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5 janvier 2013 6 05 /01 /janvier /2013 21:10

GstaadEntre Noël et Nouvel An, pendant la trêve des confiseurs, en date du 26 décembre 2012, autrement dit en douce - ce qui prouve qu'il est bien conscient qu'il s'agit là d'un mauvais coup, voire d'une trahison - l'Etat français a publié au Bulletin officiel des Finances publiques-Impôts une instruction.

 

 

Cette instruction modifie unilatéralement la Convention fiscale en matière d'impôts sur le revenu et la fortune entre la France et la Suisse: 

 

"Du côté suisse, ne peuvent bénéficier de la convention, les personnes qui se trouvent soumises à l'impôt fédéral direct sur une base forfaitaire déterminée à partir du montant du loyer ou de la valeur locative de leur appartement ou du prix de pension (art. 18 bis de l'arrêté du Conseil fédéral du 9 décembre 1940 et art. 1er de l'ordonnance du Département fédéral des finances et des douanes du 15 octobre 1958) ainsi que celles qui sont assujetties à l'impôt cantonal sur une base forfaitaire analogue, même lorsqu’elles sont soumises à l'impôt fédéral d'après le montant réel de leurs revenus."

 

Pour qu'il n'y ait pas de doute, le BOFIP-Impôts précise:

 

"La tolérance [sic] de 1972 prévue par la DB 14 B-2211 n° 7 mise à jour au 10 décembre 1972 n'ayant pas été reprise par la base BOFIP- Impôts est rapportée à compter du 12 septembre 2012, date d'ouverture de la base, conformément à l'instruction 13 A-2-12 du 7 septembre 2012. Toutefois, il est admis que cette tolérance continue à s'appliquer jusqu'aux revenus de l'année 2012 incluse."

 

En fait de tolérance, il s'agissait d'un accord passé entre la France et la Suisse. De cette instruction du 26 décembre 2012, les autorités suisses n'auraient pas été informées officiellement. La moindre des choses, en matière de droit international, aurait été de s'asseoir autour d'une table, entre représentants des deux pays, et non pas de mettre devant le fait accompli les forfaitaires et l'Etat helvétique.

 

François II et ses sbires socialistes se servent donc de l'Etat français pour assouvir leur désamour des riches et leur volonté de les faire cracher au bassinet. C'est dans la logique des impositions confiscatoires qu'ils leur infligent ou vont toujours plus leur infliger. 

 

Quoi qu'il en soit, ce faisant, l'Etat français se comporte comme un Etat voyou, c'est-à-dire de manière indigne.

 

Faudra-t-il que les quelque 2'000 ressortissants français bénéficiaires d'un forfait fiscal en Suisse déménagent de Suisse - Johnny Hallyday devra-t-il quitter Gstaad? - ou renoncent à leur nationalité française pour que cet Etat devenu voyou leur fiche la paix?

 

Francis Richard   

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4 décembre 2012 2 04 /12 /décembre /2012 02:15

Christophe-Darbellay-et-l-EEE.jpgAujourd’hui une controverse oppose toujours ceux qui étaient favorables à l’adhésion à l’Espace Economique Européen et ceux qui y étaient hostiles.

Le proche 20ème anniversaire du rejet, le 6 décembre 2012, par le peuple suisse de l’EEE n’est pas étranger à cette effervescence médiatique et politicienne.

Christophe Darbellay, président du PDC, aurait même voulu l'autre jour que l'on revotât sur cet objet.

Quant à L'Hebdo du 29 novembre 2012, il est comme de juste du côté des nostalgiques de l’EEE.

Quels sont les arguments européistes de l’hebdomadaire romand?

-    La voie bilatérale suivie par la Suisse recouvre 80% du contenu de l’EEE de 1992 et il a fallu batailler ferme pour obtenir ce résultat (comment est calculé ce pourcentage pifométrique de 80%, le journal ne le dit pas: il se contente de se réfugier derrière l’avis de René Schwok, un européiste convaincu).

-    Le refus de l’EEE n’a pas profité à l’économie suisse pendant les dix ans qui ont suivi.

-    L’immigration venue de l’UE n’a pas pillé les assurances sociales suisses.

-    L’immigration venue de l’UE ne s’est pas traduite par du dumping salarial et une augmentation du chômage.

-    Le rejet de l’EEE n’a permis qu’en partie de préserver la souveraineté de la Suisse.

Pourquoi, en admettant que ces arguments soient justes – ils le sont en partie –, la Suisse a-t-elle tout de même eu raison de ne pas accepter d’entrer dans l’EEE ?

-    Parce que l’EEE n’est pas une véritable zone de libre-échange, mais une annexe pseudo- économique de l’UE (les 27 membres de l’UE sont d’office membres, indirectement, de l’EEE), destinée à contraindre, à moyen ou à long terme, ses membres à adhérer à l’Union. C’est ce qui s’est déjà passé avec l’Autriche, la Finlande et la Suède. Le Lichtenstein, l’Islande et la Norvège résistent encore.

-    Parce qu’il est hérissé de réglementations bureaucratiques et autoritaires, automatiquement reprises par les pays membres non seulement dans des domaines économiques, mais également dans des domaines qui ne sont pas du tout du ressort d’un espace économique libre, tels que la politique sociale ou l’environnement.

-    Parce que l’adhésion à l’EEE est assortie de contraintes financières que la voie bilatérale a permis de contenir quelque peu et qui permettent à des technocrates de faire des redistributions arbitraires en direction des pays de leur choix.

Si la Suisse avait adhéré à l’EEE, elle aurait donc été davantage à la merci de l’UE, qui est l’envers politique de cette médaille pseudo-économique, concoctée par des technocrates non élus et par des politiques qui se gardent bien de demander leur avis aux populations.

Certes la voie bilatérale est une voie étroite, laborieuse, mais elle permet de limiter les dégâts, face à un partenaire économique qui ne joue pas le jeu du libre-échange, qui est d’inspiration étatiste à grande échelle et qui essaie d’exercer sur la Suisse la loi du plus fort.

L’UE ne voudrait plus de la voie bilatérale, mais elle a plus à perdre qu’elle ne le dit à braquer la Suisse, qui est son troisième partenaire économique après les Etats-Unis et la Chine, et qui détient, seuil plancher de l'euro oblige, de fortes créances sur les deux membres du couple franco-allemand. C’est pourquoi la Suisse doit rester ferme et ne pas se laisser intimider par ce colosse constructiviste aux pieds d’argile.

Francis Richard

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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 23:00

Special-France-AGEFI.jpg"Quelques jours après son élection en mai dernier, François Hollande, déclinait sèchement une invitation du gouvernement suisse. Se rendre à Berlin aussitôt élu fait partie des devoirs rituels des nouveaux présidents. Se rendre en Suisse lors d'un premier quinquennat, ce serait une grave faute de goût."

 

C'est en ces termes que commence l'édito de François Schaller, en une du cahier Spécial France de L'AGEFI, diffusé ce mois-ci en Suisse et en France.

 

Seulement François Hollande est l'illustration vivante du proverbe:

 

"Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre."

 

ou de sa variante oculaire:

 

"Il n'est pire aveugle que celui qui ne veut pas voir."

 

C'est pourquoi je ne me fais guère d'illusion. Il ne lira pas davantage ce cahier qu'il ne s'est rendu en Suisse. Il n'entendra donc pas, ni ne verra ce que la leçon du fabuliste - on a toujours besoin d'un plus petit que soi - pourrait lui enseigner.

 

La France, comme le lion de la fable, est empêtrée dans les rets de son modèle social, qu'elle croit sourdement et aveuglément être le meilleur du monde. Or, si elle écoutait la Suisse et s'inspirait de son modèle tout court, cette dernière pourrait être le rat qui, rongeant une maille avec la dent de la liberté, emporterait tout de cet archaïque ouvrage.

 

Comparaison n'est pas raison, certes. Mais il est des comparaisons qui se passent de commentaires. Dans ce cahier de huit pages de L'AGEFI, j'ai donc recueilli quelques chiffres. Comme un dessin, ils valent tout de même mieux que tous les raisonnements et permettent d'entendre et de voir le son lumineux que fait la liberté, même relative, quand elle est à l'oeuvre.

 

D'abord il faut juger l'arbre aux fruits:

 

"La France a détruit 750.000 emplois en dix ans. La Suisse en a créé 500'000." (Le taux de chômage en France approche des 11%, il est en Suisse inférieur à 3%)

 

Contrairement à un cliché tenace, en Suisse, il n'y a pas que des banques:

 

"Le secteur financier pèse moins de 15% dans le PIB" (Contre 5% en France et 15% au Royaume-Uni)

 

Les dépenses publiques représentent "50% du PIB en France, 30% seulement en Suisse".

 

Il n'y a pas que des exilés fiscaux:

 

"Chaque jour, de Mulhouse (Haut-Rhin) à Châtel (Haute-Savoie), 140.000 frontaliers font l'aller et retour. Rejoignant quelque 150.000 compatriotes sur place, qui ont décidé, eux de s'expatrier." A comparer aux quelque 5.000 "forfaitaires fiscaux"... dont tous ne sont même pas français.

 

L'évasion fiscale n'est pas celle que l'on croit: 

 

"UBS, premier groupe bancaire suisse et leader mondial du wealth management a tenté d'estimer de la manière la plus réaliste, à l'attention de ses actionnaires institutionnels, la part des avoirs non déclarés dans un volume sous gestion de l'ordre de 1250 milliards d'euros. Cette part ne s'élève finalement qu'à 25 milliards environ, soit 2%. Il est probable que l'importance de l'évasion fiscale dans un pays comme la France soit elle aussi complètement exagérée, relevant en grande partie du ressentiment et du fantasme."

 

La Suisse travaille, la France roupille:

 

"Le produit intérieur brut de la Suisse (PIB, la valeur ajoutée globale) s'élève à quelque 665 milliards de dollars, plaçant le pays au 19e rang mondial (15e si l'Union Européenne comptait pour une). C'est presque un quart du PIB de la France, alors que le rapport démographique est de un à huit."

 

La France est une république fromagère:

 

"L'Hexagone compte 520.000 conseillers municipaux, 37.000 maires, 4100 conseillers généraux et 1880 conseillers régionaux. Au total, 600.000 élus qui s'accrochent à leurs fauteuils et rémunérations."

 

En Suisse il y a certes "plus ou moins 150.000 titulaires d'une charge élective, mais le plus souvent à temps très partiel et fort peu lucrative"... Swissinfo. L'esprit suisse de milice [assumer une charge publique en étant peu ou pas dédommagé] est inconnu en France...

   

La Suisse est plus ouverte au monde:

 

"La présence de managers suisses ne dépasse pas 55% dans les plus grandes entités (66% dans les conseils) selon le dernier rapport Schilling. Dans les principales sociétés cotées (indice SMI), les étrangers sont même majoritaires atteignant les deux tiers du côté des comités (70% des présidents exécutifs) et 57% d'administrateurs."

 

Tandis qu'"une étude de CTPartners portant sur le top management des entreprises du SBF 120 reflète une situation sensiblement différente en France. Seules onze sociétés ont un président exécutif d'origine étrangère. Les grandes écoles françaises, dont le nombre cumulé de promotions annuelles ne dépasse guère mille, y détiennent toujours une part de 65%".

 

Le modèle social français a un coût prohibitif:

 

"Les charges qui grèvent les revenus sont particulièrement lourdes, par rapport à la Suisse notamment: 47% contre 18% actuellement côté entreprises, 25% contre 14% pour les charges salariales assumées par les salariés eux-mêmes (même si la distinction semble assez formelle)."

 

Ces quelques chiffres montrent que la Suisse s'en sort mieux que la France.

 

Pourquoi?

 

Parce que les Français se font une idée fausse du libéralisme:

 

"Pour eux, le libéralisme est une arme de destruction massive, que les partis de droite mettent à disposition des dirigeants de multinationales avec la complicité  des banques."

 

Cela ne date pas d'hier:

 

"On n'efface pas un millénaire de monarchie absolue en deux siècles de république décousue."

 

Pourtant:

 

"La Révolution française s'inscrit initialement dans le texte de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, interprétée comme un rappel du droit naturel et des libertés économiques.

 

Malgré la Terreur, l'Empire et la Restauration, le XIXe siècle a tout de même vu l'approfondissement des idées libérales. Dans la littérature, avec Victor Hugo. Sur les aspects politiques, avec Benjamin Constant, Tocqueville et le groupe de Coppet qui rassemble des opposants libéraux à Napoléon. Sur les aspects économiques, avec Jean-Baptiste Say. Les libéraux se sont efforcés de diffuser leurs idées, qui s'opposent aux idées étatistes prédominantes dans les cercles du pouvoir. Tocqueville a même traqué l'origine du goût des Français pour la toute-puissance de l'Etat. Au milieu du XIXe siècle, Frédéric Bastiat publie ses célèbres pamphlets."

 

Seulement nul n'est prophète en son pays et le libéralisme ne prend pas en France:

 

"La liberté économique et la responsabilité personnelle ne sont pas des réflexes pour le citoyen français. Alors que l'étatisme dirigiste et la prise en charge relèvent pour lui de l'automatisme."

 

Le libéralisme n'est même pas enseigné:

 

"Nombreux sont les élèves et étudiants français n'ayant jamais entendu parler de Friedrich Von Hayek ou de Frédéric Bastiat. Alors que les théories keynésiennes, planificatrices, ou simplement marxistes sont abondamment professées au sein du corps professoral."

 

Quand les Français auront une culture économique digne de ce nom, c'est-à-dire quand la France s'éveillera, ils ne se feront plus du libéralisme une caricature, ils se rendont compte qu'il "est une philosophie de vie, basé sur le rapport à l'autre" et que, de surcroît, il est efficace.

 

C'est ce que François Hollande aurait pu apprendre s'il s'était rendu en Suisse, s'il avait ouvert ses yeux et ses oreilles sur la réalité helvétique. Alors la liberté aurait pu être à son tour en France la dent du rat qui ronge la maille emportant tout l'ouvrage mortel du socialisme français.

 

La bise commence à souffler. J'entends venir l'hiver. La France se trouve fort dépourvue...

 

Francis Richard

 

Cet article est publié également sur lesobservateurs.ch.

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6 novembre 2012 2 06 /11 /novembre /2012 19:30

CH.La Suisse en kit BELLUZSergio Belluz a consacré 10 ans de sa vie à écrire ce livre sur la Suisse. On peut dire que ses efforts n'ont pas été vains. Car le résultat est là. Il s'agit d'une véritable somme, très originale.

 

Un Who'swho occupe la plus grande partie de l'ouvrage. Les entrées de ce dictionnaire mondain se composent d'un rappel historique sur le personnage dont il est question, assorti de digressions sur des thèmes purement helvétiques, et d'un pastiche mettant en valeur sa manière d'écrire.

 

Cette somme n'est pas le moins du monde ennuyeuse. L'auteur, en effet, est impertinent, souvent facétieux, parfois vachard.

 

Pour en savoir davantage j'invite l'internaute à lire l'article que je publie ce jour sur lesobservateurs.ch et, bien sûr, à le lire dès sa parution, le 15 novembre prochain.

 

Francis Richard

 

CH.La Suisse en kit, Sergio Belluz, 380 pages, Xenia

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26 octobre 2012 5 26 /10 /octobre /2012 23:15

Banques suisses MH Miauton 001Le 1er janvier 2011, Marie-Hélène Miauton "a remis à ses cadres l'entreprise de services [M.I.S. Trend] qu'elle avait fondée". Elle "se consacre désormais à l'écriture". Ce qui nous vaut ce livre de défense de la place financière helvétique qu'elle adresse au peuple suisse.

 

Les citoyens suisses feraient bien de le lire, mais également le gouvernement, les hommes politiques et, pourquoi pas, dans un éclair de lucidité, les médias.

 

Si la place financière helvétique est attaquée, ce n'est pas pour des raisons morales. Car la Suisse est à la fois un bouc émissaire parfait et un concurrent qu'il convient d'éliminer sans scrupules, par tous les moyens, même légaux.

 

C'est un bouc émissaire parfait:

 

"Cela évite de chercher plus loin, là où cela ne fait pas plaisir de gratter: le laxisme des finances publiques, le clientélisme de certains politiciens, les limites de l'Etat social."

 

C'est un concurrent qu'il convient d'éliminer, et qui, aubaine, se laisse faire:

 

"Nous sommes en vérité hautement appétissants et [...] notre petite taille fait de nous un ortolan, juteux et facile à abattre."

 

Marie-Hélène Miauton montre que la Suisse ne doit pas sa prospérité à sa seule place financière, comme Jean-Jacques de Dardel, ambassadeur de Suisse à Paris, l'a amplement démontré dans un entretien accordé à la Tribune de Genève pendant la dernière élection présidentielle française ici.

 

D'ailleurs:

 

"La prospérité de la Suisse au cours des 90 dernières années ne provient pas uniquement de circonstances favorables, mais [...] elle repose sur des atouts qu'elle a acquis."

 

Quels sont les atouts des Suisses? L'application, le travail de qualité, l'esprit d'entreprise, une formation dispensée par des instituts de bon niveau, un grand nombre d'heures travaillées, peu de congés payés.

 

Il en résulte que la Suisse occupe le 3e rang de la compétitivité mondiale suivant le classement de l'IMD et le 1er suivant celui du WEF et que les entreprises y jouissent de taux d'intérêt bas, d'impôts peu élevés, et surtout d'une stabilité politique, économique et sociale, qui est le fruit des institutions que les Suisses se sont donnés:

 

"Le refus des citoyens à une adhésion [à l'UE] repose pour une bonne part sur la crainte de perdre leur démocratie semi-directe à laquelle ils sont très profondément attachés."

 

Contrairement à ce qui se raconte, les banques suisses sont parmi les plus efficaces au monde contre le blanchiment d'argent grâce à une forte réglementation. Elles sont aussi parmi les plus promptes à restituer aux pays l'argent des potentats:

 

"[Sa place financière] ne profite pas de son seul secret bancaire pour damer le pion aux autres, qui, eux, utilisent impunément des outils d'évasion autrement plus efficaces."

 

L'auteur fait notamment allusion aux trusts (Myret Zaki l'expliquait de manière détaillée dans Vive l'évasion fiscale) et aux réels paradis fiscaux qu'abritent les principaux pays détracteurs de la Suisse que sont les Etats-Unis (avec notamment le Delaware), la France (avec Monaco et Andorre, sans parler des cadeaux fiscaux accordés au Qatar) et la Grande-Bretagne (avec la City, qui est "le plus grand paradis fiscal de la planète", et son archipel d'îles opaques).

 

Le secret bancaire porte d'ailleurs mal son nom. Il protège le client, et non pas la banque, contre les menées totalitaires de l'Etat. Marie-Hélène Miauton fait une comparaison éclairante avec le secret médical:

 

"Admettez qu'un jour l'évolution de la société permette de pénaliser le fait de s'exposer à une maladie (fumer et cancer du poumon, relations non protégées et sida, manger gras et cholestérol). Admettez qu'alors, l'UE ou les USA imposent aux médecins en Suisse de dénoncer de tels agissements qu'ils détecteraient chez leurs clients étrangers, sous prétexte que cela coûte cher à leur assurance-maladie (ce n'est pas social) ou qu'ils engorgeront les hôpitaux lorsqu'ils rentreront chez eux. Devrions-nous obtempérer?"

 

Marie-Hélène Miauton rappelle quelle est tout de même "l'origine de la crise qui a frappé le monde entier":

 

"Des hypothèques américaines hasardeuses, des titrisations américaines obscures, des agences de notations américaines aveugles, des autorités américaines sourdes aux mises en garde..."

 

Elle montre que le comportement des banques américaines n'est pas ce qu'il y a de plus moral et évoque plus particulièrement à l'appui le foreclosure-gate, que Vincent Bénard a fort bien dénoncé dans son livre sur le sujet ici.

 

Pour parvenir à leurs fins de destruction de la place financière, les Etats-Unis ont employé des méthodes de voyous, celles même qui avaient été employées au moment de l'affaire des fonds en déshérence, telles que chantages et délations dont ils ont favorisé le jeu en cascade:

 

"Ici, le banquier dénonce son client au fisc, puis le client en fait autant concernant son gestionnaire, là, un employé de banque balance son employeur; finalement les banques fournissent le nom de leurs employés aux autorités américaines, avec moult renseignements d'ordre privé encore !"

 

Mais les subprimes, qui n'auraient pas existé sans l'intervention de l'Etat américain, n'expliquent pas tout:

 

"Quoi qu'on en dise, les dettes de la France, de l'Espagne ou de l'Italie ne résultent qu'en partie de la nécessité de renflouer leurs banques puisqu'elles étaient préexistantes."

 

Les comportements de la France et de l'Allemagne ne sont pas plus moraux que ceux des Etats-Unis, puisque ces deux pays se sont faits, et se font, complices de recels de données volées et qu'ils se livrent également à des chantages inqualifiables.

 

Face aux attaques mortelles de ces pays voyous contre la place financière suisse, comment le Conseil fédéral envisage-t-il de se battre?

 

"En levant les mains bien haut, paumes ouvertes, genou à terre."

 

Sans contrepartie, il concède, de son propre chef, "l'assistance administrative élargie, l'assimilation de l'infraction fiscale au blanchiment, l'extension du devoir de diligence et l'auto-déclaration fiscale".

 

La place financière helvétique est en danger. Il n'y a pas de quoi se réjouir, car la Suisse seule pâtira de son amaigrissement forcé quand ses clients auront trouvé refuge dans les établissements des banques à Singapour, Hong Kong ou Londres, où elles auront délocalisé.

 

Il faut donc maintenant arrêter les reculades. Le sauvetage controversé d'UBS a déjà coûté le renoncement à la distinction entre évasion fiscale et fraude fiscale pour les non-résidents, puis la livraison de noms d'un grand nombre d'entre eux, puis, pour tenter de sauver les meubles et ce qui restait du secret bancaire, la concession d'imposer à la source les revenus de leurs avoirs (accords Rubik).

 

Maintenant il est question d'échange automatique de données:

 

"Alors qu'il s'agissait au début des hostilités, de récupérer un argent légitime et nécessaire aux pays lésés par leurs propres contribuables, il n'est question désormais que du flicage pur et simple des citoyens sous prétexte de justice sociale."

 

Les pays voyous, s'ils ne sont pas stoppés, ne s'arrêteront pas en si bon chemin:

 

"Une fois l'échange automatique d'informations accepté, l'ingérence dans notre système fiscal suivra."

 

Cette ingérence a déjà commencé avec l'adoption empressée par le Conseil fédéral d'une convention avec la France sur l'imposition des successions qui ne se fera plus au lieu de résidence du défunt, mais à celui de ses héritiers, contrairement pourtant aux règles de l'OCDE...

 

C'est pourquoi Marie-Hélène Miauton rejette les tentations de céder ou de temporiser. Elle trouve préférable de lutter, c'est-à-dire, de manière concrète, argumentée, et résumée en fin d'ouvrage, de:

 

"Mettre en place les structures permettant l'harmonisation des règles au niveau mondial; conditionner nos éventuelles concessions à notre participation au G20; nous créer des alliances; communiquer sur nos valeurs fondatrices; ne rien céder sans contrepartie; organiser des structures de veille pour casser les stéréotypes; invoquer nous aussi des mesures de rétorsion ["à la guerre comme à la guerre"]; se doter d'une entreprise de révision bancaire et/ou d'une agence de notation; réfléchir à nos structures organisationnelles pour mieux répondre à la guerre économique que nous vivons; initier une réflexion internationale sur la réglementation des produits financiers à problème ainsi que sur les dérives de la Bourse; nous montrer généreux grâce à un fonds souverain helvétique [la BNS détiendrait en devises 240 milliards d'euros...]."

 

Ces pistes d'actions ont le mérite d'exister et d'être de vraies pistes, même si certaines d'entre elles sont discutables.

 

En tout cas, comme dit un proverbe chinois, mis en exergue du dernier chapitre:

 

"Les seuls combats perdus d'avance sont ceux qu'on ne livre pas."

 

Francis Richard

 

Banques suisses, les raisons de lutter, Marie-Hélène Miauton, 192 pages, Slatkine

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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1 octobre 2012 1 01 /10 /octobre /2012 19:00

Château de CoppetJeudi 27 septembre 2012, au Château de Coppet,[photo ci-contre] l'Institut Libéral ici inaugure son siège genevois en terre vaudoise en présence de 160 personnes.

 

Comme l'explique Pierre Bessard [photo ci-dessous], son directeur général, le rayonnement de ce think thank, créé 33 ans plus tôt en Suisse alémanique, s'étend désormais à toute la Suisse romande, d'où le lieu symbolique, à double titre, choisi pour cette inauguration.

 

En effet le Château de Coppet ici, rappelle Léonard Burnand, est un creuset de l'esprit libéral. Jacques Necker, ministre des finances de Louis XVI pendant cinq ans, s'y réfugie en 1784 après sa révocation. Sa fille, Germaine de Staël, s'y établit en 1803 et en fait un bastion d'opposition à Napoléon.

 

Le Groupe de Coppet réunit en effet des personnalités telles que Benjamin Constant, Jean de Sismondi, Charles Victor de Bonstetten ou August Wilhelm Schlegel. Il est le lieu d'une activité foisonnante d'écriture et de défense de la liberté dans tous les domaines. Dans De l'Allemagne, Germaine de Staël donne l'exemple et confirme:

 

"Nul homme, quelque supérieur qu'il soit, ne peut deviner ce qui se développe naturellement dans l'esprit de celui qui vit sur un autre sol et respire un autre air: on se trouvera donc bien en tous pays d'accueillir des pensées étrangères; car, dans ce genre, l'hospitalité fait toute la fortune de celui qui reçoit."

 

Il s'y brasse beaucoup d'idées. Ce qui fait à dire à l'un des participants, Charles Victor de Bonstetten :

  

"Il se dépense à Coppet plus d’esprit en un jour que dans maint pays en un an."

 

Pierre Bessard Institut LibéralOlivier Meuwly fait une rétrospective des origines du libéralisme en Suisse romande au XIXe siècle. Il souligne qu'il y existe non pas un, mais plusieurs libéralismes. A Genève par exemple le libéralisme subit l'influence des conservateurs, tandis qu'en Vaud le libéralisme précède et prolonge la libération de Berne.

 

Les libéraux romands sont surtout des praticiens. Ils écrivent des articles de presse plutôt que des livres. Pragmatiques les penseurs helvétiques élaborent des synthèses adaptées à la Suisse.

  

On retiendra les noms de Frédéric-César de La Harpe, lecteur de Jean-Baptiste Say et de Benjamin Constant, d'Etienne Dumont, d'Alexandre Vinet et des frères Secrétan.

 

Victoria Curzon-Price évoque la Société du Mont-Pèlerin ici, créée en 1947 par Friedrich Hayek. Parmi les premiers membres il y avait des Suisses tels que Wilhelm Röpke ou William Rappard. Il s'agissait dans l'immédiate après-guerre de maintenir en vie les différents courants libéraux et de réfuter le socialisme à partir d'une philosophie de la liberté.

 

Cette société a la particularité de n'exister que pour ses seuls membres. Elle ne fait pas de prosélytisme, pas de publication, pas de conférence de presse, mais elle a donné naissance par génération spontanée à plus de 800 instituts à travers le monde.

 

Le libéralisme est multiforme et donne lieu à des débats très vifs au sein de la société. Mais tous les libéraux s'appuient sur un socle commun: ils reconnaissent la capacité des hommes à s'organiser eux-mêmes sans nécessité d'un léviathan.

 

Les libéraux divergent sur la nécessité de l'existence ou non d'un Etat. Les anarchistes libéraux refusent tout Etat. Les autres libéraux qui acceptent qu'il y ait un Etat s'entendent pour dire qu'il doit protéger les biens et les personnes et sur le fait qu'il doit être petit.

 

Ces libéraux divergent cependant sur les moyens à mettre en oeuvre pour empêcher que l'Etat ne devienne grand. Certains veulent y parvenir par le droit constitutionnel, d'autres par le respect du droit naturel, d'autres encore par la concurrence entre institutions.

 

Les libéraux néoclassiques et les libéraux autrichiens n'ont pas les mêmes principes. Pour les premiers les théories économiques s'élaborent à partir de tests empiriques. Pour les seconds, les faits n'ayant pas d'importance, ils pratiquent un individualisme méthodologique.

 

Il n'est pas donc pas étonnant que les autrichiens récusent les concepts macro-économiques, tandis que les néo-classiques vivent avec. Ces derniers se partagent entre ceux qui acceptent l'existence d'une banque centrale et ceux qui la considèrent comme néfaste et sont favorables à la concurrence des monnaies.

 

Pascal Salin Institut LibéralPascal Salin [photo ci-contre] a été déçu. La chute du mur de Berlin n'a pas ouvert les yeux sur le collectivisme. Le retour à la démocratie a permis de masquer les erreurs passées.

 

Deux courants dominent aujourd'hui: la social-démocratie et l'anti-libéralisme. Ils s'opposent tous deux au libéralisme qui se caractérise par le respect de la liberté individuelle.

 

Au besoin, la démocratie ne respecte pas la liberté individuelle et peut, de nos jours, s'avérer totalitaire. On est donc loin d'une situation où la liberté fleurirait dans le monde.

 

Aussi est-il nécessaire de rappeler que le libéralisme n'est pas une apologie de l'égoïsme, mais de l'individualisme. Pour les libéraux le comportement individuel est en effet une méthode d'analyse. Ainsi, par exemple, pour le courant autrichien, l'important se trouve dans la tête des gens. C'est pourquoi il faut, selon lui, raisonner autrement qu'en termes de catégories.

 

Qu'est-ce donc que le libéralisme? Une philosophie morale, une approche scientifique, une conception réaliste de la nature humaine. Car toute action humaine résulte d'un processus de pensée et les richesses sont le produit de l'esprit humain.

 

Le libéralisme repose sur trois piliers: la liberté qui peut se définir négativement par le refus de subir la contrainte d'autrui, la propriété qui reflète le monde de la rareté (la légitimité de la propriété vient de l'acte de création et le capitalisme est un système de droits de propriété légitime), la responsabilité qui tient compte des droits des uns et des autres.

 

Les sociétés ont un fonctionnement complexe, qui demande beaucoup de temps et de réflexion. Friedrich Hayek montre comment l'ordre spontané permet à chacun d'exercer sa liberté, tandis que le scientisme ne conçoit pas qu'il puisse y avoir de résultats en dehors de la centralisation. Or tous les constructivismes sont voués à l'échec parce que la connaissance parfaite d'un système humain est impossible.

 

Quel avenir pour le libéralisme? L'idée majeure, dominante, est que la crise provient des erreurs du capitalisme et de la cupidité des financiers, alors qu'en réalité la crise a été provoquée par l'interventionnisme étatique.

 

Le communisme était un système clair. La social-démocratie? C'est comme une preuve qu'il est difficile de combattre. Alors il faut avoir recours à l'expérience, telle la réussite de Singapour, ou à la réflexion (c'est le rôle que joua l'Institute of Economic Affairs ici auprès de Margaret Thatcher) et montrer que les systèmes de liberté sont complexes.

 

Peut-être devrait-on réécrire les albums d'Astérix et ne plus parler des irréductibles Gaulois, mais des irréductibles Helvètes, grignotés toutefois par la pensée dominante.

 

C'est pourquoi l'Institut Libéral est non seulement indispensable à la Suisse, mais à l'ensemble du monde.

 

Francis Richard

 

Article reproduit pas lesobservateurs.ch le 4 octobre 2012

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26 septembre 2012 3 26 /09 /septembre /2012 22:10

Johnny-Hallyday.jpgLe forfait fiscal n'a pas bonne presse. Les médias, qui se situent pour la plupart à gauche sur l'échiquier politique, en Suisse comme ailleurs, considèrent qu'il s'agit là d'un privilège fiscal.

 

Avec un bel ensemble ces champions de l'égalitarisme se sont donc réjouis que Bâle-Campagne, dimanche dernier, ait aboli les forfaits fiscaux.

 

La loi du nombre (61.48% des voix) s'est abattue courageusement sur les 16 bénéficiaires de ce demi-canton, qui, après tout, ne rapportaient chaque année que 1.7 million de francs à l'Etat, soit moins de 2 pour mille de ses recettes fiscales sur les revenus et fortunes ... Ce qui n'est pas trop cher payer un certificat de moralité socialiste en bonne et due forme.

 

Le peuple bernois, lui, a refusé par 66.50% des voix d'abolir les forfaits fiscaux ce même dimanche dans son canton, au grand dam des médias. Il faut dire que les bénéficiaires y sont au nombre de 230, ce qui pèse un peu plus que les 16 malheureux forfaitaires bâlois... 

 

Pour se donner bonne conscience les électeurs bernois ont toutefois adopté un contre-projet, qui est la copie conforme de la réforme mise sous toit par le Conseil national trois jours plus tôt:

 

- le riche résident étranger devra disposer d'un revenu imposable d'au moins 400'000 francs (333'000 €);

- ce revenu imposable sera calculé en multipliant par 7 (au lieu de 5) le loyer ou la valeur locative de son habitation et par 3 (au lieu de 2) sa pension complète s'il réside à l'hôtel.

 

Ce lot de consolation réjouit tout de même Arthur Grosjean, qui, dans Le Matin ici [d'où provient la photo], au soir du 23 septembre, écrit au sujet de Johnny Hallyday:

 

"Le chanteur français, qui pensait avoir trouvé un paradis fiscal peinard à Gstaad [qui se trouve dans le canton de Berne], va devoir payer beaucoup plus d'impôt.[...] Johnny va devoir "raquer" environ un tiers d'impôt en plus."

 

Qu'en termes élégants ces choses-là sont dites! Le terme de "raquer" a d'ailleurs la même étymologie que racket...

 

La gauche helvétique ne se satisfait cependant pas de l'abolition des forfaits fiscaux obtenue précédemment ici ou là (Zurich en 2009, Schaffhouse en 2011, Appenzell Rhodes-Extérieures et Bâle-Ville en 2012). Elle a lancé une initiative le 19 avril 2011 dont le titre est révélateur: "Halte aux privilèges fiscaux des millionnaires (abolition des forfaits fiscaux)". La date d'expiration du délai imparti pour la récolte des signatures est proche, le 19 octobre prochain.

 

Cette initiative veut clouer le bec aux cantons récalcitrants en imposant l'abolition par tous les autres. Il faut dire que la gauche est insensible au principe de subsidiarité et qu'elle a pour principal leitmotiv de faire payer les riches, étrangers ou pas, millionnaires ou pas.

 

Comme je l'ai expliqué dans mon article Forfait fiscal: sera-t-il encore un bon motif d'évasion pour les étrangers ? du 7 mars de cette année, le forfait fiscal est en fait un impôt sur la dépense.

  

Il ne lèse pas les autres riches résidents suisses ou étrangers (qui seuls pourraient se plaindre) puisque ceux-ci ne remplissent de toute façon pas les conditions exigées pour y être soumis et qui sont contraignantes:

- ne pas avoir résidé en Suisse pendant les 10 ans qui précèdent la prise de résidence et la demande de bénéficier de ce régime;

- ne pas percevoir de revenus d'une activité lucrative en Suisse; 

- être détenteur d'un passeport de l'Union européenne sans condition d'âge ou être un étranger âgé d'au moins 55 ans.


Tout le monde est gagnant:

- les cantons qui accueillent ces évadés d'enfers fiscaux et qui perçoivent des impôts qu'ils n'auraient jamais perçus autrement, permettant dans le même temps de diminuer la charge des contribuables autochtones;

- les acteurs économiques de ces cantons qui profitent des dépenses faites par les forfaitaires;

- et, bien sûr, les forfaitaires eux-mêmes qui sont respectés ici parce qu'ils sont riches, ce qui les change de l'opprobre dont ils font l'objet chez eux.

 

Le forfait fiscal (impôt sur la dépense) n'est donc pas un privilège, mais une source de rentrées fiscales marginales, sans être négligeables. Il est d'autant moins un privilège que les barèmes d'imposition sur le revenu imposable évalué d'après la dépense sont les mêmes que ceux applicables aux autres résidents.

 

A la limite le forfait fiscal peut être seulement considéré comme un privilège vis-à-vis de ceux qui, dans les enfers fiscaux d'origine, n'ont pas les moyens de s'en évader. Mais c'est à ces enfers de devenir des paradis et non aux prétendus paradis de devenir des enfers.

 

Francis Richard

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch 

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19 septembre 2012 3 19 /09 /septembre /2012 18:20

Fumee-passive.jpgParmi ceux qui n'ont pas encore voté, par correspondance ou non, il y a des citoyens indécis ou des citoyens susceptibles de changer d'avis. C'est à eux que s'adresse cet article, qui n'a pas d'autre ambition que d'émettre quelques réflexions discordantes. 

 

Sur les trois objets soumis à votation deux ont retenu mon attention (celui sur la musique laissant tout simplement pantois): celui sur la "protection contre le tabagisme passif" [la photo provient d'ici] et celui sur la "sécurité du logement à la retraite".

 

A propos de l'initiative "protection contre le tabagisme passif".

 

N'est-il pas curieux qu'unanimement ne soient évoquées que les études à charge contre la "fumée passive" et que le débat ne porte que sur l'exagération ou non des dispositions proposées par la Ligue pulmonaire? 

 

En effet il n'est pas question de signaler aux citoyens les positions de scientifiques qui réfutent ces études, aussi consensuelles qu'elles puissent être, tels le professeur Robert Molimard, père de la tabacologie moderne, qui, preuves à l'appui, déclare en janvier 2009: 

 

"Le fumeur est l'unique victime du tabac. Non seulement il lui soutire énormément d'argent, mais il sape sa santé et le tue. Le non-fumeur peut être incommodé par la fumée. Il a le droit de ne pas être enfumé dans les lieux qu'il est forcé de fréquenter. Mais cela ne le tue pas. J'ai démontré que le fameux rapport "Lever le rideau de fumée, 10 raisons pour une Europe sans fumée" est un pur mensonge, une manipulation destinée à permettre l'édiction de lois coercitives, sous l'égide des géants de l'industrie pharmaceutique qui commercialisent les médicaments de "sevrage tabagique"." 

 

Ou le pneumologue Philippe Even qui déclare en avril 2011: 

 

"C'est vrai que le tabac est un produit dangereux, encore conviendrait-il de définir la réalité des risques encourus. Or, les campagnes anti-tabagiques se fondent trop souvent sur des mensonges comme le danger du tabagisme passif qui est, en fait, inexistant. Les arguments utilisés sont en fait destinés à mobiliser les non-fumeurs pour tenter de culpabiliser les fumeurs et cela en biaisant la réalité." 

 

Ou encore le professeur Romano Grieshaber qui déclare en septembre 2012:

 

"Le risque de tomber malade des suites de la "fumée passive" est minime [...]. Le fait qu'on ait décidé de choisir la fumée passive pour cible s'explique parce qu'on ne peut pas encore attaquer directement la fumée active. La manière de mener une campagne contre les fumeurs passe par la fumée passive."

 

Ces scientifiques disent donc que la fumée passive ne tue pas, que le danger est inexistant et que les risques encourus sont minimes.

 

Il ressort en effet ici des mesures effectuées dans divers pays européens que le nombre déquivalents de cigarettes fumées passivement est de l’ordre de 0.1 EC par jour dans les restaurants, bistrots ou cafés (0.1 EC correspond à la nicotine de 5 mm d’une cigarette), de 0.2 à 0.5 EC par jour dans les bars, de 0.6 à 1.9 EC par jour dans les discothèques.

 

Quant à la littérature scientifique, elle confirme : les estimations du nombre d’équivalents de cigarettes inhalé à la place de travail ou au domicile varient de 5.2 à 8.7 EC par an et dans les cas extrêmes de 26 à 40 EC par an (de 1.2 à 3 EC par an pour une personne vivant avec un fumeur et 0.3 EC par jour dans les cafés et bistrots).

Au fait, à quand remonte l'expression "fumée passive" ? Au IIIe Reich...

 

A propos de l'initiative "sécurité du logement à la retraite".

 

Le Département fédéral des finances va à l'essentiel dans son communiqué du 27 juin 2012:

 

"Elle entend donner la possibilité aux retraités qui sont propriétaires de leur logement de renoncer à l’imposition de la valeur locative. En contrepartie, certains frais liés à ce logement ne seront plus déductibles du revenu imposable.

 

Il ajoute: 

 

"Elle pénalise les locataires, qui n’ont pas de possibilité d’allégement fiscal équivalente. Les propriétaires n’ayant pas encore atteint l’âge de la retraite sont eux aussi désavantagés. Les personnes qui possèdent un logement destiné à leur usage personnel sont déjà favorisées fiscalement aujourd’hui. En effet, la valeur locative est fixée en-dessous des loyers du marché." 

 

Ce texte est remarquable. En effet il compare propriétaires et locataires. C'est comparer des choux et des carottes... puisque leur seul point commun est d'occuper un logement. 

 

Selon le DFF il faut que ces deux catégories soient traitées de manière égale. Les propriétaires de logement ne payent pas de loyer. Qu'à cela ne tienne, le fisc leur en a inventé un, qu'il considère, en outre, comme un revenu. Mais est-ce bien équitable, que les propriétaires, retraités ou non, soient taxés sur un revenu qu'ils ne perçoivent pas? 

 

Car, en réalité, la valeur locative est une fiction, qui ne respecte pas les droits de propriété. Par ce biais l'Etat s'en prend aux propriétaires et redistribue une partie de leurs biens à ceux qui ne le sont pas. Que la valeur locative soit fixée en-dessous des loyers du marché ne change rien au fait qu'il s'agit d'une spoliation permanente déguisée. 

 

Les initiants, émus par la situation des retraités dont les revenus diminuent quand ils deviennent rentiers, ont touché du doigt cette question et veulent donc leur donner le choix entre renoncer ou non à l'imposition de la valeur locative, assortie de déductions de frais. 

 

En fait tous les propriétaires devraient ne pas être imposés fictivement de cette manière arbitraire et ne devraient pas non plus pouvoir déduire de frais. Ils ont choisi d'être propriétaires. Il faudrait qu'ils assument leur risque. 

 

C'est pourquoi le oui à l'initiative est un bon moyen de faire une premier pas vers l'accession à la propriété sans être pénalisé pour autant d'avoir fait ce choix. Son adoption devrait être suivie en bonne logique d'une adoption étendue à tous les propriétaires, pour respecter l'égalité de traitement entre eux, quel que soit leur âge ou leur situation.

 

En résumé "fumée passive" est synonyme de coercition et "valeur locative" de spoliation.
 

Francis Richard

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16 août 2012 4 16 /08 /août /2012 18:40

Dictionnaire du libéralismeLa surpopulation est un mythe qui, tel le phénix, renaît de ses cendres à intervalles réguliers, depuis que Thomas Malthus l'a inventé au début du XIXe siècle.

 

Ce mythe a l'avantage de donner le grand frisson à tous ceux qui ne demandent qu'à se faire peur et à faire peur aux autres.

 

Une initiative populaire, lancée par l'association ECOPOP ici au printemps 2011, utilise ce mythe, et cette peur irraisonnée, pour demander l'ajout dans la Constitution fédérale d'un article limitant la croissance de la population résidant en Suisse.

 

Franz Weber, qui est le spécialiste des initiatives liberticides, a remis sous le feu des projecteurs cette initiative, dont la récolte des signatures stagnait, en lui apportant un soutien quelque peu nuancé après l'émoi provoqué par sa déclaration initiale ici.

 

Le Dictionnaire du libéralisme, qui est un usuel indispensable en matière de libéralisme, traite de nombreux sujets, dont le malthusianisme. Je m'en suis inspiré pour traiter du mythe de la surpopulation dans un texte publié ce jour par lesobservateurs.ch.

 

Francis Richard

 

Dictionnaire du libéralisme, sous la direction de Mathieu Laine, 640 pages, Larousse ici 

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14 juillet 2012 6 14 /07 /juillet /2012 11:25

Terre précieuseLe Centre Patronal publie régulièrement des Etudes et Enquêtes ici, fort intéressantes et fort documentées, sur des thèmes d'actualité. La dernière en date, publiée en février 2012, nous apprend beaucoup de choses sur la propriété foncière en Suisse.

 

Les parlementaires suisses auraient été bien inspirés de la lire avant de voter le 15 juin dernier la nouvelle mouture de la Loi sur l'aménagement du territoire, LAT, qui porte atteinte gravement à la garantie de propriété inscrite dans la Constitution fédérale (art. 26 al.1), déjà bien fragile.

 

Cette étude intitulée Terre précieuse - De quelques remèdes au phénomène de la thésaurisation du sol, donne cette définition:

 

"En matière foncière, on dit d'un terrain qu'il est thésaurisé "lorsqu'il est conservé sans intention d'exploiter ce potentiel constructible; c'est-à-dire qu'il ne sera pas bâti ou cédé en vue de son développement". Il s'agit donc "d'un terrain constructible, en zone à bâtir, que son propriétaire conserve sans construction"."

 

Selon cette définition une enquête menée par iConsulting SA ici et l'institut lausannois M.I.S Trend ici sur la pénurie des logements vaudois aboutit à la conclusion que le taux de thésaurisation global dans le canton de Vaud correspond à 65%...

 

Pourquoi les propriétaires vaudois thésaurisent-t-ils?

 

- plus de 60% souhaitent préserver un patrimoine ou une situation actuelle

- plus de 50% n'ont pas de nécessité économique de vendre ou de développer leur parcelle

- un peu moins de 40% veulent préserver une vue

- moins de 10% attendent que le prix monte encore.

 

Pourquoi la thésaurisation est-elle un problème?

 

"Près de 64'000 nouveaux habitants sont attendus dans le canton d'ici à 2020."

 

Or même en abaissant le taux de thésaurisation à 50%, "seuls 28'000 à 38'000 habitants nouveaux pourraient être reçus".

 

Quel est le droit constitutionnel en matière de propriété?

 

Le droit fondamental de la propriété est consacré dans la Constitution fédérale, mais il est assorti de restrictions, comme tous les droits fondamentaux. Ces restrictions doivent respecter:

 

- une base légale: c'est la forme

- l'intérêt public: c'est indéfinissable précisément et le défaut d'intérêt public est difficile à contester

- le principe de proportionnalité: la mesure doit être appropriée, nécessaire et suffisamment importante

- la préservation de l'essence du droit: la garantie de propriété "ne va guère au-delà de l'affirmation selon laquelle la propriété privée est une des "pièces maîtresses" de notre ordre juridique et économique"...

 

Quelles sont les compétences de la Confédération et des cantons?

 

"En vertu de l'art. 75 al.1 Cst. (art.22quater a Cst), la compétence de la Confédération en matière d'aménagement du territoire se limite à la fixation des principes. Pour le reste, celui-là incombe aux cantons et sert une utilisation judicieuse et mesurée du sol et une occupation rationnelle du territoire."

 

Quels sont les différents remèdes à la thésaurisation?

 

Une fois posées ces bases juridiques les auteurs de l'étude passent au banc d'essai les différents remèdes possibles à la thésaurisation. Des plus libéraux aux plus étatiques.

 

On ne sera pas surpris que les solutions les plus libérales, en garantissant la propriété, soient à la fois les plus simples et les plus rapides à mettre en oeuvre, les plus incitatives et les plus efficaces.

 

La LAT votée le 15 juin 2012 ici par le Parlement privilégie au contraire des solutions étatistes en matière d'aménagement du territoire telles que:

 

- l'obligation de déclasser les zones à bâtir surdimensionnées (art. 15 al. 2)

- l'obligation de construire dans un délai donné (art. 15a al.2)

- une réglementation fédérale de la taxe sur la plus-value (minimum de 20%) (art. 5 al. 1bis)  

 

Comme le disent ici les opposants qui ont lancé un référendum, expirant le 4 octobre 2012, contre cette loi liberticide, votée pour obtenir le retrait de l'initiative pour le paysage des Verts et de la gauche, ces mesures se traduiront:

 

- par la hausse des prix des terrains et l'augmentation du coût de l'habitat

- par de nouvelles atteintes au droit de propriété

- par une augmentation des impôts ou de nouvelles taxes et redevances

- par plus de bureaucratie et des procédures compliquées

- par une mise sous tutelle des cantons par la Confédération, contraire à la Constitution.

 

Ce référendum devrait donc recueillir dans le pays les signatures, puis le vote, après son aboutissement, de tous ceux qui défendent les valeurs libérales et fédéralistes. 

 

Francis Richard

 

Cet article est reproduit sur le site lesobservateurs.ch 

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3 juin 2012 7 03 /06 /juin /2012 18:30

Lavaux 5Hier l'Association vaudoise des écrivains, AVE  ici, avait invité la Société des auteurs savoyards, SAS ici, et des amis à une lecture en mouvement, en Lavaux, sur le thème de la vigne et du vin.

 

A partir de la petite gare de Saint-Saphorin, à midi au soleil, l'heure la plus chaude de ce printemps finissant, il s'agit pour une trentaine d'amateurs de textes et de lieux inspirés de marcher à travers les vignes.

 

Il fait grand beau. Le vert domine du côté des vignes, le bleu du côté des montagnes et du lac.

 

Lavaux 1Quelques nuées donnent une petite touche blanche à ce tableau. Ces petites taches, cotonneuses, rassurantes et bienvenues, ne rappellent-elles pas que la perfection n'est pas de ce monde?

 

Dans le village de Saint-Saphorin, un mariage occupe la petite place prévue par les organisateurs, Sabine Dormond et Olivier Chapuis, respectivement présidente et vice-président de l'AVE.

 

Il faut donc reporter le moment de lire et d'écouter. Un arbre à l'ombrage bien nommé, sous lequel coule l'eau d'une fontaine, sert alors d'étape hospitalière pour les deux premières lectures.

 

Lavaux 2Sabine Dormond lit un magnifique poème de Jacqueline Thévoz, composé pour se faire pardonner son absence de ce périple. Dans lequel elle boit à la santé des marcheurs et où son patronyme rime opportunément avec Lavaux. 

 

Catherine Gaillard lit une nouvelle de son cru, dans laquelle elle raconte comment une vigne se vit mystérieusement épargnée, alors que, tout autour, sévissait le phylloxera.

 

La marche reprend sous l'impression d'un soleil de plomb, par des chemins qui bornent les célèbres vignes en terrasses, qui administrent la démonstration que la nature n'est jamais si belle que lorsqu'elle est aménagée de main d'homme.

 

Lavaux 3A la halte suivante, dans une nouvelle pleine d'humour, Thierry Coulon fait intervenir des extra-terrestres, dont le regard neuf et distancé sur notre planète permet d'être critiques, comme un Persan ou un Huron purent l'être avant eux. 

 

Ces colonisateurs s'attribuent volontiers des patronymes du coin, tels que Gamay, Chasselas ou Pinot, et se résolvent, à défaut d'étendre la culture de la vigne sur toute la Terre, à la transplanter sur leur planète.

 

En contre-bas du village de Chexbres les marcheurs s'arrêtent après une nouvelle marche, éprouvante pour les moins alertes. Seule une partie d'entre eux peuvent, à l'ombre d'un mur de propriété, écouter les deux lectures suivantes.

 

Lavaux 8Olivier Chapuis a choisi de donner la parole, bien interprétée, à un vigneron ignare et fier de l'être, qui emploie un étudiant en lettres lors d'une vendange tardive. Finalement, ce rustre ridicule se moque, à tort, de ce jeune, qu'il croit définitivement bouché...

 

Une récente lecture de La Nouvelle Héloïse de Jean-Jacques Rousseau, a inspiré Rémi Mogenet qui a écrit un texte savant et poétique sur Lavaux et le vin, d'autant plus méritoire qu'il ne boit que de l'eau...

 

Au bout du chemin se trouve, à l'entrée de Rivaz, la dernière halte avant dégustation et buffet, sous l'ombre tutélaire d'un arbre compatissant.

 

Lavaux 6Bruno Mercier lit deux poèmes, l'un ayant pour sujet douze apôtres en Bourgogne, l'autre des chevaliers des temps modernes, chevauchant des quads à travers les vignes.

 

L'héroïne de la belle nouvelle d'Hélène Dormond a hérité  d'une vigne en Lavaux. Un voisin vigneron, au fort accent vaudois, très intéressé à la reprendre, produit une piquette immonde et la fait goûter avec orgueil à l'héritière dont il apprend in fine qu'elle est oenologue...et non pas secrétaire.

 

La récompense se trouve au bout du chemin, au Clos des Abbayes ici, où les pèlerins de l'écriture peuvent s'abreuver enfin tout à loisir. Le maître des lieux fait déguster son blanc éponyme, bien frais, puis un rouge sous le label de Dézaley Grand Cru et, pour finir en beauté, un Chardonnay... De quoi contenter les papilles les plus rétives.

 

Francis Richard

 

Les textes de cette promenade littéraire seront reproduits dans Sillages, la revue de l'AVE, qui paraît les 15 avril et 15 octobre de chaque année et qui est en vente chez Payot, à Lausanne et à Montreux. 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 21:35

Initiative-Asin.jpgLe 11 août 2009, l'ASIN, l'Action pour une Suisse indépendante et neutre ici, a déposé une initiative "Pour le renforcement des droits populaires dans la politique étrangère (accords internationaux: la parole au peuple", munie de 108'579 signatures valables.

  

Un Think Tank, dont les arguments sont repris en choeur par les médias, Foraus, Forum de politique étrangère, est à la pointe du combat contre cette initiative sur laquelle le peuple suisse votera le 17 juin 2012 [la photo provient d'ici]. Il a publié une étude sur le sujet, à laquelle se réfèrent doctement les opposants ici.

 

Que prévoit cette initiative?

 

L'extension du référendum obligatoire à quatre catégories de traités internationaux:

 

Ceux qui:

 

"1. entraînent une unification multilatérale du droit dans des domaines importants;

2. obligent la Suisse à reprendre de futures dispositions fixant des règles de droit dans des domaines importants;

3. délèguent des compétences juridictionnelles à des institutions étrangères ou internationales dans des domaines importants;

4. entraînent de nouvelles dépenses uniques de plus d'un milliard de francs, ou de nouvelles dépenses récurrentes de plus de 100 millions de francs."

 

La différence entre référendum facultatif et référendum obligatoire est de taille. Dans le premier cas, seule la majorité du peuple est requise, dans le second les majorités du peuple et des cantons sont nécessaires pour que l'objet soit adopté.

 

Pour définir les "domaines importants", les initiants font référence à l'interprétation qui est faite habituellement des "dispositions importantes" dont parle l'article 164, al.1 de la Constitution fédérale en matière de règles de droit.

 

L'étude de Foraus qualifie cette initiative de superflue, puisque, selon elle, le Conseil fédéral et le Parlement sont des contrôles démocratiques suffisants, et de coûteuse, puisque, d'après ses calculs il en coûterait en moyenne 23 millions de francs annuels. De plus cette initiative ne renforcerait pas la démocratie, mais le pouvoir des petits cantons et affaiblirait la position négociatrice de la Suisse.

 

Superflue?

 

A l'appui de cette assertion les rédacteurs de Foraus ont calculé qu'en 90 ans, de 1921 à 2011, 296 traités internationaux auraient pu être soumis au référendum facultatif, mais que 10 seulement l'ont été et que 2 seulement ont vu le non l'emporter.

 

Ce peu de succès voudrait dire que les traités internationaux étaient légitimes puisque non contestés. L'argument est spécieux. En effet pour lancer un référendum facultatif, il faut réunir aujourd'hui 50'000 signatures, ce qui demande de l'organisation et de l'argent, d'autant que le délai est court, 100 jours. Ce qui est un frein indéniable et souvent justifié.

 

Coûteuse?

 

Toujours suivant les calculs figurant dans l'étude de Foraus, de 1921 à 1980, si les dispositions de l'initiative avaient été en vigueur, "21 objets supplémentaires auraient été soumis au vote populaire", tandis que de 1981 à 2011, "les traités multilatéraux ont gagné en importance": "Entre 2001 et 2011, cela représenterait 77 votations".

 

De ces 77 votations "dans des domaines importants" au cours des 10 dernières années, l'étude de Foraus conclut que cela conduirait à 8 votations supplémentaires par an, qui coûteraient selon ses calculs en moyenne 23 millions de francs. Ces chiffres sont sujets à caution: le Conseil fédéral est arrivé à 3 votations annuelles supplémentaires...

 

Même en reprenant le coût moyen annuel contestable de 23 millions de francs, il faut relativiser ce coût. Il y a un peu plus de 5 millions d'électeurs inscrits en Suisse. Le coût supplémentaire serait donc de l'ordre de 4,50 francs par an et par électeur inscrit. Une fortune...

 

Or ce qui justifie l'initiative aux yeux de ses promoteurs, c'est justement l'inflation des traités internationaux qui passent comme un paquet à la poste sans que le peuple n'ait son mot à dire sur les détails qui le composent, alors qu'ils ont souvent de l'importance, mais sont noyés dans la masse, comme les lignes en petits caractères de certains contrats.



Toujours selon l'étude de Foraus les traités internationaux soumis à votations, si l'initiative était adoptée, pourraient être "aussi bien des accords importants que des accords très techniques et peu accessibles au grand public". Comme si le peuple suisse ne votait pas déjà sur des objets très techniques...

 

Ensuite l'étude de Foraus considère qu'en matière internationale seule la Suisse dans son ensemble est compétente et que les cantons ne devraient pas avoir droit au chapitre. C'est faire fi du fédéralisme et du principe de subsidiarité qui protègent les minorités du pays.

 

Quand un article de la Constitution fédérale est modifié ou ajouté, la double majorité du peuple et des cantons est requise. Pourquoi n'en serait-il pas de même avec les traités internationaux? Ce qui leur conférerait une plus grande légitimité puisque le consentement serait plus élargi.

 

Enfin les rédacteurs de l'étude de Foraus pensent naïvement que la position de la Suisse serait affaiblie si le peuple était consulté obligatoirement lorsque les traités internationaux relèvent de "domaines importants". C'est tout le contraire. Les négociateurs pourraient argumenter que le peuple suisse n'accepte pas n'importe quoi et qu'il leur faut prendre en compte sa volonté prévisible avant d'admettre quelque clause que ce soit.



Le débat sur l'initiative de l'ASIN a donc pour principal mérite de faire ressortir que nombre de traités internationaux, toujours plus nombreux, touchent à des domaines importants et qu'au mépris de la démocratie - ce qui, par exemple, est un travers courant chez les négociateurs de l'Union européenne -, le peuple est laissé dans l'ignorance des véritables enjeux.

 

Pourquoi le peuple ne voterait-il pas les traités internationaux importants? On se le demande. Enfin... on ne comprend que trop bien pourquoi on n'a pas trop envie qu'il vote. Le peuple pourrait bien refuser ce que ses prétendues élites cherchent à lui imposer en douce...

 

Francis Richard



L'internaute pourra lire sur le site lesobservateurs.ch mes réflexions sur les réseaux de soins intégrés soumis également à votation le 17 juin 2012.

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28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 22:50

Andreas-Gross.jpgHier le Conseil de l'Europe a adopté la résolution n°1881 pour "promouvoir une politique appropriée en matière de paradis fiscaux".

 

Alors que le but de cette vénérable assemblée, qui date de 1949, est en principe de défendre les droits de l'homme, la démocratie et l'Etat de droit...

 

Conformément à son objet le Conseil de l'Europe a ainsi élaboré la Convention européenne des droits de l'homme et été à l'origine de la Cour européenne des droits de l'homme.

 

La Suisse a adhéré au Conseil de l'Europe en 1963. Sur 636 députés qui constituent le Conseil de l'Europe, sa délégation est composée de six députés, tous membres du Parlement helvétique.

 

Hier, donc, le Conseil de l'Europe s'est réuni pour délibérer sur un rapport ici de 22 pages, dont 4 pages d'annexe, intitulé comme la résolution, "Promouvoir une politique appropriée en matière de paradis fiscaux".

 

Ce qui est amusant c'est que nulle part dans ce rapport il n'est question de définir clairement ce qu'est un paradis fiscal. On se contente de parler indifféremment de "paradis fiscaux", de "juridictions à faible niveau de taxation", de "juridictions du secret", de "centres financiers offshore" (CFO). Ces "notions" seraient "globalement interchangeables" [sic].

 

Sans rire le rapport accuse les CFO d'avoir "joué un rôle majeur dans la crise financière de 2008-2009". 

 

Pour les rédacteurs de ce rapport tendancieux, aux Etats-Unis il n'y aurait pas eu de déficiences dans la gestion du risque de la part de Fannie Mae et de Freddie Mac, pas de législations favorisant les prêts à des emprunteurs insolvables ou favorisant l'expansion bancaire par le sur-endettement ou les investissements douteux, pas de fausses notes de la part des agences de notation payées par ceux qu'elles doivent noter et qui jouissent de protections étatiques, pas de règlementations immobilières créant des bulles, pas de politique d'intérêts bas de la FED etc. Bref la main visible de l'Etat américain n'aurait joué aucun rôle...

 

Les Etats-Providence européens n'auraient pas été surendettés depuis des décennies et n'auraient été obligés, comme leur compère américain, de renflouer les banques qu'à cause des paradis fiscaux, responsables de toutes les mauvaises gestions étatiques de la planète, avec toutes les tares qui caractérise un paradis fiscal: "le secret bancaire, le manque de transparence et de surveillance publique effective, le dumping réglementaire, les dispositions fiscales prédatrices et les techniques comptables abusives au sein d'entreprises multinationales".

 

Or les Etats-Providence, eux, ne se caractérisent-ils pas par la violation de la vie privée et la promotion de l'inquisition fiscale, le manque de transparence et de surveillance des dépenses publiques par les citoyens, l'inflation réglementaire, les prélèvements obligatoires confiscatoires et les techniques comptables douteuses des deniers publics, qu'épingle, par exemple, régulièrement en France la Cour des comptes? 

 

Certes, comme le dit élégamment le rapport, "personne ne sait vraiment combien d'argent public est siphonné via les paradis fiscaux". Cela n'empêche pas les auteurs du rapport de se baser sur des estimations fantaisistes. Si elles s'avéraient exactes, ce serait plutôt rassurant. Car tout ne serait pas perdu pour un futur redressement économique, qui ne sera rendu possible que par la libération des économies... Mais il faut craindre que cela relève du fantasme...

 

Quoiqu'il en soit on apprend grâce au rapport quelle est la profession de foi mondialiste qui a présidé à sa rédaction:

 

"Alors que tous les pays ont cédé une partie de leur souveraineté au profit de la mondialisation et de l'économie globale, s'attaquer aux distorsions mondiales entraînées par des pratiques fiscales dommageables ou prédatrices est à la fois une obligation morale et une cause commune."

 

Les prédateurs ne seraient pas les Etats mauvais gestionnaires qui ponctionnent  des pourcentages abusifs des PIB de leurs pays, mais les Etats qui sont les moins voraces. Il serait moral d'encourager la pression fiscale et le laissez-faire étatique. D'ailleurs, à cause de l'immoralité des multinationales, "bon nombre de pays en développement ne parviennent à collecter qu'environ 40% des recettes fiscales potentielles": les pauvres!

 

Le rapport ajoute: "Il n'est pas étonnant que leur ratio recettes fiscales/PIB se situe entre 10 et 20% contre 25 à 40% pour les pays développés."

 

Le rapport ose même parler d'"arnaque fiscale" quand un Etat empêche un autre de prélever davantage en offrant de meilleures conditions d'imposition que lui...

 

Dans la discussion le député suisse Gehrard Pfister a fait cette remarque frappée au coin du bon sens:

 

"Quand bien même un Etat européen [suivez mon regard] envisagerait-il d'augmenter le taux d'impôt sur le revenu de 75%, une telle mesure n'obligerait nullement les autres Etats à s'engager sur la même voie. On ne peut pas non plus empêcher certains pays d'apparaître comme attrayants, sans compter que certains le sont sans rien faire."

 

Le rapport donne une définition du marché libre qui justifierait la transparence:

 

"En théorie, un marché libre fonctionne de manière rationnelle et la supervision démocratique donne de bons résultats lorsque tous les participants ont un accès identique aux informations pertinentes."

 

Or un marché ne fonctionne librement que si l'Etat n'intervient pas et la transparence voulue par un Etat est justement un prétexte qu'il se donne pour intervenir et le corriger:

 

 "Les tentatives pour "corriger" l'ordre de marché conduisent à sa destruction." (Friedrich Hayek, Droit, législation et liberté)

 

Le rapport fustige "un certain nombre d'Etats membres du Conseil de l'Europe qui accueillent et tolèrent des modalités financières et juridiques plus ou moins douteuses du système offshore", au premier rang desquels il situe...la Suisse. Ce ne sont pas les auteurs du rapport qui le disent mais une ONG de gauche, Tax Justice Network...Laquelle a établi une liste de prétendus paradis fiscaux "sans réexamen neutre de la part des Etats et sans que les critères appliqués soient clairement mentionnés", comme l'a souligné le député suisse Urs Schwaller dans son intervention.

 

Finalement la résolution a été adoptée par 51 voix contre 11 et une abstention. Ce qui veut dire qu'il n'y avait que 63 membres présents de cette digne assemblée sur 636... Rappelons au passage que l'un des buts du Conseil de l'Europe est la défense de la démocratie... Sur les 6 représentants helvétiques 5 ont pris part au vote. L'un d'entre eux, le socialiste Andreas Gross [dont la photo provient d'ici] a voté pour cette résolution fallacieuse, les 4 autres contre.

 

En guise de conclusion je citerai un passage de l'intervention du député suisse Alfred Heer:

 

"D'après ce rapport, les Suisses sont les principaux escrocs et tricheurs du fait de l'existence du secret bancaire. Ma vision est tout autre. Si vous voulez que les gens payent équitablement leurs impôts, mettez un terme à la concurrence fiscale [la concurrence même fiscale est pourtant toujours bénéfique], laissez les populations fixer elles-mêmes par référendum les taux d'imposition, taxez les individus et les entreprises de manière raisonnable. Ce n'est pas l'Etat qui assure la croissance, comme l'a montré la crise, mais l'économie."

 

Ne faudrait-il pas plutôt, tout simplement, réduire le périmètre de tous les Etats? Les cantonner dans les fonctions régaliennes?

 

Francis Richard

 

Cet article est reproduit sur le site lesobservateurs.ch 

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  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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