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9 juin 2016 4 09 /06 /juin /2016 22:55
Bienvenue au paradis!, de Marie Maurisse

Qui a jamais dit que la Suisse était un paradis, un eldorado? Personne. Ou peut-être d'aucuns qui, vivant un enfer dans leur pays, votant avec leurs pieds et cherchant des cieux plus cléments, les ont trouvés dans ce pays voisin du leur.

 

La Suisse n'est pas un paradis, ni fiscal, ni terrestre. Ce n'est pas un pays parfait, mais, en comparaison de bien d'autres, c'est un pays relativement libre, où le bon sens règne et où l'on se refuse aux solutions extrêmes.

 

Marie Maurisse, qui est française, qui est correspondante du Monde en Suisse, a mené l'enquête sur la vie des Français en Suisse. Le résultat est un petit livre à croix blanche, figurée par deux bandes d'adhésif qui pourrait être médical.

 

A cette enquête l'auteur a donné pour titre Bienvenue au paradis!. Vu le contenu, ce titre est ironique. Dans ce livre l'auteur souligne en effet surtout les mauvais côtés de la Suisse et, à partir de là, généralise, ce qui est un travers bien journalistique et bien français...

 

Marie Maurisse fait toutefois comme fait son employeur, Le Monde, le soi-disant journal de référence de la France. Dans ce livre, pour ne pas prêter le flanc à la critique, elle dit tout et son contraire, ce qui peut la faire passer pour nuancée.

 

Exemples:

 

- la Suisse est un pays de plein emploi, un pays prospère, un pays dynamique, mais il l'est devenu grâce à l'afflux de capitaux (dû à la discrétion de ses banquiers) et à son attractivité fiscale (due à son absence de participation depuis longtemps à des conflits armés);

 

- la Suisse a su développer son système éducatif: au contraire de la France où le diplôme d'une grande école est une preuve de compétence, en Suisse on n'aime pas les étiquettes et l'objectif national n'est pas l'acquisition d'une culture générale, c'est l'accès au travail.

 

Et il est vrai qu'en Suisse on travaille et que le secret de la réussite du pays vient de là, même si elle se refuse à le comprendre: pour être riche, il faut créer des richesses et, pour créer des richesses, il faut travailler, être libre de travailler et être incité à le faire par la possibilité d'en recueillir le plus de fruits.

 

Marie Maurisse ne dit pas un mot des raisons pour lesquelles la France va mal. Elle se contente de dire qu'en Suisse le French bashing, c'est-à-dire dénigrer la France, est devenu un sport national auquel les Français expatriés ne sont pas les derniers à se livrer.

 

Question de dénigrer, elle n'est pas la dernière. Et ses cibles sont des Français: François Garçon ou Pierre Chappaz, qui ont le grand tort de dire que la France ferait bien de s'inspirer d'un modèle qui a fait ses preuves, ou encore Xavier Quemlin qui, riche héritier, s'est réfugié en Suisse.

 

Comme beaucoup de Français, Marie Maurisse a une culture économique des plus réduite. Elle se gausse - Elémentaire, non? - de ceux qui disent: Libéraliser le marché de l'emploi, baisser les impôts, développer l'apprentissage, comme en Suisse, voilà ce qu'il faut faire. Elle, elle ne propose rien...

 

Il n'est donc pas étonnant que Marie Maurisse dénigre aussi les exilés fiscaux, et, plus particulièrement, les bénéficiaires d'un forfait fiscal, c'est-à-dire ceux qui sont imposés sur les dépenses, au lieu de l'être sur les revenus et fortune, avec pour contreparties de ne pas avoir d'activité lucrative en Suisse et d'y séjourner six mois par an.

 

Elle affirme ainsi avec mauvaise foi que si la Suisse aime les riches, les Suisses, eux, ont une dent contre les forfaitaires, qui paient bien moins d'impôts qu'eux, au seul motif qu'ils sont étrangers et déplore pourtant, un peu plus loin, que 54% d'entre eux aient voté non à l'abolition du forfait fiscal lors d'une récente votation...

 

Il y a une part de vrai toutefois dans son explication du fossé qui existe entre les mentalités suisse et française:

D'une part, il y a la Confédération helvétique, un pays plurilingue, décentralisé, individualiste et neutre, qui met en avant sa culture du compromis. De l'autre, un pays unilingue, centralisé, au passé syndicaliste, qui vante ses batailles historiques.

Mais elle n'en tire pas les conclusions qui s'imposent sur l'essor de l'un et le déclin de l'autre...

 

Se basant sur l'étude UBS Prix et Salaires 2012, pour montrer qu'il n'y a pas tant de différence que ça entre les prélèvements en Suisse et en France, elle écrit: en ajoutant les cotisations sociales, le  taux de prélèvements [sur le salaire brut, pour les employés, impôts compris] atteint les 21% à Zürich contre 26% à Paris. Or dans l'étude 2015, on trouve les chiffres respectifs de 14,1% et 29,4%...

 

En Suisse, les Français seraient victimes de discrimination à l'embauche et, parmi les frontaliers, ils seraient considérés comme des envahisseurs indésirables. Ce que Marie Maurisse résume en disant: le paradoxe de la Suisse, en définitive, c'est qu'elle a besoin des Français tout en ne pouvant plus les sentir...

 

Dans sa conclusion, elle dit: Je ne suis pas en Suisse depuis assez longtemps pour pouvoir en demander la nationalité. Je le ferai un jour, peut-être. Afin d'avoir le droit de voter, au lieu de commenter les élections sans y participer.

 

Ce peut-être veut bien dire qu'elle ne déteste pas tant que ça cette Suisse qu'elle décrie volontiers, mais où elle compte bien rester, semble-t-il. A moins qu'elle ne soit maso... Mais demander la nationalité pour y voter, n'est-ce pas un peu court et cette attitude bien française ne peut-elle pas justifier les reproches que certains Suisses adressent à certains Français?

 

Francis Richard

 

Bienvenue au paradis!, Marie Maurisse, 206 pages Stock

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22 mai 2016 7 22 /05 /mai /2016 16:00
Non à l'initiative "En faveur du service public"

Le peuple suisse doit se prononcer le 5 juin 2016 sur une initiative populaire En faveur du service public. Il s'agit de compléter, par un article 43b, l'article 43 actuel de la Constitution fédérale qui définit les tâches des cantons et qui comprend déjà un article 43a.

 

Que dit cet article 43a?

 

Principes applicables lors de l’attribution et de l’accomplissement des tâches étatiques

1 La Confédération n’assume que les tâches qui excèdent les possibilités des cantons ou qui nécessitent une réglementation uniforme par la Confédération.

2 Toute collectivité bénéficiant d’une prestation de l’Etat prend en charge les coûts de cette prestation.

3 Toute collectivité qui prend en charge les coûts d’une prestation de l’Etat décide de cette prestation.

4 Les prestations de base doivent être accessibles à tous dans une mesure comparable.

5 Les tâches de l’Etat doivent être accomplies de manière rationnelle et adéquate.

 

Dans la Constitution fédérale il n'est nulle part employé l'expression de service public...

 

Cependant l'alinéa 4 parle de prestations de base accessibles à tous dans une mesure comparable, sans les définir précisément. Les initiants proposent, sans plus les définir, de les rendre distinctes et, surtout, plus contraignantes, avec leur article 43b:

 

Principes applicables aux prestations de base fournies par la Confédération.

1 Dans le domaine des prestations de base, la Confédération ne vise pas de but lucratif, ne procède à aucun subventionnement croisé au profit d'autres secteurs de l’administration et ne poursuit pas d'objectif fiscal.


2 Les principes définis à l’al. 1 s’appliquent par analogie aux entreprises qui accomplissent des tâches légales pour le compte de la Confédération dans le domaine des prestations de base ou que la Confédération contrôle directement ou indirectement par une participation majoritaire. La Confédération veille à ce que les salaires et les honoraires versés aux collaborateurs de ces entreprises ne soient pas supérieurs à ceux versés aux collaborateurs de l’administration fédérale.

3 La loi règle les modalités; elle distingue en particulier les prestations de base des autres prestations, assure la transparence des coûts dans le domaine des prestations de base et garantit un emploi transparent des recettes provenant de ces prestations.

 

Dans les Harmonies économiques (Tome VI des Oeuvres Complètes, Chapitre XVII sur les Services publics, services privés), Frédéric Bastiat montre ce que doit être, pour être légitime, un service public, ce que se gardent de faire les divers commentateurs de l'initiative en question, qu'ils soient pour ou contre.

 

En effet les pour et les contre se disent les premiers pour un service public, pour tous, à un prix abordable, et contre son démantèlement, et les seconds contre la destruction du service public à laquelle aboutirait cette initiative ruineuse.

 

Frédéric Bastiat dit: Le gouvernement n'agit que par l'intervention de la force, donc son action n'est légitime que là où l'intervention de la force est légitime. Il pose la question: Dans quel cas l'emploi de la force est-il légitime? Et répond: Il y en a un, et je crois qu'il n'y en a qu'un: la légitime défense. S'il en est ainsi, la raison d'être des gouvernements est toute trouvée, ainsi que leur limite rationnelle.

 

A partir de là quels sont les services privés qui peuvent être convertis en services publics? Ce sont ceux qui ont pour objet le maintien de toutes les libertés, de toutes les propriétés, de tous les droits individuels, la prévention des délits et des crimes, en un mot, tout ce qui concerne la sécurité publique.

 

Il ajoute que les gouvernements ont une autre mission: En tous pays, il y a quelques propriétés communes, des biens dont tous les citoyens jouissent par indivis, des rivières, des forêts, des routes. Par contre, et malheureusement, il y a des dettes. Il appartient au gouvernement d'administrer cette portion active et passive du domaine public.

 

De ces deux attributions - veiller à la sécurité publique, administrer le domaine commun - découle une troisième: celle de percevoir les contributions indispensables à la bonne exécution des services publics.

 

Ceci étant dit, pourquoi alors s'opposer à l'initiative En faveur du service public?

 

Parce que ni Swisscom, ni la Poste, ni les CFF, qui sont visés par l'initiative, ne sont des services publics légitimes. Ce sont en réalité des entreprises qui assurent des services privés. Ils ne sont considérés comme des services publics que par abus de langage et que parce que l'Etat y est le principal ou l'unique actionnaire.

 

En fait Swisscom, la Poste et les CFF jouissent encore de protections étatiques, mais, dans une grande mesure, ils sont, et seront de plus en plus, des services privés, confrontés à la concurrence, quoi qu'ils fassent.

 

Le principal argument, et le seul valide, employé par les opposants à l'initiative est donc que ces entreprises doivent avoir une grande marge de manoeuvre entrepreneuriale, afin d'être le plus compétitives possible.

 

L'idéal serait, évidemment, que l'Etat s'en désengage complètement. Car cela leur permettrait, au bout du compte, libérées de l'emprise de l'Etat, de donner davantage satisfaction à leurs clients. Ce qui est le but affiché par les initiants...  

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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26 avril 2016 2 26 /04 /avril /2016 22:55
Le remède suisse - Antigone chez les Helvètes, d'Oskar Freysinger

Oui, Oskar Freysinger idéalise le pays qui a accueilli son père, immigré autrichien, dit Slobodan Despot dans son avant-propos d'éditeur du dernier livre d'Oskar Freysinger.Ce que je crois, c'est que les lois non écrites sont très présentes dans l'imaginaire collectif des Suisses, écrit Eric Werner dans la post-face.

 

Tous deux, aussi bien Slobodan Despot qu'Eric Werner, s'accordent au fond pour dire qu'Oskar Freysinger dit trop de bien de la Suisse, parce que la Suisse telle qu'il la voit ne serait pas réelle. Mais ils ajoutent que cela les change de ceux qui en disent du mal ou la déconstruise, indéfiniment...

 

Oskar Freysinger voit en la Suisse un modèle métaphysique: elle recycle les imperfections dans un mouvement d'ensemble capable de produire un espace-temps sensé, qui croît et qui sert l'humain. C'est en lisant Le temps d'Antigone, l'essai d'Eric Werner, que cette idée génératrice de la Suisse est apparue à Oskar Freysinger et lui a inspiré le sien.

 

En Suisse, on sait que l'homme est imparfait, qu'il faut le prendre tel qu'il est et non pas tel que l'on voudrait qu'il soit. En Suisse, on transpose l'essence dans l'existence, c'est-à-dire qu'on découvre en soi les lois immuables qui s'y trouvent, les lois non écrites, qui sont le contraire des lois humaines inspirées par l'hybris.

 

Un de ces lois non écrites, dikè, qu'Antigone oppose à Créon, est qu'il faut enterrer les cadavres: Ce n'est que lorsqu'on les libère définitivement de leur enveloppe charnelle par la mise en terre que les morts trouvent le repos et que les vivants sont apaisés[...]. Or, la Suisse est précisément l'endroit où les cadavres sont rapidement mis sous terre, de quelques natures qu'ils soient.

 

Les Suisses ont en effet appris de l'histoire et continuent d'en apprendre: Ils ont compris qu'après un conflit, il faut faire cesser le chenit (terme suisse qualifiant le désordre) le plus vite possible et enterrer les cadavres du passé pour se donner un futur. Ce sens des réalités leur vient de leur proximité avec la nature, dont ils ont su dès l'origine se faire une alliée.

 

Ainsi les lois suisses viennent du terrain, restent proches du terrain et sont au service du terrain: elles sont d'autant plus respectées par les Suisses que soit elles sont agréées par eux, soit elles émanent de leur volonté. En quelque sorte elles concilient les contraires: Antigone exerce le rôle de Créon en restant Antigone! 

 

Sont caractéristiques de ce pragmatisme et de l'exception suisse:

- le fédéralisme: S'étant donné le temps d'observer la nature, vivant près d'elle, ils s'inspirèrent de l'harmonie qui la caractérise, soignèrent le fédéralisme, trouvèrent un compromis acceptable entre le collectif et l'individu, dont l'un est le reflet de l'autre, comme l'arbre est le reflet de la forêt.

- la neutralité: La Suisse, le pays où les cadavres sont enterrés au plus vite, s'est dès lors [depuis que l'idée de neutralité perpétuelle et armée s'est ancrée dans l'esprit suisse] engagée par ses bons offices à évacuer les cadavres des autres et, à travers la Croix-Rouge, à soigner les blessés pour diminuer le nombre de morts.

- la résistance à créer un homme nouveau: L'homme ne devait pas être "nouveau", ne devait pas changer et devenir un autre, il lui suffisait de devenir lui-même au-delà de son ego, de sa soif de pouvoir, de son désir de s'approprier le monde, de ses angoisses.

- le refus de vouloir sauver le monde à partir d'une théorie ou d'une idéologie, qu'elle soit égalitariste et collectiviste ou élitaireLes Suisses préfèrent partir du concret, de la réalité. Ce n'est pas le discours qui fonde leur réalité, c'est la réalité qui leur parle d'une manière mystérieuse.

- la liberté de la Suisse: Sa liberté ne consiste pas à faire ce qu'elle veut, mais à faire ce qui est juste, à vouloir ce qui est juste. Or ce qui est juste ne provient pas de l'obéissance à un Dieu imposé, ce n'est pas dicté ou imposé à l'homme par un dogme, c'est Zeus en lui qui le lui révèle, son moi profond.

- la séparation des pouvoirs: les horlogers suisses ont d'abord inventé la double séparation des pouvoirs, verticale et horizontale, sysmbolisée par les deux branches d'une croix suisse parfaitement symétrique: pouvoir législatif, juridique et exécutif pour la barre horizontale, communes, cantons et Confédération pour ce qui est de la barre verticale, cette verticalité symbolisant l'histoire dans laquelle les collectivités et leur territoire plongent leurs racines.

- la subsidiarité, qui, avec le fédéralisme, garantit l'équilibre entre le centre et la périphérie tout en maintenant un esprit de solidarité par le soutien de l'entité supérieure à l'entité inférieure, lorsque c'est nécessaire, mais sans que les prérogatives mutuelles ne soient remises en question.

- le système bicaméral, qui maintient ce système fédéraliste et subsidiaire: Chaque canton, quelle que soit sa grandeur, possède le même nombre de représentants au Conseil des Etats. [...] Et cela est accepté par la société civile, parce que ça fonctionne et que ça maintient les équilibres entre la Suisse urbaine et la Suisse des campagnes, entre le centre et la périphérie, la plaine et la montagne. En Suisse, la différence est considérée comme un garant de la diversité et non comme une injustice.

- le Conseil fédéral, gouvernement collégial constitué de sept ministres représentant les sensibilités majeures du pays: Ainsi toute prise d'otage, même temporaire, de la totalité du pouvoir par un seul courant devient impossible. Les ministres, ne pouvant exercer un pouvoir absolu, sont contraints de s'entendre entre eux, de trouver des compromis, de maintenir les équilibres.

- le référendum, pouvoir d'arbitrage du peuple, et l'initiative populaire , pouvoir de proposition du peuple, qui sont des correctifs à la mécanique.

 

Le modèle suisse, qu'Oskar Freysinger qualifie de métaphysique, est une mécanique qui a fait ses preuves, mais qui suppose de ne pas être malmenée pour bien fonctionner: Une roue qui tournerait trop vite ou dans le mauvais sens déséquilibrerait le mécanisme et menacerait l'équilibre du système. Voilà pourquoi, paradoxalement, l'un des plus ardents défenseurs du système, Christophe Blocher, en fut éjecté après une législature, car il affolait les rouages et représentait donc un corps étranger à son fonctionnement.

 

Cette mécanique de précision n'est donc pas à l'abri de dangers tels que:

- le monde virtuel, qui représente une fuite devant le réel

- la déconstruction du langage et de la culture, qui se traduisent par la perte du sens critique, indispensable pour que le citoyen puisse jouer son rôle de haute surveillance, de contrôle et d'opposition

- une vision du monde, qui s'opposerait aux principes fondateurs de la Suisse

- le voisinage d'une Union européenne, qui, elle, n'a jamais vraiment enterré ses cadavres et qui est saisie par l'hybris

- la non-intégration dans cette mécanique qui est vie, donc mouvement, des éléments fluctuants du réel, qui ne peuvent être humanisés que par l'application des lois d'Antigone au quotidien.

 

Ce qui fait l'exception suisse, ce n'est donc pas tel ou tel rouage de cette mécanique bien réelle, si une métaphysique la sous-tend, mais son ensemble, qui est compliqué et singulier, et qui fonctionne mieux que bien d'autres, s'il n'est pas parfait, la preuve étant d'ailleurs qu'il est vulnérable, comme toute oeuvre humaine...

 

Francis Richard

 

Le remède suisse - Antigone chez les Helvètes, Oskar Freysinger, 96 pages, Xenia 

 

Livres précédents:

 

Le nez dans le soleil Editions de la Matze (2009)

Antifa Tatamis (2011)

Garce de vie Editions Attinger (2012)

De la frontière Xenia (2013)

 

Dédicaces le 29 avril 2016 de 17:00 à 18:30 à la Librairie Payot de Sion

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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12 avril 2016 2 12 /04 /avril /2016 22:55
Photo reprise du site de Nicomaque (https://nicomaque.com/)

Photo reprise du site de Nicomaque (https://nicomaque.com/)

Le 5 juin prochain le peuple suisse va voter sur l'objet d'une initiative populaire intitulée: Pour un revenu de base inconditionnel. S'il est adopté, la Constitution sera modifiée comme suit:

 

Art. 110a (nouveau) Revenu de base inconditionnel

1 La Confédération veille à l’instauration d’un revenu de base inconditionnel.

2 Le revenu de base doit permettre à l’ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique.

3 La loi règle notamment le financement et le montant du revenu de base.

 

Les partisans de cette initiative ajoutent sur leur site: Remarquez bien que nous ne votons que sur le principe, aucun montant et aucun mode de financement n’est proposé dans ce texte (bien que plusieurs idées existent). Ce sera un choix ultérieur.

 

Parlons donc du principe puisque montant et financement sont indéterminés et que nous pouvons gloser sur eux indéfiniment.

 

Il s'agit donc de permettre à l'ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique. Ne considérons ici que la première proposition.

 

Que signifie mener une existence digne?

 

Est-ce vraiment mener une existence digne que de recevoir un montant sans rien avoir à faire pour le mériter? Cela signifie tout simplement qu'une partie des gains de ceux qui font, ou qui feront encore quelque chose, est versée à des fainéants au sens étymologique du terme.

 

La pente de l'être humain est celle du moindre effort. C'est en luttant contre cette pente qu'il acquiert sa dignité, qui est de ne dépendre de personne pour s'assumer, autrement dit d'être libre. L'histoire montre que ce combat de toujours lui a permis de se dépasser et de créer des richesses. 

 

En recevant un revenu, sans rien avoir à faire en contrepartie, l'être humain est incité à ne pas faire d'effort, à se reposer en quelque sorte sur un oreiller de paresse, qui, naguère, était considérée comme un des sept péchés capitaux. C'est-à-dire qu'il est incité à suivre sa pente, celle du moindre effort.

 

Est-ce vraiment mener une existence digne que de recevoir un revenu de la main visible de l'Etat sans avoir à manifester sa reconnaissance pour ce cadeau inconditionnel? Il est en effet plus facile pour sa conscience de vivre aux dépens de tout le monde que d'être reconnaissant à quelqu'un en particulier.

 

En fait, si l'on ne veut pas que les bénéficiaires du revenu en question soient reconnaissants à l'égard de quelqu'un en particulier, c'est pour qu'ils ne puissent pas se rendre compte qu'ils sont en fait les bénéficiaires d'un vol. Car qu'est-ce d'autre qu'un vol que de prendre dans la poche des uns pour remplir celle des autres?

 

Le vol évidemment suppose que la propriété soit reconnue. La propriété, sujette de plus en plus à caution, est pourtant la condition sine qua non de la liberté de l'être humain, sans laquelle il ne peut pas créer de richesses. Chacun pourtant est (ou devrait être) propriétaire de son capital humain, c'est-à-dire des facultés qu'il développe, et des fruits de son travail.

 

C'est parce qu'il développe ses facultés et qu'il sait pouvoir conserver les fruits de son travail que l'être humain crée des richesses. Ces richesses lui sont profitables ainsi qu'aux autres quand il peut les échanger librement et respectueusement avec eux, sans qu'elles lui soient confisquées d'une manière ou d'une autre.

 

Quand l'Etat n'assure pas la sécurité des biens et des personnes et quand, au contraire, il porte atteinte à la propriété, donc à la liberté des êtres humains, pour la redistribuer, il commet un vol, légal peut-être, mais un vol. Et c'est la légalité de ce vol, illégitime pourtant, qui permet de donner bonne conscience à ceux qui en bénéficient.

 

Pour que cette bonne conscience ne soit pas écornée, on a inventé de nouveaux droits, ce qu'il faut bien appeler des droits-créances, puisque ce sont des droits à quelque chose. Ces nouveaux droits, qui n'en sont pas, diffèrent des droits naturels, qui sont des droits de faire quelque chose. C'est au nom de ces faux droits que l'on spolie.

 

Parmi ces droits artificiels, il y a ainsi le droit à la couverture des besoins de base, sans laquelle l'existence ne pourrait, dit-on, être menée dignement. Outre que ces besoins de base varient d'un être humain à un autre, en cas de malheur, ils devraient être couverts par l'assurance, et si insuffisante, par la charité privée.

 

De tout ce qui précède, nous pouvons conclure à l'indignité pour l'être humain du revenu de base inconditionnel. Il ne peut en effet que conduire, à la longue, à l'asservissement de tout le monde:

- ceux qui se contenteront de ce revenu de base dépendront de la manne de l'Etat, qui devrait tendre inexorablement à l'épuisement, faute de richesses créées suffisantes;

- ceux qui, ne se contentant pas de ce revenu de base, seront spoliés pour alimenter cette manne, s'ils ne sont pas incités à s'exiler vers des cieux plus cléments, à condition toutefois qu'on le leur permette...

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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27 juillet 2015 1 27 /07 /juillet /2015 14:00
A l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM CyclingA l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM Cycling

IAM Cycling est la seule équipe cycliste professionnelle suisse. Elle est forte d'une soixantaine de personnes, dont 29 coureurs. Invité par son patron Michel Thétaz à suivre une étape du Tour de France, j'ai choisi la 21e, celle de l'arrivée sur les Champs-Elysées. Une occasion rêvée de connaître les coulisses de cette épreuve mythique.

 

Juste pour le Tour, les RER A et C sont en travaux. Le premier entre La Défense et Auber, le second entre Javel et Gare d'Austerlitz. Il faut donc ruser pour gagner, depuis Chatou, la gare de Meudon Val Fleury, où Roxane Wirth et Eddy Seigneur viennent nous récupérer, Harry, l'autre invité du jour, et ma modeste personne.

 

Une fois parvenus au village de départ, Harry et moi visitons le car IAM, où s'active Francis Bur, le chaufeur. Dans ce car, chaque coureur a sa place attitrée. Il est équipé d'une douche, de toilettes et d'un coin cuisine. En sortant, je prends en photo le vélo de Mathias Frank.

 

Sur les vélos de l'équipe sont fixés, sous la selle, un dispositif de localisation, sur le côté, un capteur qui permet aux organisateurs du Tour de connaître les temps et place de chacun des coureurs, sur le guidon, une commande électronique du dérailleur, sur ce dernier, un appareil de mesure de la puissance, analysé chaque fin d'étape.

A l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM CyclingA l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM Cycling

Roxane et Eddy sont venus depuis Beaune le matin même par la route, tandis que les coureurs sont arrivés par avion. L'accès au village de départ de la dernière étape du Tour, se fait par le sud-est, d'où le choix du point de rendez-vous à la gare de Meudon Val Fleury, vers 13 heures.

 

Pour entrer dans le village de départ proprement dit, il faut avoir bracelet jaune au poignet. Il y a foule devant les stands de nourriture et de boissons. Et les portions sont congrues, si les plats sont rien moins que diététiques... Ceci compensant cela.

A l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM CyclingA l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM Cycling

LCL s'est réservé la part du lion parmi les partenaires de l'événement. Il faut dire qu'il est aujourd'hui le plus ancien sponsor du Tour. Carrefour n'est peut-être pas le plus ancien, mais il aura distribué un million de casquettes à pois rouges pendant cette édition...

 

Dans la caravane publicitaire qui traverse ce camp de base et dont de gentes personnes distribuent les échantillons de produits ou dérivés, il y a bien sûr les véhicules carapaçonnés des inévitables Cochonou, X-Tra, Ibis, Biscuiterie Saint-Michel et autres Vittel, mais il y a aussi des véhicules de la CGT et de FO... Sans commentaires.

A l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM CyclingA l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM Cycling

Harry et moi prenons place dans la voiture d'Eddy, une Skoda importée par AMAG, immatriculée à Genève. Ce qui est un honneur pour nous. En effet Eddy Seigneur, aujourd'hui à la direction sportive d'IAM Cycling, a remporté, entre autres résultats à son palmarès, la dernière étape du Tour de France en 1994, sur les Champs-Elysées déjà.

 

Avec environ trois quarts d'heure d'avance, nous effectuons le parcours que les cent soixante rescapés du Tour emprunteront à partir de 16 heures 15, le kilomètre zéro se trouvant à 9 kilomètres du point de départ. Nous regardons France 2 sur un petit écran du tableau de bord... Radio Tour permet de disposer d'informations bien avant tout le monde...

 

Nous jouissons de quelques transgressions, comme de rouler à gauche, passer aux feux rouges, emprunter les ronds-points à contre-sens. Mais il pleut, à verse. Or il y a beaucoup de tronçons pavés et de ralentisseurs.

 

Les pavés et les ralentisseurs de la côte qui mène à l'Observatoire de Meudon sont particulièrement meurtriers... Eddy raconte qu'un jour il a été surpris par un ralentisseur, mal signalé, et qu'il a failli perdre un des vélos fixés sur le toit de sa voiture en passant dessus à grande vitesse...

A l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM CyclingA l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM Cycling

A l'issue de ce parcours, au cours duquel la voiture d'IAM Cycling est applaudie (j'ai même aperçu sur le bord de la route un drapeau rouge à croix blanche avec le nom de Marcel Wyss écrit dessus), nous assistons à la fin de la 21e étape depuis l'Espace Izoard réservé aux VIP...

 

En fait les jeux sont faits depuis la veille. Le classement général ne changera pas. L'objectif que s'était fixé Michel Thétaz a été atteint. Il souhaitait, dès le départ, que son leader, Mathias Frank, figure dans le Top 10. C'est chose faite, puisqu'il finit 8e.

A l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM CyclingA l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM Cycling

Un regret, toutefois. Au départ de la 20e étape, celle de l'Alpe d'Huez, Mathias était 7e au classement général. Mais, en cours d'étape, il a joué de malchance. Ce qui lui a coûté une place, pour 25 secondes seulement.

 

D'abord il s'est vu éjecter du groupe des favoris en raison d'une crevaison. Ensuite il a dû changer de vélo (pour une raison inconnue, la commande électronique de son dérailleur est tombée en panne). Enfin il a chuté à quelque 7 kilomètres de l'arrivée par la faute d'un supporter.

A l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM CyclingA l'arrivée du Tour, 21e étape Sèvres Champs-Elysées, avec IAM Cycling

Tous les membres de l'équipe IAM Cycling sont des personnes d'une grande gentillesse et j'ai eu beaucoup de plaisir à partager cette journée avec eux, en dépit du froid et de la pluie qui m'ont littéralement transi. Je les remercie toutes et tous de m'avoir accueilli avec autant de simplicité et de chaleur, réconfortante compte tenu des conditions météo... 

 

Preuves de cette gentillesse et de cette chaleur, aussi bien Eddy Seigneur que Sylvain Chavanel ont accepté que je prenne un selfie en leur compagnie. C'est un grand honneur.

 

A RTS Michel Thétaz a dit toute sa satisfaction de ce Tour pour son équipe. Interrogé sur la victoire de Christopher Froome, il a dit, en substance, m'a-t-il rapporté, que les défaillances du champion, la veille, ont montré qu'il n'était pas un robot, mais bien un être humain.

 

Francis Richard

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30 mai 2015 6 30 /05 /mai /2015 16:45
Non à la modification de la loi fédérale sur la radio et la télévision

Dans le livret des explications du Conseil fédéral sur la votation populaire du 14 juin 2015, le comité référendaire, prônant le non à la modification de la loi sur la radio et la télévision, argumente surtout en termes utilitaristes, mais ne va pas jusqu'au bout du raisonnement en termes moraux.

 

Il a certainement raison:

 

- quand il dit, comme sur l'affiche du Non à la modification de la loi sur la radio et télévision (LRTV), que le oui à la modification est un piège fiscal et que tout le monde devra passer à la caisse: "tous les ménages et toutes entreprises, qu'ils possèdent ou non un appareil de réception, qu'ils consomment ou non des programmes de radio ou de TV, qu'ils soient ou non en mesure de voir ou d'écouter les programmes";

 

- quand il dit que le oui à la modification signifie donner carte blanche au Conseil fédéral, qui fixe déjà le montant de la redevance, parce que, justement, elle s'appliquera à tout le monde et qu'il n'y aura désormais plus aucun frein à ses décisions en la matière;

 

- quand il dit que ces augmentations trouveront leur justification dans un investissement massif dans Internet et dans de coûteuses productions maison;

 

- quand il dit que le patron d'une petite entreprise - le seuil est de CHF 500'000.- de chiffre d'affaires - paiera deux fois la redevance, à titre privé et à titre professionnel.

 

Le comité référendaire voit tout cela. Mais il ne voit pas que c'est le principe même du service public audiovisuel qui est le responsable de toutes ces perversités.

 

En effet il dit: "Nul ne conteste le bien-fondé d'une desserte efficace et de qualité en programmes de radio et de TV dans tout le pays. Mais elle ne doit pas coûter toujours plus cher."

 

Ce faisant, il ne voit pas qu'en refusant de contester ce bien-fondé il met le doigt dans un engrenage et que le piège n'est fiscal que parce qu'il est tout d'abord le piège de l'existence même du service public audiovisuel.

 

Dans les échanges privés, chacun est libre d'accepter ou non le service qu'il reçoit ou de proposer ou non le service qu'il rend. Mais, quand il s'agit d'un service public, il n'en est pas de même. Que nous voulions de ce service ou non, que nous en ayons besoin ou non, qu'il soit bon ou mauvais, nous n'avons pas d'autre choix que de l'accepter et de le payer au prix que l'Etat a fixé.

 

C'est déjà le cas avec la redevance actuelle, mais ce n'est pas politiquement correct de le dire: "Selon la loi sur la radio et la télévision (LRTV), toute personne domiciliée en Suisse, équipée d’un poste de radio ou de télévision, est tenue de payer la redevance de réception, indépendamment des chaînes regardées ou des stations écoutées, indépendamment également du mode de réception (antenne, câble, satellite, téléphone, mobile, Internet)."

 

Ce qui est important, c'est ce passage: "indépendamment des chaînes regardées ou des stations écoutées, indépendamment également du mode de réception". Autrement dit, on ne nous laisse pas le choix. Que cela nous plaise ou non, nous devons payer.

 

Le vieil argument socialiste, archi-usé, mais qui sert encore, est de dire qu'on refuse la liberté de choix au nom de l'équité ou de la solidarité. Mais que sont l'équité, quand elle est confondue avec l'égalité absolue de résultat, et la solidarité, quand elle n'est pas volontaire, sinon des abus de langage?

 

Aussi, face à cette modification de la LRTV, inspirée par un égalitarisme un peu plus coercitif encore, donc pire, que l'actuel, j'ai envie de dire, à l'instar de Coluche, qu'au fond, même si c'est sans enthousiasme, le statu quo, "c'est pas plus mal que si c'était pire".

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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20 mai 2015 3 20 /05 /mai /2015 21:00
Non à un impôt fédéral sur les successions

Pour la quatrième fois dans l'histoire helvétique, après les essais non transformés de 1919, de 1946 et de 2003, la gauche, qui n'a de cesse de s'en prendre aux droits de propriété, une obsession chez elle, tente de créer un impôt fédéral sur les successions.

 

Le 14 juin 2015, le peuple suisse vote donc sur l'initiative populaire "Imposer les successions de plusieurs millions pour financer notre AVS". Comme son nom l'indique, il s'agit, du moins est-ce le principal argument avancé, de contribuer au financement du premier pilier de retraite suisse (par répartition).

 

L'impôt fédéral sur les successions, concocté par la gauche, impose les successions de plus de 2 millions de francs au taux unique de 20% et remplace les impôts cantonaux sur les successions et donations. Exit le principe de subsidiarité qui figure dans la Constitution. Les cantons ne sont plus que percepteurs et reçoivent à titre de compensation un tiers des recettes.

 

Dans la plupart des cantons, il n'y a en effet plus, ou presque, de droits de succession à payer pour le conjoint survivant et pour les descendants en ligne directe (cette disparition s'est faite, dans la plupart des cas, par le biais d'initiatives populaires, contre la volonté des gouvernements...).

 

Il ne faut toutefois pas se leurrer. Les autres héritiers paient à leur place. Et les droits de successions, qu'ils acquittent, sont élevés en comparaison internationale, parce que l'imposition des héritages n'y souffre pas d'autant d'exceptions que dans d'autres pays...

 

En vantant les mérites d'un impôt fédéral, la gauche ne cache pas qu'elle met à mal la concurrence fiscale entre les cantons. Elle ne se réjouit pas que les Etats cantonaux soient, grâce à elle, empêchés quelque peu de devenir obèses et infernaux. Non, elle déplore que ladite concurrence favorise "une répartition inégale des richesses".

 

L'intention de la gauche est claire: "Un impôt modéré [sic] de 20% permettra de contrecarrer cette tendance". Là, on oublie complètement le financement prétexte de l'AVS. Il faut dire que ce n'est pas cet impôt fédéral qui le résoudra. Car toute retraite par répartition est de toute façon une manière de système de Ponzi, voué à l'échec à long terme.

 

Dans le livret d'Explications du Conseil fédéral relatif à la votation populaire du 14 juin 2015, la gauche déclare d'emblée que l'impôt fédéral sur les successions "permettra d'imposer un patrimoine que des héritiers reçoivent sans contrepartie", c'est-à-dire, disons-le, sans mérite. Ce qui sous-entend que l'Etat et sa clientèle peuvent le recevoir à leur place sans contrepartie et qu'ils le méritent...

 

En réalité un héritage est constitué d'un capital qui a déjà été imposé au titre de revenu et de fortune préalablement (en Suisse les deux impositions existent). Et les héritiers vont à leur tour être imposés au titre de revenu éventuel de ce capital, s'il en génère, et de fortune que ce capital représente lui-même. Il est donc faux de dire qu'il n'y a pas de contreparties, quelque déplorables qu'elles puissent être: il y en a eu avant, il y en aura après la succession. 

 

En fait deux conceptions s'opposent: ceux qui considèrent que les fortunes accumulées par les individus sont à la libre disposition de la collectivité et qu'elle peut donc les redistribuer à sa guise; ceux qui considèrent, au contraire, qu'elles découlent des efforts de ces mêmes individus sur de nombreuses années et que c'est à eux d'en disposer comme ils l'entendent.

 

La première conception s'apparente au vol légalisé, destiné à réduire la concentration des fortunes, sous le fallacieux prétexte d'égalité des chances (qui, en l'absence de privilèges, existe en fait avec l'égalité devant le droit).

 

La deuxième conception est conforme au respect des droits de propriété et à la liberté économique (qui sont garantis par la Constitution fédérale suisse). Elle préserve l'épargne privée, sans laquelle il n'est pas de prospérité ni d'innovation.

 

D'un point de vue moral, donc, à rebours de ce qui se dit sur le sujet, il faudrait même, idéalement, que le transfert de fortune soit exonéré pour tous les héritiers, en ligne directe ou pas, et que le testateur ait la liberté totale de choix de la destination de ses biens après sa mort.

 

D'un point de vue utilitaire, ou l'on choisit de redistribuer les richesses avec pour corollaire la paupérisation; ou l'on choisit de créer des richesses qui profitent finalement à tous par le dynamisme économique qu'elles induisent avec pour corollaire des inégalités.

 

Mais la gauche préfère sans doute que tous soient égaux et... pauvres.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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18 février 2015 3 18 /02 /février /2015 23:55
Votations du 8 mars 2015: TVA ou taxe sur l'énergie? Non au remplacement

En 2013, les recettes du secteur public de la Suisse s'élevait à 205 milliards de francs dont 66 milliards de recettes de la Confédération, 81,5 milliards de recettes des cantons et 45 milliards de recettes des communes. Ce qui représentait 32% du PIB. La dette s'élevait à 36% du PIB et l'excédent du secteur public à un peu moins de 3 milliards.

 

Tous ces chiffres ne peuvent que susciter l'envie des autres pays occidentaux, qui, pour la plupart, sont de très mauvais élèves en comparaison. En tout cas, ils expliquent pourquoi la Suisse se porte mieux qu'eux. Toutefois, il n'y a pas de quoi réellement pavoiser.

 

Il y a quarante ans le président de la République française, Valéry Giscard d'Estaing, disait que l'on entrait en socialisme à partir du seuil de 40% de PIB de prélèvements obligatoires. A cette aune-là la Suisse est socialiste, si l'on ajoute aux recettes fiscales de l'Etat, sous toutes ses formes, les prélèvements des assurances sociales.

 

Sur 66 milliards de recettes fédérales, 35% proviennent de la TVA, soit environ 23 milliards de francs (à titre de comparaison, en France, la TVA représente 50% des recettes de l'Etat, mais le taux "normal" de la TVA y est de 20% contre 8% en Suisse). Ce qui veut dire que la Confédération s'est créé le besoin de cette manne, qui n'est pas un impôt moins nuisible que les autres.  

 

Car, la TVA n'est pas à proprement parler un impôt sur la consommation, sinon en raison du moment où il est acquitté et par ses conséquences. Il est comme son nom l'indique un impôt sur la valeur ajoutée, c'est-à-dire en réalité un impôt sur les revenus, qu'ils proviennent du travail ou du capital.

 

Quand les revenus proviennent essentiellement du travail cet impôt est particulièrement néfaste parce qu'il renchérit le coût de celui-ci et pénalise l'emploi, notamment de ceux qui sont peu qualifiés. Plus son taux est élevé, plus il conduit d'ailleurs à la multiplication des fraudes.

 

La TVA ne pénalise pas seulement les revenus du travail, mais également ceux du capital. En effet la formation des prix se fait à partir de l'offre et de la demande. L'entreprise, dans bien des cas, ne peut pas répercuter intégralement la TVA sur ses prix de vente. Elle n'a donc le choix qu'entre réduire ses coûts ou réduire sa rentabilité. Dans les deux cas c'est néfaste, économiquement parlant, puisque cela réduit les revenus. 

 

Réduisant les revenus du travail et du capital disponibles pour l'épargne, la TVA pénalise en définitive les investissements, autrement dit l'innovation et l'amélioration des processus de production. Toute pénalisation des revenus entraîne celle de la consommation, qu'elle soit immédiate ou future.

 

Enfin la gestion de la TVA a un coût certain pour l'économie. Une grande partie de ce coût repose sur les entreprises que l'Etat dans sa grande bonté charge du recouvrement pour son compte, tout en faisant planer sur elles la menace d'éventuels redressements.  

 

Bref, la TVA, ce n'est pas bon. Mais quel impôt l'est vraiment, sinon pour ceux qui en profitent?

 

Faut-il pour autant remplacer la TVA par une taxe sur l'énergie? Les Verts Libéraux, qui sont peut-être verts, mais certainement pas libéraux, le pensent et ils ont lancé une initiative destinée à ce changement. Elle a abouti et a été déposée le 17 décembre 2012, avec 108'018 signatures valables.

 

De quoi s'agit-il? De taxer les énergies dites non renouvelables, telles que le pétrole, le charbon, le gaz et le nucléaire, d'ajuster le taux de taxation de telle manière que les recettes fiscales fédérales restent inchangées. Le but est en définitive de lutter contre l'hypothétique changement climatique et d'économiser l'énergie.

 

Pour maintenir les recettes fiscales de la Confédération il faudra inévitablement taxer fortement les énergies dites non renouvelables. Les prix des carburants, essence et diesel, du mazout, du gaz, de l'électricité, prendront inévitablement l'ascenseur, aux dires aussi bien des partisans de l'initiative que de ses opposants. Les écarts d'estimation étant révélateurs de l'incertitude sur les conséquences réelles...

 

Pour éviter que les hausses de prix de l'énergie ne soient catastrophiques pour certains, il y aura inévitablement nécessité de prendre des mesures arbitraires d'exemption totale ou partielle en leur faveur. Ce sera un nouveau choc de complication bureaucratique, à laquelle on prétend remédier en abolissant la TVA...

 

En fait, on aura décidé de taxer les uns plutôt que les autres de manière arbitraire, c'est-à-dire en fonction de critères idéologiques: les énergies dites renouvelables, c'est bien; les énergies dites non renouvelables, c'est pas bien. Les consommateurs n'auront surtout pas leur mot à dire, parce que... seuls les Verts, "libéraux" ou pas, savent ce qui est bon pour eux et qu'ils se soucient comme d'une guigne de perturber les ajustements de prix qui se font entre offre et demande.

 

Si la consommation d'énergies non renouvelables baisse, comme ils le souhaitent en bons verts, ils savent qu'il faudra augmenter les taxes pour que les rentrées fiscales soient maintenues à leur niveau actuel, comme ils le souhaitent en bons libéraux. Mais, sur cela ils se gardent bien d'attirer l'attention de l'électeur qui pourrait être chagrin d'être récompensé ainsi de ses louables efforts...

 

Entre deux maux, la TVA et une taxe sur l'énergie, il est donc, de prime abord, difficile de choisir le moindre. Il semble bien pourtant que l'on aille de Charybde en Scylla avec cette miraculeuse idée de remplacement de l'une par l'autre. En effet les effets d'un tel remplacement sont imprévisibles et les agents économiques détestent plus que tout l'incertitude, a fortiori quand elle est d'origine étatique...

 

Francis Richard

 

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17 février 2015 2 17 /02 /février /2015 23:35
Votations du 8 mars 2015: exonérer de l'impôt les allocations familiales? Oui

Sur le site de la Confédération, on peut lire que "la politique familiale comprend l'ensemble des mesures et des dispositifs visant à soutenir et à promouvoir la famille." Ce n'est pas très original. Tous les Etats occidentaux, y compris la Suisse, sont en effet, peu ou prou, des Etats-providence, et pratiquent une telle politique, qui est l'un des multiples moyens de l'intervention étatique.

 

La famille est une chose trop importante pour être laissée à la seule responsabilité des membres qui la constituent, et plus particulièrement des parents. L'Etat intervient donc dans ce domaine-là comme dans d'autres. Décidant notamment des règles d'attribution des allocations familiales, qui sont un des dispositifs de la politique familiale, l'Etat a, de ce fait, un droit de regard sur la famille, qu'il tient à sa merci et déresponsabilise.

 

Une des particularités de la Suisse est d'imposer les allocations familiales. Elles sont considérées ici comme des revenus et, comme les revenus sont soumis ici à l'impôt progressif, c'est une façon déguisée de redistribuer. De plus, comme les allocations familiales sont en fait financées par l'ensemble des salariés via la cotisation acquittée par leurs employeurs, il y a là encore redistribution, puisque seuls bénéficient de la manne prélevée ceux qui ont des enfants.

 

En matière d'allocations familiales, l'Etat donne donc d'une main ce qu'elle a obligé les entreprises à prélever sur les salaires, et reprend de l'autre, en prélevant, à son tour, sur ce prélèvement, sa quote-part, 20% en moyenne, un milliard de francs sur cinq milliards au total pour toute la Suisse. Ce qui est d'une rare impudence...

 

En dépit de la progressivité de l'impôt qui est faite pour pénaliser les hauts revenus, celle-ci touche en fait, par effet de masse, les contribuables qui ont des bas et des moyens revenus. Les revenus imposables incluant les allocations familiales, de certains de ces contribuables, franchissent ainsi des seuils qui ne leur permettent pas de bénéficier d'autres allègements redistributifs...

 

Si une redistibution peut en cacher une autre, une redistribution peut donc en empêcher une autre. Ce qui souligne bien tout l'arbitraire de la redistribution forcée par l'Etat, rebaptisée solidarité ou justice sociale...

 

Pour remédier à cet effet pervers des revenus imposables gonflés aux allocs, et pour mettre fin à l'hypocrisie du "je te donne d'une main et te reprends de l'autre", une initiative "Aider les familles" a été lancée par le PDC Suisse, Parti Démocrate-Chrétien Suisse, avec pour objet de défiscaliser les allocations familiales. Elle a été déposée le 5 novembre 2012 et a abouti avec 118'425 signatures valables.

 

Le 8 mars 2015, le peuple suisse se prononcera donc sur l'exonération ou non des allocations familiales.

 

Les opposants à l'initiative - tout le monde étatique, politique et économique, sauf le PDC et l'UDC - emploient deux arguments principaux:

 

- les recettes de l'Etat diminueraient d'environ 1 milliard de francs (200 millions de moins pour la Confédération et 760 millions de moins pour les cantons et les communes): il faudrait ou faire des économies, ou augmenter les impôts pour compenser;

- la défiscalisation des allocations familiales profiteraient seulement aux familles les plus riches.

 

Réponses à ces deux principaux arguments:

 

- faire des économies ne ferait pas de mal à un Etat, qui, s'il est moins obèse que d'autres, pèse tout de même beaucoup;

- défiscaliser les allocations familiales ne favoriserait que marginalement les familles les plus riches, puisque les familles avec enfant, disposant d'un revenu annuel inférieur à 100'000 francs suisses, sont au nombre d'1 million sur un total de 1.15 million.

 

Enfin, pour ceux qui considèrent toute redistribution étatique comme un vol légal, toute défiscalisation de quelque revenu que ce soit serait une bonne nouvelle, surtout si elle se traduisait par une baisse même modeste des dépenses publiques, en l'occurrence de l'ordre de 0.5%... Car ce serait autant d'argent qui serait à la libre disposition des personnes privées...

 

Francis Richard

 

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5 novembre 2014 3 05 /11 /novembre /2014 23:15
Lettre ouverte à Thomas Mazzone donneur de leçons

Un ami me signale aujourd’hui la parution de votre article, en date du 3 novembre 2014, sur le site des Observateurs.ch. Eh oui, bien que je contribue de temps en temps à ce site, à ma grande honte, je n’en fais pas pour autant ma lecture quotidienne…

 

Cet article me met en cause, et de quelle manière : vous me sommez de répondre, sans me dire à quoi, "plutôt que de faire ainsi l’autruche", ce qui fera rire tous ceux qui me connaissent...

 

Qu’ai-je commis de si grave pour que vous, qui m’êtes totalement inconnu et auquel je ne me suis attaqué d’aucune manière, m’interpelliez d’aussi discourtoise façon, en me traitant non pas comme vous le feriez avec un de vos élèves mais comme vous le feriez, si vous étiez flic, ce qu’à Dieu ne plaise, avec un criminel de la pire espèce?

 

J’ai osé commettre sur ce même site un article , en publication commune avec mon blog, contraire au courant principal des contributeurs – dont vous faites partie – qui soutiennent l’initiative d’Ecopop.

 

Quand j’ai proposé cet article à mon ami Uli Windisch, responsable du site, je lui ai bien précisé qu’il n’était pas obligé de le publier, puisqu’il était discordant. Voici ce qu'il m’a répondu :

 

"Ton article est très documenté et les électeurs se feront leur avis de manière plus fondée. J'aime bien quand il y a les deux points de vue."

 

Je souligne au passage son ouverture d'esprit qui ne vous caractérise pas spécialement.

 

J’ai vu quels étaient les commentaires qui étaient postés à la suite de mon article. J’imagine que vous y faites allusion quand vous me sommez de répondre. La plupart du temps, vous l'aurez constaté, je ne réponds pas aux commentaires qui suivent mes articles quelque désobligeants qu’ils puissent m'être.

 

A ceux-là je n’ai pas répondu et je ne répondrai pas, parce qu’ils se déconsidèrent eux-mêmes par leur outrance. Juste pour le fun, je vous signale que l’un des commentateurs me recommande, sans rire, d’adhérer au parti socialiste… ce qui fera se gausser ceux qui me connaissent...

 

Pourquoi avez-vous donc cru bon de pondre un article de près de mille trois cents mots pour s’en prendre à ma modeste personne et à ma modeste contribution ? Mystère. Mais il est vrai qu'à vos yeux de jeune prof je suis un bien mauvais sujet.

 

Selon vous, en effet, je n’ai pas lu ou compris les merveilleux arguments que vous exposez dans vos nombreux articles et qui répondent par anticipation aux miens. Dénonçant un sophisme, je serais moi-même sophiste. Je taxerais à tort l’initiative d’Ecopop de malthusienne. Vous êtes expert en la matière, et je m'incline, puisque, selon vous,Thomas Malthus a "raison sur le principal"...

 

Peut-être, au fond, mon article vous dérange-t-il quelque peu, au point de vous décider à prendre votre plus belle plume, pour me dire votre merveilleuse façon de penser, qui survole la mienne de cent coudées, aux dires de vos fans. Peut-être mon article ne mérite-t-il tout de même pas le zéro pointé que vous me mettriez volontiers si vous deviez corriger ma copie…

 

Je relèverai deux points pour finir :

 

  • Vous accusez les opposants à l’initiative d’Ecopop, que vous rangez parmi les tièdes, d’avoir peur si elle est adoptée, mais, vous-même parlez de "désastre culturel et démographique sur le long terme" si elle est rejetée…

 

  • Vous prétendez vous opposer à "une vue technocratique presque entièrement dirigée par des normes et des stratégies étrangères", mais vous défendez une vue, nationale certes, néanmoins technocratique, qui est de fixer un taux de progression arbitraire du solde démographique annuel.

 

Au bout de ces près de mille trois cents mots, vous ne réfutez en rien mon article.

 

(Vous donnez d'ailleurs une explication complètement loufoque à mes propos sur la natalité et la mortalité, qui ne correspond pas du tout à ce que j’ai voulu dire, mais j’ai dû mal m’exprimer, mauvais élève que je suis...)

 

Comme l’a dit Uli Windisch quand il a accepté mon article, en le lisant ou en le relisant :

 

"Les électeurs se feront leur avis de manière plus fondée."

 

qu'en se limitant drastiquement à lire les vôtres.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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1 novembre 2014 6 01 /11 /novembre /2014 23:00
Non à l'initiative d'Ecopop

Le 30 novembre prochain le peuple aura à se prononcer sur trois objets. L'un d'eux est  l'initiative "Halte à la surpopulation - oui à la préservation des ressources naturelles".

 

Après avoir examiné l'initiative sur l'or, l'initiative sur les "forfaits fiscaux", continuons avec l'examen de cette troisième et dernière initiative.

 

Lancée le 3 mai 2011 par l'association écologiste Ecopop, elle a abouti le 2 novembre 2012, avec 119'816 signatures valables.

 

Cette initiative, si elle est adoptée, introduira dans la Constitution fédérale helvétique un nouvel article, l'article 73a, libellé comme suit:

 

1 La Confédération s’attache à faire en sorte que la population résidant en Suisse ne dépasse pas un niveau qui soit compatible avec la préservation durable des ressources naturelles. Elle encourage également d’autres pays à poursuivre cet objectif, notamment dans le cadre de la coopération internationale au développement.

2 La part de l’accroissement de la population résidant de manière permanente en Suisse qui est attribuable au solde migratoire ne peut excéder 0,2 % par an sur une moyenne de trois ans.

3 Sur l’ensemble des moyens que la Confédération consacre à la coopération internationale au développement, elle en affecte 10 % au moins au financement de mesures visant à encourager la planification familiale volontaire.

4 La Confédération ne peut conclure de traité international qui contreviendrait au présent article ou qui empêcherait ou entraverait la mise en œuvre de mesures propres à atteindre les objectifs visés par le présent article.

 

Les arguments à l'appui de cette initiative extrême sont de deux types:

 

- La croissance de la population de la Suisse est trop rapide avec pour conséquence le bétonnage du pays - ce que les urbanistes appellent le mitage -, la dégradation de la nature et de l'infrastructure du pays: il faut donc la limiter.

 

- La croissance de la population de la planète est disproportionnée par rapport à ses ressources naturelles: il faut donc favoriser la limitation des naissances, particulièrement dans les pays pauvres;

 

A qui ces arguments simplistes font-ils penser? A Thomas Malthus et aux adeptes de la religion de la décroissance, laquelle se traduit immanquablement  par chômage, pauvreté, morosité...

 

En 1803 Thomas Malthus publie un Essai sur le principe de population dans lequel il pose comme principe que la population de la planète est en progression géométrique, alors que les ressources, notamment alimentaires, sont, au mieux, en progression arithmétique.

 

La suite de l’histoire a prouvé qu’il s’était complètement fourvoyé. La mortalité a effectivement baissé dans un premier temps; la fécondité dans un deuxième. La croissance de la population ne se montre ni constante ni inéluctable. Par ailleurs la productivité a augmenté dans des proportions que ses œillères ne lui permettaient pas de voir, encore moins d’imaginer.

 

Les idées de Malthus sont reprises par une étude commandée au MIT par le Club de Rome en 1970, date qui coïncide à peu près avec la date de création d’Ecopop…Dans ce rapport on retrouve les mêmes arguments qu’utilise l’association helvétique. Cinq facteurs principaux et interdépendants dérègleraient la planète: l’explosion démographique, la production alimentaire, l’industrialisation, l’épuisement des ressources naturelles, la pollution. La religion de la décroissance était née.

 

Le problème est que les modèles, dont se sont servis les rapporteurs du MIT, sont basés sur des hypothèses qui se sont avérées fausses:

 

-  Les comportements humains ne changent pas;

-  L’homme est incapable de s’adapter aux circonstances nouvelles;

-  La nature évolue vers un épuisement des ressources non renouvelables;

-  La population croît exponentiellement.

 

Comme le dit Jean-Philippe Feldman dans son livre La Famine menace-t-elle l’humanité? (JC Lattès, 2010) :

 

-  "Les humains diffèrent des autres animaux par une remarquable capacité à modifier leur comportement, y compris leur fécondité, en tant que de besoin";

-  "Depuis 1961, grâce aux avancées techniques, la production agricole a plus que doublé dans le monde et plus que triplé dans les pays en voie de développement."

-  Au cours des cinquante dernières années, "le nombre total des personnes sous-alimentées est resté stable, alors même que la population mondiale haussait nettement."

-  "D’après l’ONU, la misère a reculé davantage au cours de la seconde moitié du XXe siècle que durant les cinq cents années précédentes, et cela dans presque tous les pays."

 

Par ailleurs il faut bien voir que les ressources naturelles n’existent pas en elles-mêmes. C'est l'homme qui transforme les ressources potentielles en ressources économiques. Le pétrole, par exemple, n'est devenu une ressource économique qu'à partir du moment où l'homme en a fait un combustible.

 

Le taux de croissance de la population mondiale, qui était à son maximum de 2,2% au milieu des années 1960, n’a cessé de baisser. Il se situe aujourd’hui autour de 1,1% et devrait encore baisser aux cours des prochaines décennies selon les démographes.

 

Cette évolution démographique n’épargnera pas la Suisse, où on ne devrait tout de même pas pour autant oublier ce que disait le sage Jean Bodin, économiste du XVIe siècle : "Un pays n’est richesse que d’hommes".

 

Pourquoi limiter à 0,2% par an, soit à 15-16'000 personnes par an, la progression de la population de la Suisse attribuable au solde migratoire ? Ecopop à aucun moment n'explique le pourquoi de ce taux, et pour cause: il n'y a pas de raison.

 

Alors l'association helvétique utilise un bon vieux sophisme des familles:

 

- Chaque année 95'000 personnes environ quittent la Suisse;

- Un solde migratoire de 15'000 personnes environ signifie que 110'000 personnes environ pourront immigrer chaque année en Suisse;

 - Actuellement 165'000 personnes environ immigrent chaque année en Suisse.

 

Conclusion: avec l'initiative d'Ecopop l'immigration ne serait réduite que de 30% [plus précisément de 33.33%, soit d'un tiers] et 30%, après tout, ce n'est pas catastrophique...

 

Ah bon...

 

Et, s'il y a moins de personnes qui quittent la Suisse chaque année, ne faudra-t-il pas réduire davantage que de 30% le nombre d'immigrants?

 

C'est toujours le problème avec ceux qui veulent quantifier en théorie sans tenir compte de la réalité pratique et qui font abstraction de tous facteurs qualitatifs: ils ne peuvent justifier un chiffre que par un autre chiffre, qui n'a pas plus de fondement que le premier et qui est donc arbitraire. L'initiative est rigide là-dessus, sinon tout de suite, du moins à moyen terme.

 

Comme au début d'une année, on ne sait pas, en effet, combien de personnes quitteront la Suisse, il est bien difficile de connaître le nombre de personnes qui pourront immigrer cette même année. Les initiants, conscients de cette difficulté, proposent dans l'article 73a d'opérer une moyenne sur trois ans. Conscients toujours de la difficulté qu'il y aura déjà à obtenir ce résultat, ils proposent les dispositions suivantes à titre transitoire:

 

Après acceptation de l’art. 73a par le peuple et les cantons, la part de l’accroissement de la population résidant de manière permanente en Suisse qui est attribuable au solde migratoire ne peut excéder 0,6 % au cours de la première année civile, 0,4 % au cours de la suivante. Ensuite, et jusqu’à l’entrée en vigueur de la législation d’application relative à l’art. 73a, la population résidente ne peut s’accroître de plus de 0,2 % par an. Au cas où elle s’accroîtrait plus vite, la différence devra être compensée dans un délai de cinq ans à compter de l’entrée en vigueur de ladite législation d’application.

 

Dans ces dispositions transitoires, curieusement il n'est plus question, dans la deuxième phrase de la part de l’accroissement de la population résidant de manière permanente en Suisse qui est attribuable au solde migratoire, qui ne devrait pas excéder 0,2% par an, mais de l'accroissement de la population résidente tout court qui ne devrait pas excéder ce taux. Dans un bref moment de lucidité, les initiants seraient-ils donc conscients qu'en dehors des flux migratoires, la natalité et la mortalité peuvent jouer un rôle sur l'évolution de la population résidente et donc sur le bétonnage, la dégradation de la nature et de l'infrastructure?

 

On voit par conséquent, à lire le texte de l'initiative, que les initiants ont l'esprit confus et qu'ils n'ont pas la moindre idée de comment il sera possible de l'appliquer concrètement. Elle est donc inutile. Car les flux migratoires ne se décrètent pas, a fortiori globalement, pas davantage que ne se décrètent les naissances et les morts. Sauf dans les dictatures où l'on s'arroge le droit de vie et de mort sur les habitants...

 

Quant à vouloir, "sur l’ensemble des moyens que la Confédération consacre à la coopération internationale au développement" affecter "10 % au moins au financement de mesures visant à encourager la planification familiale volontaire", c'est vouloir, avec condescendance, donner des leçons aux pays pauvres et inciter leurs habitants à ne pas se reproduire. De quel droit ? et au nom de quoi?

 

Bref, cette initiative, basée sur des peurs imaginaires - la surpopulation, l'épuisement des ressources - est non seulement malthusienne, mais liberticide. Il convient de la rejeter, purement et simplement.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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31 octobre 2014 5 31 /10 /octobre /2014 06:30
Le 30 novembre 2014: non à l'initiative "Halte aux privilèges fiscaux des millionnaires (forfaits fiscaux)"

Le 30 novembre prochain le peuple aura à se prononcer sur trois objets. L'un d'eux est  l'initiative "Halte aux privilèges des millionnaires (abolition des forfaits fiscaux)". Après avoir examiné l'initiative sur l'or, continuons avec l'examen de cette deuxième initiative.

 

Lancée le 19 avril 2011, elle a abouti le 19 octobre 2011, avec 103'012 signatures valables.

 

Cette initiative, si elle est adoptée, introduira dans la Constitution fédérale helvétique un nouvel article, l'article 127, al.2 bis, libellé comme suit:

 

Les privilèges fiscaux pour les personnes physiques sont illicites. L’imposition d’après la dépense est interdite.

 

Remarques liminaires:

 

- l'intitulé de l'initiative est trompeur puisqu'il prétend dire halte aux privilèges des millionnaires alors qu'il s'agit en réalité de s'en prendre aux privilèges fiscaux des personnes physiques d'une manière plus générale;

 

- les forfaits fiscaux, abus de langage, n'existent pas, l'impôt sur la dépense si: c'est lui que les initiants veulent supprimer.

 

Les initiants voudraient faire de la propagande mensongère qu'ils ne s'y prendraient pas autrement...

 

Des juristes soulignent que le privilège fiscal n'est pas défini en droit suisse, mais qu'il existe des déductions fiscales, qui pourraient exciter l'envie insatiable de taxer qui caractérise les initiants, pour lesquels hors des impôts infligés aux riches et aux moins riches il n'est point de salut pour l'Etat-providence.

 

En fait, peuvent bénéficier de déductions tous les contribuables et en bénéficient un grand nombre d'entre eux qui ne sont de loin pas des millionnaires. Ces déductions ne font que corriger un tant soit peu l'inique progressivité de l'impôt sur les revenus et fortune... que l'on considère à tort comme équitable.

 

Exemples de déductions qui pourraient être visées par une suppression pour illicité, celles pour:

 

- versements à un 3e pilier

- rachats de cotisations au 2e pilier

- intérêts hypothécaires

- frais d'entretien d'immeuble

- frais de formation continue

etc.

 

Un "halte aux privilèges" peut donc en cacher un autre... de bien plus grande ampleur.

 

Pour justifier la suppression de l'impôt sur la dépense - qui serait remplacé aussitôt, rassurez-vous, par l'impôt sur revenus et fortune - les initiants invoquent la morale. Voyons ça de plus près.

 

Pour "bénéficier" de l'impôt sur la dépense en Suisse il faut:

 

- ne pas avoir résidé en Suisse pendant les 10 ans qui précèdent la prise de résidence et la demande de bénéficier de ce régime;

 

- ne pas percevoir de revenus d'une activité lucrative en Suisse;

 

- être de nationalité étrangère.

 

Ces conditions - on le voit - sont draconiennes. C'est pourquoi, en 2012, il n'y avait que 5'634 personnes - dont 1'389 dans le canton de Vaud - à "bénéficier" en Suisse de cet impôt. Les bénéficiaires payant en moyenne 130'000 francs d'impôt par an.

 

Ces conditions seront bientôt encore plus draconiennes puisque la base imposable, pour bénéficier de l'impôt sur la dépense, sera au minimum de 400'000 francs à compter du 1er janvier 2016.

 

Comment cette base imposable est-elle calculée?

 

L'administration fiscale détermine le loyer annuel payé par la famille ou la valeur locative de la maison en cas d'achat, multiplie ce chiffre par 5 et ajoute au résultat obtenu le coût d'entretien des signes extérieurs de richesse de la famille (tels que personnel de maison, voitures, yacht, avion, chevaux, collection de tableaux, frais de scolarité des enfants dans une école privée, etc.).

 

Quels barèmes sont appliqués à cette base imposable?

 

Les barèmes ordinaires d'imposition valables tant au plan cantonal (impôt canton-commune) que fédéral (impôt fédéral direct).

 

Tout le monde est gagnant avec ce régime:

 

- les cantons touristiques qui accueillent bien souvent des évadés de véritables enfers fiscaux et qui perçoivent des impôts qu'ils n'auraient jamais perçus autrement, permettant dans le même temps de diminuer la charge des autres contribuables résidents, suisses et étrangers;

 

- les acteurs économiques de ces cantons qui profitent des dépenses faites par les bénéficiaires (ce qui correspond à des milliers de places de travail);

 

- et, bien sûr, les bénéficiaires eux-mêmes qui sont respectés ici parce qu'ils sont riches, ce qui les change de l'opprobre dont ils font bien souvent l'objet dans leur pays d'origine.

 

Les initiants sont pour la plupart des défenseurs patentés des étrangers exilés, mais à condition qu'ils soient pauvres... S'ils sont riches et qu'ils fuient des pays où on trouve moral de les imposer de manière confiscatoire, ils ne sont pas les bienvenus et doivent casquer en Suisse à défaut de le faire dans leur pays: na!

 

Belle moralité!

 

Les initiants, eux qui n'éprouvent pas d'ordinaire une particulière sympathie pour les riches, affirment sans vergogne, qu'il n'est pas moral que les riches d'ici, suisses ou étrangers, paient davantage que les riches bénéficiaires de l'impôt sur la dépense:

 

"Comment expliquer que Jo-Wilfried Tsonga soit moins taxé que son voisin Stanislas Wawrinka?", a ainsi déclaré le président du PS, Christian Levrat.

 

Cela s'explique très simplement: Stanislas Wavrinka ne remplit pas les conditions exigées et très contraignantes auxquelles s'est soumis Jo-Wilfried Tsonga.

 

Au fait, petite question subsidiaire: Stanislas Wavrinka s'est-il plaint?

 

Francis Richard

 

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29 octobre 2014 3 29 /10 /octobre /2014 23:30
Le 30 novembre 2014: oui à l'initiative "Sauvez l'or de la Suisse"

Le 30 novembre prochain le peuple aura à se prononcer sur trois objets. L'un d'eux est l'initiative sur l'or, intitulée "Sauvez l'or de la Suisse". Commençons ce jour par cet objet.

 

Cette initiative, lancée le 20 septembre 2011, a abouti le 20 mars 2013, avec 106'052 signatures valables.

 

Cette initiative, si elle est adoptée, introduira dans la Constitution fédérale helvétique un nouvel article, l'article 99a, libellé comme suit:

 

Réserves d’or de la Banque nationale suisse

1 Les réserves d’or de la Banque nationale suisse sont inaliénables.

2 Elles doivent être stockées en Suisse.

3 La Banque nationale suisse doit détenir une part importante de ses actifs en or. La part de l’or ne doit pas être inférieure à 20 %.

 

D'emblée, il faut préciser que tout le monde politico-médiatique est contre cette initiative - elle remettrait en cause bien des situations acquises par d'aucuns (notamment la banque centrale, les banques commerciales, le gouvernement...) aux dépens du plus grand nombre. Cette belle unanimité ne veut pas dire qu'elle ne sera pas adoptée par le peuple suisse à l'échéance des prochaines cinq semaines...

 

Quels sont les faits?

 

- Au cours des années 2000, la Banque nationale suisse, BNS, a vendu 60% de son stock d'or. Elle en détenait 2'600 tonnes, elle n'en détient plus que 1'040, dont 70% se trouvent en Suisse, 20% en Angleterre et 10% au Canada.

 

- En 1999 les réserves d'or représentaient 43% des réserves de la BNS et en 2009 18%; elles n'en représentent aujourd'hui plus que 7,6% (l'or vendu à bas prix entre 2000 et 2005 représente une perte de 27,5 milliards de francs, évaluée au cours actuel).

 

- Le montant des réserves de la BNS s'élève aujourd'hui à 500 milliards de francs contre 100 milliards de francs en 2008.

 

Dans ces conditions, comment les réserves ont-elles pu augmenter de 400 milliards de francs en six ans? Elémentaire Docteur Watson:

 

- La BNS a créé de la monnaie fiat, c'est-à-dire des francs suisses, ex-nihilo, pour acheter des euros et autres monnaies. Autrement dit elle a échangé de l'or contre du papier, voué à ne plus valoir grand chose à terme, comme cela s'est toujours vérifié depuis l'invention du papier monnaie ou équivalent...

 

- Au cours de cette période a été prise la décision par la BNS de fixer à 1,20 franc le cours plancher de l'euro. Autrement dit elle a lié le sort du franc suisse à une monnaie faible correspondant à une zone économiquement faible et instable...

 

Il résulte de cette création monétaire, sous couvert d'une politique de même métal, que le pouvoir d'achat du franc a singulièrement baissé pendant la dernière décennie. La conséquence en est que des prix ont fortement augmenté et que d'autres sont restés stables, alors qu'ils auraient dû baisser.

 

Car si l'indice des prix à la consommation est bas pendant toute la période, les prix de l'immobilier et des actifs financiers ont fortement augmenté, grâce à cette création monétaire déraisonnable combinée à des intérêts artificiellement bas. Une hausse des intérêts hypothécaires à un niveau naturel, c'est-à-dire déterminé par le marché, serait fatale à cette bulle...

 

Ce sont les réserves d'or (qui a une valeur intrinsèque) détenues par la BNS, qui ont permis à la Suisse jusqu'à une époque récente (1999) de bénéficier d'une monnaie, qui a perdu moins de pouvoir d'achat que les autres au cours des cent dernières années et qui était donc relativement saine, stable, sûre et indépendante, ce qui allait de pair avec une économie saine et forte.

 

En obligeant la BNS à ne plus vendre d'or, le peuple suisse l'empêchera à l'avenir à dilapider ses avoirs tangibles.

 

En obligeant la BNS à rapatrier en Suisse l'or qui se trouve à la Banque d'Angleterre et à la Banque du Canada, le peuple suisse ôtera toute tentation aux banques de ces pays soi-disant amis de se comporter inopportunément en prédatrices.

 

En obligeant la BNS à détenir au minimum 20% de réserves en or (qui peut le moins, peut le plus), le peuple suisse l'obligera par là même à se comporter plus vertueusement que dernièrement, pour complaire à d'aucuns.

 

Francis Richard

 

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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