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26 février 2017 7 26 /02 /février /2017 23:55
Le crime était presque parfait... pour éliminer Fillon

Le crime était presque parfait est le titre français d'un célèbre film du regretté Alfred Hitchcock. Le titre anglais - Dial M for murder - me plaît davantage, parce qu'il est plus vintage... Mais il n'y a plus, hélas, de cadrans sur les appareils téléphoniques...

 

Quoi qu'il en soit le titre français est parfaitement adapté au scénario que le pouvoir a imaginé pour éliminer Fillon. Ce scénario n'est pas celui qui était prévu à l'origine. Ce qui confirme que l'imagination n'est au pouvoir des gens qui gouvernent la France que pour éliminer leurs concurrents et non pour assurer la sécurité de leurs concitoyens et de leurs biens.

 

Le but de l'actuel scénario reste toutefois le même: maintenir en place le maximum de gens parmi ceux qui sont confortablement installés dans le système depuis cinq ans, et qui font de l'argent public leur ordinaire, à défaut d'être capables de générer de l'argent privé, qu'il leur est évidemment plus facile de voler aux autres.

 

Un flash-back s'impose. Nous sommes en octobre 2016. La cible est alors Nicolas Sarkozy. Il faut l'éliminer pour permettre à Alain Juppé de gagner la primaire de la droite et du centre: on ressort donc, opportunément, quelques affaires du placard où elles attendaient bien au chaud l'occasion du larron.

 

Pourquoi soutenir Juppé? Parce que le fait qu'il ait été condamné par la justice pourra être exhumé le moment voulu afin de fragiliser sa candidature. Aussi éliminer Sarkozy est-ce faire d'une pierre deux coups, ou, en termes de billard, gagner par la bande... en n'ayant plus en lice qu'un candidat de la droite et du centre... vulnérable.

 

Les sondages d'octobre et de novembre 2016 rendent ce scénario plausible: Juppé devance Sarkozy et, même si l'on observe une remontée de Fillon dans la semaine qui précède le premier tour de la primaire, ce dernier occupe toujours la troisième place du tiercé. Personne ne s'en méfie, même à l'Élysée.

 

Patatras! Certes Sarkozy est éliminé, mais, ce qui n'était pas prévu, c'est que Fillon arrive en tête devant Juppé. Alors les attaques fusent contre le programme de cet outsider: son  programme est brutal, radical, etc. Bref le pouvoir et les médias font tout pour faire gagner Juppé, le candidat idéal pour leurs desseins.

 

Seulement le peuple de droite et du centre vote mal et Fillon l'emporte largement devant Juppé, le chouchou malheureux de la gauche et des médias. Décembre 2016, le tir de barrage contre Fillon se fait plus nourri et François Bayrou, déjà, hurle avec les chiens: le programme de Fillon est une horreur; il est récessif.

 

Ce tir de barrage est en partie efficace, d'autant que Fillon n'est pas très clair en matière de politique de santé. Les sondages qui le plaçaient encore largement en première place en décembre devant Le Pen et Macron, le placent désormais entre les deux en janvier. Mais il reste encore qualifié pour le second tour des présidentielles.

 

Dans la primaire de la gauche, après que Hollande a déclaré forfait, le cheval sur lequel mise le pouvoir est Manuel Valls: il est le seul à pouvoir reprendre des voix à Macron, tout en récupérant une partie des voix des frondeurs, qui seraient rendus craintifs devant l'adversité que représenterait la perspective d'un duel Fillon-Le Pen.

 

Là encore le scénario n'est pas celui prévu: Benoît Hamon devance Manuel Valls au premier tour de la primaire de la gauche et, aussitôt, bénéficie du soutien d'Arnaud Montebourg. Il est temps de changer de fusil d'épaule et de favoriser Macron. Avant même que le second tour de la primaire de la gauche n'ait lieu le Canard Enchaîné lance sa bombe contre Fillon.

 

En réalité cette bombe n'est qu'un pétard mouillé. Le palmipède détient l'info depuis trois semaines. Il n'attend que le moment opportun pour la lancer en prenant bien soin, dans sa présentation, de grossir le trait pour scandaliser le pékin: totaliser quinze ans de rémunération brute plutôt que d'afficher un salaire net mensuel, c'est vicieux, mais payant...

 

Le Parquet national financier, PNF, organisation d'exception créée en 2013, ouvre aussitôt une enquête: quelle diligence! Son patron est le Procureur Général de Paris, en l'occurrence Catherine Champrenault, nommée par le pouvoir, en 2015, c'est-à-dire par une certaine Christiane Taubira... C'est en somme le bras soi-disant judiciaire du pouvoir exécutif.

 

Le problème est que le PNF n'est juridiquement pas compétent en la matière; les meilleurs juristes vous le diront. Mais, comme il ne s'agit pas de justice, mais de manoeuvre purement politique, cela n'a aucune importance... La publication de l'info Fillon par le Canard n'était pas non plus du journalisme d'investigation mais de la délation au service du pouvoir...

 

Le crime était presque parfait... pour éliminer Fillon. Il aurait fonctionné si Fillon n'avait pas été aussi résilient et si ses électeurs s'étaient laissé intimider par ces manoeuvres de basse politique: ils ont compris que, comme dans Les animaux malades de la peste, ils avaient été invités à crier haro sur le seul Fillon, pour oublier le bilan désastreux du quinquennat.

 

Certes, dans les sondages, Macron est passé pendant un moment devant Fillon pour occuper la deuxième place derrière Le Pen. Aujourd'hui Macron (dont la vacuité se révèle de plus en plus) et Fillon sont au coude à coude dans les sondages, en dépit des piqûres de rappel du PNF: pas de classement sans suite le 16 février, ouverture d'une information le 24.

 

Pourquoi le pouvoir ne peut-il plus rien faire contre Fillon? Parce que les citoyens comprennent peu à peu qu'il est suspect de ne s'attaquer qu'au seul Fillon sous prétexte qu'il est candidat à la présidentielle. Cela contredit l'affirmation selon laquelle personne n'est au-dessus des lois: les parlementaires qui sont dans le même cas que lui le seraient-ils, eux, au-dessus des lois?

 

Cela dit, il y a encore du travail pour faire éclater la vérité sur la manipulation de l'opinion. A plusieurs reprises, ce week-end, à Paris, j'ai entendu dire dans le métro, dans le RER, au café, des gens qui, parlant de Fillon, répétaient comme des perroquets qu'il était empêtré dans les affaires. Je ne sais qui a lancé cette expression, pur produit de désinformation, mais elle fait florès...

 

Joseph Goebbels, ministre de la propagande nazi, disait, en 1940: Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose...

 

Francis Richard

 

PS

 

Dans mon article Courage Fillon! du 6 février, j'ai dit tout ce qui me sépare du projet Fillon, mais je reste persuadé que ce projet est un tout premier pas vers la libération du pays, qui sans cela n'évitera pas la faillite.

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15 février 2017 3 15 /02 /février /2017 22:45
Échec de l'État, de Jean-Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin

Échec de l'État n'est pas un livre-programme. C'est un livre de propositions pour remédier à l'échec de l'État français. Cet échec résulte du fait que l'État s'est approprié des libertés qu'il aurait dû au contraire garantir aux citoyens et qu'il doit maintenant leur restituer. C'est à la fois une question de principe et d'efficacité.

 

Une question de principe:

 

Sans responsabilité, il n'y a pas d'humanité parce que c'est la responsabilité qui est un caractère fondamental du genre humain, qui le distingue des animaux et des créatures inertes en l'insérant dans une histoire dont il n'est pas qu'un jouet, en lui donnant à penser son avenir et à raisonner sur celui de toute communauté dans laquelle il vit. Cette responsabilité ne peut s'exercer que si l'homme qui la supporte dispose bien entendu de la liberté de faire ses choix.

 

Une question d'efficacité:

 

La liberté retrouvée alors démultipliera ses fruits. Elle permettra plus de choses que ce que nous pouvons imaginer, comme elle l'a fait depuis la machine à vapeur et le métier à tisser dans le grand progrès des sciences et des arts qui nous permettent de vivre mieux et plus longtemps.

 

Les pistes que donnent les auteurs avec ces propositions s'articulent autour de quatre thèmes:

 

- L'assurance, plutôt que l'assistance

- La libération de la fiscalité

- La libération de l'éducation

- L'État garant de la stabilité et subsidiaire.

 

L'assurance vaut mieux que l'assistance

 

Le modèle social français, que tout le monde envie mais que personne ne copie, est désastreux: il est compliqué, fort coûteux, largement déficitaire. La protection sociale d'aujourd'hui en France, financée par la dette, se fait aux dépens des générations futures.

 

Or il existe une solution pour réduire les charges sociales: c'est d'ouvrir ce système défaillant à la concurrence, en laissant toutefois à la charge de la collectivité certaines dépenses telles que les handicaps congénitaux ou liés à des catastrophes, les aides aux familles ou aux plus démunis, sous la forme d'une allocation unique, mais pas universelle, variable suivant la situation, et qui remplacerait avantageusement les nombreuses allocations sociales actuelles.

 

Ouvrir à la concurrence, c'est permettre à ceux qui le souhaitent de souscrire librement leurs assurances sociales auprès d'une compagnie ou mutuelle de leur choix comme ils le font en matière d'assurance automobile, pour les risques maladie, maternité, vieillesse, en interdisant aux assureurs la sélection des risques. Cela suppose de verser aux salariés leur salaire complet, c'est-à-dire leur salaire net augmenté des charges sociales actuelles pour qu'ils aient les moyens de souscrire aux assurances de leur choix.

 

Le système de retraite par répartition est condamné en raison du vieillissement de la population. C'est bien pourquoi les pays de l'OCDE ont évolué vers la capitalisation, qui, contrairement aux idées reçues, comme le montrent les auteurs, est moins risquée que la répartition et présente l'avantage de participer au financement de l'économie. Curieusement, en France, des fonds de pension existent surtout pour les élus locaux, les fonctionnaires et les sénateurs, dont les cotisations sont déductibles de leur revenu imposable...

 

Les auteurs proposent de sauver l'assurance-chômage en l'ouvrant également à la concurrence (resteraient adhérents à l'assurance publique ceux qui le souhaiteraient). Les prestations comprendraient une allocation forfaitaire minimum et des assurances complémentaires, dans des conditions librement débattues en termes de durée d'indemnisation, de franchise, de montant de l'allocation et de cotisation.

 

Rien de tel que de privatiser le logement social pour en augmenter l'offre et d'en baisser le prix, surtout si c'est accompagné d'une baisse de la fiscalité (il existe trente prélèvements directs ou indirects sur les biens immobiliers perçus par l'État) et d'un allègement des réglementations, ce qui favoriserait en outre l'acquisition de leur logement par ceux qui les occupent...

 

Une fiscalité libérée

 

Libérer la fiscalité, c'est démêler le maquis fiscal: il existe près de 500 régimes fiscaux dérogatoires et 75 niches fiscales (il y a aussi 132 niches sociales chiffrées et 57 non chiffrées...) et rendre la fiscalité la plus neutre possible. C'est pourquoi les auteurs proposent:

 

- de supprimer les niches et l'impôt progressif sur le revenu et d'adopter un impôt sur le revenu proportionnel, ou flat tax, à deux taux (2 et 15%): ce serait plus simple et plus égalitaire (il faut être bien informé pour profiter des niches...)

 

- d'adopter un taux unique de TVA (il y en a 9 actuellement...)

 

- d'aménager le taux de l'impôt société (dont la légitimité est contestable...) de manière la plus rationnelle et juste possible: l'idéal serait [...] que l'impôt sur le revenu soit fixé à un taux unique (cf. ci-dessus) et que l'impôt société soit fixé au même taux.

 

Il faut libérer l'éducation

 

La France ne manque pas de moyens en matière d'éducation, mais de résultats: Selon les résultats de l'étude PISA de 2012, la France se situe dans la moyenne, ou même au-dessous de la moyenne pour chaque catégorie (mathématiques, sciences et écrit), ce qui n'est pas terrible! Or, depuis, le système s'est dégradé: davantage d'élèves en difficulté, moins de chances de réussir pour les élèves issus de milieux défavorisés.

 

Ces mauvais résultats proviennent de son manque d'autonomie et du défaut de concurrence, autrement dit de l'étatisation de l'éducation: le mammouth est inefficace. Certes il existe des écoles libres, mais leurs effectifs sont bridés par l'État. La solution serait de permettre à ces écoles d'accueillir les élèves que les parents veulent y inscrire, de permettre l'ouverture d'écoles entièrement privées et de permettre aux élèves plus aptes à la pratique qu'à la théorie de bifurquer vers l'apprentissage.

 

Le moyen d'assurer le libre choix de l'établissement par les parents est de les faire bénéficier du bon scolaire, ce qui ne coûterait pas plus cher à la collectivité, ce qui, au contraire, permettrait de réduire les charges administratives et de se consacrer pleinement aux missions d'éducation. Le bon scolaire? Il représenterait le montant équivalent au coût moyen d'une classe concernée, que les parents pourraient remettre à l'école privée de leur choix.

 

Les auteurs proposent que l'université soit payante, comme aux États-Unis, où les universités privées sont les meilleures du monde dans tous les classements, ce qui n'est pas le cas des universités françaises: Le système d'université payante responsabilise les étudiants. Ils ne s'inscrivent pas en première année de quoi que ce soit parce qu'ils ne savent pas quoi faire, ou juste en attendant de trouver un job qu'ils ne cherchent guère, ou pour être assurés sociaux à prix modéré...

 

Un cadre institutionnel stable et subsidiaire

 

Sous prétexte d'harmoniser, l'Union européenne cherche plus que jamais à uniformiser, le contraire de la concurrence. Étymologiquement l'harmonisation n'est pas l'uniformisation, mais l'accord des différences: c'est justement ce qui caractérise la concurrence, du moins lorsqu'elle est respectueuse de certaines règles déontologiques.

 

Ce faisant l'Union européenne a abandonné son projet initial: créer une vaste zone de liberté pour permettre que l'échange permanent et libre des hommes, des biens et des services contribue à l'enrichissement de tous, que chacun puisse voter avec ses pieds en allant voir ailleurs si l'herbe y est plus verte, s'il n'est pas satisfait du ratio biens publics/fiscalité.

 

L'Union européenne a joué à l'épicier en voulant peser les échanges, standardiser les produits, imposer des normes à l'infini dans la mauvaise idée que le marché exige l'uniformité quand il suppose la diversité. Elle a voulu régenter la concurrence des entreprises quand celles-ci par définition ont besoin de liberté. Et dans le même temps elle travaille sans fin à empêcher la compétition fiscale entre les États qui est pourtant protectrice des contribuables comme la concurrence des entreprises l'est des consommateurs.

 

Les auteurs souhaitent donc qu'elle revienne à une Europe subsidiaire des nations, une Europe limitée et respectueuse des pays qui la composent, une Europe puissante à l'extérieur sans s'ingérer dans la vie des uns et des autres, une Europe fière de sa grandeur et de son histoire, forte de ses principes, de sa liberté, de sa capacité d'innover et capable de permettre à ceux qui y vivent de mieux grandir en êtres responsables d'eux-mêmes, peut-être alors qu'elle redeviendra le creuset de la paix et de la puissance, de la confiance et de la prospérité.

 

Ce qu'ils disent de l'Europe subsidiaire devrait s'appliquer au niveau de l'État: Au-delà de la représentation extérieure, de la sécurité et de la Justice, l'État a vocation aujourd'hui plus qu'hier à faire en sorte que chaque enfant reçoive l'enseignement le mieux adapté à ses capacités, que chacun vive décemment. Mais c'est aussi l'État subsidiaire; il ne doit pas obligatoirement tout faire, mais plutôt laisser faire ceux qui peuvent avant que d'intervenir s'il y a carence: en bas tout le possible, en haut tout le nécessaire.

 

Aujourd'hui c'est l'État qui tue la France et non pas, comme d'aucuns disent, le libéralisme ou la mondialisation: Pour lutter contre l'immigration, il faut en finir avec l'État-providence et l'assistanat; pour combattre le chômage, il faut plus de libertés économiques et moins de pression fiscale.

 

Les auteurs proposent en conséquence de défonctionnariser la classe politique, car, en France, la politique est devenue un emploi à vie pour ceux qui y accèdent. La carrière politique ressemble à la fonction publique. Comment faire? L'ouvrir au privé et à la société civile.

 

Conclusion

 

Le rôle de l'État doit être limité: L'État a moins vocation à faire le bien en lieu et place des hommes que de les empêcher à faire le mal. Mais il se conçoit en seule vue du bien des hommes. Il promeut la liberté, mais il ne peut et ne doit la défendre corps et biens, que pour ce qu'elle permet. Si à cet égard elle est la fin des États, elle n'est jamais pour les individus qu'un moyen, suprême certes, mais un moyen seulement au service de leurs fins.

 

Toutes ces propositions de réformes - elles n'ont rien de révolutionnaire - ont fait leurs preuves dans d'autres pays, et les auteurs en donnent de nombreux exemples, probants. Aucun des candidats à l'élection présidentielle ne les reprend pourtant à son compte, sans doute parce qu'elles heurteraient les préjugés de la majorité des électeurs, formatés pour la servitude volontaire par le monopole de l'éducation et par des médias uniformément corrects.

 

Ces propositions ont donc peu de chances de se réaliser un jour prochain. Mais, peut-être, quand la France aura atteint le fond, s'il n'est pas trop tard, seront-elles mises alors à l'ordre du jour et, mises en application, exauceront-elles le voeu de Jean-Philippe Delsol et de Nicolas Lecaussin:

 

Que l'État fasse son devoir de garantir la liberté et la liberté fera le reste dans une société de libre choix.

 

Francis Richard

 

Échec de l'État - Pour une société de libre choix, Jean-Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin, 272 pages Éditions du Rocher

 

Livres précédents de Jean-Philippe Delsol:

Pourquoi je vais quitter la France Tatamis (2013)

L'injustice fiscale ou l'abus de bien commun Desclée de Brouwer (2016)

 

Livres précédents de Nicolas Lecaussin:

Au secours, ils veulent la peau du capitalisme! Editions First (2009)

L'obsession anti-libérale française Libréchange (2014)

 

Livre précédent de Jean-Philippe Delsol et Nicolas Lecaussin:

A quoi servent les riches JC Lattès (2012)

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6 février 2017 1 06 /02 /février /2017 20:55
Courage Fillon !

Lettre ouverte à François Fillon

 

Monsieur le candidat de la droite et du centre,

 

Lors de la primaire de la droite et du centre je me suis permis de m'inscrire et de voter pour vous aux deux tours.

 

Si j'ai voté à cette primaire de la droite et du centre, je dois vous l'avouer, ce n'est pas parce que je sais être de droite ou du centre, mais parce que je sais qu'au moins je ne suis pas de gauche, ce dont je me félicite quand je vois comment elle se comporte avec vous.

 

Depuis que je vote en France, je n'ai jamais voté pour un homme mais pour des idées, pour les idées les moins éloignées possible des miennes. Je n'ai donc pas voté pour vous en tant que personne, aux deux tours de cette primaire, mais pour des points essentiels du projet que vous défendez.

 

Ce projet pour la France ne me satisfait certes pas complètement, non pas parce que, contrairement à ceux qui le caricaturent, il serait radical, mais parce qu'il n'est qu'un tout premier pas vers une société vraiment libre que j'appelle de mes voeux.

 

Cependant il faut bien commencer par un bout et ne pas remettre toujours à demain de mettre l'ouvrage sur le métier sous prétexte qu'il ne comble pas tous ses voeux. Votre projet de redressement du pays, de rupture avec le désordre établi, comme vous dites, est en tout cas de bon augure si vous le menez à bien.

 

Vous vous êtes donné trois priorités:

- la libération de l'économie

- la restauration de l'autorité de l'État pour protéger les Français

- l'affirmation de ce que vous appelez nos valeurs.

 

Une société libre passe effectivement par une libération de l'économie et près de la moitié des quinze mesures phares que vous préconisez sont consacrées à cette libération indispensable au redressement du pays.

 

Par restauration de l'autorité de l'État, vous entendez notamment celle de ses fonctions régaliennes. Je ne peux que regretter que l'État tel que vous le concevez ne se limite malheureusement pas aux dites fonctions.

 

Mais, comme dit plus haut, je ne veux pas bouder mon plaisir: votre projet est un bon préalable et je serais déjà bien heureux, si État il doit y avoir, que ces fonctions soient au moins assumées par lui, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.

 

Du fait que vous êtes pour certaines interventions de l'État que je réprouve, nous n'avons pas tout à fait les mêmes valeurs, mais nous en avons suffisamment en commun, et c'est ce que je veux retenir dans l'immédiat.

 

Les miennes, principales, toutes liées entre elles, sont en effet:

- le respect des droits de propriété au sens large

- la liberté,

- la responsabilité,

- la sécurité des biens et des personnes.

 

Après avoir été déstabilisé par les attaques dont vous avez été l'objet ces derniers jours, vous vous êtes ressaisi et vous avez compris qu'au-delà de votre personne c'était bien ce projet de rupture qui vous les valait et qu'il dérangeait déjà trop.

 

Et, maintenant, après vous avoir entendu, ce n'est plus seulement votre projet que je soutiens, mais votre personne.

 

Votre projet bouscule les gens du système, remet en cause leurs sinécures et leurs prébendes: c'est pourquoi ils veulent avoir votre peau.

 

Vous avez montré ce soir, face à ces chiens qui aimeraient tant que vous renonciez, une résilience qui force mon admiration. Et rien ne peut justifier à mes yeux que votre honneur et celui de votre femme Pénélope aient pu leur être livrés.

 

Alors, je vous souhaite bon courage, Monsieur Fillon. Car soyez sûr que ces chiens ne vous lâcheront plus maintenant qu'ils ont trouvé vos os à ronger.

 

Ce soir, en tout cas, pour ma part, vous n'êtes plus simplement le candidat de la droite et du centre, mais celui de la France.

 

Je vous présente tous mes respects, Monsieur, et j'espère que, comme on dit, un François chassera l'autre, et ses héritiers...

 

Francis Richard

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30 janvier 2017 1 30 /01 /janvier /2017 23:20
Ce que doit faire le (prochain) président, d'Agnès Verdier-Molinié

Vous ne vous rendez pas compte, si on applique toutes vos réformes, la baisse des dépenses publiques, et surtout des dépenses sociales, ce sera la révolte en France.

 

C'est ce que dit un jour à l'auteur un maire d'une ville de banlieue, à la sortie d'une émission. A quoi Agnès Verdier-Molinié répondit:

 

Si on ne fait rien, ce sera pire.

 

Après avoir lu son livre, Ce que doit faire le (prochain) président, on a envie de lui dire:

 

C'est bien, mais on pourrait beaucoup mieux faire.

 

Seulement on ne pourra pas mieux faire et ce serait déjà bien étonnant que l'on puisse faire ce qu'elle dit, parce qu'il faudrait que les mentalités changent considérablement, ce qui n'est pas près d'arriver quand on entend dire un peu partout en France que le programme de François Fillon est ultra-libéral...

 

Le gâchis

 

Un mot peut définir la France d'aujourd'hui: le gâchis, omniprésent et permanent.

 

Quelques exemples:

 

- la gestion paritaire calamiteuse (et fromagère) des organismes sociaux

 

- le temps de travail insuffisant, voire fantôme, dans la fonction publique territoriale

 

- le choc de complexité du futur prélèvement à la source, cauchemar annoncé pour les entreprises

 

- le droit du travail kafkaïen qui est un véritable repoussoir à l'embauche

 

- l'État actionnaire qui - faites ce que je dis, mais pas ce que je fais - privilégie le rendement à court terme etc.

 

Contre le gâchis

 

Il faudrait, selon l'auteur:

 

- réorganiser l'État:

  • le recentrer sur ses fonctions régaliennes: police, justice, défense, diplomatie
  • élargir les compétences des treize régions à la formation et à l'emploi
  • supprimer les départements
  • réduire le nombre de communes
  • réduire le nombre d'élus, etc.

 

- baisser les dépenses publiques de 90 milliards en 5 ans, c'est-à-dire, par exemple:

  • rationaliser les achats de l'État
  • réduire les coûts des opérateurs de l'État
  • relever l'âge de la retraite
  • mettre en place un régime de retraite unique, etc.

 

- baisser conjointement les recettes publiques:

  • baisser les taxes sur la production des entreprises
  • baisser l'impôt sociétés
  • baisser les cotisations employeur

 

- mais augmenter la TVA d'un point pour amortir...

 

Les empêcheurs de réformer

 

Il faut les neutraliser parce qu'ils veulent:

 

- niveler par le bas en réduisant les inégalités

 

- partager le travail

 

- gérer le plus de choses possible par l'État (qui gère pourtant moins bien et de manière plus coûteuse que le privé)

 

- supprimer la fraude, fille du matraquage fiscal, pour supprimer le déficit...

 

Pour cela, il faut:

 

- supprimer l'ENA

 

- donner à Bercy l'objectif de réduire les dépenses et non pas de les augmenter

 

- en finir avec le paritarisme

 

- supprimer le monopole syndical

 

- couper les crédits aux syndicats

 

- réformer Bruxelles: plus de migrations entre Strasbourg et Bruxelles, plus de retraites avantageuses pour ses fonctionnaires, donner aux membres de l'Union de véritables objectifs à respecter, en % du PIB:

  • 3% de déficit
  • 60% d'endettement
  • 50% de dépenses publiques
  • 40% de prélèvements obligatoires

 

La mise en oeuvre

 

Agnès Verdier- Molinié a prévu:

 

- le recours à des ordonnances, dix au total:

  • gel des embauches dans la fonction publique: diminution de 440000 postes en cinq ans
  • fixation du temps de travail à 1750 heures temps plein dans le public et le privé
  • multiplication des types de contrat de travail
  • baisse des indemnités de chômage et cotisation des agents publics
  • âge de la retraite à 65 ans en 2028
  • autonomie des communes et des établissements scolaires
  • régionalisation de Pôle Emploi
  • extension de la laïcité du public au privé
  • suppression des 25% de logements sociaux dans les communes
  • hausse des seuils sociaux

 

- le recours à trois référendums:

  • sur le financement des syndicats
  • sur la fusion, le plafonnement et la fiscalisation des aides sous conditions de ressources
  • sur la réforme du statut de la fonction publique

 

- l'adoption de neuf lois:

  • une loi votée, deux supprimées
  • une loi de finances unique
  • la suppression d'une centaine de taxes et interdiction de taxes qui rapportent moins de 100 millions d'euros
  • la mise en place d'un frein à l'endettement
  • le contrat d'embauche dans la fonction publique devenant le principe et l'emploi statutaire l'exception
  • le renforcement du système pénitentiaire
  • le budget militaire à 2% du PIB
  • la liberté de choix de l'assurance maladie
  • la retraite par points, avec alignement des régimes et fusion des caisses

 

- la révision de la Constitution:

  • la suppression du poste de Premier ministre
  • la responsabilité des ministres de leur ministère
  • le pouvoir d'évaluation rendu au Parlement
  • la réduction du nombre d'élus
  • la mise en place du référendum d'initiative populaire

 

Agnès Verdier-Molinié donne le calendrier de toutes ces réformes du prochain quinquennat. Ce sont bien des réformes puisqu'elles ne remettent pas en cause le système, qui est celui d'une sociale-démocratie, dont l'État reste le principal acteur.

 

L'auteur s'est, semble-t-il, largement inspiré de la Suisse qui, parmi les sociales-démocraties, est l'une des plus libérales, mais reste cependant une sociale-démocratie, avec toutes les entraves aux libertés individuelles, notamment économiques, que cela suppose.

 

Cela étant dit, la France dont rêve l'auteur, après cinq ans de réformes, n'aurait que des résultats bien modestes en comparaison avec ceux de la Suisse, qui expliquent sa prospérité insolente, mais tout de même relative.

 

Le tableau ci-dessous l'explique très bien (les chiffres de la France proviennent de la Fondation iFRAP, dont l'auteur est la directrice, et ceux de la Suisse de l'Office fédéral de la statistique):

 

 FranceFranceSuisse
Année201620222015
Taux de chômage9.9%8.9%3.7%
Prélèvement45.8%44.1%27%
Dépenses publiques56.5%50.8%33.6%
Solde public-3.6%0.2%0.1%
Dette97.2%89.3%34%

 

Le prélèvement, les dépenses publiques, le solde public et la dette sont exprimés en % du PIB.

 

Comme on le voit, même avec l'arsenal de mesures (ordonnances, référendums, lois, révisions de la Constitution) que préconise Agnès Verdier-Molinié, en admettant qu'elles soient toutes mises en oeuvre, ce n'est pas demain que la France pourra rivaliser avec sa voisine suisse... qui pourrait nettement mieux faire si elle optait pour une économie vraiment libre...

 

Francis Richard

 

Ce que doit faire le (prochain) président, Agnès Verdier-Molinié, 304 pages Albin Michel

 

Livres précédents chez le même éditeur:

 

On va dans le mur (2015)

60 milliards d'économie ! (2013)

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23 décembre 2016 5 23 /12 /décembre /2016 23:30
L'islamo-business, vivier du terrorisme, de Jean-Paul Gourévitch

L'islamo-business, qui finance l'islamisme et lui fournit des combattants, prospère grâce à l'expansion de l'économie informelle et à l'incapacité des États à le combattre, à le contrôler ou à le gérer.

 

L'islamo-business, tel que l'entend Jean-Paul Gourévitch, est le moteur de l'islamisme radical. Dans ce livre, qui se veut document, il présente les éléments du dossier.

 

Il commence par un peu de sémantique et définit les mots islam, islamisme et terrorisme: Le passage de l'islamisme au terrorisme se fait au moyen de trois notions passerelles: la charia, le jihad et le salafisme. Il en ressort que les acceptions de ces termes sont très variables suivant les points de vue aussi bien des musulmans que de ceux qui ne le sont pas... D'où l'importance de nuancer...

 

Toutefois les musulmans, quels qu'ils soient, partagent les même cinq piliers:

- la chahada (profession de foi)

- la prière rituelle cinq fois par jour

- le ramadan et son jeûne pendant un mois

- le pèlerinage à la Mecque

- l'aumône rituelle (la zakat)

 

La présence musulmane dans le monde - un tiers des musulmans vit dans des pays non musulmans - se distribue en quatre cercles concentriques, du plus large au plus étroit:

- la communauté musulmane

- les musulmans actifs et pratiquants

- les adhérents à l'islamisme radical

- les candidats potentiels à l'action terroriste.

 

Quelques chiffres: il y aurait 1,6 milliard de musulmans dans le monde, entre 25 et 44 millions en Europe (fourchette large) et environ 8,5 millions en France.

 

En France, sur ces 8,5 millions, il y aurait 3,4 millions de pratiquants, 100'000 musulmans très favorables à Daesh et 10'000 candidats potentiels à l'action terroriste...

 

Jean-Paul Gourévitch donne des éléments sur les plans politique, économique, social, idéologique, géopolitique, spirituel et sociétal pour expliquer l'apparition de la revendication de la violence nécessaire à la réislamisation du monde musulman, la désignation d'ennemis renforçant cette revendication: 

- l'Occident, qui diaboliserait l'islam

- les chrétiens, qui sont de plus en plus persécutés en pays musulmans

- les juifs, qui sont assimilés à la politique d'Israël: de l'antisionisme à l'antisémitisme, la frontière est facilement franchie

- les musulmans hérétiques

- les mécréants.

 

La stratégie islamiste diffère suivant le poids des musulmans dans un pays:

- en situation très minoritaire, la position est défensive

- en situation minoritaire forte, la position est de faire valoir leur représentativité et elle est également contre-offensive

- en situation majoritaire, la position est de réduire l'influence des communautés les plus importantes par des exactions ou de solidariser l'ensemble des musulmans autour des revendications les plus radicales.

 

Jean-Paul Gourévitch passe en revue la galaxie de l'islamo-business, c'est-à-dire:

- son importance dans différents pays du monde: en Extrême-Orient, au Moyen-Orient, au Proche-Orient, dans la corne de l'Afrique, en Afrique sub-saharienne, au Maghreb, en Tchéchénie, dans les Balkans, en Turquie

- les mouvements qui en sont les constellations principales originelles: les Frères Musulmans et Al-Qaïda

- l'État islamique, Daesh, qui dispose actuellement d'un territoire, d'une administration, d'un financement (banques, pétrole, gaz naturel, trafics d'armes, d'oeuvres d'art etc., taxes, zakat, jizya - la taxe sur les dhimmis -, donateurs du Golfe...), d'une stratégie: terroriser les ennemis, intérieurs et extérieurs...

 

D'une manière plus générale, Jean-Paul Gourévitch consacre tout un chapitre au financement de l'islamo-business. Au capitalisme musulman des banques, qui contournent l'interdit de l'usure, s'ajoutent le financement des terroristes par l'Arabie Saoudite ou le Qatar, le financement par les cotisations et les dons, et, surtout, le financement caché de l'économie informelle, qui représenterait plus de 1'000 milliards de dollars par an...

 

Un autre chapitre est consacré à la puissance de l'islamo-business: comment il recrute et forme ses combattants dans les cités, les mosquées, les prisons. Son portrait du combattant (exemples de Khaled Kelkal, Mohammed Merah et d'Amedy Coulibaly à l'appui) est corroboré par celui du terroriste, Anis Amri, qui a, semble-t-il, commis l'attentat sur un marché de Noël à Berlin le 19 décembre dernier.

 

Le parcours type du combattant est en effet le suivant:

- Petite transgression (fraude dans les transports, par exemple)

- Délinquance de proximité (enrichissement personnel)

- Arrestation ou interpellation (sentiment d'être une victime, d'être rejeté)

- Prison (où un intercesseur lui apprend que la religion musulmane peut le réhabiliter)

- Endoctrinement

- Engagement

- Passage à l'acte

- Passage de la posture du héros à la stature du martyr.

 

Comment combattre l'islamo-business? Par la répression? Elle a des limites et s'est avérée en grande partie inefficace, comme les attentats des dernières années l'ont prouvé: en fin de volume, l'auteur recense sur quatre pages et demie tous les attentats islamistes commis en France et en Belgique entre 2012 et 2016...

 

En fait le plus grand ennemi de l'islamisme pourrait bien être l'islam lui-même. Car il existe nombre de fractures entre islam et islamisme:

- Le combat contre l'intégrisme par l'éducation, particulièrement celle des filles, est le premier qui doit être mené par les musulmans de France, qui dans leur majorité ont adhéré à l'école républicaine

- La majorité des musulmans veulent vivre pacifiquement

- L'adhésion aux valeurs réputées universelles, telles que le droit, la liberté de pensée et de critique, l'aspiration au progrès, la démocratie, l'égalité des chances, est la voie que doivent suivre les jeunes musulmans, attirés par la modernité, pour en prendre le train

- La condition féminine reste une ligne de partage entre islam moderne et islamisme rétrograde.

 

Évidemment l'islamisme radical recherche au contraire la fracture. Et certains de ceux qui s'y opposent le plus, que l'on peut réellement qualifier d'islamophobes, lui emboitent le pas, à la différence fondamentale que, dans leur quasi-totalité, ils ne recourent pas aux violences physiques...

 

En conclusion Jean-Paul Gourévitch imagine les possibles scénarios du futur avec leurs différentes variantes:

- scénarios d'affrontement

- scénarios de vivre-ensemble

- scénarios de la frontière

- scénarios de la crise

- scénarios du déclin.

 

Il se garde bien de prophétiser sur les écritures nouvelles encloses dans les schistes à venir, selon l'expression de Saint-John Perse. Dans ce livre, il a seulement voulu dresser le procès-verbal de l'islamisme, en convoquant, à charge et à décharge, les textes, les chiffres et les intercesseurs.

 

Une telle analyse de la situation ne peut que nourrir la réflexion pour contrecarrer le développement de l'islamo-business, ce concept qui désigne d'une part les modalités formelles et informelles du financement de l'islamisme, de l'autre la transformation par étapes successives d'un petit délinquant en kamikaze.

 

Francis Richard

 

L'islamo-business, vivier du terrorisme, Jean-Paul Gourévitch, 216 pages Pierre Guillaume de Roux

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25 juin 2016 6 25 /06 /juin /2016 19:15
Après Obama, Trump?, de Guy Millière

Passées quelques apparences et quelques pôles de fécondité, et bien qu'elle soit toujours la première économie du monde, l'économie américaine se porte mal., écrit Guy Millière, dans Après Obama, Trump?

 

Comme dirait Frédéric Bastiat, il y a ce qu'on voit: Une amérique riche, parfois très riche. Sur la côte californienne, dans le Nord-Est, à Boston, à Chicago, à Houston, à Phoenix:

 

- il existe des milliardaires et des millionnaires en dollars, une upper middle class qui préserve un haut niveau de vie

- il existe des entreprises puissantes, dynamiques, innovatrices, des universités renommées dans le monde entier et dont les départements d'économie, de gestion des affaires ou des sciences exactes sont des pôles d'excellence sans équivalent ou presque sur la surface de la Terre

 

Et il y a ce qu'on ne voit pas:

 

- la pauvreté a gagné du terrain sous Barack Obama, beaucoup de terrain, et les chiffres officiels l'indiquent: 38 millions de gens classés officiellement pauvres ou très pauvres fin 2008, 46 millions fin 2015

- la grande middle class se désagrège

- un nombre de salariés fin 2015, 122 millions, à peine supérieur à celui de fin 2008, alors que la population a augmenté de 15 millions: cent deux millions d'Américains en âge de travailler ne travaillent pas...

 

Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Comme dans l'Union européenne, où le Brexit apparaît comme un sursaut contre le déclin auquel conduisent les eurocrates, les raisons de la maladie américaine, où se creusent les inégalités, propres aux régimes totalitaires et autoritaires, ont toutes à voir avec l'étatisme et l'État-providence:

 

- le taux d'imposition des entreprises, 39%, n'a certes pas changé en sept ans, mais il reste le plus élevé du monde occidental et, avec Barack Obama, il n'y a plus d'échappatoires, sauf pour les très grandes entreprises...

- depuis 2009, l'ajout de règles et de normes s'est accéléré, et règles et normes sont devenues écrasantes, particulièrement dans le secteur bancaire et l'environnement

- les coûts de l'énergie se sont accrus très vite ces dernières années du fait, justement, de l'obligation de réduire les émissions de CO2, de l'abandon de constructions de barrages et de centrales nucléaires, en dépit de l'augmentation de la production de pétrole et de gaz de schiste

- l'obligation de s'assurer contre la maladie (Affordable Care Act, voté en 2010) suivant des contrats-types prédéfinis avec le même niveau de protection, et le même coût, quelque soit l'âge, le sexe ou les conditions de santé préalables de la personne souscrivant une assurance a eu pour conséquence des suppressions d'emplois dans les plus petites entreprises en raison des coûts prohibitifs engendrés

- la mise sous contrôle de grandes entreprises, en interdépendance avec le gouvernement, qui agissent dès lors en collusion avec le gouvernement, ce que des auteurs libéraux appellent économie de connivence

- l'augmentation sous Obama de la redistribution, sous toutes ses formes: la redistribution, qui ne concerne pas que les pauvres ou ceux qui glissent vers la pauvreté, mais aussi les plus riches, puisque pour de grandes entreprises, elle peut s'appeler élimination des concurrents, subventions, ou commandes gouvernementales et entre dans une catégorie qui s'ajoute au welfare, redistribution sociale, et reçoit le nom de corporate welfare, redistribution en direction des grandes entreprises , ce qui fait tomber davantage d'argent dans les caisses du parti démocrate

- l'endettement public a plus que doublé sous Obama etc.

 

A cela il faut ajouter que:

 

- l'insécurité a augmenté: des tueries plus nombreuses ont eu lieu, et toutes dans les gun free zones, des lieux où le port d'armes est interdit...

- les principes institutionnels ont été érodés: abus de pouvoir de la part du Président vis-à-vis du Congrès (executive orders, traités baptisés accords, guerres engagées sous le nom d'opérations militaires etc.), procédures fiscales contre des opposants (par exemple: harcèlement contre les dirigeants des tea parties), naturalisations d'hispaniques bénéficiaires de redistribution sociale pour gonfler le vote démocrate et changer la majorité dans les swing states , etc.

 

Le lecteur intéressé lira avec profit l'analyse que fait Guy Millière de la politique extérieure de Barack Obama. Elle est aussi désastreuse et calamiteuse que sa politique intérieure pour l'avenir des Etats-Unis, surtout si, comme lui, il considère que l'hégémonie américaine a permis qu'un ordre du monde fonctionne:

 

Cet ordre du monde est né de la victoire sur des tentations totalitaires, des actes génocidaires, des crimes sans nom. Il a endigué d'autres tentations totalitaires et les a vaincues à leur tour. Il a permis tout ce que la mondialisation a eu de fécond: des centaines de millions d'être humains tirés de l'extrême misère, des inventions extraordinaires, des réseaux planétaires, le web.

 

C'est pourquoi il s'interroge: Que deviendra le monde si cet ordre du monde déjà fracturé se brise encore davantage?

 

Le mardi 8 novembre 2016, le successeur d'Obama sera élu. En sera-t-il le continuateur? Si c'est le cas les détériorations qu'Obama a enclenchées ou approfondies aux Etats-Unis continueront et se feront plus graves, plus flagrantes. Les dégâts créés par Obama à l'échelle planétaire se feront plus aigus.

 

Qui, côté républicain, incarne aujourd'hui la possibilité d'une tentative de redressement des Etats-Unis? Après le rejet du candidat de l'establishment républicain, Jeb Bush, après l'élimination de Marco Rubio, puis de Ted Cruz, ne reste que Donald Trump...

 

Aux primaires, les électeurs républicains l'ont choisi majoritairement:

 

- parce qu'il est très riche et ne peut être acheté par quiconque

- parce qu'il tient un discours net, tranché, politiquement incorrect

- parce qu'il est un homme à poigne

- parce qu'il a le sens du leadership

- parce qu'il a prouvé qu'il savait s'entourer de collaborateurs compétents

- parce qu'il n'est pas strictement conservateur

- parce qu'il est porteur de quelque chose de plus essentiel que les petites phrases prononcées par lui qu'ils ont pu désapprouver etc.

 

En tout cas les priorités de Donald Trump s'il est élu sont:

 

- remédier à l'immigration illégale

- mettre fin à l'existence des "villes sanctuaires" (villes démocrates où les immigrants illégaux coupables de crime ne sont pas poursuivis)

- redynamiser les entreprises et la création d'emplois par une baisse des impôts et une déréglementation

- rétablir l'ordre et la sécurité en mettant fin à la dévalorisation de la police

- remplacer l'Affordable Care Act par une loi permettant une pleine ouverture à la concurrence entre assureurs sur tout le territoire

- refaire de la justice une justice impartiale et efficace digne des Etats-Unis.

 

Donald Trump sera-t-il désigné candidat républicain? L'establishment républicain fera tout pour s'y opposer. Sera-t-il élu président? Même réponse.

 

Quel que soit le résultat des élections américaines, Guy Millière garde bon espoir:

 

La lame de fond [qu'incarne aujourd'hui Donald Trump] n'est, à ce jour, pas brisée. Le redressement est possible.

Si la lame de fond devait être brisée, le redressement prendra du temps, beaucoup de temps. Il ne sera pas devenu impossible. L'idéal restera. La braise sera sous la cendre.

 

Francis Richard

 

Après Obama, Trump?, Guy Millière, 102 pages, La Maison d'Edition

 

Livres précédents:

 

La Septième dimension Cheminements (2009)

Le désastre Obama Tatamis (2012)

Face à l'islam radical David Reinharc (2012)

L'islam radical est une arme de destruction massive David Reinharc (2013)

L'Etat à l'étoile jaune Tatamis (2013)

Voici revenu le temps des imposteurs Tatamis (2014)

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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9 juin 2014 1 09 /06 /juin /2014 10:00
"Le vrai visage de Manuel Valls" d'Emmanuel Ratier

Curieusement l'auteur du Vrai visage de Manuel Valls, Emmanuel Ratier,  ne figure pas sur la couverture de son livre. Mais, comme il est publié par les Editions Facta et que d'autre part il ne se cache pas d'en être l'auteur... autant attribuer à César ce qui revient à César, c'est-à-dire à Emmanuel Ratier.

 

Ce livre a du succès sur Amazon et dans ce que L'Express appelle la fachosphère. S'il vaut la peine de s'intéresser à ce livre ce n'est cependant pas en raison du succès de sa vente en ligne et encore moins du soutien que lui apporte la sphère évoquée, mais en raison des faits qu'il comporte et qui semblent incontournables, parce que très documentés.

 

Comme Manuel Valls est l'actuel Premier ministre de la République française et qu'il est raisonnable de penser qu'il ambitionne d'occuper un jour le siège de la Présidence, ces faits peuvent éclairer sur sa personne, ce qui n'est pas sans importance dans un régime présidentiel.

 

Ses origines? Catalanes, mais son père n'a jamais été un antifranquiste déclaré comme on le lit souvent...

 

Son milieu? Manuel Valls n'a pas grand-chose à voir avec le fils d'immigré classique monté à la force du poignet. Il a grandi dans le Marais dans une ambiance à cheval entre le catholicisme traditionnel et la bourgeoisie bohème naissante, le tout teinté de déracinement.

 

Son parcours? Manuel Valls n'a jamais exercé un véritable métier de sa vie [...]. Il a fait carrière comme permanent politique, d'abord appointé par son parti puis, ensuite, en étant financé par les contribuables.

 

Son réseau? Il fait la connaissance à l'université de Tolbiac d'Alain Bauer et de Stéphane Fouks, avec lesquels il va rester très lié.

 

Alain Bauer? Aujourd'hui il est professeur en Criminologie, Président du Conseil Supérieur de la Formation et de la Recherche Stratégiques, ancien président de l'Observatoire de la Délinquance, ancien Grand Maître du Grand Orient de France.

 

Stéphane Fouks? Aujourd'hui il est un des directeurs généraux de Havas Worlwide, anciennement Euro RSCG Worlwide et contrôle la quasi-totalité de la communication d'influence en France, toutes tendances confondues...

 

Le 3 avril 2014, Stéphane Fouks déclare à Challenges: Avec Manuel au PS et Alain au Grand Orient, on tient la France pour trente ans.

 

Devenu maire d'Evry en 2001, comment Manuel Valls dirige-t-il la ville? Evry est une ville que Manuel Valls tient sous sa poigne, surtout parce qu'il s'y est constitué une équipe d'obligés qui le suivront dans le giron du gouvernement, parfois au plus près de François Hollande.

 

Mais le clientélisme a un coût: Quand Manuel Valls quitte la mairie [en 2012] les caisses sont vides. L'endettement a progressé de 70% entre 2007 et 2012, la pression fiscale sur les ménages de 45,7% entre 2001 et 2012...

 

Pro-palestinien ou pro-israélien? Pro-palestinien avant 2010 et pro-israélien depuis.

 

Evry accueille chaque année la plus importante manifestation pro-palestinienne en France, Six heures pour la Palestine. Manuel Valls, qui, en 2002, a reçu en personne Leila Shahid, déléguée générale de la Palestine, y intervient et y participe les 25 novembre 2006 et 7 décembre 2007.

 

Patatras, après un soutien indéfectible à la cause palestinienne pendant des années, le député-maire d'Evry, sans jamais donner aucune explication [...] refuse pour la première fois que les Six heures pour la Palestine se déroulent à la mairie le 28 novembre 2009.

 

En février 2010, conséquent avec son changement de cap, Manuel Valls coupe les subventions à l'association Evry-Palestine, organisatrice des Six jours, et... le 1er juillet 2010, à la mairie d'Evry, épouse en secondes noces Anne Gravoin, issue par sa mère d'une famille juive d'origine roumaine...

 

Sur Radio Judaïca Strasbourg, il déclare, le 17 juin 2011: Par ma femme je suis lié de manière éternelle à la communauté juive et à Israël. Et, sur Europe 1, le 25 septembre de la même année, il dit s'opposer à la reconnaissance de la Palestine par l'ONU...

 

C'est beau l'amour... Et, depuis, Manuel Valls ne manque pas de manifester haut et fort sa nouvelle alliance...

 

Une fois devenu Ministre de l'Intérieur, Manuel Valls a de fortes paroles et des résultats... faibles: en 2013, les cambriolages ont augmenté de 6 à 8% et la délinquance de 5 à 11% selon les zones...

 

Quoi que l'on pense de la Manif pour tous, Manuel Valls se distingue, à son sujet, par la sous-estimation criante des chiffres de participation aux manifestations de l'an passé (à l'aide de photos aériennes truquées, reproduites... sur le site de la Préfecture de police de Paris), par les provocations de policiers déguisés en manifestants pour tenter de les faire dégénérer et par l'usage de gaz lacrymogènes sur de paisibles manifestants accompagnés d'enfants (lors de la manifestation du 24 mars 2013).

 

Emmanuel Ratier termine son livre par l'affaire Dieudonné, où, là encore, quoi que l'on pense du personnage, le pouvoir judiciaire s'est fait, le 9 janvier 2014, le diligent complice du pouvoir exécutif. La décision prise ce jour-là par le Conseil d'Etat peut être qualifiée, sans conteste, de : renversement complet de jurisprudence qui recrée la censure  a priori. Une défaite pour la liberté d'expression et un recul des libertés noté par tous les juristes. Contestable sur le fond, cette décision est unique: en procédure d'urgence accélérée par un juge unique en une heure.

 

A lire le livre d'Emmanuel Ratier, auquel je laisse la responsabilité des interprétations des faits qu'il rapporte et des documents qu'il produit, le lecteur ne peut que penser que l'ambition personnelle de Manuel Valls justifie pour lui l'emploi de tous les moyens, même légaux, pour l'assouvir. Ce qui devrait faire réfléchir les Français, et les électeurs français de 2017 ou de 2022...

 

Francis Richard

 

Le vrai visage de Manuel Valls, 120 pages, Editions Facta

 

Publication commune avec lesobservateurs.ch

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6 juin 2014 5 06 /06 /juin /2014 05:00
Pour le D-Day, je chante "les ricains" de Michel Sardou

En 1967, jai seize ans.

 

Michel Sardou, qui n'est pas encore célèbre, chante Les ricains. C'est un tollé. Cette chanson est censurée, interdite d'antenne. Son interprète est littéralement exécuté...

 

En effet, tout le monde lui tombe dessus: les gaullistes (de Gaulle a décidé que la France quittait l'OTAN et que, sans lui, les Allemands n'auraient pas été défaits en 1945...), les communistes (alors qu'on est en pleine guerre froide, et guerre du Vietnam, ils sont furieux d'être mis dans le même panier que les nazis), les anti-américains primaires, les nostalgiques du fascisme immense et rouge qui ne décolèrent pas que leur rêve d'empire ait été brisé...

 

Le rebelle que je suis déjà aime cette chanson inconoclaste, anti-conformiste, à contre-courant, interdite, qui célèbre les Américains, lesquels, déjà, en 1918, ont libéré mon grand-père maternel des geôles allemandes...

 

Aujourd'hui, septantième anniversaire du D-Day, cette querelle des Ricains est bien oubliée et les paroles devraient pouvoir être chantées par quiconque, parce qu'elles ne font, après tout, que dire la vérité et honorer les combattants de la liberté d'alors:

 

Si les ricains n'étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
A parler de je ne sais quoi
A saluer je ne sais qui

 

Bien sûr les années ont passé
Les fusils ont changé de main
Est-ce une raison pour oublier
Qu'un jour on en a eu besoin

 

Un gars venu de Géorgie
Qui se foutait pas mal de toi
Est v'nu mourir en Normandie
Un matin où tu n'y étais pas

 

Bien sûr les années ont passé
On est devenu des copains
A l'amicale du fusillé
On dit qu'ils sont tombés pour rien

 

Si les ricains n'étaient pas là
Vous seriez tous en Germanie
A parler de je ne sais quoi
A saluer je ne sais qui

 

Pendant qu'il chante, Michel Sardou provoque - c'est courageux à l'époque -, et fait, par dérision, le salut romain quand il chante son premier A saluer je ne sais qui, puis le même salut en fermant le poing à la fin, quand il chante le dernier, jetant symboliquement le même opprobre sur tous les totalitaires, quels qu'ils soient...

 

Aujourd'hui, pour le D-Day, je chante à nouveau Les ricains, avec Michel Sardou...

 

Francis Richard

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24 avril 2014 4 24 /04 /avril /2014 22:45
"Quand la France s'éveillera" de Pascal Lamy

Le monde a changé. Désormais il n'y a plus un Nord riche et un Sud pauvre comme il y a seulement vingt-cinq ans. Le Sud, du moins la partie émergée, fait maintenant jeu égal avec le Nord.

 

"Le monde se transforme", écrit Pascal Lamy dans son dernier livre, Quand la France s'éveillera "et nous sommes loin de la vision caricaturale et unilatérale souvent présentée en France d'une mondialisation réduite à la seule concurrence déloyale que les pays en développement feraient peser sur nos entreprises, les conduisant à délocaliser leurs activités, à baisser les salaires, à faire pression sur l'Etat pour qu'il réduise la protection sociale."

 

Pascal Lamy, ancien directeur général de l'OMC, est en effet bien placé pour savoir quels sont les bienfaits qu'il faut mettre au crédit de la mondialisation, au premier rang desquels la réduction sans précédent de la pauvreté dans le monde:

 

"En vingt ans (1990-2010), 700 millions de personnes sont sorties de l'extrême pauvreté, soit une population supérieure à celle de l'Europe."

 

La mondialisation n'aurait pas été possible sans les formidables avancées technologiques qui ont permis une organisation nouvelle de la production, l'élargissement des marchés, le développement des échanges.

 

Les échanges ont d'ailleurs changé de nature:

 

"Bien souvent, les composants d'un même bien sont produits aux quatre coins du monde. Bien souvent, les différentes phases d'assemblage sont réalisées dans des unités de production géographiquement éloignées."

 

Il faut désormais parler de Made in the World...

 

C'est la face lumineuse de la mondialisation.

 

Il y a aussi la face sombre: le chômage, les délocalisations, la précarité, les inégalités. Et les menaces qui pèsent sur le développement économique futur: le réchauffement climatique, la pollution, l'épuisement des ressources naturelles. Alors, en bon socialiste, tendance social-démocrate, Pascal Lamy dit qu'il faut réguler la mondialisation; mieux, la maîtriser; mieux encore, la civiliser.

 

Pour atteindre ce dernier but, il faut que l'Europe soit fidèle à l'image qu'elle donne, selon lui, à nos voisins des autres continents: "une identité forte, une capacité à concilier la liberté individuelle et l'intérêt collectif, une expérience d'intégration régionale, un modèle économique et sociale humaniste, une culture sophistiquée".

 

Encore faut-il que l'Europe comble son déficit d'appartenance. Elle ne pourra le faire, selon Pascal Lamy, qu'en développant ses réseaux d'échanges d'étudiants, avec les bourses Erasmus, et d'échanges en matière de recherche, avec les bourses Marie-Curie; qu'en articulant un socle commun réglementaire avec, par exemple, l'instauration d'un salaire minimum dans chacun des pays européens et l'harmonisation de l'impôt sur les profits des entreprises.

 

Encore faut-il que l'Europe comble son déficit de croissance. Elle ne pourra le faire qu'en favorisant la compétitivité qui en est un des moteurs et sans laquelle il n'est pas de créations d'emploi. L'économie sociale de marché que Pascal Lamy appelle de ses voeux implique certes "une dose de redistribution importante pour assurer sécurité sociale, au sens large, et lutte contre les inégalités", mais cela n'est possible que s'il y a création de richesses.

 

Encore faut-il que l'Europe comble son déficit de gouvernance. Elle ne pourra le faire qu'en maintenant à la Commission européenne le rôle de proposer les lois et de les exécuter une fois qu'elles ont été décidées par le Conseil des ministres des Etats et le Parlement européen; qu'en faisant d'elle le porte-parole unique de l'Union dans toutes les instances internationales et en la rendant politiquement responsable devant le Conseil des ministres.

 

La France s'éveillera quand elle ne cauchemardera plus la mondialisation. Plutôt que de lui tourner le dos, elle doit chercher à l'humaniser, à la civiliser si elle la trouve inique et mauvaise. Mais elle ne pourra pas changer le monde toute seule. C'est l'Europe qui pourra le faire et la France ne pourra donc le faire que dans son sillage. D'où l'importance du couple franco-allemand: la France et l'Allemagne doivent se rapprocher plus étroitement si elles veulent peser sur le changement du monde, via l'Europe.

 

La France doit notamment comprendre que "la production de richesses précède le partage" et l'Allemagne que "le monde est instable et parsemé de menaces à contenir au besoin par la force armée comme François Hollande l'a justement décidé au Mali et en Centrafrique".

 

Ces deux pays doivent en conséquence élaborer en commun les lignes directrices de leurs politiques économiques:

 

"Les prélèvements fiscaux et sociaux, et donc les dépenses collectives, devraient être progressivement rapprochés, pour parer au risque de concurrence déloyale."

 

Ils doivent prendre des positions communes au sein du Conseil des ministres de l'Europe et agir de concert au sein des institutions financières telles que le FMI ou la Banque mondiale.

 

La France et l'Allemagne doivent enfin s'entendre sur la politique étrangère et de sécurité, sur la défense donc.

 

Comme on le voit, Pascal Lamy est un fervent défenseur de la mondialisation et du libre-échange, mais il l'est aussi de ce qui peut empêcher l'une et l'autre de fonctionner à plein. Il cède en effet à l'illusion régulatrice, celle qui consiste à penser qu'un marché imparfait doit et peut être corrigé de ses défauts et imperfections par des interventions étatiques.

 

Or les interventions étatiques, qu'elles soient locales ou globales, qu'elles se fassent sous la forme de réglementations ou de politique monétaire, ont pour effet de fausser les échanges et d'empêcher qu'ils ne se fassent librement. Dans ces conditions, les résultats de ces échanges ne peuvent qu'en être affectés et leurs bienfaits amoindris, voire annihilés.

 

Pascal Lamy est en fait favorable à une gouvernance globale, c'est-à-dire à un mondialisme, qui est un constructivisme, illusoire. Il ne faut pas le confondre avec la mondialisation, qui, elle, est un phénomène spontané, réel.

 

Francis Richard

 

Quand la France s'éveillera, Pascal Lamy, 176 pages, Odile Jacob

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27 février 2014 4 27 /02 /février /2014 06:35
Daniel Cohn-Bendit dans ses gesticulations

Daniel Cohn-Bendit dans ses gesticulations

Hier, au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit a dit que les Suisses reviendraient à genoux devant l'Union européenne, après le vote du 9 février 2014 contre l'immigration massive.

 

Comme je fais partie des quelque 49.7% de Suisses qui ont voté contre cette initiative étatiste, je suis d'autant plus à l'aise pour dire que cela ne sera pas le cas.

 

Pourquoi les Suisses le feraient-ils? Parce que les exportations de la Suisse vers l'Union européenne représentent 65% de ses exportations (en fait 68.3% en 2009). Ridicule.

 

C'est là la magie des chiffres macro-économiques. On voit les grandes masses, on ne voit pas les échanges individuels. Or ce sont les échanges individuels qui font les échanges globaux...

 

Mais, allons juste un moment sur le terrain de Daniel Cohn-Bendit, converti récent à la libre circulation des personnes, et qui comme tous les néophytes veulent montrer qu'ils sont les plus zélés...

 

Daniel Cohn-Bendit sait-il que la Suisse, avec 9.20% des échanges, est le troisième partenaire commercial de l'Union européenne après les Etats-Unis (20.50%) et la Chine (10.90%)?

 

Sait-il que la Suisse, avec 7.10% des échanges, est le quatrième partenaire commercial de l'Union européenne pour les marchandises après les Etats-Unis (15.90%), la Chine (13.00%) et la Russie (7.90%)?

 

En 2009, l'Union européenne a exporté davantage de marchandises vers la Suisse (88.6 milliards €) qu'elle n'en a importé d'elle (73.8 milliards €)...

 

Sait-il que la Suisse, avec 12.80% des échanges, est le deuxième partenaire commercial de l'Union européenne pour les services après les Etats-Unis (28.40%)?

 

Alors, bien sûr, l'Union européenne, oublieuse de ses propres intérêts, peut très bien se faire l'illustration de la morale du fabuliste, selon laquelle la loi du plus fort est toujours la meilleure. Ce faisant, ne devrait-elle pas se méfier de l'effet boomerang que cela pourrait bien produire de la part des petits pays qui la composent?

 

D'autant qu'en mai prochain ont lieu les élections au Parlement européen...

 

Francis Richard

 

Les chiffres de cet article relatifs aux échanges entre l'UE et la Suisse proviennent du site europa.eu

 

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7 décembre 2013 6 07 /12 /décembre /2013 12:30

Quitter la France DELSOLLa France se vide de sa substance. Et de plus en plus nombreux sont les patrons qui la quittent, à cause de la fiscalité, certes, mais, surtout, parce qu'ils ne se sentent pas aimés. Dans ce cas-là, le courage, pour sa préservation et conservation, se trouve dans la fuite vers des cieux plus cléments, comme au temps de la révocation de l'Edit de Nantes.

 

Dans son dernier livre, Jean-Philippe Delsol met en scène un archétype de patron, qui, parmi tant d'autres - la courbe des départs est exponentielle depuis deux, trois ans -, va quitter la France, qu'il aime, non sans regret donc. Son histoire emblématique se déroule en deux temps, un mouvement: la France fout le camp, je fous le camp.

 

Le patron, dont parle Jean-Philippe Delsol, est un patron imaginaire dans lequel se trouvent réunis de nombreux autres patrons qui lui ressemblent.

 

Ce patron archétypique est d'origine modeste. Avec beaucoup de persévérance et de travail, il a fait des études d'ingénieur, travaillé dans une grande société. Un jour, son père lui demande de reprendre la petite affaire de décolletage qu'il a créée dans son village. Il accepte et, en vingt ans, en fait une belle PME qui occupe 120 personnes. Il gagne bien sa vie. Il possède sa résidence principale. Sa femme et lui ont trois grands enfants, aux études.

 

Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant il va quitter la France, parce qu'il fait partie de ceux que les médias vilipendent à longueur de colonnes, que le fisc harcèle par des contrôles qui se traduisent par des redressements pour des broutilles, que les syndicats veulent égaliser en contestant leur salaire mérité par les risques pris, et que l'Etat, imaginatif, cherche par tous les moyens, même légaux, à empêcher de faire leur métier.

 

La France fout le camp

 

En France, l'Etat est devenu un Etat fiscal. Les dépenses publiques explosent, 57% du PIB. Cet interventionnisme étatique est ruineux parce qu'il se fait en dehors de toute logique économique. Or, il faut bien financer ces folles dépenses. Alors les impôts et taxes se mutiplient, sur tout et sur rien, et les prélèvements obligatoires explosent parallèlement, 45% du PIB. Alors, l'endettement permet de reporter sur les générations futures - qui ne peuvent rien dire, et pour cause - la différence entre dépenses et recettes qu'une fiscalité pourtant lourde ne suffit pas à combler chaque année.

 

Cela dure depuis des décennies:

 

"Le citoyen naît contribuable."

 

En comparaison internationale, la France est championne dans la création fiscale - la TVA n'a-t-elle pas été inventée dans ce beau pays? - et dans les taux d'imposition, qu'il s'agisse, par exemple, du taux marginal supérieur de 57% ou du taux d'impôt sur les sociétés de 36.10%. C'est l'exception fiscale française.

 

L'Etat ne se contente pas d'être créatif en matière fiscale, il est d'humeur changeante. Bien fol le contribuable qui se fie à ses lois. Ce que l'Etat a imaginé un jour pour le ponctionner, il peut, sans vergogne, le remettre en cause le lendemain, ne jamais l'appliquer ou, même, l'appliquer rétroactivement. Pourquoi se gêner?

 

Comme le montre Jean-Philippe Delsol, tout cet argent n'est pas perdu pour tout le monde. Sur une population active d'environ 28 millions de personnes, plus de 14.5 millions sont rémunérés par l'Etat: les 5.2 du secteur public, les 2 du secteur para-public, le 1.08 des associations de financement public (60% de 1.8), le 0.5 des contrats aidés, le 0.2 des contrats d'apprentissage, le 0.05 des contrats de génération, le 1 des agriculteurs, les 3.22 de chômeurs, le 1.3 du RSA "socle". Sans compter les employés des entreprises concessionnaires et les chômeurs de catégorie B et C (environ 1.2) ...

 

Seulement tout cela mène droit dans le mur. Car, toutes les études économiques le montrent, sans conteste: plus de dépense publique et de dette publique se traduisent par moins de croissance, et plus d'aide publique par plus de chômage. Il semble qu'il n'y ait qu'en France qu'on ne veuille pas le comprendre.

 

Comme on ne veut pas comprendre que la liberté des échanges favorise la prospérité des nations et que le protectionnisme appauvrit plus qu'il n'enrichit, comme l'a brillamment démontré en son temps Frédéric Bastiat.

 

Comme on ne veut pas comprendre, en France - et ailleurs -, qu'une loi ne doit jamais être contraire au droit naturel:

 

"La France, et bien d'autres Etats avec elle, ont une fâcheuse tendance à confondre, de plus en plus, l'état de droit avec le droit de l'Etat. L'idée qui tend à prévaloir est que ce qui est bon pour l'Etat est juste. Et pourtant ça n'a rien à voir ou presque. Le danger est précisément de considérer le droit comme un outil au service de la majorité, modulable par elle à merci."

 

En somme, se dit le patron archétypique:

 

"L'Etat français ne respecte plus ni les principes fondateurs de la société ni les hommes qui la composent. Alors pourquoi resterai-je?"

 

Je fous le camp

 

Jean-Philippe Delsol explique les modalités de l'exit tax qui sont une incitation à partir, puis il fait le tour des destinations possibles alors que son héros et sa femme n'ont pas envie de partir trop loin:

 

"L'entreprise marche et je ne l'ai pas encore vendue. Je ne suis pas sûr de vouloir la vendre."

 

Il envisage donc d'abord de partir pour le Royaume-uni. Il pourrait apporter les titres de sa société française dans une société holding, une Limited. L'auteur explique, dans tous ses détails techniques, les avantages fiscaux, mais aussi tous les risques encourus, que son entrepreneur trouve finalement trop importants.

 

Comme si tout cela n'était pas assez compliqué, Jean-Philippe Delsol avoue que la femme de son héros "dispose d'un compte en Suisse dont elle a hérité de ses parents" et qui remonte à son trisaïeul, du temps de la révolution russe... et il montre qu'il n'est pas si simple de rapatrier ce petit pactole. 


C'est l'occasion pour Jean-Philippe Delsol de rappeler quelque chose de fondamental et qui découle du droit naturel, bien oublié en France:

 

"La liberté, qui est la condition de tout développement humain, requiert que chacun puisse placer son argent comme il l'entend, pour autant qu'il paye ses justes impôts et ne commette pas d'infraction pénale, que chacun ait le droit de conserver la confidentialité de son patrimoine, que chacun puisse voter avec ses pieds, y compris pour gérer ailleurs ses actifs."

 

Finalement l'entrepreneur archétypique choisit justement de s'installer en Suisse et pas seulement pour des raisons fiscales, même si la concurrence fiscale y règne et qu'elle le séduit, qu'elle est favorable aux contribuables et qu'elle conduit à l'harmonie, le contraire de l'uniformisation.

 

Car il renonce même, par avance, à être au bénéfice de l'imposition sur la dépense, le fameux  "forfait fiscal". Renseignement pris, il adoptera le régime du réel et il s'installera dans une commune du Valais "où la fiscalité est douce sans avoir recours au forfait".

 

En fait, ce qui lui a plu, et à son épouse, "c'est d'abord et peut-être surtout cette variété dans les approches et les situations" en Suisse:

 

"C'est plus compliqué bien sûr. Chaque canton, chaque commune a sa fiscalité et sa façon de la pratiquer. Mais précisément, c'est ce qui fait la force de ce petit pays et ce qui lui permettra peut-être de mieux résister que d'autres à la démagogie qui pousse à toujours plus d'Etat et toujours plus d'impôts."

 

A condition, toutefois, que le peuple suisse ne se laisse pas séduire par le chant des sirènes qui veulent transformer la Suisse en Etat-providence, avec, par exemple, le salaire minimum, la caisse unique d'assurance-maladie et l'impôt sur les successions en ligne directe...

 

Francis Richard

 

Pourquoi je vais quitter la France, Jean-Philippe Delsol, 204 pages, Tatamis 

 

Livre précédent:

 

A quoi servent les riches, avec la participation de Nicolas Lecaussin, 238 pages, JC Lattès 

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28 novembre 2013 4 28 /11 /novembre /2013 23:00

Hollande-chez-Solvay.jpgEn matière de chômage, pourquoi François Hollande a-t-il le triomphe modeste? C'est la question que l'on doit se poser tout naturellement.

 

Or, ce soir, sur BFMTV, les journalistes, d'habitude moins serviles, répondaient que le président français ne savait décidément pas communiquer...

 

S'il a le triomphe modeste, est-ce vraiment parce que la modestie lui est chevillée au corps ou parce qu'il n'y a tout simplement pas de quoi triompher?

 

Regardons de plus près les chiffres publiés aujourd'hui.

 

Le nombre de chômeurs de la catégorie A (les demandeurs d'emploi qui sont tenus de faire des actes positifs de recherche d'emploi et qui sont sans emploi) a baissé de 20'500 de fin septembre 2013 à fin octobre 2013. Soit.

 

C'est une baisse mirifique, mais trompeuse... Car, dans le même temps, 52'600 chômeurs ont été radiés en octobre 2013, contre 41'800 en septembre 2013, ce qui correspond à une différence de + 10'800...

 

D'autre part, si Michel Sapin, Ministre du Travail, affirme que chaque jour 500 contrats d'avenir sont en ce moment signés par les collectivités publiques (à mi-octobre 2013, le nombre de contrats d'avenir avait atteint 70'000 contre 55'000 à fin août), il n'y a pas de raison de ne pas le croire sur parole. Or + 15'000 contrats d'avenir en un mois ne permettent-ils pas d'améliorer avantageusement les statistiques du chômage, surtout celles des jeunes?

 

Si le nombre de chômeurs de la catégorie A a baissé grâce à ce qu'il faut bien appeler des artifices cosmétiques, le nombre des chômeurs de la catégorie B (les demandeurs d'emploi tenus de faire des actifs positifs de recherche d'emploi et qui ont une activité réduite courte, c'est-à-dire inférieure ou égale à 78 heures par mois) a augmenté de + 23'700 et celui des chômeurs de la catégorie C (les demandeurs d'emploi qui sont tenus de faire des actes positifs  de recherche d'emploi et qui ont une activité réduite longue, c'est-à-dire supérieure à 78 heures par mois) a augmenté de + 36'400...


Bilan global des catégories A, B et C : + 39'600 chômeurs (= - 20'500 + 23'700 + 36'400)

 

Comme Pôle Emploi ne tient pas de listes distinctes des flux d'entrées et de sorties pour chaque catégorie, ce chiffre est à rapprocher des flux d'entrées et de sorties globaux pour les catégories A, B et C. On arrive alors à un solde de + 44'300 chômeurs pour la France entière (entrées totales = 514'400, sorties totales = 470'100)... D'après Pôle Emploi les entrées seraient surestimées et les sorties sous-estimées du fait d'un décalage d'un mois dans leur enregistrement... Ce qui expliquerait une différence de 4'700... entre les deux calculs.

 

Quoi qu'il en soit le nombre total de chômeurs a donc globalement et réellement augmenté, d'au moins 40'000 personnes ...

 

Il n'y a donc pas de quoi pavoiser...

 

En effet, on a vu que le nombre de chômeurs de la catégorie A n'a baissé que grâce à une augmentation forte des radiations (+ 25.8%) et à la conclusion massive de contrats d'avenir, et que le nombre de chômeurs des catégories A, B et C a augmenté dans le meilleur des cas de + 39'600...

 

Si aux catégories A, B et C, on ajoute, pour faire bonne mesure, les catégories D (les demandeurs d'emploi non tenus à faire des actes positifs de recherche d'emploi et sans emploi) et E (les demandeurs d'emploi non tenus à faire des actes positifs de recherche d'emploi et en emploi), le nombre total des chômeurs en France métropolitaine est passé de 5'473'000 à 5'528'900 de fin septembre à fin octobre 2013, soit une différence de + 55'900...

 

François Hollande sait évidemment tout cela, sans aucun doute. Sa prudence dont certains commentateurs s'étonnent, provient de sa prise de conscience d'une réalité que la méthode Coué ne suffit pas à enjoliver.

 

Francis Richard

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14 novembre 2013 4 14 /11 /novembre /2013 18:00

Francois-Hollande-copie-2.jpgAu soir de l'élection présidentielle de François Hollande, le 6 mai 2012, il y a un peu plus de dix-huit mois seulement, lesobservateurs.ch  publiaient un article de mon cru intitulé:

 

Président des Français: l'avenir radieux?.

 

 

J'écrivais en conclusion de cet article, à l'adresse du président fraîchement élu:

 

"Quoique tu fasses tu seras donc rapidement impopulaire".

 

C'est-à-dire: que tu tiennes tes engagements ou non...

 

M'étais-je trompé Monsieur 15% d'opinions favorables?

 

N'avais-je pas raison d'écrire in fine:

 

"C'est pourquoi je suis triste que tu l'aies emporté."

 

Pas autant toutefois que l'écrasante majorité des Français qui maintenant savent quel avenir radieux tu leur réservais...

 

Je n'avais aucun mérite. C'était tellement prévisible...

 

Voici cet article:

 

François II, quel président seras-tu réellement maintenant que tu es élu?

 

Toi, président de la République, tu seras le président des seuls dirigeants d’entreprises qui quémanderont la manne de l’Etat pour relancer l’économie selon tes conditions arbitraires (engagements 1 à 5).

 

Toi, président de la République, tu seras le président des subventions aux agriculteurs bio ou qui produisent selon de nouveaux modèles de production qui te conviennent; le président des subventions aux pêcheurs qui se modernisent comme tu l’entends (engagement 6).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la réglementation des banques que tu taxeras davantage, dont tu limiteras les rémunérations, dont tu réduiras les ressources et qui ne prêteront plus qu’à ceux qui trouveront grâce à tes yeux (engagements 7 et 8).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la suppression de ce que tu considères comme des cadeaux fiscaux et du coup d’arrêt au non-remplacement de fonctionnaires en nombre pléthorique (engagements 9 et 10).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de l’interventionnisme et du protectionnisme accrus de l’Union autoritaire européenne (engagements 11 à 13).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la punition et de la spoliation des riches, puis des moins riches, puis de tous, donc de l’encouragement au moindre effort (engagements 14 à 17).

 

Toi, président de la République, tu seras le président du maintien du système de retraites par répartition et de sa mort annoncée par l’avancement arbitraire de l’âge de départ à 60 ans, en dépit de l’augmentation de la longévité (engagement 18).

 

Toi, président de la République, tu seras le président du renforcement de l’étatisation du système de santé, notamment en subventionnant davantage l’hôpital public, en limitant les honoraires des médecins et en baissant arbitrairement le prix des médicaments en ne tenant compte ni de leurs prix de revient ni des coûts de leur recherche (engagements 19 à 21).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la limitation des loyers que tu trouveras excessifs et de la construction de deux millions et demi de logements en cinq ans, soit 300'000 de plus que pendant les cinq ans précédents, dans des proportions arbitraires qui s’imposeront à toutes les communes (engagements 22 à 23).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de l’ingérence dans la gestion des ressources humaines des entreprises et de leur punition si elles ne t’obéissent pas (engagements 24 à 26).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de l’inflation des services publics inutiles (engagements 27 à 29).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la suspicion des critères de choix à l’embauche et de la coercition en matière d’embauche de handicapés (engagements 30 et 32).

 

Toi, président de la République, tu seras le président du chômage accru en pénalisant encore plus les entreprises contraintes de licencier et en renforçant les moyens financiers de Pôle Emploi, l’organisme étatique de chômage (engagements 33 à 35).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la préférence de la quantité sur la qualité en matière d’éducation, en embauchant 60'000 enseignants sur cinq ans, et du chouchoutage de ta clientèle électorale qui y prospère (engagements 36 à 40).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la réduction de 75 à 50% de la part du nucléaire dans la production d’électricité à l’horizon 2025 par la subvention d’énergies renouvelables hypothétiques; de la facturation de l’eau, du gaz et de l’électricité, en pratiquant la discrimination de classes; et de la subvention des économies d’énergie réalisées dans les logements (engagements 41 à 43).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la culture assistée (engagements 44 et 45).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la sanction des partis qui ne respectent pas la parité hommes-femmes (engagement 48).

 

Toi, président de la République, tu seras le président de la concertation privilégiée avec des syndicats de salariés qui ne représentent que 15%  des salariés du public et 5% de ceux du privé (engagement 55).

 

Toi, président de la République, tu seras le président du soutien au mondialisme et - ce qui va de pair- de l’aide aux pays en développement (engagement 57).

 

Bref, toi, président de la République, si tu tiens tes engagements avec la persévérance diabolique de celui qui persiste dans l’erreur, tu seras le président, jouissant des pleins pouvoirs, d’un Etat-providence renforcé, qui se mêlera de tout, ne sera en définitive responsable de rien et se terminera par la destruction finale des forces vives du pays, amorcée sous Giscard, amplifiée sous Mitterrand, continuée, hélas, sous Chirac et Sarkozy.

 

Toi, président de la République, tu seras responsable personnellement des illusions dont tu auras bercé tes électeurs, alors que le changement dans lequel tu vas engager la France se fait en réalité dans la continuité d’un socialisme qui ne disait pas son nom et se parait des vertus d’une libre économie qu’il a toujours combattue dans les faits.

 

Le socialisme échoue toujours, quelles que soient les formes qu’il prend, communisme ou social-démocratie, parce que la création de richesses ne se décrète pas, parce qu’elle n’est pas le résultat des stimuli des dépenses publiques, qui ne permettent que de faire plaisir à sa clientèle électorale, parce que seule la liberté économique permet la prospérité.

 

Quoique tu fasses tu seras donc rapidement impopulaire. Tout autant si tu tiens tes engagements que si tu ne les tiens pas. Car si tu ne les tiens pas, ceux qui ont voté pour toi s’estimeront cocufiés et j’augure mal de ta force de caractère quand tu devras t’opposer à eux, tant il est vrai qu’un prénom en commun avec le premier président socialiste de la Ve République ne te prémunira pas pour autant contre leur colère.

C’est pourquoi je suis triste pour toi que tu l’aies emporté.

 

Francis Richard

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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