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8 novembre 2019 5 08 /11 /novembre /2019 21:45
L'Ode et le Requiem, de Maeva Christelle Dubois

Il refusait l'idée de la vieillesse et du déclin. Il refusait catégoriquement l'idée même de la Mort. Il voulait atteindre la grandeur, jamais il n'accepterait de se résigner. Jamais.

 

Kenshi, Ken, est un comédien de trente-deux ans dans cette disposition d'esprit. Il vient de la capitale. Son professeur, Frédéric Mori, Fred, lui a demandé de faire un voyage pour changer, sans quoi il ne pourrait jamais jouer mieux.

 

Ken est donc parti pour le pays natal de Frédéric, une région désertique et méconnue, l'Albe, un pays de neige et de sapins noirs, un chant silencieux de Mort et de désolation, à la pointe Nord de laquelle se dresse une montagne.

 

Il s'agit du Mont de Nivée, que les hommes du Hameau appellent parfois la Nivéale: A l'image du perce-neige, la Nivéale fleurissait dans le chaos des mois les plus sombres comme fleurirait une rose diaphane aux matins de mai.

 

Ken est venu au Hameau pour apprendre à vivre une vie simple comme l'eau et le vent, une vie que ses habitants, d'une légèreté aérienne, considèrent comme sans importance. Car leur conception singulière de l'existence est la beauté:

 

C'est-à-dire la force de s'élever au-dessus de sa propre vie pour la contempler en silence.

 

Ken le veut de toutes ses forces, mais, pour y parvenir, il sait qu'il doit vaincre son arrogance, devenir modeste, vivre au rythme ennuyeux de la Nivéale, la montagne sacrée, qui est apaisante et dont l'écosystème régit toute la région.

 

En cette fin d'hiver, quand il débarque au Hameau, il est le seul client de la pension. L'aubergiste Mortimer Démant lui fait bonne accueil mais laisse transparaître son doute qu'il puisse trouver ici la rédemption à laquelle il aspire.

 

Le problème est que les habitants ne sont guère enclins à l'aider à faire cet apprentissage: ils ne sont pas liants, c'est le moins qu'on puisse dire. Ils semblent satisfaits de leurs petites vies tranquilles qu'ils estiment pleinement remplies.

 

La rencontre avec l'énigmatique Chara, une musicienne de dix-huit ans, qui joue L'Ode et le Requiem, lui permet finalement d'entrevoir la possibilité de concilier beauté et grandeur. Ne serait-ce pas une manière élégante de s'en sortir?

 

Francis Richard

 

L'Ode et le Requiem, Maeva Christelle Dubois, 212 pages, Les Éditions Romann

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7 novembre 2019 4 07 /11 /novembre /2019 22:00
Est-ce la lune ou un réverbère?, de Katia Delay

La narratrice de Katia Delay a pris de bonnes résolutions. Elle a décidé de se rendre un jour férié dans une abbaye pour faire le point en se donnant un projet d'écriture:

 

J'ai quatre jours. Pas un de plus. Et le premier est déjà terminé. Arrivée à onze heures, j'ai écrit jusqu'au dîner. Midi dix. Autant dire rien, quelques lignes. Un passage piéton qui ne me protège de rien.

 

Le dîner se passe en silence, comme de juste. Ce qui lui convient bien. Elle peut regarder autour d'elle tout à loisir, scruter les êtres humains dans chaque détail de leur être.

 

Pascal, son voisin à côté d'elle, lui demande du pain sans prononcer un mot et laisse tomber des miettes sur sa manche: elle le baptise silencieusement monsieur Miettes.

 

Son voisin d'en face porte un T-shirt Desert Rally. La femme assise à sa gauche est certainement son épouse: elle et Desert Rally portent en effet des alliances identiques.

 

Après le repas elle marche autour de l'abbaye et voit un chat orange: A sa démarche lente et détachée, il semble avoir cent ans. Le chat des pères? A moins que ce ne soit le père des chats.

 

Son premier amour et elle se sont quittés, ont bâti une famille chacun de son côté pendant vingt-cinq ans, puis se sont retrouvés, enfin se sont séparés il y a quatre mois.

 

Il est parti: Passées les toutes premières semaines, j'ai vu le film. J'ai entendu ta peur, il n'a suffi que de quelques phrases, une position de ton corps à l'évocation de l'incertain à venir.

 

Il est parti: J'ai vu ton départ, il a suffi des deux phares arrière de ta voiture, qui pourtant ne sont pas réputés pour être expressifs. Eh bien les tiens, ce soir-là, éclairaient vaillamment le désastre...

 

Qu'est-elle donc venue faire ici? se demande-t-elle. Son projet d'écriture tombe à l'eau. Peut-être est-elle ici pour transformer l'incertitude en sève. Créer. C'est-à-dire bercer l'absence...

 

Le deuxième jour elle reçoit de lui un mail proposant une rencontre. Sans doute se reverront-ils, mais les mots qu'il lui dira n'offriront-ils pas une perle de plus au chapelet de [ses] incertitudes?

 

Car elle sait qu'il a peur et ce que sa peur protège: mais la comprendre ne m'empêche pas de la détester. Les femmes ont moins souvent ces lâchetés, elles qui ont rarement le temps de pactiser avec les ambiguïtés...

 

C'est pourquoi, lors du dernier repas du soir, elle s'est posé intérieurement la question au sujet du temps béni de leurs retrouvailles, où ils se sont aussi justement accordés:

 

Est-ce la lune ou un réverbère? 

 

Francis Richard

 

Est-ce la lune ou un réverbère?, Katia Delay, 80 pages, BSN Press (sortie le 7 novembre 2019)

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6 novembre 2019 3 06 /11 /novembre /2019 10:15
Le palais aux 37 378 fenêtres, de Corinne Desarzens

Tout le monde connaît l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert, mais qui connaît celle d'Yverdon? Elle a refait surface il y a quelque seize ans sous forme d'un DVD. Mais dix ans plus tôt, Clorinda Donato, qui y a consacré toute sa vie, en avait fait l'inventaire.

 

Corinne Desarzens est allée, en 2015, en consulter un exemplaire conservé au fonds ancien, au sous-sol de la Bibliothèque d'Yverdon et on lui a apporté un des cinquante-huit volumes de l'oeuvre dirigée par l'encyclopédiste qui a eu treize enfants de trois femmes:

 

Un papier imperceptiblement ondulé, texturé, voluptueux, à l'encre très noire. L'envie de le manger plutôt que le lire.

 

Corinne Desarzens n'a pas longtemps hésité. Elle a foncé. Elle s'est mise à écrire Le palais aux 37 378 fenêtres qui raconte la genèse et l'aventure éditoriale de ce monument qui fut publié entre 1770 et 1780 sous la direction de Fortunato Bartolomeo De Felice.

 

L'Encyclopédie, ou Dictionnaire universel raisonné des connaissances humaines pallie les insuffisances et les erreurs de celle de Diderot et d'Alembert, se veut universelle tandis que la française est surtout très... française, négligeant d'autres apports de connaissances:

 

Fortunato accorde une vive attention à l'antiquité gréco-romaine, s'efforce de mettre en valeur les traditions en dehors de l'Europe, souhaite la bienvenue aux Chinois, aux Arabes, aux Persans, et pour la période moderne, manifeste une volonté évidente d'équilibrer la représentation des pays européens: voilà que les savants allemands et italiens caracolent en tête, devant les Hollandais et les Danois, avec les Français et les Anglais en queue.

 

Paris n'aime pas la concurrence d'Yverdon:

 

Acharné sera le combat entre les deux clans qui, chacun, veut faire oeuvre d'apostolat. Déchristianiser la France, s'attaquer à la religion partout où elle sévit, entendent les philosophes. Et voilà que Fortunato et ses gens, insensibles aux ironies et aux sarcasmes se mettent en travers de leur route...

 

Cela n'empêche pas les deux clans de faire des emprunts à l'autre, sans le nommer, sans ouvrir de guillemets: La contrefaçon est courante à l'époque et le droit d'auteur n'existe pas [...]. Pourquoi serait-il interdit de contrefaire un bon livre [...]? Pourquoi avoir honte du plagiat si c'est au profit du lecteur?

 

Il est bon de séjourner dans ce palais, éclairé par de nombreuses lumières: Rien n'enchante plus Fortunato que de voir s'allumer les fenêtres des maisons la nuit. Une fenêtre est la partie la plus merveilleuse d'une maison. Encore mieux quand une seule brille dans une ville plongée dans le noir...

 

Corinne Desarzens précise:

 

Une page n'est autre qu'une fenêtre allumée.

 

Francis Richard

 

PS

Jusqu'au 16 novembre 2019, on peut découvrir au 1er étage de la bibliothèque d'Yverdon, mis en parallèle, des extraits du livre de Corinne Desarzens et des livres anciens de Fortunato De Felice.

 

Le palais aux 37 378 fenêtres, Corinne Desarzens, 352 pages, Éditions de l'Aire

 

 

Livres précédents:

Un roi, 304 pages, Grasset (2011)

Carnet d'Arménie, 88 pages, Éditions de l'Aire (2015)

Honorée Mademoiselle, 176 pages, Editions de l'Aire (2017)

Couilles de velours, 96 pages, Éditions d'Autre Part (2017)

Le soutien-gorge noir, 192 pages, Editions de l'Aire (2017)

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1 novembre 2019 5 01 /11 /novembre /2019 20:00
Manifeste incertain 8, de Frédéric Pajak

Frédéric Pajak poursuit avec Manifeste incertain 8 son évocation de l'Histoire effacée et de la guerre du temps, l'épithète incertain qualifiant le rythme de parution de ses volumes.

 

Dans ce volume-ci, comme dans les précédents, il parle de personnes connues et inconnues. Et, parmi les personnes connues, il y a Paul Léautaud, qui est pour lui l'homme d'une seule oeuvre, son Journal littéraire:

 

En apparence, tout n'y est qu'anecdotes, faits divers, potins, réflexions à brûle-pourpoint, mais aussi: langue virevoltante.

 

Il dit aussi de Léautaud qu'il aime moins la France - qu'il n'a jamais quittée - que la langue française.

 

Eh bien il y a quelque chose de Léautaud chez Pajak, sauf que, dans le volume 8, il part de France pour la Suisse et la Chine et que ce n'est pas un journal qu'il tient: il cartographie le souvenir, lu ou vécu.

 

En Suisse, il croque, en dessinant et en écrivant, le portrait de son beau-père, Arnolphe (au prénom moliéresque) et, ce faisant, il [raconte] un individu (ce qui n'aurait pas déplu à Léautaud) de façon très directe:

 

Il ne savait que soliloquer, ressasser ses préjugés, et tourner en rond dans sa cage.

 

Son coeur n'avait rien de sec: il n'en avait pas.

 

En Chine, il se rend en 2018 et se souvient de son premier séjour en 1982. Il illustre ses propos d'alors et de maintenant de collages et non pas de dessins. Ce sont en quelque sorte des calligraphies:

 

Ces signes sont-ils chinois? Japonais? Sont-ils des hiéroglyphes? Pour le moins c'est un salut aux écritures, une façon de réparer les mots.

 

Pajak n'est pas tendre avec les dilettantes qui sont capables d'écrire des dizaines de pages par jour, qui se muent en écrivains professionnels quand ils sont publiés et qui ne sont que des graphomanes. Pour lui, publier c'est tout autre chose:

 

Publier, c'est un acte de bravoure aussi égoïste que généreux. Chaque mot publié met en danger tous les autres, comme dans le jeu du Mikado.

 

La tentation est de rapprocher ces propos de ceux de Léautaud, cités par Pajak:

 

Je n'ai jamais écrit par obligation. Je tiens la littérature alimentaire pour méprisable. C'est pourquoi toute ma vie j'ai été employé. Pour assurer ma liberté et n'écrire que lorsque j'y avais plaisir.

 

Quand Pajak décrit ce qu'est devenu Paris, qu'il a quittée pour aller vivre en France, il peint l'époque avec une grande liberté de ton, ce qui, là aussi, aurait plu à Léautaud:

 

Les nouveaux habitants de Paris se partagent entre les nantis et leurs fervents subalternes, plutôt mal payés, plutôt mal logés, et qui s'évertuent à courir toujours plus vite pour, disent-ils, "gagner du temps". Malheureux habitants qui ignorent tout de la ville ancienne, jusqu'aux vestiges que les touristes viennent contempler en meute.

 

Pourquoi s'étonner, dans ces conditions, que Pajak consacre, dans ce volume, des pages à un autre écrivain au franc-parler, Ernest Renan, qu'il dépeint en ces termes:

 

Ce qui le caractérise, c'est le dédain absolu du goût bourgeois et de son mode de vie. Rien de matérialiste chez Renan: il est idéaliste, n'aime que le "maniement pur des choses de l'esprit".

 

Le volume se termine par l'histoire de Stella, une jeune armailli, farouche, insaisissable, qui fait un fromage exceptionnel, crémeux à souhait, doux mais corsé, très fruité, avec sous la dent une sorte de texture à peine sablée.

 

Dans le chalet d'alpage de Stella, sous la fenêtre, une bible, ouverte à une page de l'apôtre Jean:

 

Oui, oui, je vous le dis, l'heure vient...

 

Cela aurait pu être le mot de la fin, mais Pajak en a trouvé un autre...

 

Francis Richard

 

Manifeste incertain 8, de Frédéric Pajak, 288 pages, Les Éditions Noir sur Blanc

 

Volumes précédents chez le même éditeur:

Manifeste incertain 1

Manifeste incertain 2

Manifeste incertain 3

Manifeste incertain 4

Manifeste incertain 5

Manifeste incertain 6

Manifeste incertain 7

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28 octobre 2019 1 28 /10 /octobre /2019 23:45
La panthère des neiges, de Sylvain Tesson

Dans ma jumelle, je la vis s'étirer. Elle se recoucha. Elle régnait sur sa vie. Elle était la formule du lieu. Sa seule présence signifiait "pouvoir". Le monde constituant son trône, elle emplissait l'espace là où elle se tenait. Elle incarnait ce mystérieux concept du "corps du roi". Un vrai souverain se contente d'être. Il s'épargne d'agir et se dispense d'apparaître. Son existence fonde son autorité.

 

Elle? La panthère des neiges, telle qu'elle apparaît, en majesté, pour la première fois, à Sylvain Tesson...

 

Un jour Sylvain Tesson rencontre le photographe animalier Vincent Munier qui lui parle des techniques de l'affût, sans lequel il n'est pas possible de photographier les bêtes et qui suppose de les guetter longtemps, sans le moindre mouvement et en silence:

 

A l'affût, on connaît ce que l'on attend. Les bêtes sont des dieux déjà apparus. Rien ne conteste leur existence. Si quelque chose advient, ce sera la récompense. Si rien n'arrive, on lèvera le camp, décidé à reprendre l'affût le lendemain. Alors, si la bête se montre, ce sera la fête. Et l'on accueillera ce compagnon dont la présence était sûre, mais la visite incertaine. L'affût est une foi modeste.

 

Vincent Munier l'emmène d'abord avec lui en Moselle à l'affût d'une famille de blaireaux. Comme il s'aperçoit de sa joie, il lui propose de venir avec lui pour apercevoir si possible une bête qu'il poursuit depuis six ans au Tibet, la panthère des neiges, justement.

 

L'hiver au Tibet, en haute altitude, la température est fortement négative. Il faut vraiment vouloir s'y rendre pour voir apparaître peut-être une bête, au nombre de cinq mille dans le monde. Mais Sylvain Tesson trouve noble, antimoderne, cette acceptation de l'incertitude.

 

Sylvain part avec Vincent et sa fiancée Marie, et Léo, un philosophe, à la recherche de l'animal mythique, qui vit en haute Asie. Au bout d'un grand nombre de jours d'attente, elle apparaît enfin à ses yeux dans la lunette la plus puissante que lui a passée Vincent:

 

Les traits de la face convergeaient vers le museau, en lignes de force. Elle tourna la tête, pleine face. Les yeux me fixèrent. C'étaient deux cristaux de mépris, brûlants, glacials. Elle se leva, tendit l'encolure vers nous. "Elle nous a repérés, pensai-je. Que va-t-elle faire? Bondir?"

Elle bâilla.

Voilà l'effet de l'homme sur la panthère du Tibet.

 

Sylvain Tesson, cet antimoderne assumé, ne serait pas lui-même si son récit n'était pas jalonné de réflexions, notamment cette antienne sur l'homme et les bêtes, que celui-ci aurait éradiquées en faisant le ménage, avec pour conséquence ultime de se retrouver seul...

 

On peut préférer son analogie entre l'attente de  la panthère des neiges et le contentement que le Swann de La Recherche, amoureux d'Odette de Crécy, tirait de la simple certitude qu'elle pouvait se trouver près de lui quand bien même ne la rencontrerait-il pas:

 

La possibilité de la panthère palpitait dans la montagne. Et nous ne demandions qu'à elle de maintenir une tension d'espérance suffisante pour tout supporter.

 

Francis Richard

 

La panthère de neiges, Sylvain Tesson, 176 pages, Gallimard

 

Livre précédent avec Thomas Goisque chez Albin Michel:

En avant, calme et fou (2018)

 

Livres précédents de Sylvain Tesson:

 

Aux éditions Équateurs:

Une très légère oscillation (2017)

Notre-Dame de Paris - Ô Reine de douleur (2019)

 

Aux éditions Gallimard:

Dans les forêts de Sibérie (2011)

S'abandonner à vivre (2014)

Sur les chemins noirs (2016)

 

Aux éditions Guérin:

Berezina (2015)

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27 octobre 2019 7 27 /10 /octobre /2019 22:00
De fiel et de fleurs, de Guy Y. Chevalley

Hector Doudieux, 25 ans, représentant de la maison Guillaume, rompt en 1901 avec Marie Bourette, 30 ans, vendeuse aux magasins du Louvre, à leur cinquième rendez-vous. Il lui dit juste qu'il regrette sincèrement:

 

Avec cette manière d'agir, il n'avait pas conscience de susciter plus de rancune que par un discours franc...

 

Il avait tort. Parce que la rancune de Marie sera tenace... Et, bien des années plus tard, elle va petit à petit lui pourrir la vie et celle de son épouse Irène, alors que tout semble sourire à ce couple qui s'est installé au Vésinet.

 

Hector Doudieux, désormais entrepreneur fortuné, y est devenu un homme en vue, dont le luxe ostentatoire est contrebalancé par une réputation de philanthrope et de mécène dans les domaines de l'art, du sport et des fêtes.

 

Hector a tout oublié de la vendeuse du Louvre. Il n'imagine même pas qu'elle puisse être l'auteur de missives contenant des flèches empoisonnées et du cadeau tout aussi empoisonné qu'il reçoit à son domicile vésigondin.

 

Un jour de 1910, la visite chez leurs voisins Mionnet tourne au drame avec la mort de leur invité, le ténor belge Jules Godart, à qui ils ont offert l'hospitalité et deux cachets d'antipyrine, après qu'il a été victime d'un malaise.

 

Quand on veut nuire aux autres, il faut savoir s'arrêter, ce que ne veut pas Marie. Une fois démasquée après le méfait de trop, elle aura une attitude de déni qui ne laissera pas de surprendre comme sa disparition des radars...

 

Dans De fiel et de fleurs, Guy Chevalley fait la peinture clinique de bourgeois parvenus à une grande aisance matérielle et d'une femme obstinée qui, par dépit amoureux, exerce sa formidable capacité de nuisance à leur encontre.

 

Francis Richard

 

De fiel et de fleurs, Guy Y. Chevalley, 128 pages, L'Âge d'Homme

 

Livre précédent:

Cellulose, Olivier Morattel Éditeur (2015)

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26 octobre 2019 6 26 /10 /octobre /2019 19:25
Encre sympathique, de Patrick Modiano

Il y a quelques décennies le narrateur, Jean Eyben, s'est vu confié une enquête par l'agence de Hutte. Il s'agissait de retrouver Noëlle Lefebvre, disparue tout soudain.

 

Son enquête n'avait pas abouti. Mais, en quittant l'agence, quelques mois plus tard, il avait emporté avec lui, en souvenir, le dossier bleu qui en contenait la fiche.

 

Dans la table de nuit de la chambre où Noëlle avait passé quelques temps, Jean avait découvert, dissimulé derrière un tiroir, de moitié plus court que celle-ci, un agenda.

 

C'était un agenda de toile noire avec le chiffre de l'année en caractères dorés. Dans cet agenda, qui appartenait à Noëlle, il n'y avait que quelques notes à l'encre bleue.

 

Ces notes ne lui permettent pas de combler les blancs de la vie de Noëlle. Tout au plus, peuvent-elles lui faire surgir quelques bribes du passé en laissant courir sa plume:

 

Oui, les souvenirs viennent au fil de la plume. Il ne faut pas les forcer, mais écrire en évitant le plus possible les ratures. Et dans le flot ininterrompu des mots et des phrases, quelques détails oubliés ou que vous avez enfouis, on ne sait pourquoi, au fond de votre mémoire remonteront peu à peu à la surface.

 

Ces détails ne remonteront pas, un par un, à la surface dans un ordre chronologique, mais au détour d'une page, comme si tout était déjà écrit à l'encre sympathique.

 

Alors il pourra trouver les réponses aux questions qu'il se pose sur la disparition de Noëlle et la raison pour laquelle il se les pose. Car il en est de plus en plus convaincu:

 

Si vous avez des trous de mémoire, tous les détails de votre vie sont écrits quelque part à l'encre sympathique.

 

Jean s'en est laissé convaincre parce qu'il y voit une analogie avec les notes prises par Noëlle dans son agenda: il a l'impression d'y voir des traces d'écriture en filigrane.

 

Soit, à l'aide d'une substance déterminée, tout ce qu'elle a noté remontera à la surface de la page blanche; soit, naturellement, avec le temps, tout deviendra lisible.

 

Quoi qu'il en soit, le lecteur comprendra in fine pourquoi l'auteur a mis en épigraphe cette citation de Maurice Blanchot, tirée du Livre à venir, sur la mémoire et l'oubli:

 

Qui veut se souvenir doit se confier à l'oubli, à ce risque qu'est l'oubli absolu et à ce beau hasard que devient alors le souvenir.

 

Francis Richard

 

Encre sympathique, Patrick Modiano, 144 pages, Gallimard

 

Article précédent sur l'auteur:

Patrick Modiano à Stockholm (8 décembre 2014)

 

Livres précédents:

L'herbe des nuits, 192 pages (2012)

Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier, 160 pages (2014)

Souvenirs dormants, 112 pages (2017)

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24 octobre 2019 4 24 /10 /octobre /2019 19:30
Prosper à l'oeuvre, d'Éric Chevillard

Prosper Brouillon est un auteur à succès. Comme son prénom l'indique, il rapporte beaucoup à Max, son éditeur, et, dans ce livre, il se révèle tel qu'en lui-même son lecteur le change:

 

Il ne pense qu'à son lecteur, il pense à lui obsessionnellement, avec passion, à chaque nouveau livre inventer la tortue nouvelle qui obligera ce rat cupide à cracher ses vingt euros.

 

Éric Chevillard décrit Prosper à l'oeuvre et dévoile ses secrets de fabrication, qui font de lui un écrivain que tout éditeur aimerait avoir, sinon dans son catalogue, dans son registre comptable.

 

Cette fois Prosper a décidé de se renouveler, d'abandonner le marché de masse pour se lancer dans le marché de niche, c'est-à-dire de donner une trame policière à son nouveau roman.

 

Prosper imagine peu à peu les personnages de sa brigade policière à partir du secret de notre humanité qu'il a su percer: L'individu n'est que la somme des détails qui le constituent.

 

Ce que cet increvable de Prosper (pour les besoins de la cause il file des métaphores) rapporte à Max permet à celui-ci de publier des poètes illisibles, qui n'y sont pour rien, les pauvres: 

 

Il laboure ses dix pages à l'heure: dix prodigieux écrivains impopulaires et désargentés auront ce soir un bol de riz. Max peut compter sur lui.

 

Prosper Brouillon doit de temps en temps laisser son roman en plan pour faire la tournée triomphale des salons et festivals du livre: C'est un crêve-coeur, mais la gloire a ses exigences.

 

Prosper Brouillon a une master-class en ligne, sur son site personnel: en vingt micro-conférences, il s'engage, moyennant finance (il ne faut pas rêver), à ne rien celer de ses secrets d'écrivain.

 

Prosper n'est pas motivé par l'appât du gain: il est uniquement guidé par l'envie de partager, mieux: de transmettre. Il n'est pas loin de considérer cet enseignement comme un devoir, une mission.

 

Dans la lignée des Hugo, Zola ou Sartre, Prosper est un lanceur d'alerte. Il attaque le système de l'intérieur: Ses livres ne sont-ils pas en pile dans les supermarchés? C'est la ruse du cheval de Troie...

 

Un roman de Prosper Brouillon n'en serait pas un si ses fidèles lecteurs ou ses plus infidèles coquins ne pouvaient compter sur une de ces scènes torrides comme il sait si bien les trousser...

 

Il ne manque à cette satire, écrite par un lecteur, et auteur, chevronné, qu'une mention teintée d'ironie: Toute ressemblance avec des écrivains existants ou ayant existé serait purement fortuite...

 

Francis Richard

 

PS

Les illustrations de Jean-François Martin, dont celle de la couverture, sont d'une grande pertinence et d'une grande simplicité.

 

Prosper à l'oeuvre, Éric Chevillard, 112 pages, Les Éditions Noir sur Blanc

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23 octobre 2019 3 23 /10 /octobre /2019 22:55
Éloge des fantômes, de Jean-Michel Olivier

Les fantômes de Jean-Michel Olivier sont des doubles bien vivants de personnes disparues qu'il a rencontrées dans sa vie et qui lui ont laissé une trace indélébile.

 

S'il fait l'Éloge des fantômes, c'est parce que ceux qui le hantent aujourd'hui encore, non seulement l'ont marqué, mais aussi l'ont façonné chacun à sa manière.

 

Dans ce livre ils sont treize, un nombre qui, pour d'aucuns, porte bonheur. Mais, en l'occurrence, le nombre ne fait rien à l'affaire. Chaque fantôme lui a été bénéfique.

 

Chaque fantôme occupe une place particulière dans son monde personnel. Et, en parlant de chacun d'eux, il n'a pas besoin de faire d'effort pour dire ce qu'il lui doit.

 

Ce qui frappe, c'est la diversité des fantômes, connus ou inconnus, auxquels, par le verbe et par la sympathie, il donne chair, et qui lui donnent matières à réflexion:

 

- d'aucuns sont artistes, tels que Marc Jurt ou René Feurer avec lesquels il a formé un couple où la fascination était réciproque:

Les grands artistes savent ce qu'ils font, mais ils travaillent dans cette zone d'ombre et de mystère qui ne peut être éclairée que de l'extérieur. Par les mots que les écrivains déposent en marge de leurs oeuvres.

 

- d'autres sont écrivains, tels Michel Butor, Nicolas Bréhal, Jacques Chessex ou Aragon, qu'il a plus ou moins fréquentés:

C'est l'avantage des écrivains: on les connaît bien avant de les rencontrer. La rencontre, en ce cas, devient une forme de reconnaissance, comme disait André Breton.

 

- d'autres sont éditeurs, tels Simone Gallimard, Vladimir Dimitrijevic ou Bernard de Fallois:

Chaque éditeur voit passer des chefs-d'oeuvre qu'il ne reconnaît pas, ou qu'il n'a pas envie de publier, tant il est convaincu de leur médiocrité, et qu'ils n'auront aucun succès.

 

- un autre est philosophe, tel Jacques Derrida, dont il fut proche:

Les paroles d'un ami sont toujours celle d'un fantôme: à la fois testament et oracle.

 

- un autre est lecteur éclairé par les auteurs contemporains et les poètes fous du Moyen-Âge, tel Roger Dragonetti:

Pour aimer la littérature, il faut aimer la musique.

 

- un autre est directeur de revue fantôme, tel André Dalmas:

C'est l'écriture qui permet la rencontre et la confrontation: le regard sur des mots qui ne nous appartiennent plus dès l'instant où ils sont publiés, revus et corrigés, offerts en pâture et en don.

 

- un autre enfin est juste père, tel Juste Olivier:

On le sait aujourd'hui: c'est bien l'enfant qui fait le père. Avant l'enfant, il y a l'homme et la femme, unis et séparés, pour le pire et le meilleur. Mais c'est l'enfant qui leur donne le jour à tous les deux, à leurs corps défendant.

 

Francis Richard

 

Éloge des fantômes, Jean-Michel Olivier, 200 pages, L'Âge d'Homme

 

Livres précédents:

 

Éditions Bernard de Fallois/ L'Âge d'homme:

L'amour nègre (2010)

Après l'orgie (2012)

L'ami barbare (2014)

 

Éditions L'Âge d'homme:

Passion noire (2017)

 

Poche Suisse - L'Âge d'homme:

L'amour fantôme (2010)

Notre Dame du Fort Barreau (2014)

L'enfant secret (2018)

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21 octobre 2019 1 21 /10 /octobre /2019 14:30
Les rêves d'Anna, de Silvia Ricci Lempen

En raccourci, le roman de Silvia Ricci Lempen se déroule à rebours de juin 2012 à janvier 1911. Plus précisément, il raconte cinq histoires de jeunes femmes (voire jeunes filles), sur un siècle de temps, en commençant par la période la plus récente:

 

- Federica à Glasgow de mars à juin 2012;

- Sabine à Lausanne, de juillet 1988 à juin 1989;

- Gabrielle à Niort, Saint-Jean d'Angély et Genève, d'octobre 1961 à septembre 1965;

- Clara à Bellinzona, Lugano et Genève, de juillet 1928 à mars 1936;

- Anna à Carpineto Romano et Rome, de janvier 1911 à juin 1917.

 

Ce roman est la fresque de cinq générations de jeunes femmes, qui n'ont pas de lien biologique entre elles mais qui ont un lien en quelque sorte spirituel, c'est-à-dire plus fort.

 

Federica connaît Sabine, qui connaît Gabrielle, qui connaît Clara, qui connaît Anna. Ce sont donc cinq histoires qui s'emboîtent les unes dans les autres pour n'en faire plus qu'une.

 

L'auteure restitue savamment l'évolution de la condition féminine au cours d'une centaine d'années, avec des protagonistes qui rompent chacune avec les moeurs de leur temps et avec leur famille.

 

Non seulement les époques mais les lieux y ont de l'importance parce que les moeurs ne sont de toute façon pas tout à fait les mêmes en Écosse, en France, en Suisse ou en Italie.

 

Il y est question non seulement d'amours, parfois interdites, ou d'amitiés, mais aussi de conditions sociales et de réputations à tenir, ou encore de la place qu'occupent la religion, les guerres ou les troubles dans les vies.

 

Il y est aussi question de rêves, qui sont parfois plus vrais que la réalité et qui ne sont pas l'exclusivité des nuits d'Anna, laquelle les consigne par écrit pour qu'ils ne soient pas perdus et ne subsistent pas dans sa seule mémoire.

 

La couverture du livre représente une oeuvre d'Aloïse Corbaz, Grande cantatrice Lilas Goergens, qui correspond à la description qu'en fait l'auteure à plusieurs reprises dans le roman. Le choix de cette oeuvre n'est donc pas fortuit:

 

- Federica l'a vue, une nuit, en rêve, après en avoir mémorisé l'affiche dans le bureau de Sabine ;

- Gabrielle et Sabine l'ont découverte ensemble à la Fondation de l'Art Brut à Lausanne;

- Clara en a admiré, sur le mur de la cuisine, le dessin exécuté par le mari d'Anna, d'après un rêve de celle-ci, dessin qu'elle a colorié de mémoire, bien après.

 

Comme il s'agit d'une femme, aux épaules d'athlète, avec une bouche en forme de fraise et deux amandes bleues à la place du regard, n'est-ce pas l'image d'une femme majestueuse, avec sa robe rouge?

 

En tout cas Sabine confirme à Federica que l'artiste folle qui l'a peinte avait la manie de la grandeur, qui est mieux que celle de la petitesse. Ce qui ne pouvait qu'inspirer et faire rêver les héroïnes de ce roman.

 

Francis Richard

 

Les rêves d'Anna, Silvia Ricci Lempen, 408 pages, Éditions d'En Bas

 

Livres précédents:

Un homme tragique, L'Aire bleue (2014)

Ne neige-t-il pas aussi blanc chaque hiver ?, Éditions d'En Bas (2013)

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18 octobre 2019 5 18 /10 /octobre /2019 17:00
Mauvaise conscience, de Fabio Benoit

Fabio Benoit récidive. Après un premier polar, il vient d'en commettre un deuxième. Qui se lit comme le premier, d'une traite, sans perdre haleine, avec des retournements de situations garantis comme dans tout bon thriller qui se respecte.

 

Dans Mauvaise conscience on retrouve certains des personnages de Mauvaise personne, et notamment Angel et ses colères, qui n'ont pas disparu depuis qu'il est en couple avec Nina, son adorable Nina, bien plus jeune, mais si douce et si charmante:

 

J'ai conscience de mes défauts. Mais lorsque mes valeurs sont attaquées, lorsqu'on fait du mal à mes proches ou à mes animaux, je ne peux pas ne rien faire. Il m'est impossible de rester dans les clous, de me taire et de supporter l'injustice.

 

Nina et Angel partagent deux terribles secrets: Nina a été violée par un fils de bonne famille, qui, justice immanente (?), est mort dans un accident de voiture, et Angel a perdu tous les siens, massacrés en Sardaigne par les sbires de la 'Ndrangheta.

 

Dans le parking collectif d'un immeuble à Bevaix (NE), trois véhicules sont fracturés: une Volvo, une Mini Cooper et une Audi appartenant respectivement à un analyste du Service de renseignement de la Confédération, à une jeune cadre et à un comptable.

 

A l'analyste du SRC, ont été dérobés un dossier et un ordinateur. Dans le dossier se trouvent des documents ultraconfidentiels sur des suspects de terrorisme, sur des agents britanniques, français et suisses infiltrés, sur des cibles choisies par les terroristes.

 

A la jeune cadre, dynamique, d'une entreprise multinationale, a été dérobée une clé USB contenant de la musique. Au comptable dans une entreprise horlogère, rien n'aurait été dérobé selon les dires de ce type anxieux, super-maniaque et hyper-précis.

 

En fait, le comptable ment. A des fins thérapeutiques - il doit prendre des risques pour guérir de ses tocs -, il a laissé dans le coffre de sa voiture la double comptabilité de son employeur, celle qui est déclarée et celle qui révèle des entrées illégales...

 

Si les enquêteurs suisses et français se polarisent sur le vol dont a été victime l'analyste du SRC, Angel se trouve impliqué dans le vol dont a été victime le comptable, car son patron, à qui Angel est redevable, fait l'objet d'un chantage de la part d'un inconnu.

 

Pour que soit complet l'imbroglio qui résulte de l'affaire du parking, des personnages du premier opus réapparaissent, notamment le chef du crime organisé lyonnais, le Serpent, qui commandite des meurtres sur des personnes en lien avec elle, en Suisse et en France...

 

Marco, le commissaire chargé de l'affaire du parking, comme d'autres personnages du livre, a mauvaise conscience, mais ce n'est pas en raison de son manque de scrupules professionnel, c'est parce que, marié, deux enfants, il a une liaison torride avec la procureure...

 

Le moins qu'on puisse dire est que les personnages de ce polar ne sont pas des enfants de choeur. D'ailleurs certaines scènes, violentes, le confirment s'il en était besoin. L'ensemble serait même insupportable si l'auteur ne faisait pas montre d'un humour dévastateur... 

 

Francis Richard

 

Mauvaise conscience, Fabio Benoit, 338 pages, Favre

 

Livre précédent:

Mauvaise personne (2018)

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14 octobre 2019 1 14 /10 /octobre /2019 17:00
Airs de fête, de Philippe Dubath

Du 17 juillet 2019 au 11 août 2019, Philippe Dubath a tenu une chronique, Airs de fête, dans le quotidien lausannois 24 heures, sur la Fête des vignerons 2019.

 

Ces chroniques, au nombre de vingt-deux, sont maintenant éditées à L'Aire. Ce sont des choses vues et entendues par l'auteur, en marge des représentations.

 

Aucune de ces chroniques n'est datée. Et c'est très bien ainsi. Car, si, bien sûr, ces choses ont été vues et entendues pendant cette période, cela leur donne un caractère intemporel.

 

Souvent il en est ainsi. Ce qui semble particulier peut atteindre à l'universel en raison de ces traits humains familiers en lesquels tout être peut se reconnaître peu ou prou.

 

Ce livre, comme le furent les chroniques, est illustré de photos de l'auteur, si bien que non seulement les mots, mais les images parlent d'une manière ou d'une autre au lecteur.

 

Soit, en effet, ce livre lui rappelle des souvenirs de la Fête s'il en fut, soit il lui permet de l'imaginer s'il n'a pas eu la possibilité d'y participer pour une raison ou une autre.

 

Dans ce livre il est question de choses toutes simples de la vie, les meilleures. Il parle de ce qu'il voit et entend: faune, musique, chansons, enfants à naître, siestes etc...

 

L'auteur ne s'éloigne pas de la Fête, puisqu'elle est celle de la vie où, comme il le dit un jour, reluquer, guigner est plaisir d'enfance, celui de voir et d'entendre sans être vu.

 

Les choses d'ici-bas n'empêchent pas le divin, au contraire. Deux petites soeurs de l'ordre des Oblates de Saint François de Sales lui ont dit en choeur qu'elles l'y ont rencontré:

 

Oh oui, dans la devise Ora et Labora, dans la solidarité des gens, dans l'amour de la terre, du travail, et dans le fait que cette fête donne le sourire à tout le monde. 

 

Francis Richard

 

Airs de fête, de Philippe Dubath, 104 pages, Éditions de l'Aire (à paraître)

 

Autres livres sur la Fête:

 

La Fête, Blaise Hofmann, Zoé

Fête des vignerons 2019 - Les poèmes, Stéphane Blok et Blaise Hofmann, Zoé et Bernard Campiche Éditeur

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12 octobre 2019 6 12 /10 /octobre /2019 20:40
Un vrai salaud, de Louis-Bernard Robitaille

A minuit passé, le 7 janvier 2010, Alexander Morrison, en rallumant son portable, découvre un SMS envoyé trois heures plus tôt par son ami Slobo avec qui il fait équipe: il lui demande de le rappeler concernant une affaire grave et assez urgente.

 

Quand il le rappelle il apprend de quelle urgence il s'agit: Quelqu'un a découvert le cadavre de ton copain Diouke dans un terrain vague. - Son cadavre? - Il a été battu à mort. Cette mort pourrait le réjouir puisqu'il a en quelque sorte tué Rossana...

 

Slobo, qui sait tout ce qui se passe sur "l'île aux stars", et Alex se trouvent en ce début 2010 à Malagusta, cette île frelatée où pendant la morte-saison on ne croise que des individus louches, des escrocs en rupture de banc et où le copain Diouke s'est exilé.

 

Diouke, c'est William Portelly: Grand séducteur, joueur invétéré, un peu vampire. Beau parleur et joli coeur pour commencer, assez cynique et profiteur pour conclure. Un vrai salaud, en somme. Alex n'a pas très envie de le revoir quand il apprend qu'il est à Malagusta.

 

Alex est chroniqueur mondain et écrit des articles sur les stars du cinéma et du show-biz. Il traîne dans ses bagages des oeuvres de Mallarmé, Stendhal, Benjamin Constant ou Borges... et a depuis longtemps, dans ses tiroirs, le manuscrit d'un roman inachevé...

 

Slobo est né à Sarajevo dans une famille serbe et est photographe de presse, après avoir été photographe de guerre puis engagé volontaire en Bosnie: Après quelques années de vagabondage, il a fini par emménager à Malagusta et n'en bouge plus.

 

Diouke et Alex sont tous deux des Nord-Américains. Diouke est originaire de Toronto et Alex de Boston. Ils se sont connus à Paris il y a plus de trois décennies et se sont fréquentés pendant quelques années. Puis ils se sont revus environ tous les dix ans.

 

Louis-Bernard Robitaille raconte ces rencontres, à Berlin et ailleurs, d'Alex et de Diouke, transcription phonétique en français pour Duke: C'est un surnom qu'on lui avait donné à cause de son air suffisant. Elles révèlent un Diouke destructeur et fragile...

 

Un vrai salaud peut donc être plus complexe qu'il ne paraît de prime abord. En l'occurrence celui-ci a déjà prouvé avec un premier roman, le Kameleon, qu'il écrit magistralement et comme il n'a jamais cessé d'écrire ce doit être qu'il travaillait devant l'éternité.

 

Francis Richard

 

Un vrai salaud, Louis-Bernard Robitaille, 256 pages, Éditions Noir sur Blanc

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  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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