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30 août 2024 5 30 /08 /août /2024 17:00
Le trouble, d'Anne-Frédérique Rochat

Elle se disait qu'il faudrait également acheter un peu de fromage quand elle vit au loin son mari traverser la rue. Elle s'immobilisa. Était-ce vraiment lui? Non, bien sûr que non, c'était impossible, Léonard était à son travail à l'autre bout de la ville.

 

Armelle n'en croit pas ses yeux. Si ce n'est lui, c'est donc son jumeau ou un sosie, portant comme lui pantalon noir et chemise blanche.

 

Lui est opticien, elle est oculariste. Lui vend des lunettes, elle fabrique des prothèses oculaires en verre, un travail qui est artisanal.

 

L'atelier d'Armelle est attenant à la maison qu'ils occupent et donne sur un jardinet dont ils ne s'occupent pas et dont ils ne profitent pas.

 

Le soir de la vision d'Armelle, celle-ci dit à Léonard qu'elle l'a vu rue de la Clef, qui mène à l'impasse de l'Union (la bien-nommée ?).

 

Il lui répond que ce n'était pas lui, que ce ne pouvait être lui, qu'il était au boulot. Bien que se défendant d'être jalouse, elle ne le croit pas.

 

Le trouble est semé dans le couple, si bien qu'elle se met à suivre et à épier Léonard, c'est plus fort qu'elle, d'autant qu'il se met à lui mentir.

 

Impasse de l'Union se trouvent une maison blanche aux volets bleus où habitent une jeune femme et une petite fille et, en face, l'hôtel Hôtel.

 

Dans cette maison se rend un Léonard différent de celui qu'elle connaît. Depuis l'hôtel Hôtel, une Armelle qui n'est plus la même les observe.

 

Quand Léonard et Armelle se retrouvent chez eux, ils font plus ou moins comme si de rien n'était et cuisinent ensemble les repas partagés.

 

L'histoire ne peut que mal finir. Le lecteur sent le gagner le trouble qui s'empare de plus en plus d'Armelle obnubilée par ses yeux de verre.

 

La fin n'est de loin pas près de dissiper son trouble. Car Anne-Frédérique Rochat lui réserve un de ces coups de théâtre dont elle a le secret.

 

Francis Richard

 

Le trouble, Anne-Frédérique Rochat, 142 pages, Slatkine

 

Livres précédents chez Slatkine:

Longues nuits et petits jours (2021)

Quand meurent les éblouissements (2022)

 

Livres précédents aux Éditions Luce Wilquin:

Accident de personne (2012)

Le sous-bois (2013)

A l'abri des regards (2014)

Le chant du canari (2015)

L'autre Edgar (2016)

La ferme vue de nuit (2017)

Miradie (2018)

 

Livre précédent chez BSN Press -OKAMA:

Le retour de Mara Roux (2023)

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29 août 2024 4 29 /08 /août /2024 18:55
Élargir les seuils, de Jean Prod'hom

Le langage mène à tout

D'aucuns n'en reviennent jamais

Fernand Deligny

 

Telle est l'épigraphe que Jean Prod'hom a placé en tête de son livre.

 

Parce que le langage, dès l'enfance, détourne de la réalité des choses. Mais, paradoxalement, il nous permet aussi de nous réconcilier avec ce qui nous entoure:

 

En nous conduisant par le poème au seuil de l'immédiat.

 

Pour illustrer le propos, il nous rappelle que l'enfant, un jour, passe du monde primitif à un monde second où il échappe à l'immédiat pour, le distançant, entreprendre.

 

Il a mis du temps à comprendre qu'il ne fallait pas choisir entre ces deux mondes:

  • celui duquel nous jaillissons, existons et auquel nous nous abandonnons sans délai;
  • et celui dans lequel nous nous affairons, vivons et sur lequel nous agissons avec prévoyance.

 

Parce qu'ils sont en réalité les expressions d'une même réalité. Avant d'aller à l'école, il a mené avec les enfants de son quartier une aventure collective qui le confirmait.

 

C'est à l'école qu'est apparue la division entre ces deux mondes:

 

On s'est mis à croire [...] que nos vies et le monde avec lequel elles se confondaient était d'une nature différente, que les choses étaient d'un côté et nous de l'autre.

 

Dès sa première lecture, mais il l'ignore alors, est consommé le divorce du concept d'avec l'existence, de l'objet d'avec la chose, de la langue d'avec le vent et les saisons.

 

Adolescent, il s'est tenu à l'écart des deux manières d'être au monde, celle des vertueux et celle des indociles. Il a, au fond, d'instinct fait la part belle au juste milieu.

 

Jeune homme, il est désemparé par la lecture de la Phénoménologie de l'Esprit  de Hegel et mis en danger par son besoin de certitudes et de points fixes. Il devient:

  • captif des jeux de la langue,
  • emmêlé dans ses mailles,
  • égaré par les tours et détours de la raison raisonnante.

 

Aujourd'hui, il veut prolonger l'aventure qu'il a connue enfant et, pour ce faire, s'éloigner de quelques pas de cette césure entre les deux mondes. Par exemple:

 

Écouter autant ses pressentiments que ses raisons et ignorer parfois où l'on va, prendre le risque de n'aboutir à rien et d'être ramené au commencement.

 

Au fond, Élargir les seuils, c'est ne pas choisir entre les deux mouvements essentiels que sont la gratuité et la vie de labeur, c'est ne renoncer ni à l'une ni à l'autre:

 

Nous nous assécherions si nous ne nous abandonnions à la gratuité et aux eaux vives; et nous mourrions si nous n'entretenions les comptoirs et les maisons que nous avons établis sur leurs rives, pour disposer d'un port et traiter des affaires courantes.

 

Francis Richard

 

Élargir les seuils, de Jean Prod'hom, 112 pages, Labor et Fides

 

Livre précédent:

 

Novembre, éditions d'autre part (2019)

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27 août 2024 2 27 /08 /août /2024 19:50
Ilaria ou la conquête de la désobéissance, de Gabriella Zalapì

Ilaria est une petite fille de huit ans. Ses parents sont séparés. Maman habite Genève, Papa, Turin. Si Maman travaille, Papa est sans emploi.

 

Un mercredi de mai 1980, Papa, à la faveur d'une ruse, emmène Ilaria en Italie, pour le week-end: elle ne manquera l'école que quelques jours.

 

Il prétend qu'ils devaient se retrouver tous quatre, Papa, Maman, Ilaria et sa soeur Ana, Chez Léon, de l'autre côté de la frontière franco-suisse. 

 

En chemin, il téléphone. Maman aurait changé d'avis. Ils ne se retrouveront pas Chez Léon. Mais Papa et Ilaria partiront ensemble pour Turin.

 

À Turin Papa lui achète un nounours. Ils vont l'appeler Birillo1 et Papa lui pince la joue entre son index et son majeur avec un regard tout mou:

 

Ce geste est sur ma joue comme sa signature. Il le répétera deux ans durant et je finirai par le détester.

 

Fulvio, c'est-à-dire Papa, ne compte pas rester à Turin. Une fois partis dans sa BMW bleu marine, il dit à Ilaria, qu'il a en fait enlevée à Maman:

 

Je te fais visiter ton pays.

 

Route faisant, il téléphone, envoie des télégrammes, s'arrête dans de petits hôtels, dans des bars et les journées s'empilent. Ilaria ne regimbe pas:

 

À huit ans, je suis une enfant taciturne, docile, plutôt maigrichonne.

 

Fulvio ment avec naturel, très poliment, avec les yeux, si bien que tout le monde le croit. Mais il dit vrai quand il avoue que Maman les cherche...

 

Papa emmène Ilaria en voiture comme certains mènent les autres en bateau et met à profit ses talents de bonimenteur pour se faire de l'argent...

 

Quand il est au téléphone et qu'Ilaria veut parler à Maman, il trouve toujours un prétexte pour lui promettre qu'elle lui parlera la prochaine fois.

 

Dans une gare, le panneau d'affichage des trains a des trous noirs. Ilaria pense qu'il se rebelle, qu'il désobéit. C'est pour elle comme un déclic:

 

Désobéir. Ce mot tombe en moi comme un caillou. Il me traverse tout entière. Quelque chose s'effondre, me vivifie. Si je veux, je peux moi aussi inventer des mots, comme ce panneau.

 

Les jours, les mois passent. Noël 1980 arrive. Ilaria se demande ce que font Maman et Ana, serre les poings, se dit, pour tenir bon malgré tout:

 

Je ne dois pas pleurer. Je ne dois pas pleurer. Je me répète mille fois cette phrase.

 

Depuis l'entrée de Birillo dans sa vie, le lecteur sait que la cavale durera deux ans, devine qu'un jour, le sous-titre le suggère, elle désobéira à Papa...

 

Francis Richard

 

1 - Épingle en français

 

Ilaria ou la conquête de la désobéissance, Gabriella Zalapì, 176 pages, Zoé

 

Livres précédents:

 

Antonia, journal 1965-1966 (2019)

Willibald (2022)

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23 août 2024 5 23 /08 /août /2024 14:35
L'impossible retour, d'Amélie Nothomb

Ce livre est, paraît-il un roman, mais la narratrice ressemble comme une soeur à son auteure. Elle porte les mêmes nom et prénom. Elle a à peu près le même âge. Comme elle, elle est allée plusieurs fois au Japon.

 

En 1972, la narratrice a quitté le Japon une première fois à cinq ans; le japonais était sa langue fantôme. Elle y est revenue en 1989 pour y travailler et a dû le réapprendre, mais ce fut un fiasco: retour en Belgique.

 

À vingt-cinq ans, elle s'installe à Paris, sans penser que ce serait pour un long bail. Au moment où commence le récit, elle en a, depuis vingt-cinq années, fait son port d'attache, d'où elle a entrepris quelques voyages.

 

La dernière fois qu'elle est allée au Japon, c'était en 2012, pour le tournage du documentaire Amélie Nothomb entre deux eaux. Depuis ce séjour de dix jours, onze années se sont écoulées et non des moindres:

 

Il y avait eu la pandémie, la guerre en Ukraine avait éclaté. Mon père était mort.

 

Début 2021, son amie Pep Beni remporte le prix Nicéphore Niépce, pour un recueil de photographies qui raconte la guerre du Pacifique côté Japon: c'est un aller-retour long-courrier pour deux personnes.

 

Pep choisit le Japon comme destination et Amélie comme compagne de voyage: elle sera son guide et elle ne pourra pas se débiner puisque, aussi bien dans sa vie que dans ses romans, elle fait l'éloge de l'ombre.

 

Ce voyage a lieu du 20 au 31 mai 2023. Amélie Nothomb le raconte avec beaucoup d'auto-dérision et n'échappe pas à la nostalgie, qui est sa pathologie invétérée et qui était une vertu cardinale de son père.

 

En retournant ensemble au Japon, en 1989, ils savaient tous deux que leurs coeurs en seraient déchirés, mais cela ne les avait pas dissuadés d'opérer ce retour à l'archipel idéal, à la terre où [l'] existence a un sens:

 

Nous avions lui et moi inventé la nostalgie préventive: idée romantiquement funeste, vaccin inspirant, se contentant d'agrandir dans l'âme la région dévolue à la nostalgie rétrospective.

 

Dans ses bagages, elle a emporté À rebours de Huysmans. Elle ne sait pas pourquoi, mais Tokyo lui a paru le lieu idéal pour sa relecture, qui lui procure l'ivresse que donne un roman que l'on croirait écrit pour soi:

 

Les seuls moments où je ne doute pas de mon existence sont ceux où je lis. La littérature me paraît l'unique domaine où j'ai pied.

 

Quand vient le moment de retourner, elle est sujette à nouveau à la nostalgie. Les techniques, telles que la solitude, la réflexion, le silence, ne sont d'aucun effet sur elle et elle ne trouve son salut que dans le travail:

 

Je suis partie, je suis revenue. La belle affaire! Oui, mais je n'ai fait que cela toute ma vie. Même le lieu où j'habite n'est pas celui que j'ai choisi. Le seul endroit que j'aurais élu, je l'ai quitté. Je viens encore de l'abandonner. Quid de cette aberration? Je n'y comprends rien, alors je l'écris.

 

Francis Richard

 

L'impossible retour, Amélie Nothomb, 162 pages, Albin Michel

 

Livres précédents chez le même éditeur:

 

Le voyage d'hiver (2009)

Une forme de vie (2010)

Tuer le père (2011)

Barbe bleue (2012)

La nostalgie heureuse (2013)

Pétronille (2014)

Le crime du comte Neville (2015)

Riquet à la houppe (2016)

Frappe-toi le coeur (2017)

Les prénoms épicènes (2018)

Soif (2019)

Les aérostats (2020)

Premier sang (2021)

Le livre des soeurs (2022)

Psychopompe (2023)

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2 août 2024 5 02 /08 /août /2024 19:55
Journal de guerre, de Gilles-William Goldnadel

Après le plus grand pogrom depuis la Shoah, perpétré en Israël le 7 octobre 2023, Gilles-William Goldnadel a tenu un journal pendant deux mois. Il a constitué pour lui un remède anti-douleur.

 

Lire six mois après la parution de ce journal qu'il ne sera jamais heureux comme avant le 7 permet de mesurer à quel point le traumatisme a été grand pour lui et qu'il a confirmé ses craintes.

 

Depuis longtemps déjà, en effet, il a alerté ses coreligionnaires et les occidentaux. Il leur a dit aux uns comme aux autres qu'ils étaient mis en danger par l'immigration massive et islamique.

 

Quelques citations permettent de mesurer sa douleur et sa lucidité devant la haine dont les Juifs et l'Occident sont l'objet et dont la décapitation de bébés et le viol de femmes sont l'expression1:

 

Mardi 10 octobre

Je ne donne pas encore trois jours pour qu'Israël soit nazifié et les Arabes de Palestine peints en martyrs génocidés.

[...]

Les Juifs sont des Blancs au carré. Qui se défendent bec et ongles.

 

Mercredi 11 octobre

En 1923, j'aurais combattu l'extrême-droite et l'aurais traitée en pestiférée. Cent ans plus tard, mon adversaire c'est l'extrême-gauche. Peste brune hier, peste rouge aujourd'hui, le temps et la couleur ne font rien à l'affaire. Ils ont la haine intolérante et le conformisme méchant comme dénominateur commun.

 

Vendredi 13 octobre

Arras rime avec Hamas

11 heures du soir. Un homme est mort. Un professeur égorgé. Par un musulman islamiste.

 

Samedi 14 octobre

Celui qui adore le Juif mort ne peut qu'abhorrer le Juif vivant.

 

Mardi 17 octobre

La génération d'Arabo-musulmans qui précède se moquait comme d'une guigne de la Palestine. Elle n'avait pas pour le Français moyen cette aversion grandissante. Sont passés par là et le gauchisme anti-Blancs, qui a dépeint le Français comme un beauf raciste en béret pétainiste, et l'islamisme anti-judéo-chrétien. Et l'on nous a expliqué que l'islamo-gauchisme était une construction factice et fantasmatique de l'extrême-droite raciste.

 

Jeudi 19 octobre

La différence entre un assassinat délibéré et un homicide volontaire, pas très difficile juridiquement à saisir. Pour les éviter donc [les dégâts involontaires], les Israéliens demandent aux civils de Gaza de bouger un peu. Mais cet évitement, qui occasionne fatalement quelques inconvénients, est considéré par les médias stupides, naïfs ou complices d'Occident comme une infamie à refuser...

 

Mardi 24 octobre

France Inter est un authentique scandale démocratique de la main-mise du gauchisme journalistique sur une radio publique subventionnée par l'impôt. Allergique à tout pluralisme et dernièrement conquise par le wokisme.

[...]

[Le Monde] a sombré lui aussi dans l'extrême gauchisme. Il est devenu tellement impayable que je ne l'achète plus. Je préfère le voler. J'utilise le code d'une amie.

 

Vendredi 27 octobre

Qui osera dire son fait à la rue arabe? Pas notre président. Depuis son voyage à Tel-Aviv, chaque jour qui passe le rend plus tendre envers le Hamas.

 

Lundi 30 octobre

Hier dimanche, dans l'émission de l'ineffable Charline 2, Guillaume Meurice a trouvé moyen de qualifier le Premier ministre israélien de "nazi sans prépuce". Et Charline qui se fend la poire. La guerre est déclarée. Vous me savez réactif en matière d'odieux visuel de sévices publics.

 

Mardi 7 novembre

Un mois. À un mois du massacre. Quarante Français ont été assassinés, hachés menu, découpés en morceaux. Aucun jour officiel de deuil de prononcé. Indifférence et lâcheté.

 

Jeudi 9 novembre

Je suis à nouveau en guerre ouverte avec le CRIF. Je lui dis que le chasseur de nazis Serge Klarsfeld me paraît plus crédible et légitime pour dire que le RN n'est pas antisémite que son petit secrétaire général qui ne représente rien.

 

Samedi 11 novembre

À la BBC, Macron a réclamé l'armistice. Il a évoqué les bébés de Gaza, rangeant ainsi symboliquement Israël du côté des nazis du Hamas. Macron vient définitivement de changer de trottoir. Et de camp. Il se range du côté de la rue arabe. De ceux qui crient le plus fort. En France comme dans le monde.

 

Vendredi 24 novembre

Moshe du kibboutz d'Israël et Thomas 3 de la campagne française sont morts du même couteau et de la même haine. Ce sont mes deux enfants. Rien de plus indifférent qu'un islamo-gauchiste juif, méprisant les petits Blancs ou protégeant ses bourreaux qui ne le sont pas.

 

Lundi 27 novembre

Les otages revenus de l'enfer commencent à témoigner de leur calvaire. Et moi, je continue à les ignorer pour me protéger.

Comme je n'ai pas regardé une seule photo des suppliciés.

[...]

L'extrême-gauche a perdu le monopole de l'information. Les autorités d'occultation ne peuvent plus occulter because la fâcheuse sphère.

Elle a aussi perdu la bataille morale.

 

Mardi 5 décembre

Des centaines de milliers d'être humains viennent de mourir, à nouveau au Soudan. Principalement des chrétiens et des animistes, des mains de musulmans. J'affirme que la couverture médiatique du drame soudanais n'a pas représenté le dix millième du drame israélo-palestinien. Il y manque l'ingrédient juif. Le grain de sel qui change le goût du tout au tout.

 

Jeudi 7 décembre

Le féminisme gauchiste est mort le 7 octobre. Il est plus que jamais gauchiste et dans son dernier avatar wokiste. Mais il n'est plus féministe.

[...]

Deux mois. Qui me paraissent deux ans. Le diariste sioniste et français jusqu'au bout de la plume aura apaisé une partie de son désespoir, de son amertume et de sa colère, en disant ses misères et vidant ses viscères.

 

Dans ce journal, l'auteur se livre donc au lecteur. Il est patent qu'il n'aurait jamais cru devoir ressortir le pyjama rayé du déporté qu'il avait soigneusement plié et rangé dans l'armoire à mémoire.

 

Le lecteur français, s'il n'est pas dupe de ce que disent les médias bien en cour et n'appartient pas à leurs protégés, aura compris que la guerre qui est faite à Goldnadel lui est faite également...

 

Francis Richard

 

1 - Sans parler des bébés découpés ou cuits au four, et des femmes éventrées pour extraire leurs foetus.

2 - Charline Vanhoenacker, soi-disant journaliste et humoriste, qui sévit sur France Inter.

3 - Thomas, 16 ans, poignardé à Crépol.

 

Journal de guerre - C'est l'Occident qu'on assassine, Gilles-William Golnadel, 306 pages, Fayard

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

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29 juillet 2024 1 29 /07 /juillet /2024 18:30
L'oreille aveugle, d'Oskar Freysinger

J'ai compris que j'écris pour vivre et non pas le contraire.[...] Il y a autant de sagesse dans Pierrot lunaire tressant l'osier que dans mon esprit tissant des phrases autour des pensées de Pierrot dans le roman qui suit. Les deux forment une trame autour d'un fil de chaîne. Les deux sauvent du désespoir. J'en viens à me demander parfois si j'ai vraiment vécu ma vie. Ne me la suis-je pas plutôt racontée.

 

Dit Oskar Freysinger dans son avant-propos.

 

Son personnage, Pierrot, n'est pas gâté par la nature: il est sourd-muet de naissance, autiste, en passe de devenir aveugle. Bref il vit dans un bocal, mais il parvient à faire bouger le bocal, ce dont aucun poisson rouge n'a jamais été capable de faire. Il serait plus juste de dire que le bocal est en lui, que son corps le protège...

 

À l'occasion d'un accident de la route qu'il a causé en conduisant sa voiture, Pierrot réalise qu'il perd la vue. Cette rupture dans sa vie de confiné portable remet en cause sa volonté de conduire sa vie lui-même, à sa guise. Or, pour lui, la liberté s'est de tout temps confondue au mouvement. Il prendra donc les transports publics.

 

Dans ce récit, son propos est de démontrer qu'on peut aller de l'avant même quand on n'est plus en mesure de distinguer ce qui est derrière de ce qui est devant. Pour l'écrire, un écrivain s'est proposé. Il l'appelle son porte-canne: il lui servira de canne blanche dans la jungle des lettres et le révélera peut-être à lui-même.

 

Son remède contre la déprime? Voyager, voir, plutôt entrevoir, ce qu'il ne verra bientôt plus, le stocker. Il a un sens, infaillible, qui compense déjà les deux qui lui manquent: il a une mémoire phénoménale, si bien qu'il n'oublie jamais un lieu où il s'est rendu, se prépare une caverne intérieure qu'il tapissera de souvenirs. 

 

Le lecteur est prévenu. Il va parcourir le monde, en accomplissant des cercles de plus en plus larges autour de la Suisse, avec toutefois deux bases arrière: sa chambre chez ses parents et son studio à l'institut des marmottes, où des psychologues tentent de le socialiser, ne comprenant visiblement pas ce qu'est l'autisme...

 

Parcourant le monde, seul ou en compagnie d'une seule personne, il applique son principe du voyageur et chasseur-cueilleur d'images et d'impressions pour tapisser les galeries du labyrinthe de sa caverne, principe qui n'est pas remis en question par les difficultés qu'il rencontre, dues à son aversion innée pour le collectif:

 

La liberté ne se taille pas dans le marbre, elle ne se voit pas et ne se communique pas, c'est le mouvement de la vie, l'essence de l'être, le voyage sous toutes ses formes, pour peu qu'il ne soit pas collectif. À mon sens, le voyage organisé en groupe ne représente rien d'autre que la continuation de la prison par d'autres moyens, parce que la foule est un encombrement et qu'il n'y a pas d'agence ou de guide pour la liberté.

 

Quand la pandémie de Covid 19 l'empêchera de voyager, alors que lui voyage partout dans le monde, il ne déprimera pas, car il aura sa caverne et sa patience, son univers qu'il fait vivre pour qu'il le fasse vivre. Et, grâce au cannage, il tressera des trames dans la nuit, ce en complément du réseau implanté dans sa mémoire:

 

En moi et autour de moi tout est réseau, tout est lié, tout est trame.

 

Francis Richard

 

L'Oreille aveugle, Oskar Freysinger, 130 pages (168 pages avec le livre au verso), Selena Éditions

 

NB

Le volume comprend deux livres: L'Oreille aveugle et Le Nez dans le soleil, paru initialement en 2009.

 

Livres précédemment chroniqués:

 

L'évasion de CB Xenia (2008), publié sous le pseudonyme de Janus

Le nez dans le soleil Editions de la Matze (2009)

Canines Xenia (2010), publié sous le pseudonyme de Janus

Antifa Tatamis (2011)

Garce de vie Editions Attinger (2012)

De la frontière Xenia (2013)

Le remède suisse - Antigone chez les Helvètes Xenia (2016)

Animalia - Une cacatopie Selena Éditions (2024)

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

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24 juillet 2024 3 24 /07 /juillet /2024 22:45
Sixième Suisse, de Federico Rapini

On connaît les quatre premières Suisse: elles correspondent aux quatre langues officielles du pays. La cinquième? Celle des Suisses de l'étranger. Que peut donc bien être cette Sixième Suisse qui fait le titre du pavé de Federico Rapini?

 

Bien sûr il faut lire ce gros roman pour le savoir. Mais, très vite, le lecteur est mis sur la voie. En effet cette satire se déroule principalement en trois endroits différents: Berthoud, en Suisse, Washington DC et New Burgdorf, aux États-Unis.

 

La piste se précise quand le lecteur apprend que la traduction germanique de Berthoud est justement Burgdorf. Il peut alors faire le lien entre cette ville bernoise et sa cousine du Rhode Island, sur la côte est, fondée d'ailleurs par des Suisses.

 

Dans cette satire, il y a les bons et les méchants. Les méchants, ce sont les identitaires d'Honneur et Patrie, un groupuscule fondé à Berthoud par un certain Jonas Schmidhauser, les Républicains à la Maison Blanche et... à New Burgdorf.

 

Tous les personnages de ce récit sont caricaturaux. Ils sont représentés tels que leur auteur les fantasme, si bien que de celui-ci le lecteur n'ignore rien des convictions, notamment en matière d'immigration, que ce soit en Suisse ou aux États-Unis.

 

Le récit se déroule surtout, comme dit plus haut, en trois lieux. Il est émaillé d'articles de presse, factuels ou polémistes, et de déclarations lapidaires faites sur le réseau social, GhiG, lequel n'est pas sans rappeler un autre réseau bien connu.

 

Quel que soit ce que le lecteur pense des engagements implicites de l'auteur, il ne peut que prendre du plaisir à le lire tant il excelle à décrire des situations, comme à faire parler des personnages, qui sont grotesques voire grand-guignolesques.

 

L'auteur n'est toutefois pas complètement manichéen - on dirait binaire, je crois, aujourd'hui. Les personnages qu'il débine sont souvent méchants, mais également bêtes. Parfois, à la réflexion, ils sont, au fond, plus bêtes que méchants.

 

Quant à l'illustration de couverture, elle se réfère à un épisode se situant à New Burgdorf où le Jonas de Berthoud se rend un jour pour faire une action spectaculaire et où, avant son passage à l'acte, il se heurte à l'adjoint du shériff de la ville:

 

- Mon programme... moi juste manger auberge... puis partir.

- À l'auberge, hein?

[...]

- Je vous conseille le homard, Monsieur.

Boum ! L'attaque de panique coupée dans son élan.

- Hein?

Jonas s'attendait à tout, sauf à un guide Michelin sur pattes. L'adjoint Gray avait retrouvé sa bonhomie. Il mimait les pinces du homard.

 

Francis Richard

 

Sixième Suisse, Federico Rapini, 644 pages, Les Éditions Romann

 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.

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20 juillet 2024 6 20 /07 /juillet /2024 21:15
Le Monde des Orindis - Azzam, de Zelda Chauvet

Après le point de vue de Léa, dont Marie-Christine Horn a été l'interprète, ce volume donne celui d'Azzam par la voix de Zelda Chauvet. Qui est-il? L'amant de Léa, venu de l'Autre Monde, Le Monde des Orindis. Il est différent des humains puisqu'il a des ailes et les pieds griffus.

 

Au grand dam de Léa, l'Élue, il retourne donc avant elle, sans elle, à Övrigdomhan, parce qu'il n'est pas à l'aise parmi les humains et qu'il sait avoir une mission à accomplir. Son père, Kendir, guérisseur visionnaire, qui l'a initié aux rites anciens, lui a ainsi adressé ces dernières paroles:

 

Azzam, lorsque la nuit viendra à toi, il te faudra accepter ta destinée, ou ce sera elle qui te choisira.

 

Il ne le sait pas, mais Övrigdomhan, l'Autre Monde, est menacé. Il y est accueilli par son frère, Anwar, qui l'attendait et qui, depuis son départ, est devenu Al-Sayad, c'est-à-dire le nouveau souverain des airs. Il est la clé de la victoire, car la maîtrise des vents est une arme insuffisante.

 

Son frère ne lui a pas menti. Tout l'écosystème d'Övrigdomhan est en train de mourir: La végétation autrefois si luxuriante s'était fanée, asséchée. Aussi se rend-il à Verleven, le village des patrouilleurs, après avoir suivi le zorgh Staëgus, puis Saril le compagnon de Seth, pour l'aller voir.

 

Là Valeria, la femme de Nobek, lui explique quelle est l'ultime chance pour sauver leur monde où le mal détruit tout: Il existe un sort ancestral qui n'a jamais été pratiqué, car il demande la réunification des quatre puissants esprits. Tu les connais déjà: Machimba, Shawoo, toi et moi.

 

Dans cet épisode, qui est le même que celui vécu par Léa, mais vu par Azzam, l'aventure est au rendez-vous, faite de péripéties, de trahisons réelles et imaginaires, de combats épiques entre créatures fantastiques qui font tout le charme du monde des Orindis, c'est-à-dire des arbres-monde.

 

Peu avant la fin du récit, a lieu la cérémonie décisive des guérisseurs: Redonner vie à Övrigdomhan était notre mission, peut-être y en avait-il d'autres. Si le sort ancestral était vrai, nous serions non seulement en mesure de sauver notre monde mais également de ressusciter un être perdu...

 

Francis Richard

 

Le Monde des Orindis - Azzam, de Zelda Chauvet, 126 pages, OKAMA

 

Autres livres de la collection Heyoka:

 

Léa, roman collectif de quatorze auteurs, dont Zelda Chauvet

Agente spéciale en mission, Tiffany Schneuwly

Rýtingur hotel, Stéphanie Glassey, Fabrice Pittet, Estelle Tolliac, Olivier May et Marie-Christine Horn

Oul le Porteur de pierres, Carmen Arévalo

Seth le Valeureux, Fabrice Pittet

Le Monde des Orindis - Léa, Marie-Christine Horn

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19 juillet 2024 5 19 /07 /juillet /2024 21:25
La Chaussure rouge, de Raymond Delley

L'expression Le rouge est mis, qui signifie que Les jeux sont faits, pourrait résumer le roman policier de Raymond Delley, mais reste à savoir quels ils sont. En tout cas le titre, La chaussure rouge, n'a pas été choisi au hasard par l'auteur, car c'est la couleur d'une chaussure perdue dans un pré qui lui donne son ton.

 

Un inspecteur à la retraite dira un jour à celui qui la mène: Je t'avoue que c'est la première fois que je vois ça: une couleur comme indice principal dans une enquête. L'inspecteur Gachet a eu connaissance de cette chaussure par son ami le professeur Ducret qui, en roulant, l'a aperçue dans son écrin d'herbe mouillée:

 

Elle gisait dans l'herbe, à quelque pas d'un chemin montant qui s'ouvrait sur la droite de la route et qui aboutissait deux cents mètres plus haut, à une grande maison qu'on apercevait parmi les arbres, au milieu d'un vaste parc.

 

Le digne professeur de philosophie au Collège St-Michel, à Fribourg, a ramassé ladite chaussure d'un rouge étincelant et l'a remise à son ami l'inspecteur. Ce qui a excité la curiosité de l'inspecteur Gachet, c'est la couleur rouge de l'objet. Qui lui a rappelé l'affaire d'une disparition non résolue dix-sept ans plus tôt.

 

L'inspecteur Gachet est connu pour son rationalisme qui lui a permis de résoudre nombre d'affaires criminelles par le passé. Mais, là, il ne lui a servi de rien. Aussi ne se console-t-il pas, ce vendredi 9 décembre 20221, de n'avoir plus que douze jours avant de prendre sa retraite sans avoir résolu le dossier Marie Gervais.

 

Il en est d'autant plus chagrin qu'il a promis à la mère de Marie, alors âgée de dix-huit ans, de la retrouver, morte ou vive. Cette disparition l'avait d'autant plus touché qu'il avait lui-même perdu sa fille Julie, au même âge, morte d'une overdose, sans qu'il ait réussi à l'empêcher de partir à la dérive, par incompréhensions.

 

Contrairement donc à sa méthode d'investigation rationnelle habituelle, Gachet va écouter son intuition. Ce qui va lui permettre de faire des rapprochements improbables entre cette disparition et une autre, celle d'un vieux paysan, qui s'est produite ce même mois de mai 2005 et dont s'était occupé alors un de ses collègues.

 

Des coïncidences de lieux, de dates, de personnes, qui avaient échappé à tous, lui y compris, n'en seront plus et ses derniers jours d'activité seront consacrés à ces deux affaires dont il sait très vite, sans pouvoir se l'expliquer, l'intuition vous dis-je, qu'elles sont liées et que le pire et le meilleur s'y trouvent hélas mêlés.

 

Abandonne-t-il pour autant tout raisonnement? Que nenni. Peut-être est-il parvenu, en quelque sorte, à cet idéal rare auquel tout bel esprit devrait tendre et dont Blaise Pascal était l'illustration implicite: être à la fois géomètre et fin, ce qui, par les temps qui courent, ne se rencontre guère dans l'espèce dite humaine. 

 

Francis Richard

 

1 - L'auteur ne donne pas l'année, mais le lecteur la déduira facilement...

 

La Chaussure rouge, Raymond Delley, 384 pages, Éditions de l'Aire

 

Livres précédemment chroniqués:

 

Quelques jours en automne (2019)

Comment je suis devenu écrivain (2023)

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12 juillet 2024 5 12 /07 /juillet /2024 22:30
Le Monde des Orindis - Léa, de Marie-Christine Horn

Léa est retournée dans sa Bretagne natale. Azzam l'y a suivie. Mais, comme avec ses ailes il est différent des autres, il sent qu'il y est considéré comme un monstre et décide de retourner dans l'Autre Monde qu'il n'aurait jamais dû quitter, même pour être avec Léa:

 

Il était définitivement parti. Je me sentis glisser au sol et entendis mon coeur se briser comme une pierre.

 

Un départ peut en cacher un autre. Sa mère la quitte à son tour pour aller chez une amie d'enfance, pour une durée indéterminée, les laissant elle et son frère Loïc, leur oncle Tristan (le frère de leur père Mick disparu en mer) s'occupant de lui pendant son absence.

 

Même si elle voue l'Autre Monde aux gémonies, depuis que Azzam y est reparti sans elle, Léa n'a pas coupé tous les liens avec Övrigdomhan, l'île où il se situe. Elle a en effet le don de télépathie et un jour Staëgus, un zorgh de là-bas, entre en contact avec elle par ce canal.

 

Elle, qui a été considérée comme l'Élue par les habitants, ne peut rester insensible à sa demande de revenir au plus vite. Aussi prend-elle la mer avec son bateau et se dirige-t-elle vers les trois rochers qui bordent le Triangle où se trouve le passage vers l'Autre Monde.

 

La fois précédente, c'était à l'occasion d'un naufrage qu'elle s'y était retrouvée. Cette fois, un étrange personnage marin, Babo, l'incite à se jeter à l'eau, la transporte en direction de l'Autre Monde et la laisse en vue d'une plage de l'île mythique, vers laquelle elle nage.

 

Une nouvelle menace s'est abattue dans le Monde des Orindis, c'est-à-dire des arbres de vie, ce qui n'est pas sans rappeler le temps où sévissait Wargok le Cruel. Car une tempête de sable l'a de nouveau asséché et rendu aride, et les Orindis y dépérissent à nouveau.

 

Dans cet épisode, Marie-Christine Horn fait parler Léa à la première personne. Le lecteur n'ignore donc rien de ses tourments et de ses réflexions quand elle voit péricliter ce monde aux habitants fantastiques, tels que les Sils, les animoïkis, les zorghs ou les chunioles:

 

Une fois en l'air, les rayons de soleil illuminaient la partie transparente de ces bestioles en renvoyant des scintillements, à l'image d'une danse de pixels totalement fascinante.

 

Un sort semble s'acharner sur Övrigdomhan. La solution n'est-elle pas de réunir ses guérisseurs: Shawoo, Valeria, Machimba et... un quatrième qui s'est bien gardé de dire à Léa qu'il a reçu le don des éléments à la naissance? Ils pourraient alors activer le sort salutaire.

 

Auparavant, Léa, puisqu'après tout elle est l'Élue, se doit de trouver ce qui a rompu l'équilibre et le réparer: Dans chaque univers, il est toujours un danger. Il n'y a pas de bien sans mal et de mal sans bien. Quand elle l'aura trouvé, l'eau sera son alliée la plus précieuse...

 

Francis Richard

 

Le Monde des Orindis - Léa, Marie-Christine Horn, 160 pages, OKAMA

 

Livres précédents de l'auteure:

 

Le nombre de fois où je suis morte, Marie-Christine Buffat, 128 pages, Xenia (2012)

Tout ce qui est rouge, Marie-Christine Horn, 386 pages, L'Âge d'Homme (2015)

La piqûre, Marie-Christine Horn, 288 pages, Poche Suisse (2017)

24 heures, Marie-Christine Horn, 96 pages, BSN Press (2018)

Le cri du lièvre, Marie-Christine Horn, 112 pages, BSN Press (2019)

Dans l'étang de feu et de soufre, Marie-Christine Horn, 136 pages, BSN Press (2021)

Sans raison, Marie-Christine Horn, 136 pages, BSN Press - OKAMA

 

Autres livres de la collection Heyoka:

 

Léa, roman collectif de quatorze auteurs, dont Marie-Christine Horn

Agente spéciale en mission, Tiffany Schneuwly

Rýtingur hotel, Stéphanie Glassey, Fabrice Pittet, Estelle Tolliac, Olivier May et Marie-Christine Horn

Oul le Porteur de pierres, Carmen Arévalo

Seth le Valeureux, Fabrice Pittet

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30 juin 2024 7 30 /06 /juin /2024 17:00
Seth le Valeureux, de Fabrice Pittet

Dans ce volume Fabrice Pittet invite le lecteur à retourner à Övrigdomhan, l'Autre Monde, lieu où se déroulent plusieurs aventures fantastiques de la collection HeYoKa.

 

Cette fois-ci le héros est Seth le Valeureux. C'est un patrouilleur dont la mission et le destin sont de protéger ce monde, son monde, contre une terrible menace, mystérieuse.

 

En effet il s'agit de la menace d'animaux qui subissent d'étranges mutations. C'est pourquoi il leur a été donné le nom d'Altérés. Des hordes de ces créatures envahissent le territoire.

 

D'où vient le Mal qui atteint ces animaux de tout acabit? Telle est la question. Une fois connue la réponse, Seth se met en quête de l'anéantir avec des compagnons d'arme.

 

Son mentor, Alkar, est une vraie force de la nature. Il lui appris à se défendre et, bien qu'âgé et d'humeur inégale, il peut compter sur lui pour combattre le Mal sans faiblir.

 

Les rejoint Milo, un jeune garçon, petit, chétif, qui voit mal, ce qui le dessert, un orphelin intrépide qui lui a été confié pour en faire un combattant aguerri, un patrouilleur.

 

Au cours de cette geste, ils rencontreront un diablotin, qui ne sera pas de trop pour venir à bout du monstre à l'origine du Mal,  décrit comme un immense scarabée blanc.

 

Chacun des quatre contribuera à cette lutte épique, car leurs armes, mentales et physiques, sont complémentaires. Chemin faisant, ils trouveront des alliés pour la mener à bien.

 

Un monstre peut en cacher un autre, au service de la malfaisance, telle est l'une des leçons de cette histoire, où la moralité tragique n'est pas de survivre mais de vaincre le Mal.

 

Francis Richard

 

Seth le Valeureux, de Fabrice Pittet, 168 pages, Okama

 

Autres livres de la collection Heyoka:

 

Léa, roman collectif de quatorze auteurs

Agente spéciale en mission, Tiffany Schneuwly

Rýtingur hotel, Stéphanie Glassey, Fabrice Pittet, Estelle Tolliac, Olivier May et Marie-Christine Horn

Oul le Porteur de pierres, Carmen Arévalo

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28 juin 2024 5 28 /06 /juin /2024 18:00
La Princesse celte, de Philippe Favre et Olivier May

Le roman historique de Philippe Favre et d'Olivier May plonge le lecteur à l'époque du Premier Âge de fer, c'est-à-dire autour de 500 ans avant J-C.

 

L'héroïne en est une jeune fille, Aruna1. À la suite de la mort d'un échanson à Gamuso2, dont son père est le chef, elle doit le remplacer dans un convoi.

 

Le magistrat suprême de la cité étrusque de Felzna3 envoie en effet par convoi, à titre de don, à La Princesse celte de Sekuadunon4 un énorme kratère5.

 

Ce kratère en bronze est destiné à un banquet qui doit avoir lieu dans la ville dont Eponea est la princesse et où des délégations de tout le pays se rendront.

 

Le voyage ne se déroule pas tranquillement, car le pouvoir d'Eponea, la magala, est contesté, la mort imprévue d'un des deux échansons à Gamuso en atteste.

 

Pourtant:

Depuis que les femmes gouvernent, au lieu des incessantes luttes de pouvoir entre chefs de clan, c'est une prospérité sans pareille que nous connaissons,

confiera Brixia6 à Aruna.

 

Les deux échansons, qui connaissent le métier, doivent servir le vin aux convives du banquet et Aruna, disciple du druide Larth, doit l'apprendre en chemin.

 

Ce récit épique est l'occasion pour les auteurs de ressusciter un monde disparu et ils le font avec beaucoup de science, dont ils instruisent avec détails le lecteur.

 

Le livre comporte notamment:

  • un glossaire de la langue celtique
  • la liste des personnages par ville
  • une bibliographie
  • la liste des lieux

 

et, en annexes:

  • l'itinéraire suivi par le convoi
  • les photos du cratère et autres objets d'époque
  • la liste des lieux en langue celte et actuellement

 

Le livre est une mine pour qui s'intéresse aux croyances, aux moeurs, aux armes de cette époque lointaine, bien que proche au regard de la longue histoire de l'humanité.

 

C'est une épopée, dans le sens qu'il y a des batailles et des héros, des moments sublimes et des moments tragiques, des trahisons et des amitiés, des morts et des vivants. 

 

Un élément donnera matière à réflexion au lecteur, qui, sans l'écriture latine, ne prendrait pas connaissance de cette épopée restituée savamment par les deux auteurs.

 

Larth, le maître d'Aruna, lui a dit un jour:

 

Les Grecs et les Rasna7 tracent les signes; nous les Keltoi 8 , nous y refusons. C'est une invention dangereuse car elle met la connaissance accumulée et transmise par des générations de sages à portée de ceux qui ne le sont peut-être pas. Le savoir n'est pas destiné à celui qui veut s'en servir mais à celui est prêt à le servir. C'est pourquoi la seule connaissance qui vaille est celle qui réside à demeure dans votre esprit, pas celle gravée dans le bois, la terre cuite ou la pierre.

 

Comme le commentent les auteurs: Cette règle imposait l'apprentissage par coeur. Le fait est qu'Aruna a une bonne mémoire et, de plus, ne manque pas d'intuition...

 

Francis Richard

 

1 - Son portrait est en couverture du livre

2 - Gamsen (Suisse)

3 - Bologne (Italie)

4 - Vix (France)

5 - Vase antique d'une contenance de 1100 litres et d'un poids de 108 kg, acheminé par un marchand de Tartocladia, Golasecca (Italie)

6 - La bann drui, femme druide, venue de Combero, Bar-sur-Seine (France)

7 - Les Étrusques

8 - Les Celtes

 

La Princesse celte, Philippe Favre et Olivier May, 312 pages, Favre

 

N.B.

Pour ceux qui voudraient en savoir davantage, Philippe Favre a créé le site de La Princesse celte...

 

Livres précédemment chroniqués de Philippe Favre aux éditions Favre:

1352 - Un médecin contre la tyrannie (2014)

Cortex (2016)

 

Livre précédemment chroniqué d'Olivier May aux Éditions Encre Fraîche:

Djihad Jane (2016)

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22 juin 2024 6 22 /06 /juin /2024 17:45
Passeport pour l'oubli, de Geoffroy de Clavière

Dans la confusion des trombes d'eau hachées par le balai lancinant des essuie-glaces, Simon observait, sans y croire, le spectacle froissé d'un homme qui enlaçait Roxane dans un trou noir.

 

Simon La Brosse, un patronyme qui lui va comme un gant, est galeriste d'art. Il vient d'acquérir de main de maître un Rouault1 et veut fêter ça avec sa femme Roxane. 

 

En vain il a essayé de la joindre sur son portable. Et pour cause. Au volant de sa Range Rover il la voit sortir de la brasserie de l'Alma à Paris et se laisser embrasser.

 

Il suit le couple qui monte dans la Mini Cooper de Roxane, l'inconnu ayant pris le volant, jusqu'à la boutique de sa femme au-dessus de laquelle se trouve un studio.

 

À leur suite il pénètre dans le studio. Sa femme le regarde dans un miroir, puis tombe à la renverse. Il reçoit lui-même un coup à la tête qui lui fait perdre connaissance.

 

Les deux se retrouvent à l'Hôpital Saint-Antoine, elle dans le coma, lui traumatisé, après que Kitty l'assistante de Roxane, ayant entendu du bruit a appelé les secours.

 

Simon n'est pas au bout de ses peines. L'un après l'autre ses proches sont victimes d'agressions qui, pour d'aucuns, se révèlent mortelles. C'est à n'y rien comprendre.

 

Pour élucider ces énigmes, le commissaire Karl Bosch et son équipe ne disposent que de peu d'éléments, sauf que Simon semble visé à travers toutes ces victimes.

 

Ces agressions, qui se produisent en 2014, semblent avoir leur origine dix ans plus tôt. Sinon pourquoi donc Geoffroy de Clavière y aurait-t-il situé son prologue?

 

Quoi qu'il en soit, le lecteur, comme les policiers, doit attendre que Simon, peu à peu, exhume de son passé ce qu'il y a enfoui profond pour en trouver l'explication.

 

Quant au titre, Passeport pour l'oubli, il ne s'explique qu'après avoir lu l'épilogue. C'est dire que l'auteur, avec maestria, sait ménager le suspense, sinon son lecteur.

 

Fini les boîtes noires, les non-dits et les mensonges. Désormais, place à la lumière! conclut ce récit, qui est fou et tragique, et, par le nombre de victimes, shakespearien... 

 

Francis Richard

 

1 - Peintre français (1871-1958)

 

Passeport pour l'oubli, Geoffroy de Clavière, 320 pages, Slatkine

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Présentation

  • : Le blog de Francis Richard
  • : Ce blog se veut catholique, national et libéral. Catholique, il ne s'attaque pas aux autres religions, mais défend la mienne. National, il défend les singularités bienfaisantes de mon pays d'origine, la France, et celles de mon pays d'adoption, la Suisse, et celles des autres pays. Libéral, il souligne qu'il n'est pas possible d'être un homme (ou une femme) digne de ce nom en dehors de l'exercice de libertés.
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  • Francis Richard
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.

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