chapitre donne tout de suite le ton: par son titre d'abord, Dans un nid de coucous, qui évoque le film de Milos Forman, par son propos ensuite, l'internement forcé en HP de l'auteur, essentiellement pour "alcoolisme", par l'ambiance enfin.

 

Le narrateur est logé en section de psychogériatrie, est sans doute l'un des moins âgés des patients (ceux qui souffrent). Au sujet des vieux et des malades mentaux, il pose la question, expérience faite: est-il judicieux de les mettre ensemble?

 

Avant d'en arriver là, il observe et raconte son séjour en HP, qui aura passé lentement, très lentement, trop lentement. Comme c'est observé et raconté avec beaucoup d'humour, noir, le lecteur ne sait pas trop s'il peut en rire ou s'il doit s'en affliger.

 

Comme l'auteur est lettré, les ombres d'écrivains qui buvaient beaucoup ou qui se sont suicidés (parfois les deux) se présentent à son esprit et, comme l'imagination se nomme aussi parfois la folle du logis, à leur exemple, il se met à son tour à inventer.

 

Il imagine ainsi le périple de l'un des patients, qu'il a surnommé le Zombie, depuis la Somalie jusqu'à la Suisse romande, et c'est sans soute la partie la plus romanesque de ce livre sans étiquette. Sinon, il raconte des anecdotes et des choses vues.

 

Parmi les choses entendues, il y a ce qu'il appelle le petit lexique infirmier-malade où les demandes du personnel aux malades sont des ordres qui signifient le contraire de ce qu'elles disent; lui, pour s'en sortir, dira ce qu'on lui aura dit de dire.

 

En fin il confesse, humour toujours: Je me suis amusé comme un fou à écrire ce livre, seul un fou ne s'en rendrait pas compte. Le lecteur sera alors tenté de boire à la mémoire de celui qui, de mai 68, n'avait gardé que le goût du vin et de la parlotte...

 

Tandis que son Zombie a suivi son étoile pour s'exiler, parce qu'il voulait être libre, même si ce n'était qu'une Étoile de papier, François Conod aura suivi la sienne pour retrouver ses livres et ses meubles, et il aura eu raison, fût-elle de papier, elle aussi.

 

Francis Richard

 

Étoile de papier, François Conod, 104 pages Bernard Campiche Editeur

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30 mai 2018 3 30 /05 /mai /2018 21:30
Akron, de Jérôme Plattner

Akron est une ville de l'Ohio. Jérôme Plattner y fait naître son héros, Gerald Prescott, Gerry pour les intimes, le... 24 octobre 1929, le fameux jeudi noir qui ébranla Wall Street.

 

Après une telle entrée en fanfare dans la vie, l'auteur n'épargne pas son héros pendant les soixante années et quelques qui suivent et caractérisent les tremblements du XXe siècle.

 

Les parents de Gerry se sont connus trois ans avant sa naissance, inopinément: Benjamin, ouvrier chez Firestone, a remplacé un jour le pneu crevé de Priscilla, fille du pasteur Redle.

 

En venant au monde, Gerry a empêché son père de tenter l'aventure et l'en a frustré. Si Priscilla n'avait pas été enceinte de lui, Ben et elle seraient en effet partis ensemble pour l'Europe.

 

Au lieu de cela, ils ont continué à vivre à Akron, dépourvus désormais de toute ambition. Un jour, ils ont un accident de voiture: Ben meurt sur le coup, Priscilla peu de temps après.

 

Gerry a seize ans quand il devient orphelin. Ses grands-parents maternels l'élèvent. Avec ses copains, cancres comme lui, Adam, Éric, Doug et Jake, il parfait son éducation sur le terrain.

 

A la fin, Gerry ne s'entendait pas avec son père, surtout quand ce dernier s'est mis à avoir des idées extrêmes. Pourtant, c'est en suivant les rêves paternels qu'il va se forger un destin.

 

Gerry, en effet, un beau jour de 1949, tente l'aventure à laquelle son père a dû renoncer malgré lui. Il part pour l'Europe sans prévenir ses grands-parents et se rend à Paris, la ville lumière...

 

L'aventure ne s'arrête pas là puisqu'il va partir quelques temps après pour Berlin où, des années plus tard, il va se retrouver du mauvais côté du mur et connaître bien des désillusions...

 

Quadra, il se rend bien compte quelle philosophie a toujours guidé ses pas dans l'existence, celle de tracer son chemin: en homme libre, il aura toujours choisi de partir plutôt que de rester.


Il a pris ainsi le risque d'errer toute sa vie, mais cela n'en valait-il pas la peine? Il voulait devenir écrivain, il ne l'est pas encore, pas encore, mais peut-être cela sommeille-t-il en lui...


Francis Richard

 

Akron, Jérôme Plattner, 224 pages, Éditions Mon Village

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28 mai 2018 1 28 /05 /mai /2018 22:55
Peut-être un visage, de Virgile Élias Gehrig

Le visage s'estompait, lentement disparaissait. Tous les jours un peu plus, tous les jours un peu moins, un peu plus de disparition, un peu moins de présence.

 

Thomas Fourvière, le héros du roman de Virgile Élias Gehrig, s'est rendu compte de cette métamorphose de son visage un beau matin dès le réveil en se regardant dans l'armoire à glace des toilettes:

 

Il n'y avait plus un seul soupçon de cette lumière et de ces ombres, de ces à-plats, ces creux et ces reliefs à quoi l'on reconnaît immédiatement le dessin d'un visage.

 

Dès lors Thomas décide de s'en aller, de quitter sa femme, Marie, et l'enfant qu'elle attend et qui se prénommera Europe. Car l'effacement de son visage a commencé à partir d'un jour fatal, qu'il évoque ainsi dans le mot qu'il lui laisse:

 

Depuis ce jour qui m'a crevé les yeux, je nous vois comme des bêtes pourvues d'organes reproducteurs, des machines programmées à cette tâche, des solitudes soumises aux gènes et aux hormones, aux lois de la chimie.

Depuis ce jour, je ne peux cesser d'imaginer tes lèvres, tes yeux, ta nuque, tes mains, tes hanches, tes cuisses et ta poitrine, collés bestialement contre lui...

 

Il part donc pour d'autres cieux, qui seront méditerranéens... à la recherche de l'ultime pièce du puzzle, son angle mort, son blanc, celle qui manque pour redevenir tout simplement humain.

 

Il n'est d'ailleurs pas le seul à connaître un tel effacement du visage: il gagne imperceptiblement une part toujours plus large d'individus. Il s'en est rendu compte en regardant autour de lui:

 

Irrémédiablement, nous étions devenus des vitrines, des profils professionnels, des groupes relationnels, des catégories sexuelles, des comptes sociaux, des communautés invisibles, des images, des reflets, des coques d'escargot vides, des façades aux intérieurs partiellement délabrés, ennuyants, ennuyés.

 

Pour se sauver, Thomas s'échappe... de sa vie. Il tente le tout pour le tout pour retrouver son unité perdue, en tirant sur elle, comme s'il la supprimait sans l'anéantir.

 

La solution n'est-elle pas dans le retrait préalable d'un monde qui est sur sa fin? dans l'exercice quotidien de l'écriture sur des pages blanches, discipline de vie où nul jour est férié? dans la médecine du sage qui soigne en charmant l'imaginaire plutôt qu'en s'adressant à la raison?

 

La solution passe peut-être par tout ça, mais aussi par Peut-être un visage...

 

Francis Richard

 

Peut-être un visage, Virgile Élias Gehrig, 352 pages, L'Âge d'Homme

 

Livre précédent:

 

Pas du tout Venise, 248 pages, Poche Suisse - L'Âge d'Homme (2014)

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23 mai 2018 3 23 /05 /mai /2018 22:00
Stand-by, Saison 1, 1/4, de Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz

Les séries télévisées sont les héritières des feuilletons de jadis, télévisés ou pas. Zoé cite parmi les feuilletonistes littéraires célèbres: George Sand, Honoré de Balzac et Émile Zola. Du beau monde, tout à fait fréquentable, n'est-ce pas ?

 

Si l'on excepte, des oeuvres telles celles d'Alexandre Dumas qui étaient collectives sous la direction du signataire, les feuilletons étaient plutôt oeuvres individuelles, qui faisaient connaître leurs auteurs tout en alimentant les gazettes.

 

Avec les séries télé, l'individualité s'éclipse: des scénaristes les écrivent souvent ensemble sans que le spectateur sache quelle est la part de chacun dans l'ouvrage. C'est ce modèle qui a été retenu par les trois auteurs de Stand-by.

 

Les auteurs de cette série littéraire sont trois, deux garçons et une fille. Par ordre alphabétique: Bruno Pellegrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz. Ils savent que, dans trois têtes, il y a, en principe, plus de choses que dans une seule.

 

La série littéraire de ces trentenaires fourmille de détails vrais qui ne pourraient être que le fruit de plusieurs expériences de vie actuelle. C'est donc bien une série, dont l'unité de ton est remarquable et qui emprunte au langage des séries télé.

 

L'année 2018 est ainsi celle de la Saison 1, dont le lecteur sait d'emblée qu'elle est composée de quatre épisodes, dont les deux premiers ont déjà parus, en janvier et en avril, et dont les deux suivants paraîtront en juin et en août.

 

Dans le premier épisode, le lecteur apprend pourquoi la série porte ce titre court, anglo-saxon, de Stand-by, qui, en français, signifie en attente ou en suspens: C'est dans cette situation que se retrouvent en effet les protagonistes.

 

C'est une lapalissade de dire aujourd'hui que les distances se sont raccourcies entre les différents points connectés de la planète. Mais, en l'occurrence, un phénomène naturel, local, va, au lieu de les réduire, les rétablir.

 

Des jeunes gens finissent leur Service climatique au Groenland. Deux ados en accompagnent un autre à Kotor, au Monténégro, où son père est mort. Une jeune femme, arrivée de Genève, est en transit à Roissy, destination New-York.

 

L'éruption d'un volcan dans la région de Naples met tous ces protagonistes en attente, là où ils se trouvent, ce qui rappelle inévitablement celle du volcan islandais, en 2010, dont le nom était si difficile à dire et à écrire: Eyjafjallajökull.

 

Ces histoires concomitantes n'ont que des liens ténus entre elles: la jeune femme à Paris connaît une des jeunes femmes parties au Groenland, le père d'un des ados de Kotor est parti là-bas lui aussi. Mais elles ont en commun l'effet volcan.

 

Un volcan, c'est un point de contact direct avec le cosmos. Un tunnel qui relie les entrailles d'un corps planétaire à son atmosphère. Le rappel que nous vivons sur une braise, sur sa surface extérieure, refroidie, qui peut se raviver à tout moment. 

 

L'épisode, qui se déroule dans un futur proche, s'arrête vingt-quatre heures après le début de l'éruption. Ce ne sont pas seulement les protagonistes qui sont en stand-by: le lecteur l'est aussi, depuis qu'il a lu: (à suivre), à la fin du volume...

 

Francis Richard

 

Stand-by, Saison 1, 1/4, de Bruno Pellgrino, Aude Seigne et Daniel Vuataz, 176 pages, illustré de dessins de Frédéric Pajak, Zoé

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21 mai 2018 1 21 /05 /mai /2018 22:30
Hériter du silence, de Mathias Howald

Peut-on Hériter du silence ?

 

Mathias Howald répond oui dans ce roman où, en silence, se succèdent plusieurs générations.

 

Le verbe succéder est en fait inadéquat, parce que l'auteur fait se promener le lecteur dans le temps de manière apparemment désordonnée.

 

Les années du récit apparaissent bien en effet successivement, mais pas dans un ordre chronologique: 1966, 2012,1980, 2012, 1979, 2012, 1980, 2012, 1924, 2012...

 

2012, c'est l'année d'expression du narrateur, Mathieu, né à la fin des années 1970. Les autres millésimes éclairent d'où il vient. Et le lecteur l'apprend petit à petit.

 

Ont précédé Mathieu: son père Pierre et sa mère Aline, ses grands-parents paternels, Emil et Murielle, ses grands-parents maternels, René et Louise, son arrière grand-père maternel, Albert...

 

Son père, Pierre, né en 1951 (un bon cru...), a un frère, Jean, et une soeur, Hélène.

 

La maison des parents de Pierre enfant, dans la banlieue grise de Lausanne, s'appelle Tzi Mé, ce qui, en patois vaudois, veut dire Chez Moi, le manoir de ses grands-parents paternels, Villa Cecil, à Avenches.

 

Tout cela, Mathieu le reconstitue grâce à toutes les photos qu'a prises son père Pierre, devenu photographe de famille, après que son grand-père maternel Albert l'a initié à la photo et lui a fait cadeau de son Leica modèle III F quand il avait douze ans...

 

Son père, Pierre, lui, connaît mieux ses propres parents grâce aux carnets en skaï noir que Murielle, l'artiste de la famille, noircit quand elle ne peint pas ou ne fait pas de tapisseries, et qu'il a lus sans qu'elle le sache...

 

Dans cette famille, à chaque génération, on hérite du silence... Et il faut être curieux pour le rompre, ne serait-ce qu'au figuré...

 

Pierre est ainsi l'archétype du taiseux, qui prétend ne pas avoir de souvenirs... Son fils Mathieu confirme:

 

Il faut croire que dérouler, découper et développer de la pellicule pendant des heures t'était plus facile que de nous parler. La dernière transformation, celle qui consiste à passer de l'image aux mots, celle qui consacre l'image dans son contexte, historique et émotionnel, me manquera toujours...

 

Alors, il ne reste à Mathieu qu'une possibilité, celle d'interpréter librement les images qu'il a sous les yeux.

 

Comme le lecteur en apprend davantage que lui sur sa famille, il peut constater que, même si Mathieu n'a que faire de cette liberté d'interprétation, il n'en fait pas si mauvais usage que ça puisqu'il n'est pas loin de la vérité sur les siens...

 

Francis Richard

 

Hériter du silence, Mathias Howald, 188 pages, éditions d'autre part

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19 mai 2018 6 19 /05 /mai /2018 11:45
Café des Chimères, d'Anne-Claire Decorvet

Femme infiniment - Le quotidien de votre quotidien est le journal féminin dans lequel écrit Salomé Dutilleul. La cinquantaine, elle vit seule. Elle est ravie que Julie ait accepté de lui confier l'enquête sur les sites de rencontres quand elle s'est portée volontaire.

 

Mais l'expérience ne tourne pas à son avantage. Car Julie trouve ses deux premiers articles consternants. Comme Julie le lui a demandé, alors Salomé ne s'impose pas de limite mais elle est violentée physiquement par le type de sa troisième rencontre...

 

Il n'est plus question que Salomé continue et Julie confie la relève à Mélisse Ambremont, la plus jeune des rédactrices, pleine d'idées et de fougue. Tout sépare donc Salomé et Mélisse, y compris les lieux de rencontre avec les hommes qu'elles élisent sur la Toile.

 

Salomé les invite au Café des Chimères, un truc ringard, aux couleurs aiguës, vert absinthe et rouge tomate, tandis que Mélisse leur donne rendez-vous dans un bar minimaliste, Au Diable à Quatre, moquette noire, comptoir d'aluminium et piano jazzy... 

 

Salomé met le doigt sur ce qui les différencie, elle et Mélisse:

N'attendant rien, Mélisse accueille tout. Moi j'attends tout, n'accueillant rien.

 

Salomé a déjà mal vécu que son amie Julie l'ait évincée par deux fois dans la vie: elle lui a pris l'homme qu'elle aimait il y a vingt ans; elle a obtenu le poste de rédactrice en chef il y a deux ans, alors qu'elle l'avait précédée dans le journal et lui avait tout appris.

 

Salomé rumine et se pose des questions existentielles:

De quoi suis-je dépourvue: de technique érotique ou de personnalité? d'aisance ou de talent?

 

Le récit de Salomé coïncide avec le procès mené contre elle-même (ou qu'elle s'inflige) puisqu'elle ne supporte pas les comparaisons. Et les parties du livre en soulignent le crescendo: L'enquête, L'accusation, La condamnation, L'exécution, La disparition...

 

Le contexte n'est pas non plus favorable à Salomé: la presse écrite est menacée par la presse en ligne. Sans parler - ce serait céder à la facilité - de conflit de générations, peut-être serait-il plus juste de dire que progrès et conservation éternellement s'opposent...

 

Francis Richard

 

Café des Chimères, Anne-Claire Decorvet, 280 pages, Bernard Campiche Editeur

 

Livres précédents:

Avant la pluie (2016)

Un lieu sans raison (2015)

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14 mai 2018 1 14 /05 /mai /2018 22:00
Les petits hommes d'Antonia, de Loyse Pahud

Marco se représente ainsi Antonia, encore maintenant: d'une grande douceur et d'une jolie beauté.

 

Stéphane se dit à son sujet en la regardant: Elle a la démarche agile et légère. Comment fait-elle? Elle n'est pourtant pas mince.

 

Les petits hommes d'Antonia, ce ne sont pas ses deux fils, Paolo et Mario, qu'elle a eus avec Marco. Contrairement aux apparences, ce sont Marco et Stéphane, son ex et son actuel, qui sont tous deux comme des gamins qui ne savent pas ce qu'ils veulent. Ils vont tous deux montrer tout au long du récit l'ambivalence de leurs sentiments à l'égard d'Antonia.

 

Marco, tout en aimant Antonia, est allé voir ailleurs. Ailleurs, c'était une collègue de travail, Judith. Quand Antonia l'a découvert, par le hasard d'un SMS, elle n'a pas accepté et demandé le divorce. Judith est devenue la compagne de Marco, mais ils ne vivent pas ensemble. Judith l'aime, mais lui, l'éternel indécis, n'a pas très envie d'emménager avec elle...

 

Stéphane, tout en aimant (ou désirant) Antonia, ne peut s'empêcher de penser à celles qui l'ont précédée dans son lit, et plus précisément à Daphné, l'Anglaise, la fille au pair. Il ne peut s'empêcher non plus d'être méchant avec Antonia et ne comprend pas qu'elle ne lui en veuille pas, qu'elle soit même encore plus tendre avec lui, ce qui a le don de l'exaspérer.

 

Marco et Stéphane, au même moment, partent l'un avec Judith et ses deux fils, l'autre avec Antonia; qui pour le chalet à la montagne dans le but de faire du ski, qui pour une escapade touristique et amoureuse en Italie, à la découverte de vestiges et nécropoles étrusques sur lesquels Stéphane, qui est déjà venu avec d'autres, se montre intarissable et très savant.

 

Marco et Stéphane sont pourtant conscients qu'ils s'inventent les drames de leur vie: On a la chance d'être à l'abri des guerres, des famines, des violences arbitraires. Et on est là à se fabriquer des petits drames intimes, se dit Marco, tandis que Stéphane à la fois veut rester seul et voudrait prendre en considération les aspects positifs d'une relation avec elle.  

 

A l'issue du récit, les déceptions dominent chacun des deux petits hommes qui prétendent le contraire. Ce qui aurait pu changer leurs situations du tout au tout ne s'est pas produit. Il semble que les lignes aient repris leur place initiale, mais peut-être n'est-ce après tout qu'une impression. En tout cas, leurs équations de couple attendent toujours une résolution.  

 

Francis Richard

 

Les petits hommes d'Antonia, Loyse Pahud, 184 pages, Éditions de l'Aire

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13 mai 2018 7 13 /05 /mai /2018 17:45
La dernière note du Requiem, d'Anne Bouxin

La dernière note du Requiem est un roman composé d'un prélude et de quatre partitions. Le requiem est celui de Johannes Chrysostomus Wolfgangus Theophilus Mozart, dont il n'est pas superflu de connaître les prénoms pour en détenir une clé.

 

Pendant qu'on y est, on peut préciser que Théophile signifie aimé de Dieu, ce qui donne en allemand Gottlieb et en latin Amadeus... Le musicien, natif de Salzbourg, est en effet plus connu sous le nom raccourci de Wolfgang Amadeus Mozart.

 

Les réseaux sociaux ont aussi leur importance dans cette histoire, en particulier Facebook. C'est sur ce réseau que se rencontrent Yaloïsa (Yalo) et Joannes. Cette rencontre eut été improbable autrement. Car elle est top-model, lui directeur financier.

 

Joannes Daumase - c'est son patronyme - a de grands yeux noisette et de belles dents blanches dignes d'une pub pour Email Diamant. Il est intelligent, cultivé et drôle. Elle apprendra plus tard qu'enfant il était déjà un petit prodige de la finance.

 

Joannes a demandé à devenir ami de Yaloïsa parce qu'elle le fait rire beaucoup - les anciens petits prodiges aiment rire. C'est en cela qu'il la trouve magnifique: il a particulièrement apprécié ses making of d'une publicité pour les macarons Clément...

 

Elle a accepté sa demande parce qu'il lui plaisait, tout simplement - c'était une bonne raison -, bien qu'il soit un contact de son amie Guizela - ce n'était pas une référence -, dont la cuisse est à peu près aussi légère que son coude pendant les vendanges...

 

Elle l'a fait d'un simple clic, alors qu'après un shooting elle faisait une pause, pieds nus, sur la pelouse de l'Orangerie du Château de Versailles, sous les yeux d'un vieillard installé en face d'elle, qui peut-être la dessinait sur la feuille de ses pastels...

 

L'âme de Mozart est omniprésente dans le livre: Joannes n'a-t-il pas déjà sur Facebook un solde de 1791 amis, dont 1756 de sexe féminin, i.e., respectivement, les dates de la mort et de la naissance de l'homme à l'oreille absolue, à la mémoire eidétique...

 

Mais ce ne sont pas les seuls mots de passe du roman, qui, pour devenir une belle histoire, aux accents séculaires, relie les héros d'aujourd'hui à ceux de jadis par des voies paranormales, qu'empruntent des âmes perdues en quête d'un repos mérité.

 

Le lieu de la cristallisation de ces amours intemporelles est justement Salzbourg où Yaloïsa et Joannes se rendent en couple d'amants pour assister, à la cathédrale, à une représentation du fameux requiem et, mieux occupés, dédaignent une réception...

 

Il en aura donc fallu du temps pour que les mots et les choses rentrent enfin dans l'ordre. Les mots à partir des lettres de leurs anagrammes primitives, les choses à partir du redressement de destins contrariés et de la réparation d'un crime resté impuni.

 

Francis Richard

 

La dernière note du Requiem, Anne Bouxin, 238 pages, Lilys Éditions

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12 mai 2018 6 12 /05 /mai /2018 18:15
Nuits incandescentes, de Sophie Colliex

Au milieu des années 1930 que peut faire de ses nuits un jeune homme à la fin de son engagement pour cinq ans dans la Marine? Écrire des lettres à celle pour laquelle son coeur s'enflamme, écrire ses souvenirs dans un cahier pour leur donner une forme:

 

Mon quotidien de caserne m'offrait de longues et fréquentes nuits de veille solitaire, sous les étoiles, à la lueur des lampes, et d'assez larges espaces d'imagination pour incendier ma plume.

 

Emmanuel Morales s'est engagé dans la Marine à dix-huit ans. Il entre dans sa vingt-troisième année. Il est originaire de Saïda, au sud d'Oran. Il a réussi son brevet de radiotélégraphiste et vient d'être affecté à Bizerte, pour ses derniers quinze mois de service.

 

Berthe, qui a son âge, lui a écrit une lettre dans laquelle elle lui a dit sa hâte de faire une autre promenade dans la colline en [sa] compagnie, lors de [sa] prochaine permission. C'est le début d'une longue correspondance amoureuse, entre deux êtres qui diffèrent:

 

Tu voulais dompter les vagues, et moi jeter mon ancre dans une anse tranquille...

 

La mère d'Emmanuel est morte le jour où elle donne naissance à un cinquième enfant qui ne survit pas. Emmanuel a tout juste quatorze ans ce 23 octobre 1927. Son père, Vicente, fait la connaissance d'Elvire, sa future épouse, deux ans plus tard.

 

Elvire est veuve. Elle est la soeur de Manuela, la mère de Berthe, laquelle a épousé Alphonse Salinier, un ami très cher de Vicente... Les Morales, Vicente et ses quatre enfants, rendent souvent visite aux Salinier dans leur ferme de Tiaret, à l'est de Saïda.

 

L'un des camarades d'Emmanuel, Bouboule, s'est esclaffé quand il l'a surpris à écrire dans son cahier: Raconter la vie de caserne, les tours de quart et les cuites du patron... Est-ce que quelqu'un lira ça? Il faut croire que oui, puisqu'on en lit volontiers le récit.

 

Mais on lit aussi avec bonheur l'évocation des chansons de l'époque (de Tino Rossi ou de Lucienne Boyer), des tangos latino-américains, des livres que l'on lit (de Delly ou de Francis Carco), des films que l'on voit (d'Anatol Litvak ou de Marcel Lherbier).

 

Ce qui est intemporel, c'est l'attachement d'Emmanuel à la terre d'Afrique du Nord où il est né et où se trouvent ses racines. Cet attachement est peut-être d'autant plus grand qu'il est un marin d'eau douce: J'ai le mal de mer et je n'ai jamais aimé les bateaux...

 

Francis Richard

 

Nuits incandescentes, Sophie Colliex, 270 pages, La Cheminante

 

Livre précédent:

L'enfant de Mers-el-Kébir, Éditions Encre Fraîche (2015)

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6 mai 2018 7 06 /05 /mai /2018 11:00
La Surnommeuse, de Pascal Houmard

Elle surnomme à tout-va les êtres de chair et d'os qui l'entourent...

 

C'est La Surnommeuse, l'héroïne de Pascal Houmard. Elle s'appelle Antigona Krestaj. Elle a 40 ans. Elle est d'origine kosovare. Dans le civil, si j'ose, elle est cheffe de la Brigade Criminelle à la Police Judiciaire de Lausanne.

 

La photo de couverture qui la représente sous les traits de la comédienne Anna D'Annunzio donne une idée de son physique avantageux. Encore que ce soit le rire le principal atout de son charme: il illumine et il réchauffe ceux qui l'entendent...

 

Elle surnomme donc tout le monde. Elle a commencé petite. Elle avait fait la connaissance du bibliothécaire du bibliobus qui sillonnait la capitale vaudoise, Vincent Alignac: elle l'avait surnommé le Négrivain clandestin parce qu'écrivain il écrivait à la place d'autres écrivains.

 

C'est grâce à son Négrivain qu'elle a osé approcher Georges Simenon. Lequel lui a donné le meilleur des conseils pour réussir dans son métier de policière: la méthode de Maigret est de ne pas suivre de méthode, de ne pas subir le système, de rester humain, proche des autres humains...

 

Tous les gens qui l'entourent, Antigona les surnomme donc, en principe tout bas, en secret pour elle-même, mais pas toujours, parce que les surnoms lui échappent parfois quand elle s'adresse à eux. Mais les surnoms peuvent être aussi pour elle une marque d'affection.

 

Son équipe à la Crim' comprend ainsi 'tit Momo, Rime-à-rien, Chignard, Donzelle ou Joker, pour Mohammed Zitaouï, Fanny Rimeyat, Laurent Chugnard, Samuel Donzet ou Philippe Jaccard. A chaque fois, bien sûr, le surnom, qui peut être sujet à évolution, est représentatif...

 

Antigona elle-même se surnomme intérieurement Antigone ou Créon, selon qu'en elle domine la volonté de découvrir la vérité ou d'appliquer la loi, selon qu'en elle parle la femme ou l'inspectrice, selon qu'elle écoute son coeur ou sa raison.

 

L'autre protagoniste s'appelle David Morlans, l'écrivain célèbre. Son premier livre a été un best-seller. Il y a trois ans, sa femme Natalie est morte dans un accident de voiture. Il n'a plus été capable d'écrire lui-même que des acrostiches composant son prénom.

 

Alors, un temps, il a fait appel à un nègre littéraire: Vincent Alignac, justement. Et c'est là que le lecteur comprend où voulait en venir l'auteur avec ces deux protagonistes, car Alignac est retrouvé assassiné chez lui, dans son appartement de Lausanne, chemin de Montelly...

 

L'enquête menée par Antigona s'avèrera plus complexe que de prime abord, mais l'auteur sèmera des petites phrases au fil du récit, qui seront autant d'indices pour le lecteur attentif à trouver la solution; des petites phrases comme celle-ci, qui sera révélatrice:

 

Le plus important, ce n'est pas de vendre ce qu'on envoie, c'est de rendre ce qu'on a reçu.  

 

Et à la fin, comme dans L'arroseur arrosé, l'inspectrice Krestaj sera à son tour surnommée la commissaire Crystal, parce qu'une enquête aussi humainement menée par elle ne pouvait aboutir qu'à une promotion bien méritée et à un surnom éclatant...

 

Francis Richard

 

La Surnommeuse, Pascal Houmard, 382 pages, Éditions Mon Village

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3 mai 2018 4 03 /05 /mai /2018 22:30
Morceaux, de Sacha Després

Ils vivent dans la zone et à l'intérieur des bâtiments production. C'est sur l'île mystérieuse qu'on a basé le cheptel principal. Les morceaux de ce terroir jouissent d'une certaine liberté grâce à leur mode d'élevage en plein air. Pourtant la mélancolie plane au-dessus du territoire. Peu perceptible, elle reste sans conséquence sur la qualité gustative des produits.

 

Idé Fauve et son frère Lucius sont des Morceaux, mais ce ne sont pas des morceaux comme les autres. Ils ont été choisis, l'une pour devenir un produit de compagnie, l'autre pour être un reproducteur certifié, un mactator. Ils l'ont été par l'agent O, fonctionnaire qui travaille pour l'espèce soi-disant supérieure, celle des gras qui détiennent le monopole de la contrainte.

 

Alors ils vont quitter la zone pour se rendre là où règnent l'Organisation et le directeur du Sent, après avoir franchi le poste-frontière du district trois, et montré leurs poignets numérotés aux autorités, après qu'on a vérifié qu'ils étaient des produits sains. Ils savent que les morts sont utilisés pour leur viande, les vivants pour la sexualité - à consommer sur place ou à l'emporter.

 

L'histoire de ces morceaux se passe à une époque indéfinie, après une apocalypse planétaire. Les continents se sont disloqués. Une île mystérieuse a émergé et avec elle un virus, celui d'une nouvelle barbarie. Des heures parmi les plus sombres ont succédé aux lumières. La hiérarchie des corps en est la nouvelle religion. L'Organisation est garante de cet ordre sacré.

 

Dans ce monde, il est interdit de rêver, mais il est permis à certains de tuer. Cela leur est même recommandé puisque le pouvoir des uns, les supérieurs, leur commande d'en torturer et d'en faire mourir d'autres, pour les consommer, sans discrimination. Quant aux supérieurs, quand ils ne parlent ni économie ni politique, ils festoient, puis se mettent en chasse...

 

Pour que les lumières se substituent à ces ténèbres, ne faut-il pas évoquer le monde dont on ne parle plus, qui seul peut permettre de les libérer? On le croyait mort, mais ne subsiste-t-il pas dans les rêves emmaillotés, les souvenirs morcelés? Tout pourrait alors recommencer, mais il faudrait éviter bien sûr, cette fois, qu'après ce ne soit l'enfer sur Terre qui recommence...

 

Francis Richard

 

Morceaux, Sacha Després, 168 pages, L'Âge d'Homme

 

Livre précédent:

La petite galère (2015)

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.

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