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2 août 2019 5 02 /08 /août /2019 19:00
J'ai vu le loup, le renard et la belette..., d'Alphonse Layaz

Les siens avaient péri dans un pogrom et depuis lors, il empruntait les chemins qui ne mènent nulle part, là où personne ne l'attendait.

 

Colin Zurich l'Ancien met toutefois un terme à son errance de Juif en choisissant un port d'attache, Lessoc, commune fribourgeoise, et en embrassant la foi chrétienne sans en mesurer l'étendue.

 

A partir de là, Colin Zurich le Jeune, né en 1950, échafaude toute une série d'aventures, sur fond du cours de l'Histoire, des historiettes qui seraient advenues à son ancêtre, le bien nommé Colin Zurich l'Ancien.

 

L'ensemble de ces aventures constituent un conte historique se déroulant au XVIe siècle. Elles sont illustrées de plaisante façon par Claudio Fedrigo qui a aiguisé ses crayons pour l'occasion.

 

Dans ces aventures il est question de guerre qui n'a pas lieu, comme celle Troie, d'amours gentiment polissonnes, d'irrévérences envers les religions, de chansons comme celle du titre.

 

Dans ce conte du XVIe siècle, le récit ne démontre pas, il parle de lui-même et suit au fond la recommandation d'un certain moine nommé François Rabelais: Mieux est de ris que de larmes écrire.

 

Les anachronismes y sont des clins d'oeil au lecteur. Le propos de l'auteur se veut intemporel et ce dernier y choisit la dérision pour mieux se faire entendre, pour mieux détendre le lecteur.

 

Si J'ai vu le loup, le renard et la belette est une chanson qui est peut-être d'époque, ce n'est évidemment pas le cas de La Madelon, de Viens poupoule ou encore du Temps des cerises...

 

Autre exemple: évoquant la ville de Châtel-Saint-Denis, l'auteur ne sait finalement à quel Saint Denis se vouer et propose le docteur extatique, (allusion à Saint Thomas, le docteur angélique?):

 

Extatiques, rue St-Denis, les âmes se pâmaient au giron de beautés infernales, à la recherche du paradis terrestre.

 

Autres exemples:

 

Son premier acheteur était Paul Morand...

 

Voudrais-tu d'une Rousse goulue, d'une Noire charbonnière ou d'une Blonde Bardot?

 

Mais les enfants m'appellent Charlot: je nage dans mes habits, la tristesse allonge ma figure, je marche à dix heures dix.

 

L'oeil de Georges brillait quand Margot dégrafait son corsage...

 

S'il n'y avait ces anachronismes, on serait tenté de dire cependant, que plutôt que d'un conte venu du XVIe siècle, il s'agirait d'un conte comme d'aucuns en écrivirent au siècle des Lumières.

 

Francis Richard

 

J'ai vu le loup, le renard et la belette..., Alphonse Layaz, 120 pages, L'Aire

 

Livre précédent:

La passagère et soixante autres petits faits divers (2015)

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28 juillet 2019 7 28 /07 /juillet /2019 22:00
La Montagne Sourde, de Gilbert Pingeon

Le narrateur a une interlocutrice, celle qu'il appelle La Montagne Sourde. Il la dit sourde parce qu'en fait Elle ne lui répond jamais. C'est pourtant son interlocutrice privilégiée. L'explication est très simple: il lui prête son langage à défaut d'entendre le sien. Bref, il fait les questions et les réponses.

 

La Montagne qu'il a sous les yeux tous les jours quand il ouvre sa fenêtre n'est donc pas seulement sourde, mais muette. Elle est à fois réelle et fictive. Il forme un couple avec Elle, un couple hétérodoxe, lui ressentant l'usure de l'âge, Elle promise à une lente érosion, lui minuscule, Elle imposante:

 

Je ne crois qu'en Elle, unique et toute à moi, comme je suis à Elle.

 

Le narrateur anthropomorphise la Montagne. Il la fait sienne et la regarde avec des yeux de propriétaire. Il ne peut s'empêcher de faire des comparaisons entre Elle et lui, par exemple entre son relief symbolisable, qui peut attirer l'attention des géographes (ou des cartographes) et sa petite masse mobile

 

Pour un géographe, comme point de repère, je suis nul et non avenu.

Ce n'est qu'au cimetière qu'on pourra me géolocaliser.

 

Il la gravit dès la prime enfance, initié à l'escalade et entraîné à surmonter ses peurs par ses géniteurs. C'est dire que leur union est ancienne et que leurs joutes verbales tournent aux escarmouches piquantes dignes d'un vieux couple. Enfin c'est ce qu'estimerait sans doute le témoin impartial, s'il existe.

 

Elle est ma soeur, en quelque sorte, écrit-il dans un de ses textes courts où il excelle et qu'il a un évident plaisir à écrire, ma soeur de patiente gésine qui veille désormais sur ma trop brève existence. S'il doutait de sa présence au monde, elle serait là pour témoigner de son indéniable réalité par la sienne.

 

Il sait que nul n'échappe au temps insaisissable, aussi bien les montagnes apparemment immortelles que les mortels: Tout porte à l'effacement, tout converge vers une plaine sans mémoire. Mais, en attendant, il aura fait exister la Montagne rien que par son regard, partagé avec celui qui l'aura lu avec bonheur:

 

Je doute qu'elle me rende la pareille. Peu lui chaut mon regard. Elle sera toujours là quand mon oeil se sera éteint, trônant à la même place, alors que mon cerveau surdimensionné, nanti d'une conscience malheureuse l'aura effacée.

 

Francis Richard

 

La montagne sourde, Gilbert Pingeon, 140 pages, Éditions de l'Aire

 

Livres précédents:

Oh, Éditions de l'Aire (2018)

Bref, Éditions de l'Aire (2015)

T, L'Âge d'Homme (2012)

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24 juillet 2019 3 24 /07 /juillet /2019 22:15
Les choses à faire, d'Antoine Vuille

Les choses à faire, ce sont les objectifs que les protagonistes de ce recueil se donnent pour atteindre les buts qu'ils se sont fixés et dont, en principe, ils ne voudraient pas changer.

 

Dans Débarras provisoire, le but du jeune homme est de séduire Melissa, mais il ne veut pas qu'elle voie dans quel désordre il vit. Il veut lui renvoyer l'image d'un homme ordonné.

 

Aussi classe-t-il ses affaires en trois catégories: celles qu'il veut garder, celles qu'il veut éliminer, celles sur le sort duquel il hésite et qu'en attendant il entasse au milieu du salon.

 

Melissa vient lui rendre visite inopinément alors qu'il n'a pas décidé du sort de toutes ces affaires amoncelées au milieu du salon. De ce débarras provisoire elle n'a cure, mais lui si.

 

Dans Postures, Colin se trouve dans une situation similaire. Il veut séduire Vanille, mais, en même temps, il veut absolument achever préalablement le dessin qu'il a entrepris.

 

Vanille sera de la fête. Il ne peut qu'y aller s'il ne veut pas être marginalisé. Auparavant il achève pourtant son dessin, mais, du coup, il ne va pas prendre l'apéritif avec ses amis.

 

Sur place il ne sait quelle attitude adopter pour se faire remarquer par Vanille: ou faire l'intéressant, ou, au contraire, jouer à l'artiste solitaire pour qui l'art donne son sens au vécu.

 

Dans Ce qui compte, la mère, le beau-père, le fils et la fille se retrouvent tous quatre dans la voiture familiale de retour de la promenade rituelle du samedi à la montagne.

 

Christiane, la mère, est impatiente de rentrer, d'enlever ses habits, de ranger ses affaires et de se doucher. Patrick, le beau-père, conduit sagement et souhaite travailler demain.

 

Martin, le fils, méprise les autres: ses lectures ont changé son regard sur le monde. Lucie, la fille, s'ennuie, sauf sur les réseaux sociaux, aimerait sortir ce soir avec ses copines.

 

Dans L'été d'Amandine, cette dernière tient un journal pendant ses vacances universitaires. Le 20 juin: Me fixer des buts, voilà ce qui me permettra de rentabiliser les vacances.

 

Amandine pourrait découvrir un nouvel endroit. Mais elle a le temps. Le 23 juin: je passe mes journées à lire, à étudier l'espagnol, à me baigner dans le lac et à faire du fitness.

 

Pour plaire à Vincent, elle bouleverse un peu ce programme, auquel elle a ajouté la photo. De casanière et studieuse, elle devient sociable et festive. Mais change-t-elle vraiment?

 

Il est bien de se donner des buts et de se fixer des objectifs pour les atteindre, mais, pour éviter les frustrations, ne faut-il pas qu'ils soient le fruit d'échanges avec les autres?

 

Antoine Vuille, fin observateur de ses semblables, répond à cette interrogation par l'exemple, avec ces quatre nouvelles qui illustrent l'épigraphe signée Bertrand Russell.

 

Francis Richard

 

Les choses à faire, Antoine Vuille, 96 pages, L'Âge d'Homme

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23 juillet 2019 2 23 /07 /juillet /2019 22:00
La fille du cabinotier, de Pierrette Frochaux

Cabinotiers: horlogers genevois généralement issus de "La Fabrique" qui avait fait la renommée de Genève au XVIIIe siècle.

 

La Fabrique: l'ensemble des métiers de l'industrie bijoutière et horlogère genevoise du XVIIIe siècle à la fin du XIXe.

 

La fille du cabinotier est l'histoire de Jeanne Chevrant, née le 28 mars 1887, fille d'Ernest et de Pauline. L'auteure  fait commencer son histoire en 1894 et la fait s'achever pendant la Seconde Guerre mondiale.

 

Ernest était donc un cabinotier, tel que défini ci-dessus. Du fait de la crise horlogère des années 1870, sa situation n'est plus bonne: il ne produit plus, il travaille à domicile, où il répare des horloges en particulier.

 

Pauline, qui a vingt ans de moins qu'Ernest, épuisée avant l'âge, a mené à terme huit grossesses, mais seuls quatre de ses enfants ont survécu, uniquement des filles: Julia, Amélie, Jeanne et Fanny.

 

C'est la misère chez les Chevrant: ils ne mangent pas à leur faim. Aline, la benjamine est morte d'inanition un an plus tôt dans les bras de Jeanne. Alors Pauline se résout, honteuse, à demander l'aumône.

 

Pauline écrit à l'Asile central genevois, une institution qui va apparaître à plusieurs reprises dans le récit. Mais son aide initiale ne suffira pas, non plus que, plus tard, les quelques sous que ramènent Amélie et Jeanne.

 

L'affection de Pauline va en priorité à Julia, à Fanny: mais Amélie et Jeanne, non, ces filles-là elle ne les reconnaît pas vraiment comme siennes. Elles lui sont comme étrangères, d'une autre nature.

 

Est-ce ce manque d'affection originel qui va influer sur leur destinée? Toujours est-il qu'Amélie et Jeanne vont connaître une existence remplie de davantage de peines que de plaisirs et de joies.

 

Le contexte économique n'est jamais favorable: il y a la crise dans l'horlogerie, la guerre (même si la Suisse ne fait pas partie des pays belligérants), les faillites d'entreprises, la guerre à nouveau.

 

Le contexte sociologique ne l'est guère non plus, favorable: il ne fait pas bon d'avoir des relations hors mariage (c'est mener une vie dissolue), encore moins d'avoir alors des enfants non désirés.

 

Car, à ce moment-là, on n'est pas digne d'élever ces enfants, d'avoir même des contacts avec eux, a fortiori si on n'a pas de moyens suffisants, quelle que soit la volonté que l'on ait de travailler pour s'en sortir. 

 

La haute n'est pas présentée de manière manichéenne: d'aucuns se conduisent certes de manière infâme avec les pauvres gens, mais d'autres font preuve d'une sincère philanthropie à leur égard et leur sont fidèles.

 

Les deux soeurs qui s'aiment, Amélie et Jeanne, connaissent plus de bas que de hauts. Quand les choses semblent aller un peu mieux, un coup dur les frappe comme s'il leur était impossible de jamais émerger.

 

Le tableau de cette époque, que peint avec précision Pierrette Frochaux, n'est pas bien réjouissant. Le livre aurait pu avoir pour titre Les misérables, mais celui-ci était déjà pris. En tout cas, difficile de dire, après l'avoir lu:

 

C'était mieux avant...

 

Francis Richard

 

La fille du cabinotier, Pierrette Frochaux, 280 pages, Plaisir de Lire

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21 juillet 2019 7 21 /07 /juillet /2019 21:15
Sur la corde raide, Sillages n°94

Sillages est la revue littéraire vaudoise que publie deux fois par an l'Association vaudoise des écrivains, AVE, fondée en 1944.

 

Le numéro 94, coédité avec les Éditions Romann, est un numéro particulier:

- il s'agit d'un vrai livre, qui tient bien en mains;

- il reproduit les textes des lauréats du concours littéraire 2018, organisé par l'AVE, sur le thème titre, Sur la corde raide;

- il est le dernier numéro publié sous la deuxième présidence de Sabine Dormond.

 

Dans son édito, celle-ci révèle que 130 funambules ont participé au concours et que, parmi eux, un bon tiers avaient moins de 30 ans. Preuve que le goût d'écrire est encore bien vivace chez toutes les générations et que notre concours a peut-être contribué à l'attiser.

 

Les lauréats sont au nombre de 13, 10 adultes et 3 juniors. Comme je ne suis ni pour la parité ni pour les quotas, je me réjouis que 11 d'entre eux soient en fait des lauréates, sans que le jury l'ait su au moment de les distinguer...

 

L'exercice de distinction parmi les textes reçus est éminemment subjectif. Comme l'écrit la présidente sortante, c'est l'aboutissement d'une rencontre entre deux sensibilités, une question de longueur d'ondes en somme.

 

Très subjectivement, un de ces textes a retenu mon attention, celui d'une lauréate, Colomba de Buttet, de la catégorie junior. Il s'agit de Choix cornélien entre la poire et le fromage, tranché par un compromis helvétique [qui] semble de bon aloi...

 

En dehors des textes du concours, comme à l'accoutumée, Sillages comprend des textes de qualité, en poésie et en prose.

 

En poésie j'ai retenu, tout aussi subjectivement, ce distique qui conclut Le souffle de Calliope d'Éric Giuliana:

 

Ainsi nous servons-nous des mots,

Là où le poète les sert.

 

Et en prose, ce passage tiré de Im Chambre séparée, de Jean-Luc Chaubert:

 

Je veux entendre à mon oreille cette voix de femme, comme sortie du pavillon d'un gramophone où tournerait sans fin un disque de celluloïd, murmurer ces paroles où langues française et germanique se liaient intimement: "Kommen Sie zum Tête à tête Im Chambre séparée...".

 

Sabine Dormond a raison: Les Éditions Romann lui offrent l'occasion de terminer en beauté en s'associant à la publication de ce numéro de Sillages, lui assurant une diffusion beaucoup plus large.

 

Francis Richard

 

Sur la corde raide, Sillages n°94, 232 pages, Les Éditions Romann

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20 juillet 2019 6 20 /07 /juillet /2019 21:45
Tout est toujours beau, de Julia Weber

Je voulais partout et toujours voir le côté exceptionnel des choses, je voulais toujours réfléchir à la vie que je menais et pourquoi, afin d'éviter de faire ce que je faisais parce que je l'avais toujours fait, parce qu'un jour je m'étais mise à le faire parce que je pensais que c'était comme ça qu'on faisait.

 

Je, c'est Maria, une des deux narratrices. Elle a deux jeunes enfants, une fille, Anaïs, et un garçon, Bruno, de deux pères différents, avec lesquels elle ne vit pas, ou ne vit plus.

 

Anaïs est l'autre narratrice: Bruno et moi n'avons pas de grands-parents. Comme nous n'avons tous les deux pas de père, nous n'avons pas non plus de grands-parents du côté de ces pères que nous n'avons pas...

 

Maria, mère célibataire, exerce le métier de danseuse dans un bar tenu par Fred. Un jour elle y emmène Anaïs et Bruno parce qu'ils veulent savoir ce qu'elle fait.

 

Maria revêt une peau qui scintille. Au début du spectacle elle se tient immobile derrière une barre, ensuite elle bouge sur la musique qui est humide, comme le rire de Fred:

 

Mère bombe la poitrine, son visage touche le haut de la barre, ses talons le bas. Puis elle lève les jambes, les lève par-dessus elle. Ses jambes s'entortillent comme des serpents autour de la barre. Elle tourne sur elle-même, tête en bas. Elle tend les jambes en l'air et, se tenant d'une main, glisse lentement vers le bas en tournant, ses muscles sous la peau luisante, et elle tourne et tourne toujours plus vite et se dissout en or et vert sous mes yeux.

 

Comment Maria en est-elle arrivée là, comment fait-elle pour voir, dans une telle situation, le côté exceptionnel des choses et comment ses enfants, qui heureusement font la paire, le vivent-ils?

 

Julia Weber en fait le récit à deux voix précises dans Tout est toujours beau: comme leur existence n'est pas compatible avec ce que tous trois en attendent, mère, fille et fils s'échappent peu à peu de la réalité... 

 

A la suite de la grave décision que Maria prend pour être conforme avec elle-même, ce réflexe bien humain de survie sera salutaire pour elle d'un côté et pour ses enfants solidaires de l'autre.

 

Francis Richard

 

PS

En fin de volume l'auteure publie une trentaine de dessins en rapport avec le texte, dont celui de la couverture est un exemple.

 

Tout est toujours beau, Julia Weber, 288 pages, Éditions de l'Aire (traduit de l'allemand par Raphaëlle Lacord)

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17 juillet 2019 3 17 /07 /juillet /2019 20:30
Les battantes, de Simona Brunel-Ferrarelli

Une route coupe en deux le village de Rocca Patrizia. Le bon côté de la vie, c'est celui de la Villa Aïda, maison des Coronesi, de noblesse romaine, l'autre, c'est celui des villageois.

 

Les villageois sont soudés entre eux par un pacte d'égalité, un serment de gémellité: s'il le faut, ils se marient entre cousins, sans doute pour, croient-ils, se souder davantage.

 

Leurs ennemis légendaires sont les vacanciers romains: Ils seront toujours mal vus, jalousés, bannis. On les tolère l'été parce qu'ils apportent un air nouveau, de l'argent, des voitures.

 

La Seconde Guerre mondiale va changer ça. En 1943, la nouvelle institutrice, Victoire Manfredi, va ouvrir les yeux des enfants qui lui sont confiés sur ces comportements inadmissibles.

 

Peut-être est-elle d'autant plus déterminée à le faire que, fille d'un dignitaire fasciste, l'homme qu'elle aimait, Emilio Mannari, un villageois parvenu, lui a préféré Rosina Coronesi.

 

Les Mannari et les Coronesi, qui ne sont pas du même monde, considèrent le mariage d'Emilio et de Rosina comme une mésalliance et rejettent unanimement leur fils Diego.

 

Après guerre, Victoire ne peut empêcher non plus qu'Eva, juive devenue veuve, se voit rejetée parce que, belle femme, elle a donné naissance à Pablo, un bel enfant de père inconnu. 

 

Quoi qu'il en soit, Lala, une petite Coronesi, ignorante de ces histoires déplaisantes ne comprend pas qu'il lui soit défendu de fréquenter aussi bien la vieille Victoire que le beau Pablo:

 

Tu l'apercevais et c'était fini, intérieurement déjà tu lui cédais tout, tu n'y pouvais rien, ça s'écroulait de soi, à l'intérieur de soi, comme sous la poussée d'une terre soudainement remuée.

 

Les battantes, comme les pluies d'orgueil et de colère qui s'abattent sur Pablo, a donc pour toile de fond un microcosme où les antagonismes font des noeuds complexes entre les personnages.

 

Simona Brunel-Ferrarelli les dénoue un par un le long du récit. En défaisant le dernier, s'explique pourquoi, tout le monde, inconsciemment, veut contrarier les amours de Lala et Pablo.

 

Francis Richard

 

Les battantes, Simona Brunel-Ferrarelli, 168 pages, Éditions Encre Fraîche

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15 juillet 2019 1 15 /07 /juillet /2019 18:15
Géographies, de Pierric Tenthorey

En principe, Géographies est un roman. Il y a une intrigue et un narrateur: en l'occurrence, le narrateur n'est pas un menteur; c'est un acteur jouant le rôle d'un auteur... (à la ville, celui-ci est comédien)

 

C'est même un roman illustré, de dix-huit planches en couleur, en milieu de volume, représentant des toiles (inspirées du texte ou plutôt des textes) du célèbre et controversé peintre Pierre Nyerchiott.

 

Comme un éditeur aujourd'hui ne peut vivre sans donation extérieure et qu'il ne s'agit pas d'un premier roman, l'auteur est invité par Cheryer Printetio à écrire au moins une trentaine de pages...

 

Les aventures de lui avaient demandé dix ans de temps, sans produire un sou. Cette fois il se veut plus systématique et, après quelques essais infructueux, l'étincelle créatrice jaillit d'une vieille mappemonde.

 

Sa source d'inspiration ne serait pas l'alcool ou les rêves, mais le voyage. Il avait voulu faire tourner le monde pour désigner du doigt sa destination, mais il avait valsé contre un mur et éclaté en morceaux.

 

En marchant sur un des morceaux où est inscrit Saint-Pétersbourg, l'acteur sait qu'il tient son oeuvre et prend un vol dès le lendemain pour la ville impériale, qui sera le titre d'une nouvelle encore à écrire.

 

Après avoir écrit trois nouvelles russes douces-amères, il se rend à Paris. Afin d'obtenir une subvention, comme le temps presse, son éditeur propose de leur adjoindre une nouvelle du défunt Henry Etroipicter.

 

L'auteur a mis le doigt dans un engrenage. La nouvelle exotique d'Etroipicter et son histoire personnelle de Paris ne suffisent plus à Cheryer. Avant qu'il n'aille à Prague, il lui envoie d'abord un texte de son oncle.

 

A Vevey, Pierric Tenthorey écrit en italiques que les textes suivants, signés par d'autres, ne sont pas de lui. C'est une coquetterie d'auteur qui, curieux de tout, aime explorer les genres et s'exercer dans plusieurs styles.

 

Nouvelles, correspondances, dialogue à la Platon, traductions, reportage, conte fantastique (?), enquête policière (?), critiques, avis de confrères et néanmoins amis, etc. en font un interminable manuscrit.

 

Les thèmes? Pierric Tenthorey est là aussi éclectique: l'amour, le sexe (érotisme et pornographie), l'informatique, la musique, la littérature, la recette de cuisine, le tourisme, la psychologie, la philosophie etc.

 

Le narrateur aurait voulu que ces Géographies soient belles et pures et ne soient pas des morceaux bigarrés tenus ensemble par ses préfaces écrites à Vevey, qu'il intercale entre les textes qui les composent.

 

Qu'il se rassure, si le lecteur ne prend pas tous ces textes et préfaces au premier degré, ses Géographies lui feront franchir uniment d'autres degrés, ceux que ne manquent pas d'élever ensemble l'humour et l'ironie.

 

Francis Richard

 

Géographies, Pierric Tenthorey, 368 pages, L'Âge d'Homme

 

Livre précédent:

 

Les aventures de (2014)

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12 juillet 2019 5 12 /07 /juillet /2019 15:30
Gabriel d'Esneval - Ni grâce ni pardon, de Gilles Leclerc

Ce volume est le deuxième d'une série romanesque consacrée aux aventures de Gabriel d'Esneval. Point n'est besoin d'avoir lu le premier pour le lire. Encore que.

 

Le lecteur ne sait pas si, dans le premier volume, l'identité de Perce-Coeur est connue. Il apprend seulement qu'il s'agit à la fois d'un héros et hors-la-loi normand.

 

Après avoir châtié, dès avant la Révolution, tous ceux qui tyrannisaient les corps et les âmes, le cri court, à l'automne 1794, que ce représentant du droit et de la justice est mort.

 

Le lecteur sait seulement que Gabriel Trioux a vu son père, Gaspard, bourrelier de son état, tué sous ses yeux quand il avait douze ans, qu'il a été adopté par le Comte d'Esneval.

 

De roturier Gabriel est donc devenu gentilhomme. Il a notamment appris le maniement des armes avec le garde du corps de son père adoptif, Maître Fogazzaro.

 

Au début de ce récit, la Terreur révolutionnaire produit encore ses effets, atténués toutefois au coeur des campagnes grâce à la bienveillance des seigneurs locaux.

 

C'est la faim qui, dans un premier temps, a poussé les hommes à la folie, et de la folie à la révolte. Mais aujourd'hui, c'est la soif de pouvoir, dit Madame Solange.

 

Madame Solange est la gouvernante du manoir d'Esneval. Elle et Maître Fogazzaro se proposent de rejoindre en Angleterre Gabriel, qui se trouve auprès de sa femme Louise.

 

Louise est enceinte d'un troisième. C'est la nièce de Maître Fogazzaro, lequel n'arrive pas à convaincre le Comte de faire partie du voyage. Étienne Villeneuve soutient ce dernier.

 

Étienne, ami d'enfance de Gabriel, est devenu Commissaire-Citoyen de Rouen. Il sait que les habitants du manoir sont surveillés et que le voyage à Brighton est risqué.

 

Malherbe, officier de police, enquête sur Perce-Coeur. Il admet que Madame Solange et Maître Fogazzaro fassent leur voyage à condition que celui-ci revienne pour être entendu.

 

En leur absence, le Comte d'Esneval se fait enlever. Quand Gabriel l'apprend de la bouche d'Étienne et de Camille Legendre, un autre de ses amis d'enfance, il décide de le retrouver.

 

Qui a enlevé le Comte? Cet enlèvement a en tout cas un rapport avec la disparition de Perce-Coeur. L'intrigue dans un contexte historique tumultueux devient policière.

 

Ce contexte de délations, de passions, de violences, de terreurs, prend d'autant plus de relief, par contraste, que l'auteur s'exprime dans une langue au fond très XVIIIe...

 

Madame Solange avait raison. C'est désormais la soif de pouvoir qui motive d'aucuns et ceux qui s'opposent à eux, oublieux de leur humanité, ne leur accordent Ni grâce ni pardon.

 

Francis Richard

 

Gabriel d'Esneval - Ni grâce ni pardon, Gilles Leclerc, Esneval Éditions

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6 juillet 2019 6 06 /07 /juillet /2019 16:45
Au petit bonheur la brousse, de Nétonon Noël Ndjékéry

Avec les années, il en était arrivé à considérer Guillaume Tell et la Mère Royaume comme un couple d'aïeux vaporeux qu'il n'avait certes pas connus, mais dont la hardiesse, l'abnégation et l'honnêteté le façonnaient plus sûrement que les sempiternelles réprimandes de ses géniteurs.

 

Bendiman Solal, Ben pour ses proches, est en effet né en Suisse, de parents tchadiens, Zakaria Solal et Liliane Kanda, et a coulé une enfance marquée par les feux des célébrations du 1erAoût, les lampions de la Fête de l'Escalade...

 

Les parents de Zakaria et Liliane ont été massacrés dans la brousse alors qu'ils se trouvaient dans la caravane qui sillonnait le pays, lors de la campagne pour la première réélection du président de la République du Tchad, Didi Salman Dada, alias L'Autre-là.

 

Zakaria et Liliane sont alors devenus pupilles de la Nation: Le Parti devint à la fois leur maman et leur papa de sorte qu'avant même de savoir distinguer un bulletin de vote d'un papier hygiénique, ils en étaient déjà devenus d'ardents zélateurs.

 

Des années plus tard, Zakaria et Liliane se marient et reçoivent entre autres cadeaux une mangeoire [version tchadienne du fromage français]: Zakaria fut nommé chef comptable à l'ambassade du Tchad en Suisse avec résidence à Genève.

 

A l'ombre tutélaire du Jet d'Eau, symbole de l'Esprit de Genève, qui conduit des parties en conflit sur le chemin de la paix, cette période baignée d'insouciance prend fin avec le rappel de Zakaria au Tchad, au moment où Ben doit entrer au collège.

 

Ben est séparé de ses géniteurs après sa descente d'avion peu avant minuit et se retrouve avec Prosper, le frère de son père. La nouvelle tombe sur le coup de midi: Madame et Monsieur Solal [ont] été arrêtés et mis au secret... pour raison d'État.

 

Bienvenue au Tchad! Dès lors l'existence de Ben est consacrée à la recherche de ses parents, dont le lieu de détention est maintenu secret pour raison d'État. Par rapport à la Suisse, quelles que soient ses imperfections, le changement est radical...   

 

Ben, dans sa nouvelle école de Takoral, est qualifié de négropolitain [condensé de nègre et de métropolitain] et surnommé Mini Tell, pour moquer son côté justicier et son besoin obsessionnel de calquer son comportement sur Guillaume Tell.

 

Ben apprend, à ses dépens, qu'au Tchad tout s'achète, que la corruption gangrène policiers et soldats, que la vie humaine ne vaut rien, que ceux qui prennent la brousse un jour pour rejoindre les rebelles peuvent se rallier un autre à la raison d'État.

 

Tout au long du roman, le sort de ses parents tourmente Ben et, pour le connaître, il va devoir se montrer rusé. Par ailleurs une série de nombres le turlupine: 10-15-6. C'est vraisemblablement une clé de la raison d'État infligée à ses parents.

 

Dans Au petit bonheur la brousse, Nétonon Noël Ndjékéry fait donc une peinture bien sombre du Tchad, tout en tenant habilement le lecteur en haleine jusqu'au bout, en ne dévoilant que dans les dernières pages le fin mot de l'histoire des Solal.

 

Mais il faut toujours espoir garder, car, comme l'écrit l'auteur:

La lumière renaît toujours des ténèbres.

 

Francis Richard

 

Au petit bonheur la brousse, Nétonon Noël Ndjékéry, 384 pages, Hélice Hélas

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4 juillet 2019 4 04 /07 /juillet /2019 16:30
Un été 1928, de Gilles de Montmollin

Pour être exact, le roman de Gilles de Montmollin commence non pas lors d'Un été 1928, mais lors d'un printemps de ce millésime, au nord de l'archipel du Svalbard, dans l'Océan Arctique, et sur la côte occidentale de l'Afrique, entre Cap Juby et Agadir.

 

Dans chacun de ces deux endroits, les héros de cette aventure font leur apparition: Albert Schneider et Antoine Esnault. Le premier est un homme d'affaires sans vergogne qui a fait fortune grâce à un système de Ponzi. Le second est pilote à l'Aéropostale.

 

Au nord de l'archipel du Svalbard, Albert Schneider est à bord du dirigeable Italia quand celui-ci se fracasse sur la glace lors de sa troisième expédition. Auparavant Albert a repéré l'épave du Narwhal, le yacht de son ami Ambrose, disparu l'été précédent.

 

Entre Cap Juby et Agadir, Antoine Esnault se fait tirer dessus par un Maure alors qu'il pilote un Breguet 14 de l'Aéropostale à basse altitude. Ce héros de la Grande Guerre surréagit: il vire, pique et passe au ras du tireur et de l'homme qui l'accompagne.

 

Albert Schneider réchappe de l'accident de l'Italia mais doit renoncer à retrouver le Narwhal, se promettant d'y retourner ultérieurement. Antoine Esnault est viré de l'Aéropostale à cause de l'incident: les Espagnols ont mis cette condition au maintien de la ligne.

 

Embauché pour piloter un hydravion FAB par une riche américaine, Ethel Floyd, dont le navire mouille à proximité du Spitzberg, Antoine Esnault apprend là-bas qu'il doit retrouver les éventuels survivants de l'Italia et surtout l'un d'entre eux, Albert Schneider.

 

L'aventure débute réellement avec la rencontre des deux protagonistes, dont les destins vont se trouver désormais liés, malgré qu'ils en aient. C'est une aventure extraordinaire, pleine de péripéties et de suspense, où se mêlent savamment fiction et réalité historique.

 

Dans cette aventure divertissante, improbable par moments, mais toujours plausible, qui se déroule sur eau, sur terre et dans les airs, l'auteur ne se montre pas avare d'authentiques détails techniques, ce qui prouve un respect du lecteur qu'il convient de saluer.  

 

Francis Richard

 

Un été 1928, Gilles de Montmollin, 240 pages, BSN Press

 

Livres précédents:

Pour quelques stations de métro, Mon Village (2013)

La fille qui n'aimait pas la foule, BSN Press (2014)

Latitude noire, BSN Press (2017)

Une sirène, BSN Press (2018)

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2 juillet 2019 2 02 /07 /juillet /2019 18:30
La même nuit, le même meurtre, de Jacques Roman

L'homme est un loup pour l'homme.

Plaute

 

Ce n'est guère une conception optimiste, ni humaniste... Mais elle a laissé son empreinte, depuis Plaute, hélas. Particulièrement chez tous ceux qui en sont restés à une morale primitive, celle de la horde, comme celle des loups.

 

Jacques Roman, lui, met comme sous-titre à son récit dédié à son frère Jean-Pierre disparu: A propos de l'homme et des loups. Peut-être avait-il cette sentence à l'esprit quand il s'est mis en tête d'entreprendre son récit mortel.

 

Son récit est celui des relations entre Caïn et Hebel, revisité par lui. Car, sans doute pour le comprendre, il se met à la place de Caïn, lequel, après avoir tué son frère avec sa faux de paysan, a livré son corps à la horde des loups.

 

Ce meurtre, cette nuit-là, s'est traduit par le hurlement épouvanté d'Adam: Qu'as-tu fait de ton frère?: Jamais je ne l'avais entendu crier. Il ne criait pas. Non. Il hurlait comme hurlent les loups. Le mari de ma mère...

 

Pourquoi les présents de Caïn sont-ils ignorés, tandis que ceux de son frère sont agréés? Comment peut-il admettre qu'il n'est pas le fils de Dieu, comme sa rêveuse de mère le lui a mis en tête, mais celui du mari de celle-ci.

 

Il ne comprend pas non plus: Pourquoi [...] Adam, lorsqu'il disparaissait durant des jours et des jours, emmenait-il Hebel avec lui, Hebel, mon frère? Pourquoi m'abandonnait-il, me laissant seul avec ma mère?

 

Après qu'il a d'abord tué un chien, son premier meurtre (que la mémoire orale n'a pas retenu) il tue son frère, son petit frère Hebel, son ami charnel: J'avais fait disparaître la fraternité, fait disparaître le fraternel.

 

Jacques Roman comble ainsi les trous du récit de la Genèse: il y introduit notamment Harsa, le seul ami de Caïn, le frère de Temech, sa femme, l'énergique, qui lui a dit: Si tu n'avais pas tué Hebel, Hebel un jour t'aurait tué...

 

Jacques Roman présente Caïn comme quelqu'un qui, après son crime, est frappé de douleur, est devenu sombre, et demande que soient bannis l'agressivité et le crime, tout en ayant une vue pessimiste de l'homme:

 

Aujourd'hui, je pense que les hommes n'apprennent rien. Ils se cassent la figure, ils gémissent, ils implorent, et, à la première occasion, ils recommencent.

 

Sauf quand ils acceptent, en adoptant la morale traditionnelle, c'est-à-dire la morale évoluée, de contraindre leurs instincts sans pour autant porter aux nues la raison...

 

Francis Richard

 

La même nuit, le même meurtre, de Jacques Roman, 48 pages, Éditions d'en bas

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27 juin 2019 4 27 /06 /juin /2019 21:15
Simili Love, d'Antoine Jaquier

Il fallait s'y attendre, tôt ou tard. Ainsi Antoine Jaquier trouve matière à un roman dans les deux fantasmes qui permettent à l'humanité de jouer aujourd'hui à se faire peur.

 

Il y a en effet d'une part le réchauffement climatique qui serait d'origine humaine, d'autre part le transhumanisme qui serait l'aboutissement obligé de l'intelligence artificielle.

 

Les soi-disant experts du GIEC et les victimes volontaires des GAFA prédisent la réalisation de ces fantasmes dans quelques décennies, en vertu du principe de précaution...

 

En attendant cet avenir radieux, ou pas, ils sont tous demandeurs de taxes et de lois liberticides pour s'en protéger. La peur est le commencement de la sagesse servitude.

 

Simili love se passe donc évidemment au-delà de 2040, c'est-à-dire au début de l'ère Foogle qui remplace dès le 1er janvier de cette année-là tous les réseaux sociaux d'antan.

 

La Grande Lumière est faite sur les informations numériques collectées sur le web depuis qu'il existe et un conglomérat, DEUS, regroupe agro-alimentaire, pharma et finance.

 

Le Grand Tri est effectué par des algorithmes: L'humanité a été classée en trois catégories: les élites, 5%, les désignés, 25%, et les inutiles, 70%. Max fait partie de la deuxième.

 

Ce meilleur des mondes ne l'est pas. Il a toutes les caractéristiques du totalitarisme et non pas de l'ultralibéralisme, le faux-nez que d'aucuns donnent au capitalisme de connivence...

 

L'une de ces caractéristiques est la réduction du nombre des inutiles en raison, pour les mathématiciens et les écologistes, du manque de ressources en énergie et du réchauffement:

 

Sans l'accès aux soins et aux antibiotiques, leur espérance de vie est retombée sous la barre des quarante ans...

 

Max, grâce à un héritage, est un désigné. Écrivain, il est le père d'une série sur le web, les Naïades. Il est donc dans le système et tombe amoureux de Jane, l'androïde qu'il a acquise:

 

Le simili-love [...] bat dans les circuits de chaque androïde pour son propriétaire.

 

Ce roman d'anticipation se figerait dans cette situation si ne s'y trouvaient pas les prémices d'une évolution cohérente et inéluctable, incapable pour autant de tuer le besoin de liberté.

 

Francis Richard

 

Simili Love, Antoine Jaquier, 256 pages, Au Diable Vauvert

 

Livre précédent à La Grande Ourse:

Légère et court vêtue (2017)

 

Livres précédents, à L'Âge d'Homme:

Avec les chiens (2015)

Ils sont tous morts (2013)

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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