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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 06:00

DécailletIl y a presque 5 ans Pascal Décaillet a été démissionné par son employeur, la Radio Suisse Romande, RSR, parce qu'il animait l'émission Forum sur La Première avec... trop de succès depuis 5 ans. Cette émission d'actualités phare avait lieu tous les jours de 18 heures à 19 heures et était suivie par 182'000 auditeurs. Excusez du peu. 

 

La rumeur voulait que l'émission était trop élitiste. Ce qui ne pouvait convaincre personne, compte tenu de l'audience. En réalité il était reproché à Pascal Décaillet de ne pas être de gauche et d'être un catholique conservateur, ce qui était impardonnable pour la direction d'une radio que d'aucuns surnomment affectueusement Calvingrad.

 

Après 17 ans de bons et loyaux services à la RSR cette "démission" avait indigné plus d'un, puis était tombée dans l'oubli parce que le journaliste libre, au franc-parler, avait heureusement sacrément rebondi, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs, auditeurs et téléspectateurs en nombre.

 

En effet Pascal Décaillet est entrepreneur indépendant depuis le 6 juin 2006 - il a sa propre agence de presse. Il écrit des articles dans plusieurs quotidiens - son blog ici de la Tribune de Genève en est l'un des plus lus avec 55'000 pages vues en janvier dernier. Après avoir animé le 7-8 sur Radio-Cité de 2008 à 2010, il tient une chronique hebdomadaire, le jeudi, sur One FM. Enfin il produit l'émission Genève à chaud sur la chaîne de télévision privée Léman Bleu.

 

Cette semaine Migros-Magazine, daté du 21 février 2011, publie un entretien avec lui ici [d'où provient la photo], où son franc-parler, sa liberté de ton et d'esprit font merveille.

 

Il n'est pas tendre avec la SSR, l'organisme de radio-télévision étatique, qui roupille et qu'il qualifie de "mammouth dûment engraissé par la redevance" :

 

"Je ne souhaite pas la suppression du service public mais sa transformation en quelque chose de musclé, densifié, concentré sur ses fonctions régaliennes qui sont le débat politique et la culture - toutes les cultures : ancienne, moderne, contemporaine, rock. Et c'est presque tout."

 

Cet emmerdeur déclaré persiste et signe, avec humour :

 

"Quand j'avais des patrons, j'adorais être en conflit avec eux. Maintenant que je n'en ai plus, je suis en conflit avec moi-même."

 

Exactement le contraire du nouveau patron de la SSR, le chéri des média, Roger de Weck, qui n'aime pas la confrontation et cherche à la réduire :

 

"Je suis un bagarreur. L'idée qu'il y ait une gauche, une droite, et une dialectique fraternelle mais musclée, ne me gêne pas. Je ne suis pas d'accord qu'on dise que la Suisse est le pays du consensus par excellence. On l'est par résultat, pas par nature."

 

Selon lui la Suisse a besoin de davantage de confrontation :

 

"La confrontation, ce n'est pas s'insulter, c'est dire, voilà je ne suis pas d'accord avec vous, on s'explique et à la fin le peuple vote." 

 

Quel devrait être le pivot de la politique suisse dans les années à venir ? L'UDC plutôt que le centre-droit :

 

"Le pivot des années à venir, je pense que ce sera l'UDC, avec laquelle la droite non UDC devrait travailler dans un maximum de secteurs possible. Cette droite classique peut bien sûr rejeter certains discours de l'UDC qu'elle considère comme xénophobes, mais il reste nombre de points de convergence, sur les finances, la fiscalité, le refus de ramper devant l'Union européenne."

 

La Suisse ? Un vieux pays conservateur :

 

"La paysannerie fait encore partie du pays et les Suisses de 2011 sont des conservateurs éclairés. Des gens qui voyagent, qui lisent des livres en plusieurs langues, qui sont cultivés mais aussi très attachés à ce que ce petit pays coincé entre des géants gardent une certaine indépendance."

 

Un pays replié sur lui-même ?

 

"Il ne s'agit pas du tout de repli, juste d'un petit pays qui se bat, qui doit se battre plus qu'un autre. Nous n'avons pas grand-chose. Du vin blanc, de la matière grise, des banques, c'est tout. Trop de monde, surtout à gauche, oublie que notre prospérité est très récente."

 

L'Hebdo de la semaine dernière et Le Temps du 17 février 2011 se sont faits l'écho d'un projet de plate-forme multi-media initié par le sociologue genevois Uli Windisch et qui aurait pour rédacteur en chef Philippe Barraud , dont le site Commentaires.com est une référence ici chez les conservateurs éclairés. En serait-il ?

 

"J'aimerais effectivement apporter ma pierre à un projet de ce genre, en gardant mon statut d'indépendant."

 

Il précise tout de suite pour qui se méprendrait :

 

"Pas question de devenir le laquais journalistique d'un grand financier de droite. Je ne suis le laquais de personne."

 

Au moins comme ça les choses sont les claires. C'est justement comme ça qu'on l'aime, Pascal Décaillet.

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème. 

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10 février 2011 4 10 /02 /février /2011 07:20

Calmy-Rey et BarrosoLe moins que l'on puisse dire c'est que Micheline Camy-Rey, de retour de Bruxelles, où elle se trouvait mardi 8 février 2011, ne donne pas l'impression de vouloir résister vraiment aux pressions de l'Union européenne.

 

Les propos de la Présidente de la Confédération et Ministre des Affaires Etrangères tels qu'ils sont rapportés dans l'édition du Temps du 9 février 2011 ici [d'où vient la photo] ne sont en effet guère rassurants :

 

"Je repars de Bruxelles avec une mission presque impossible."

 

Micheline Camy-Rey se sentirait-elle battue d'avance ? Ou préparerait-elle le terrain pour l'abandon de la voie bilatérale ?

 

"Regardons les faits: le statu quo avec l’UE, de loin notre premier partenaire économique, n’est plus tenable. Pour nous comme pour l’Union. Nous n’avons pas d’alternative au fait de repenser notre approche d’ensemble pour la rendre plus dynamique."

 

De quoi parle-t-elle ? Le dynamisme évoqué signifie-t-il pour elle de reprendre dynamiquement les régulations bureaucratiques européennes sans trop discuter, en bloc ?

 

Après avoir dessiné un grand rectangle, qui serait à remplir, Micheline Camy-Rey a expliqué [sic] :

 

"L’approche d’ensemble, c’est ce cadre. Il comportera plusieurs segments à l’intérieur: institutionnel, accords d’accès au marché, fiscalité."

Comprenne qui pourra. A moins que le cadre ne soit un bloc à compartiments...

Elle ajoute :

"L’objectif n’est pas de passer à nouveau des années pour aboutir encore à des questions."

Le temps presserait. Qui disait : "Le temps défait toujours ce que l'on fait sans lui" ? On ne peut pas dire en tout cas que ce soit là parole de négociatrice chevronnée.

Elle avoue d'ailleurs imprudemment :

"Les «Bilatérales III» ne sont pas le terme le plus apprécié à Bruxelles."

C'est ce qu'on appelle adopter le point de vue de la partie adverse. 

Dans un autre article du Temps, Richard Werly écrit ici :

"Micheline Calmy-Rey, porte-drapeau des Bilatérales III, a d’abord l’avantage de revenir de Bruxelles avec un diagnostic clair: si la Suisse ne bouge pas maintenant, l’UE jouera l’enlisement."

Faisant allusion entre autres à l'accord sur l'électricité qui tarde à être conclu, il en tire argument pour déclarer sans autre précision :

"La cheffe du DFAE a aussi de solides arguments pour convaincre un Conseil fédéral divisé, dont les membres non UDC ne peuvent guère se permettre de cafouiller ostensiblement sur les questions européennes en année électorale."

Signifie-t-il que la "cheffe" doit forcer la main à ses collègues non UDC, c'est-à-dire à ses cinq collègues Ueli Maurer excepté, et leur dire qu'ils doivent se plier aux exigences de l'UE pour boucler les accords en suspens qui sinon seraient "problématiques pour l'économie suisse" ? Si c'était le cas, les électeurs apprécieraient cette précipitation le 23 octobre prochain...

Francis Richard

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3 février 2011 4 03 /02 /février /2011 23:00

Parc immobilier Etat GELe numéro de 20 Minutes de ce jour contient des révélations explosives ici. Une multitude d'immeubles du parc immobilier de la République et Canton de Genève seraient loués à des prix dérisoires, voire mis à disposition gratuitement. C'est ce qui ressort d'un rapport de 129 pages établi par l'Inspection cantonale des finances, ICF, auquel le quotidien "gratuit" a eu accès.

  

On apprend que l'Etat genevois dispose d'un parc immobilier conséquent :

  

"Le service de gérance du DCTI [Département des Constructions et Technologies de l'Information], composé de 16 personnes, s’occupe de la gestion d'environ 200 bâtiments à vocation d’habitation, commerciale ou d’enseignement ; de 123 villas et de 135 bâtiments à vocation administrative. Ces biens sont propriétés de l’Etat. Ce dernier est également locataire de près de 200 immeubles. Ces locations représentent une valeur locative de quelque 45 millions de francs par an.
 

Le Canton de Genève est également propriétaire de 91 parkings, représentant 6278 places, dont la gestion est assurée par la Fondation des parkings. Enfin, l’Etat possède encore 17 immeubles dont la gestion est assurée par des régies privées."

 

Quelles anomalies figurent dans le rapport de l'ICF, qui est en quelque sorte la Cour des Comptes genevoise ici ?

 

"Villa de 7 pièces louée à un fonctionnaire 950 fr. par mois pendant 20 ans; parkings publics utilisés par des collaborateurs de l’Etat sans facturation; loyers non-indexés; aucune garantie bancaire demandée lors de l’inscription pour un logement; absence de procédure décrivant les critères de sélection d'attribution; location gratuite en échange de travaux effectués par le locataire; liste des biens immobiliers non exhaustive; etc, etc."

 

950 fr. par mois ? A ce prix on peut tout juste louer un deux pièces rénové, de 27 m2, à Plainpalais ou un studio de 35 m2 à Genève, comme je viens de le vérifier sur le site immoscout24.ch ici.

 

Dans le téléjournal de ce jour, à 19 heures 30, sur TSR1, Marius Rochebin nous apprend qu'il y aurait des centaines d'appartements mis à disposition à titre gratuit...

 

Qui est à la tête du DCTI ? Mark Muller.

 

Depuis quand ? Depuis 2005.

 

En 5 ans il est invraisemblable que ce Conseiller d'Etat de Genève, élu sous l'étiquette libérale, ne soit pas au courant de cette gestion calamiteuse faite par son département. Pour se défendre il prétend qu'il avait pris la décision de procéder à cet audit du parc immobilier d'un commun accord avec l'ICF. Malheureusement c'est faux. Pour preuve l'info de l'agence DECAPROD de ce jour :

 

"A Genève, le fameux audit accablant de l’Inspection cantonale des finances (ICF) sur la gestion du patrimoine immobilier de l’Etat n’a pas été sollicité par Mark Muller. C’est ce qui ressort, clairement, du PV de la Commission de contrôle de gestion du Grand Conseil, séance du lundi 24 janvier 2011, un document que l’AGENCE DECAPROD a pu se procurer. En page 7 de ce procès-verbal, il apparaît clairement que le Département dirigé par Mark Muller (DCTI) n’a pas été demandeur de cet audit. C’est M. Charles Pict, directeur de l’ICF, qui l’affirme, en réponse à une question de M. Ivan Slatkine, membre libéral de la Commission." ici

 

Certes il est scandaleux que l'Etat genevois gère aussi mal son parc immobilier. Mais, après tout, cela n'est guère surprenant. Il n'est pas d'exemple où l'Etat gère mieux que le privé. Ce serait plutôt le contraire. Corruption et dilapidation à la clé.

 

Les vraies questions sont donc : Comment se fait-il que l'Etat dispose d'un tel parc immobilier ? Est-ce bien son rôle de posséder ou de louer des immeubles qui ne servent pas directement à son administration ?

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 20:35

Pierre MaudetQui est Pierre Maudet ici ? Il est né en 1978, est marié, a deux enfants, et est membre du Conseil administratif, c'est-à-dire de l'exécutif, de la ville de Genève, depuis 2007. Il est à la tête de département de l'Environnement urbain [sic] et de la sécurité.

  

Quelle est sa formation ? Il a un Master bilingue de droit de l'Université de Fribourg. 

  

Quelle est son expérience professionnelle ? Quasi nulle. Il se présente comme Consultant indépendant, ce qui ne veut rien dire, et tout dire. Sur le plan militaire il est Capitaine dans les troupes de sauvetage, dont la fibre militaire est connue pour être ténue. Il a été Responsable du Bureau des surprises [sic] dans le cadre des manifestations de l'an 2000.

  

Le portrait de l'homme [dont la photo provient d'ici] ne serait pas complet si l'on n'ajoutait pas qu'il est membre du Parti libéral-radical, que c'est un européiste convaincu - il a pleuré, à 14 ans, quand il a appris le rejet par le peuple suisse de l'adhésion à l'Espace économique européen en 1992.

 

Sur son blog, Pierre Maudet commence sa présentation de lui-même ici en ces termes :

 

"Chaque matin, lorsque je me rends à mon bureau de la rue de l’Hôtel-de-Ville, je suis conscient d’avoir une chance énorme : celle de pouvoir agir tous les jours, directement, concrètement, pour une meilleure qualité de vie à Genève."

 

Charles Poncet lui répond dans une lettre ouverte qu'il lui a adressée dans L'Hebdo du 27 janvier 2011 :

 

"Pendant que vous paradez un "bilan satisfaisant" de la "sécurité municipale", le peuple de Genève ne sort plus dans les rues le soir venu."

 

Ecce homo.

  

En toute modestie, car l'homme est modeste à tous points de vue, Pierre Maudet a présenté Le vrai rapport ici sur la politique de sécurité du pays, lors d'une conférence de presse, le 17 janvier 2011. Ce rapport, aux dimensions modestes, 22 pages, se veut une réponse cinglante au projet de rapport sur la politique de sécurité 2010 iciRAPOLSEC 2010, 88 pages, publié par le Conseil fédéral le 14 avril 2010, qui serait par conséquent Le faux rapport.

  

A lire le "vrai" rapport de Pierre Maudet force est de constater que le constat qu'il fait est faux. Le constat étant faux, les solutions proposées ne peuvent qu'être fausses.

  

Quel constat Pierre Maudet dresse-t-il ?

 

- La Suisse serait isolée parce qu'elle a refusé de faire partie de l'Union européenne, cette construction archaïque qui craque de toutes parts et pour laquelle il a les yeux de Rodrigue. Or la Suisse a tout de même conclu avec l'Union européenne des accords bilatéraux et elle en est le troisième partenaire derrière les Etats-Unis et la Chine. Ce qui crée des liens... et permet de mesurer son isolement.

 

- La Suisse ne serait plus considérée comme neutre sous le prétexte fumeux que "sa neutralité a perdu sa raison d'être, car dénuée de sa substance de base". Elle devrait lutter avec les autres nations démocratiques contre les groupuscules terroristes islamistes, qui la considèrent de toute façon comme une ennemie, parce qu'elle est occidentale, chrétienne et riche, et perçue comme une adversaire de l'islam.

 

Rappelons à ce jeune homme la définition de la neutralité figurant sur le site de la Confédération ici :

 

"La neutralité permanente est un principe de la politique étrangère de la Suisse. Elle sert à garantir l’indépendance de la Suisse et l’inviolabilité de son territoire. En contrepartie, la Suisse s’engage à ne pas participer à une guerre opposant d’autres Etats."

 

Or cette neutralité, telle qu'elle est ainsi définie, est bien reconnue par tous les autres Etats du monde, à l'exception notoire de la Libye, bien sûr, ce qui est tout de même substantiel. Mais il est "vrai" que les terroristes, eux, islamistes ou pas, ne respectent rien...

 

- La Suisse serait vulnérable parce qu'elle n'aurait pas de cohérence stratégique. Il n'en veut pour preuve que l'affaire libyenne où la Suisse aurait manqué "surtout d'alliés". En fait elle n'a pas manqué d'alliés, mais ces alliés lui ont surtout fait défaut parce qu'ils ont préféré leurs intérêts économiques à leur honneur, crise oblige.

 

Pierre Maudet fait l'inventaire des "vraies" menaces pour le pays :

 

- cyber-attaques

 

- terrorisme et extrémisme

 

- crime organisé

 

- catastrophes naturelles 

 

Toutes menaces qui figurent pourtant en bonne place dans le projet de RAPOLSEC 2010...

 

La différence de taille est que le sieur Maudet ne croit pas au danger possible d'invasion territoriale :

 

"On peut raisonnablement affirmer qu'à l'horizon des 50 prochaines années, le risque d'une attaque terrestre classique par voie terrestre, émanant d'un pays voisin, a disparu."

 

Or c'est le genre de prophétie qu'il est bien hasardeux de faire dans l'époque de turbulences que nous traversons. D'autres, en leur temps, avaient parlé, dans le même genre, de la fin de l'Histoire...

 

Phillippe Barraud a bien raison de dire sur son blog, Commentaires.com ici, que, même si le pire n'est jamais sûr, il vaut mieux en matière de Défense se montrer prudent : 

 

"En contradiction avec l’optimisme arbitraire et béat de nos experts à la mode, je crois que nous allons vers un monde de plus en plus dominé par le manque et la pénurie (d’énergie, d’eau potable, de ressources minérales et agricoles, de produits de la mer), qui conduiront nécessairement à des guerres non pas cybernétiques, mais à des guerres très classiquement territoriales."
 
Toujours est-il que les solutions préconisées par ce bonimenteur professionnel coulent de cette source.
 
Puisque la menace d'attaque terrestre est minime et inimaginable dans les 50 années à venir, seul "un noyau de défense traditionnel" doit être maintenu. L'armée peut être réduite à 20'000 hommes contre 190'000 actuellement, sans compter les réservistes. Ce qui rendra pourtant la Suisse encore plus vulnérable. L'armée de milice n'aura plus de raison d'être. On trouvera bien 20'000 volontaires pour remplir les rangs de cette armée squelettique. Voire.
 
Puisque la Suisse est isolée et qu'elle n'est plus neutre, autant qu'elle ne soit plus indépendante du tout et qu'elle soit sous la coupe de ses grands voisins. Une armée réduite à une portion congrue fera l'affaire. Dans ces conditions, on aura bien besoin des autres européens, s'ils ne nous attaquent pas, pour se défendre et, qui sait, peut-être sera-t-on alors bien obligé d'adhérer à l'Union européenne, pour se sentir moins seul, ce dont Pierre Maudet rêvait déjà quand il était petit... 
 
Francis Richard
 
L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.
 

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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 22:35

ArmesPour la première fois je suis venu en Suisse, depuis la France, en 1968 - eh oui je suis un soixante-huitard ... de droite - et une des singularités qui a frappé le jeune homme que j'étais à l'époque était le rôle que jouait l'armée dans la société helvétique, où l'on y retrouvait en quelque sorte la même hiérarchie qu'engendre naturellement le mérite. C'était, me semblait-il, un facteur de cohésion à nul autre pareil.

 

Puisque les militaires emportaient leurs armes chez eux, qui plus est avec leurs munitions, ce qui aurait été tout simplement impensable en France, surtout dans l'après mini-révolution de 1968, cela signifiait  que la confiance et la responsabilité régnaient à l'égard et au sein de cette armée de milice, qui se confondait avec le peuple et rendait improbables les tentations putschistes. 

 

Les hommes  n'effectuaient pas leur service en une seule fois. Ils passaient une partie de leur vie sous l'uniforme, sans que pour autant l'esprit militariste prévale, mais plutôt le sentiment d'appartenance, qui contrarie les différences sans les gommer. Après l'école de recrues ils suivaient en effet des cours de répétition, qui leur permettaient de parfaire leur formation et de continuer à pratiquer. Tant il est vrai qu'un instrument se rouille faute d'usage.

 

Pour tout dire cette armée singulière forçait mon admiration. En dépit de ses imperfections elle m'apparaissait d'une grande efficacité en comparaison des armées de conscrits du reste de l'Europe, parce que ses serviteurs étaient bien conscients de leur mission. En assurant la sécurité du pays, c'était celle des leurs et la leur qu'ils assuraient réellement.

 

Malheureusement il est des Suisses qui ont une fâcheuse tendance à l'autoflagellation. Au lieu d'être fiers de ce qu'ils sont, et de ce qui les distingue des autres, ils n'aspirent qu'à leur ressembler. Ils prennent leurs mauvais exemples chez les grands pays voisins, qui ne peuvent être que meilleurs, puisqu'ils sont plus grands. Aux singularités bienfaisantes ils préfèrent l'uniformité au risque d'être profondément ennuyeux et, surtout, de perdre leurs qualités propres.

 

Au fil du temps, sous la pression des bien-pensants, qui font profession de pacifisme - un pacifiste n'est en réalité qu'une caricature de pacifique - la confiance et la responsabilité se sont mues en soupçon et en mise sous tutelle. Quand on veut entraver les libertés, on recourt à la réglementation, ce qui est vrai dans tous les domaines, y compris celui des armes, sur lesquelles ces gens-là fantasment dur.

 

Dans leur sagesse les Romains disaient que, si on voulait la paix, il fallait préparer la guerre. Aujourd'hui les bien-pensants, qui cultivent la naïveté, quand ils ne cultivent pas le défaitisme, considèrent que cet adage est d'un autre âge et qu'ils sont plus intelligents que les Anciens. Ils pensent donc, mal, qu'une armée, a fortiori de milice, n'a plus d'objet.

 

Comme les traditions militaires suisses sont encore bien ancrées, leur attaque se fait de biais, en s'en prenant aux instruments plutôt que de s'en prendre directement à l'institution, encore debout, en dépit des fissures qui lui sont infligées de toutes parts. C'est ainsi que, sous le fallacieux prétexte de protéger la population contre elle-même, il s'agit de lui retirer les armes des mains, de la désarmer, de la traiter en enfant incapable.

 

Ce n'est pas dit comme cela, mais cela revient au même. Le titre de l'initiative sur laquelle le peuple suisse va être amené à voter le 13 février prochain en est l'illustration caricaturale : "Pour la protection face à la violence des armes" ici. Il y a là,de manière caractéristique, personnification des armes par les initiants, qu'ils qualifient de violentes, confondant l'instrument avec celui qui peut s'en servir, mais qui peut s'avérer incapable de la maîtriser.

 

Quand on va sur le site des initiants ici, on y apprend qu'il y aurait environ 2,3 millions d'armes à feu dans les foyers suisses, ce qui est effectivement impressionnant, et que "les armes militaires sont largement majoritaires : 250'000 sont détenues en prêt par des soldats d'active et 1,448 million appartiennent à d'anciens soldats". Le message est clair : ce sont les armes militaires qui sont visées et à travers elles l'armée de milice.

 

Car les autres armes, 580'000 quand même, seraient des armes de chasse et de sport, contre lesquelles les initiants n'ont rien, du moment que les chasseurs et les tireurs sportifs savent tirer - ils doivent "disposer des compétences nécessaires" -, qu'ils aiment tirer - ils doivent "exercer activement leur passion" - et qu'ils sont soigneux et prudents. Ce qui ne garantit nullement qu'ils en feront meilleur usage que les militaires et ex-militaires. La compétence et l'engouement ne peuvent-ils pas être redoutables quand ils sont au service de mauvaises intentions ?

 

Je n'ai pas vérifié ces chiffres des armes détenues, mais admettons qu'ils soient exacts. Ils permettent de relativiser d'autant plus qu'ils sont élevés l'emploi des armes à feu dans les homicides. En effet l'OFS, Office fédéral de la statistique, nous apprend qu'en 2009 il y a eu 236 homicides, y compris les tentatives d'homicides, dont 55 avec armes à feu (24 tentatives ont abouti), 523 lésions corporelles graves dont 11 avec armes à feu et 3530 actes de brigandages dont 416 avec armes à feu ici.

 

Ces chiffres sont bien évidemment à rapprocher des 2,3 millions d'armes à feu, qui, tout à fait légalement encore, se trouveraient dans les foyers suisses... Ces chiffres ne nous disent malheureusement pas quelle est la proportion d'armes à feu illégales qui ont servi à commettre ces crimes. Ils montrent a contrario qu'il y a bien plus de crimes commis sans armes à feu. Ils montrent aussi que la Suisse reste un pays sûr... malgré Schengen.

 

D'autres chiffres nous montrent que les suicides par armes à feu, en 2009, représentent 17% du total des suicides contre 20% par pendaison et 11% par précipitation dans le vide. Il n'est donc pas scientifique de dire qu'en réglementant la détention d'armes le nombre de suicides se réduirait et de le chiffrer. Car on voit qu'il y a bien d'autres méthodes, en premier lieu la pendaison, puis la précipitation dans le vide, qui peuvent se substituer facilement aux armes à feu.

 

Il faut de plus préciser de quoi l'on parle. Il faut rapprocher par exemple les 239 suicides par armes à feu de 2008 des 2,3 millions d'armes à feu qui seraient disponibles dans la population suisse. Dans un article du 29 juillet 2010, Corrélation entre possessions d'armes à feu et suicides par balle? , je montrais, d'ailleurs, à propos d'une savante étude publiée par la revue European Psychiatry qu'il était possible de faire dire aux chiffres ce qu'on voulait, par exemple qu'il était possible de diminuer le nombre de suicides en Suisse de 100 par an... en réglementant la détention d'armes.  

 

La législation sur les armes est déjà très sévère en Suisse (les armes de service par exemple sont gardées à la maison sans munitions). Or les initiants veulent encore alourdir cette législation et notamment créer un registre fédéral alors qu'existent déjà des registres cantonaux; ils veulent que les armes de service soient toutes déposées à l'arsenal [la photo ci-dessus provient d'ici]. 

 

Quand les bien-pensants veulent résoudre un problème de comportement humain, ils légifèrent, comme si la loi pouvait contrôler tous les comportements. Au lieu de prendre des mesures liberticides, ils feraient mieux de s'intéresser au pourquoi qu'au comment.

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.  

 

L'initiative "Pour la protection contre la violence des armes" a été rejetée le 13 février 2011 par 56,3 % des voix du peuple suisse.

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12 janvier 2011 3 12 /01 /janvier /2011 23:25

Christa MarkwalderAvec une alliance du centre et de la gauche, malheureusement, le pire n'est pas seulement à craindre, il est quasi certain. En effet le Parlement suisse est en bonne voie depuis hier d'octroyer généreusement 18 milliards de francs de ligne de crédit au FMI, soit la bagatelle de 2'400 francs, par habitant de la Suisse, en comprenant tout le monde, hommes, femmes et enfants. C'est beau, c'est grand, c'est généreux la Suisse...avec l'argent des citoyens.

  

Le 6 mai 2009, le Conseil fédéral adresse un message au Parlement ici, dans lequel il propose d'adopter "un projet d'arrêté fédéral concernant une contribution extraordinaire, limitée dans le temps, destinée à augmenter les ressources du Fonds Monétaire International, dans le cadre de l'aide monétaire internationale". Il s'agit d'une tranche de 12,5 milliards de francs, prise sur les réserves de la BNS [Banque nationale suisse], avec la garantie du Conseil fédéral. Le Conseil des Etats n'hésite pas. Le 27 mai 2009, il approuve ce projet d'arrêté fédéral par 28 voix contre 4 et 5 abstentions ici.

 

Le 8 septembre 2010, le Conseil fédéral adresse un nouveau message au Parlement ici, dans lequel, cette fois, il propose de ratifier les Nouveaux Accords d'Emprunts, NAE, du FMI qui porteront la participation de la BNS de 1,5 milliard de DTS, soit 2,4 milliards de francs, à 10,9 milliards de DTS [voir mon article La dernière motion d'Oskar Freysinger: sortir la Suisse du FMI ], soit 18 milliards de francs. Le Conseil des Etats n'hésite pas davantage et approuve ces NAE lors de sa séance du 13 décembre 2010, par 30 voix et 3 abstentions ici.

 

Pendant ce temps-là, le Conseil national suspend son approbation de la première partie depuis 18 mois, ce qui conditionne l'approbation de la seconde. Est-ce pour le bon motif, c'est-à-dire pour la bonne gestion des deniers publics ? Pas du tout. Cette suspension est due à la gauche qui entend lier ces nouveaux crédits à accorder au FMI avec l'aide publique au développement. Elle ne donnera pas son accord autrement. Et comme l'UDC s'oppose à cette augmentation... 

 

En 2009, la Suisse a consacré 0,47% de son Revenu national brut au développement, alors que le taux moyen des pays de l'OCDE est de 0,48% ici. En 2010 ce taux a diminué et devrait être de l'ordre de 0,426%. Sous l'aimable pression de la gauche le Conseil fédéral pense ici qu'il serait raisonnable d'atteindre linéairement l'objectif de 0,5% en 2015. Le Conseil des Etats approuve finalement un objectif de 0,45% pour 2015 lors de sa séance du 9 décembre 2010, par 27 voix contre 9 et 3 abstentions ici.

 

Au Conseil national, comme dit plus haut, les positions sont claires : l'UDC souhaite que le taux de l'aide publique au développement soit diminué, tandis que la gauche souhaite qu'il soit augmenté. Ces positions contraires ont le mérite de créer une majorité de blocage. Or la Commission de politique extérieure, CPE, du Conseil national vient de débloquer la situation. En effet, avant-hier, elle a accepté par 14 voix contre 9 les NAE, qui se traduiront par une ligne de crédit de la BNS au FMI de 18 milliards de francs ici.

 

En effet ces 18 milliards correspondent au deuxième volet, celui des NAE. Quid des 12,5 milliards votés par le Conseil des Etats en mai 2009, qui correspondent à "une contribution extraordinaire limitée dans le temps" ? Un cadeau de 18 milliards peut en cacher un autre. Pour ajouter à la confusion, l'UDC parle, elle, de 16,5 milliards de francs d'augmentation des "nouvelles garanties de crédit" de la BNS ici. Or 18 milliards moins les 2,4 milliards initiaux donnent 15,6 milliards...Petite inversion des deux derniers chiffres ?

 

Toujours est-il que le centre a plié devant la gauche au sein de la CPE et qu'il a approuvé, présidente en tête, la radicale-libérale Christa Markwalder [dont la photo ci-dessus provient d'ici], une augmentation de l'aide publique au développement pour faire passer les 18 milliards de crédit au FMI, auquel il tient tant. C'était bien la peine de faire de la résistance pendant 18 mois !

 

Certes c'est toujours 18 mois de gagnés avant de passer à la caisse. Car il ne faut se faire aucune illusion : il y a peu de chances que la Suisse revoit ses deniers, convertis en DTS, soit en monnaie de singe, s'ils sont utilisés...Heureusement que la Commission propose et que le Conseil national dispose. A suivre donc...lors de la session de printemps.

 

Francis Richard

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 22:15

FMILe 16 décembre 2010, une nouvelle motion a été déposée par Oskar Freysinger ici. Cette motion demande ni plus ni moins que la Suisse sorte du FMI. Elle demande aussi combien la participation de la Suisse à l'entretien de cette institution, cornaquée par le sémillant Dominique Strauss-Kahn, a bien pu coûter réellement au pays. Cette motion a été signée par 11 conseillers nationaux, dont 10 députés UDC et un de la Lega. Parmi les cosignataires UDC, il y a trois romands, Dominique Baettig, Yves Niddeger et André Reymond.

  

En 1992 la Suisse rejoint le FMI ici. Aujourd'hui la quasi totalité des pays du monde en sont membres, à l'instar de l'ONU. Ce qui veut dire que la Suisse ne peut faire que de la figuration au sein de ce machin financier. Certes elle représente un groupe de 8 pays, dont elle défend les intérêts, au sein du Conseil d'Administration ici, mais celui-ci est composé de 24 directeurs exécutifs dont 5 sont nommés par les Etats-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France et le Royaume-Uni et les 19 autres élus par des groupes de plus petits pays, tels que ceux que représente la Suisse.

  

En outre le groupe de pays, que représente la Suisse en la personne du directeur exécutif René Weber,[en poste depuis le 1er janvier 2010],  ne pèse que 2,82% des voix, dont un peu plus de la moitié, soit 1,57%, reviennent à la Suisse. Autant dire : peanuts ! Le groupe est composé de l'Azerbaïdjan, du Kazakhstan, de la Pologne, de la République kirghize, de la Serbie, du Tadjikistan et du Turkménistan. Il serait intéressant de savoir comment un tel groupe, aussi hétéroclite, a bien pu être constitué...et surtout pourquoi la Suisse en a pris la tête. Faute de mieux sans doute...

  

Il faut enfin préciser que les pourcentages de voix correspondent à peu de choses près aux quote-parts versées par les différents pays membres, comptabilisées en DTS, Droits de Tirages Spéciaux, c'est-à-dire dans une monnaie purement virtuelle, et propre à l'institution, qui est un subtile panier garni, à base de dollar, d'euro, de yen et de livre sterling... L'écart entre le pourcentage des quote-parts et le pourcentage de voix provient de l'utilisation ou non de DTS par le pays membre.

  

A quoi sert ce machin supranational, où la loi des plus forts est de toute évidence la meilleure ? Il sert [voir ici] :

  

à superviser le système monétaire international et à contrôler les politiques économiques et financières des pays membres

  

à assister techniquement les pays membres à faibles et moyens revenus dans l'administration de leurs économies

  

- à prêter aux pays membres qui ont du mal à emprunter sur le marché des capitaux dans de bonnes conditions

  

Bref c'est un machin interventionniste, qui, en quelque sorte, gouverne le monde en redistribuant l'argent apporté au pot commun par les pays membres. Ce pot commun s'élève à 217,3 milliards de DTS. Si l'on en croit le site de la BNS, Banque nationale suisse, un DTS vaut 1,55 CHF à fin octobre 2010 et la quote-part de la Suisse est de 3,46 milliards de DTS, soit 5,35 milliards de CHF ici. En réalité la BNS a déjà fourni au FMI un montant plus important que cette quote-part, soit un total de 10,62 milliards de CHF dont 1,71 milliard étaient utilisés à fin octobre.

  

Le Carton Rouge, sous la plume d' Achille Tendon, écrit aujourd'hui ici que ces réserves seraient considérées comme insuffisantes et pourraient être largement augmentées pour sauver l'euro en perdition, qui, selon Jacques Attali, "a un peu baisséici :

  

"Le directeur exécutif suisse de ce FMI,  René Weber, avertit ( un jour avant le réunion de la commission du National en charge du dossier) que la Suisse remettrait en question sa position et son siège auprès du FMI si elle devait ne pas accepter de participer au sauvetage de l'€uro (cette monnaie de singe!!!) pour la modique et modeste somme de 16,5 milliards de dollars américains (autre monnaie de singe !!!). "

 

C'est dans ce contexte qu'Oskar Freysinger a déposé sa motion n°10.4056 au Conseil national :

 

 "La Suisse sort du FMI et de la BM (Banque mondiale), en parallèle le Conseil fédéral doit enquêter sur les coûts réels de notre participation.

 

Le Conseil fédéral est chargé de concrétiser ces deux demandes avant la fin de la présente législature, donc les élections fédérales du 13 octobre 2011, puis de dilligenter toutes poursuites pénales et civiles utiles au profit du Souverain."

 

 A l'appui de cette motion, le Conseiller national valaisan emploie des arguments frappants :

 

"1. Le FMI et la BM violent la neutralité suisse en nous forçant à des actions politiques dirigées "par les U.S. A.". Ainsi, depuis que nous y sommes entrés "notre politique économique" est devenue "colonialiste" et anti-développement, notamment dans les pays les plus pauvres et maintenant ceux voisins de l'UE.

 

2. De plus, elles sont coûteuses et se basent toujours sur des statistiques douteuses, après avoir par exemple obligé la Suisse à vendre son or aux cours les plus bas et à changer notre Constitution dans ce dessein.

 

3. FMI et BM font également le jeu- économiquement malsain - du maintien artificiel de l'Euro et des Diktats "anticonstitutionnels" de la BCE.

 

4. Par leurs politiques draconiennes d'ajustements (sic!) du chômage, FMI et BM aggravent souvent les problèmes en entrainant des conséquences sociales dévastatrices et un accroissement de la pauvreté.

 

5. Ils veulent aussi maintenir et préserver les privilèges d'un système inefficace et ruineux (création de fausse monnaie "ex nihilo", comme le prouve notamment le Prix Nobel Maurice Allais, par milliers de milliards, avec un système bancaire fractionnaire, menteur, gaspilleur, tricheur et voleur, aussi par des salaires, primes et bonus antisociaux).

 

6. FMI et BM visent - dans leurs propres déclarations - un impôt, une monnaie et un gouvernement mondial unique, très dangereux pour nos libertés. Ils ne sont ni subsidiaires, ni fédéralistes.

 

7. Par ailleurs, ils ne sont pas du tout démocratiques, ni transparentes et contribuent à la corruption et aux fraudes, aussi en allouant des salaires et des frais trop élevés à nombre d'employés exagéré. Le népotisme y est monnaie courante.

 

8. Même le controversé keynésien, "conseiller" d'Obama, Joseph Stiglitz, notamment Prix Nobel d'Economie et vice-président de la Banque mondiale de 1997 à 2000, s'est attaqué au FMI dans un livre. Il l'accuse de privilégier les intérêts de son principal actionnaire les Etats-Unis, avant ceux des pays en difficultés."

 

Comme le dit Achille Tendon :

 

"Depuis que la Suisse "siège" au FMI dans laquelle elle a été, AU DEPART, la bienvenue, elle n'a pu faire que trois choses bien distinctes:

1) siéger

2) payer

3) se taire !!!"

 

N'était-il pas temps de réagir ?

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 22:25

Jacques AttaliOn connaissait Jacques Attali [dont la photo provient d'ici] en écrivain qui recopie les écrits des autres sans ouvrir les guillemets.

 

Dans Histoires du temps il a ainsi recopié des passages tirés de l'Essai sur le temps d'Ernst Jünger, du Mythe et pensée chez les Grecs de Jean-Pierre Vernant et de Pour un autre Moyen-Age de Jacques Le Goff.

 

Maintenant on connaît Jacques Attali en économiste de pacotille.

 

Hier, dans le téléjournal de 19 heures 30, de Darius Rochebin sur TSR1 [la première chaîne de la Télévision suisse romande], l'ancien conseiller très spécial de François Mitterrand a tenu des paroles d'expert économique qui valent leur pesant de cacahouètes. 

 

La faiblesse de l'Euro ?

 

"C'est inexact. Votre commentateur a parlé de dégringolade. Il ne faut quand même pas exagéré. Il y aurait dégringolade si l'Euro valait moins qu'un dollar ou quelque chose comme ça. Il a un peu baissé. Bon !"

 

Après être monté à 1,60 dollar en 2008, l'Euro est passé de 1,50 dollar début 2010 à 1,34 dollar début 2011, soit une baisse de 11%... Mais surtout l'Euro a baissé par rapport au Franc suisse de 16% au cours de la dernière année, après avoir frôlé 1,70 franc en 2008... Comme dit Attali l'Euro a "un peu baissé". Pas de quoi s'émouvoir... 

 

La dette de l'Union européenne ? Elle n'existe pas. Démonstration :

 

"En réalité il ne faut pas comparer l'incomparable. La Suisse est une merveilleuse confédération avec des cantons. Il faudrait comparer la dette de chaque canton avec la dette de chaque Etat européen. Il faudrait comparer la dette de la Suisse avec la dette de l'Union européenne. Là on se rendrait compte que la situation est radicalement inverse. Comme il a été très justement dit, la dette de la Suisse est 38% du PIB. La dette de l'Union européenne, c'est 0% du PIB. L'Europe n'a aucune dette. Ce sont les cantons européens, la France, l'Allemagne etc. qui ont des dettes. Nous ne sommes pas dans une situation si mauvaise."

 

Après la tendance plagiaire, voici la tendance prestidigitation, voire faussaire, de l'expert. En effet, ou Jacques Attali ignore, ou il dissimule que la dette publique de la Suisse, correspondant à 38% du PIB [38,8% pour être exact à fin 2009 ici], comprend la dette de toutes les collectivités publiques du pays, c'est-à-dire aussi bien celle de la Confédération que celles des cantons et des communes.

 

Comme il le dit si bien, il ne faut pas comparer l'incomparable. Aux 38,8% de la dette totale des collectivités publiques helvétiques, il faut donc comparer la dette totale de l'Europe, comprenant celle du club, égale à 0%, soit, mais aussi celles de ce que Jacques Attali appelle métaphoriquement ses cantons, c'est-à-dire une dette qui représente plus de 75% du PIB des "cantons" européens de la zone euro et environ 70% du PIB des 27 "cantons" européens de l'UE ici.

 

Ce qui fait la force de la Suisse comparée à l'Europe ?

 

"La Suisse a un budget fédéral. Elle a donc une capacité à s'endetter au niveau fédéral et donc à relancer son économie. Ce qui explique la croissance et le faible taux de chômage. Tout se jouera en Europe sur la capacité de passer d'une structure molle, où il n'y a qu'une banque centrale à une structure beaucoup plus confédérale avec un budget européen et une capacité à l'augmenter comme la Suisse."

 

Les faits démontrent exactement le contraire. L'endettement helvétique des collectivités publiques est passé de 55,1% du PIB en 2003 à 41,1% en 2008 et à 38,8% en 2009. La Suisse s'est donc bien gardée de relancer son économie en augmentant son endettement, au contraire. Son taux de chômage est certes passé de 2,6% en 2008 à 3,7% en 2009. Mais en novembre 2010 il était en décrue et se situait à 3,6%...ici, de quoi faire pâlir d'envie bien des pays de l'UE...

 

Comme le dit l'excellent Carton Rouge ici : "Attali prend-il les téléspectateurs suisses pour des crétins des Alpes ?"...

 

Autre question : est-il étonnant que, sans réagir, Darius Rochebin ait gobé tout cru les propos de son expert d'invité ?

 

Francis Richard

 

PS du 7.01.2010 :

 

En Suisse le taux de chômage de décembre 2010 s'établit à 3,8% ici. Jacques Attali a donc tout faux : la dette a baissé et le chômage a augmenté... ce qui ne veut pas dire qu'il aurait baissé si la dette avait augmenté...

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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6 janvier 2011 4 06 /01 /janvier /2011 00:50

Impot-sur-le-Travail.pngUne loi sur les prestations complémentaires cantonales pour familles a été votée le 23 novembre 2010 par le Grand Conseil du Canton de Vaud. Il s'agit comme d'habitude de prendre de l'argent dans la poche des uns pour le donner à d'autres. Le prétexte est cette fois d'aider des familles qui dépensent plus qu'elles ne gagnent ici.

 

Cette loi a été publiée à la Feuille des Avis Officiels du Canton de Vaud le 21 décembre 2010. Un comité référendaire a été constitué ici. Il s'agit pour lui de récolter 12'000 signatures dans le délai de 40 jours depuis cette publication, c'est-à-dire jusqu'au 30 janvier 2011. S'il y parvient, le peuple vaudois devra se prononcer pour ou contre cette loi par référendum.

 

Le financement de ces prestations complémentaires serait assuré par un prélèvement supplémentaire de 0,12% sur les salaires selon une répartition paritaire [fictive] entre employeur et salarié [0,6% sur le revenu des indépendants]. Il s'agit donc d'un nouvel impôt sur le travail qui s'ajoute aux autres nouveaux prélèvements et impôts en vigueur depuis le 1er janvier 2011. Ainsi :

 

- le taux de la TVA est passé de 7,60 à 8%

 

- le taux de l'assurance perte de gain [qui couvre les journées de service militaire et civile et les congés maternité] est passé de 0,30 à 0,40% [réparti paritairement...]

 

- le taux de l'assurance chômage est passé de 2 à 2,20% [réparti paritairement...] sur les salaires jusqu'à 126'000 francs annuels bruts et de 0 à 1% [toujours réparti paritairement...] au-delà de ces 126'000 jusqu'à 315'000 francs annuels bruts.

 

Sans parler de l'augmentation du taux des allocations familiales.

 

Ces nouvelles prestations complémentaires font partie de cette assistance publique de l'Etat nounou qui n'incite pas les bénéficiaires à travailler davantage, car ces prestations pourront même être versées à des personnes qui ne travaillent que très partiellement. Elles devraient au mieux coûter la bagatelle de 50 millions de francs [on sait que des dépassements sont toujours à redouter en matière de dépenses publiques] et permettre à 1% seulement des ménages de sortir du revenu d'insertion, soit un coût démesuré pour un résultat ridicule.

 

Il n'est pas étonnant dans ces conditions que des personnalités de la Fédération patronale vaudoise, de la Chambre vaudoise du commerce et de l'industrie et de la Fédération vaudoise des entrepreneurs, ainsi que les présidentes et président des partis libéral, radical et de l'UDC vaudois, figurent dans le Comité référendaire.

 

Bien que composé d'une majorité de représentants des partis bourgeois, le Grand Conseil et le Conseil d'Etat vaudois n'ont pas pu s'empêcher une fois de plus de jouer les bons samaritains étatiques avec l'argent des contribuables. Il faut espérer que les électeurs seront appelés bientôt à leur dire stop et à leur signifier que l'extension de l'Etat social n'est pas une solution, comme le montre à l'envi l'exemple des pays voisins, en pleine dégringolade.

 

Francis Richard

 

Le oui l'a emporté, hélas, lors du vote du 15 mai 2011 par 61% des voix.  

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31 décembre 2010 5 31 /12 /décembre /2010 03:50

Congrès-UDC-Coinsins 2010Le dernier numéro de L'Hebdo de l'année 2010, un numéro double, spécial, grand format, est l'exemple typique du média de gauche qui  ne se positionne en politique intérieure suisse que par rapport à l'UDC, obligée de tenir Congrès en plein air, faute de salle, en Pays de Vaud [la photo provient d'ici]. Que deviendrait le magazine bien-pensant sans elle ?

 

A tout seigneur tout honneur, dans son éditorial ici, Alain Jeannet cite deux fois le plus grand parti politique suisse.

 

Il se demande d'abord, faussement naïf :

 

"La question musulmane marquera-t-elle les prochaines élections fédérales ? L'UDC va-t-elle, en 2011, surfer sur la vague antiminarets ? Et lancer, par exemple, une initiative pour l'interdiction de la burka ?"

 

A propos de l'arrivée en 2011 de Roger de Weck à la tête de la SSR [la Société suisse de radiodiffusion et de télévision, étatique], qu'il considère comme un "journaliste talentueux", il écrit :

 

"Il lui faudra à la fois piloter la convergence des radios et des télévisions, réaffirmer le rôle du service public et expliquer aux sceptiques en quoi cette institution reste un ciment essentiel de la maison helvétique. Tout ça, en année électorale, sous le feu des scuds de l'UDC, qui voit en cet Européen convaincu l'ennemi à abattre."

 

L'Hebdo publie un sondage ici, réalisé par MIS Trend, sur le thème "En 2011, à quoi rêvent les Suisses ?". 11 questions sont posées, qui ne sont pas sans rappeler par leur incongruité les "Tu préfères" de Pierre Palmade et Gérard Darmon. La 10ème question - sur 11 questions ! - est relative à l'UDC :

 

"Rêvez-vous pour 2011 à une Suisse avec...

... moins d'étrangers ? 30,6%

... moins d'UDC ? 49,5%

 

Le commentaire de Christophe Passer se passe de ... commentaires :

 

"On ne peut que constater le score étonnant obtenu par le "moins d'étrangers" : il n'est en effet pas question ici d'étrangers délinquants, clandestins ou mal intégrés, mais juste d'étrangers."

 

Pour le journaliste il s'agit d'une "xénophobie molle infusée depuis des années dans la population par les répétitives logiques de moutons noirs, même si ça ne passe pas partout : la moitié des Suisses, presque les deux tiers des jeunes et des Romands rejettent l'UDC, ce qui constitue un score plutôt haut."

 

Rejet qu'on ne retrouve pas tout à fait dans les votations gagnées par l'UDC... 

 

En fait, à questions idiotes, réponses idiotes.

 

Le même Christophe Passer est l'auteur d'un article intitulé "Roger de Weck - Un courage pour la Suisse" ici. Dans cet article le journaliste est la voix de son maître Alain Jeannet. A propos de la nomination de Roger de Weck à la tête de la SSR, il fait cet amalgame :

 

"Cette nomination d'un grand éditorialiste parfaitement bilingue fut accueillie comme une heureuse surprise par beaucoup, sauf du côté de l'UDC, où l'on se méfie de l'homme d'esprit et de l'européen."

 

Il s'agit d'instiller l'idée qu'à l'UDC on se méfie des gens d'esprit tout autant que des européistes...  

 

Bis repetita placent. Plus loin, à propos justement de l'européisme de Roger de Weck, il écrit encore :

 

"Un attachement continental sincère, qui construit aujourd'hui encore la détestation hargneuse qu'ont pour lui les ténors UDC."

 

A L'Hebdo il est tabou de critiquer l'européisme... Vous aurez noté l'opposition polémique entre "attachement sincère" et "détestation hargneuse", entre gentil et méchants en quelque sorte.

 

Dans un article sur l'entreprise, l'éducation, la famille ici, Sylvain Menétrey se fait le chantre du "soft management" qu'il oppose à l'autoritarisme. C'est l'occasion pour lui de donner au passage un petit coup de patte à l'UDC :

 

"L'autoritarisme est devenu ringard, quoi qu'en disent les partisans du tour de vis à l'école et ailleurs, comme l'UDC ou Nicolas Sarkozy."

 

C'est confondre allègrement autorité et autoritarisme... Tout en nuances...

 

Terminons par la chronique de Chantal Tauxe sur "Le crépuscule des miliciens" ici. Celle qui voudrait bien "laisser l'UDC à son conservatisme castrateur" en fait un éloge qui se veut assassin. Elle reprend les arguments éculés, et faux, de l'argent et du professionalisme, ce qui permet d'éviter de reconnaître qu'une grande partie de la population vote pour l'Union démocratique du Centre surtout, et avant tout, parce qu'elle la voit et la sait proche de ses réelles préoccupations :

 

"C'est désormais un passage obligé aux lendemains des votations gagnées par l'UDC, que de dénoncer la disparité des moyens qui ont déterminé le résultat. L'UDC dispose de plus d'argent. L'UDC mène campagne de manière plus professionnelle [...]. L'UDC est professionnelle. Les autres partis, fidèles à la tradition suisse, ne le sont pas."

 

Comme on le voit l'UDC est la cible préférée de l'hebdomadaire de gauche qui ne rêve que d'une chose : que le centre droit fasse alliance avec la gauche, contre l'UDC

 

Le "magazine de référence en Suisse romande" ne se rend pas compte que, ce faisant, il rend surtout le plus grand des services à la dite UDC en lui donnant une importance encore plus grande qu'elle n'a en Suisse romande, qui ne peut que la ravir et qu'elle ne pourrait même pas imaginer dans ses rêves les plus fous...

 

Francis Richard

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15 décembre 2010 3 15 /12 /décembre /2010 23:30

BruxellesHier, 14 décembre 2010, le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne , réuni à Bruxelles [ la photo provient d'ici], a publié des conclusions sur les relations de l'Union avec les pays qui n'en sont pas membres, tels que la Suisse ici. L'Union européenne est définitivement le modèle qu'il ne faut pas suivre. Elle entend en effet exercer la loi du plus fort sur les petits pays qui ne se soumettent pas à elle.

 

Cette construction, hétéroclite et bureaucratique, antidémocratique et sans âme, de pays complètement dissemblables, dont les échecs répétés sont la marque de fabrique, se permet  d'imposer sa manière de voir à la petite Suisse, qui, certes, n'est pas parfaite mais se porte beaucoup mieux que ses vingt-sept partenaires bilatéraux de l'Union, qui sont autant de donneurs de leçons et qui devraient plutôt balayer devant leur porte.

 

Le Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Union passe d'abord la brosse à reluire :

 

"Les relations entre l'UE et la Suisse sont bonnes, intenses et étendues."

 

Dans cet ordre d'idées il se félicite de beaucoup de choses :

 

- du fait que la Suisse soit un des principaux partenaires économiques de l'UE

- de la participation de la Suisse à l'espace Schengen

- du percement du tunnel du Gothard

- de la coopération de la Suisse dans le domaine de la politique étrangère et de la sécurité commune

- de la contribution de la Suisse à la réduction des disparités économiques et sociales dans l'Union [son argent l'intéresse !].

 

Puis, progressivement, le Conseil montre les dents.

 

Il commence par prendre note que la Suisse vient de confirmer son choix de continuer à conclure avec l'Union "des accords dans des secteurs choisis" et par dire que "cette approche sectorielle" a permis une coopération plus étroite entre les deux.

 

L'objection vient tout de suite après :

 

"[Cette approche sectorielle] s'est traduite au fil des années par un ensemble très complexe d'accords multiples."

 

[A qui la faute ? Sinon à l'UE qui n'arrête pas de pondre directives et réglementations... qui représentent des centaines de milliers de pages illisibles et inapplicables.]

 

Toujours est-il que le Conseil est préoccupé par plusieurs points qu'il considère comme incompatibles avec les accords signés grâce à cette approche sectorielle, tels que :

 

- leur application incohérente qui résulterait de l'introduction par la Suisse "de mesures et pratiques législatives ultérieures"

- la distorsion de concurrence qui serait créée par "les différents régimes cantonaux d'imposition des sociétés"

 

Il est effectivement difficile pour tous ces pays, dont le déficit démocratique est patent, de comprendre que le peuple est souverain en Suisse, notamment en matière fiscale, ce localement, et qu'il a le dernier mot, alors que celui-ci n'appartient chez eux qu'à leurs prétendues élites.

 

Il est difficile également pour ces pays de comprendre que la concurrence fiscale est un élément de la concurrence tout court, alors que chez eux toute concurrence n'est qu'une liberté conditionnelle et révocable à merci et à tout bout de champ. Le Conseil ose pourtant parler sans vergogne d'"insécurité juridique" générée par la Suisse.

 

Le Conseil passe alors à nouveau la brosse à reluire. C'est ainsi qu'il se félicite :

 

- que la Suisse "soit disposée à envisager une extension du champ d'application en matière de fiscalité des revenus de l'épargne"

- qu'elle se soit engagée à "appliquer les normes de l'OCDE en matière de transparence et d'échange d'informations dans le domaine fiscal".

 

[Ce que l'Union a obtenu sous la contrainte...Elle applaudit donc son emploi.]

 

C'est pour mieux asséner son coup : 

 

"Tout en respectant pleinement la souveraineté et les choix de la Suisse [pure clause de style !], le Conseil est arrivé [tout seul ou avec l'aide de la Commission ?] à la conclusion que, si le système actuel d'accords bilatéraux a bien fonctionné par le passé, le principal défi pour les années à venir sera d'aller au-delà de ce système, qui est devenu complexe, difficile à gérer et a manifestement atteint ses limites [encore une fois à qui la faute ?]."

 

Quelles sont finalement les exigences de l'Union ?

 

- la Suisse se devra "d'appliquer et d'interpréter de manière homogène et au fur et à mesure les éléments de l'acquis en évolution"

- l'UE ne conclura de nouveaux accords qu'en ayant à l'esprit "la nécessité de garantir des progrès parallèles dans tous les domaines de coopération, notamment ceux qui posent des difficultés aux citoyens et aux entreprises de l'UE".

 

Ce qui signifie que l'UE veut que l'on fasse comme elle, ce qui ne lui a pas réussi, c'est-à-dire que l'on s'aligne sur la même pression fiscale, sur les mêmes contraintes sociales, sur le même endettement, sur les mêmes réglementations pour tout et pour rien. Bref elle demande à la Suisse de suivre docilement la route de la servitude qu'elle a tracée pour elle-même. Ou elle saura bien l'imposer par la force à la Suisse récalcitrante.

 

Un seul souhait devant tant d'arrogance : que l'UE se disloque le plus tôt possible, ce qui serait le meilleur service qu'elle rendrait à ses ressortissants et à la Suisse, qui n'a décidément rien à faire dans cette galère-là.

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 23:35

BillagLe 7 septembre de cette année j'ai raconté ici ce qu'était Billag, la société qui a le monopole en Suisse du recouvrement de la redevance audiovisuelle jusqu'en 2014 :

 

"Cette filiale à 100% de Swisscom, dont le siège est à Fribourg, a alors obtenu [en 1998] le mandat de la Confédération d'encaisser les redevances radio et télé. Pour récolter quelque 1,3 milliard de francs elle emploie 300 personnes et coûte la bagatelle de 55 millions de francs de frais de fonctionnement [en fait 57 millions] à la collectivité."

 

La plus grosse part du gâteau ici est dévolu à la SSR - 1'153 millions sur 1'270 millions -, c'est-à-dire aux télévisions et radios publiques. Le seul fait de posséder un appareil de réception - ordinateurs compris - vous condamne à payer la redevance audiovisuelle, que les programmes publics vous plaisent ou non, que vous allumiez votre appareil ou non. Le principal est que votre appareil soit en bon état de marche. C'est ce qu'on appelle la liberté de choix, puisqu'on est libre de ne pas regarder mais qu'on n'est pas libre de ne pas payer.

 

Dans mon article du 7 septembre 2010, je faisais écho à cette information incroyable ici : au cours des trois dernières années 67 millions de francs de la redevance n'ont pas trouvé preneurs, la loi étant tellement bien faite qu'ils ne pouvaient pas être attribués à des télévisions et radios privés selon les critères retenus. La proprortion est énorme puisque chaque année 50 millions de francs sont récoltés en leur faveur. Pas question pour autant de diminuer la redevance audiovisuelle. On trouvera bien moyen de dépenser ces fichus 67 millions d'une manière ou d'une autre. Fouchtra !

 

Le 13 octobre 2010, l'OFCOM, l'Office fédéral de la communication, annonce ici [d'où vient la photo] qu'à partir de 2011 la redevance audiovisuelle, qui représente la bagatelle de 462 francs par an, une des plus élevées d'Europe, sinon la plus élevée, environ 347 € au cours actuel, sera désormais perçue une seule fois par an au lieu de tous les trois mois. Pourquoi ? Je vous le donne en mille Emile, comme dirait Coluche : pour économiser 9 à 10 millions de francs... en coûts d'impression et d'envoi, en frais de paiement.

 

Il faut savoir, à titre comparatif, que l'OFCOM perçoit 4 millions de francs sur la redevance audiovisuelle pour "la surveillance de l'organe d'encaissement, pour le règlement des procédures de recours contre les décisions de l'organe d'encaissement et pour la poursuite des resquilleurs". En somme qu'il est lui aussi intéressé par ce fromage qui fait vivre décidément beaucoup de monde...

 

Comme un certain nombre de redevables auront du mal à payer en une fois, il leur est proposé de continuer à payer tous les trois mois, moyennant une surtaxe de 2 francs par facture, ce qui portera la redevance annuelle à 470 francs, soit une hause déguisée de 1,7%... Si, par hypothèse, les 3 millions de redevables actuels choisissaient cette solution, certes les économies de 9 à 10 millions de francs ne seraient pas réalisées mais il tomberait 24 millions de plus dans l'escarcelle de Billag... 

 

Il est vraisemblable que cette bonne nouvelle, quand la mise en place de la facture annuelle sera effective, n'enchantera pas les redevables. Billag s'attend donc à un afflux de questions. Traduisez : à un afflux de récriminations. Pour y faire face l'organe d'encaissement a décidé de doubler le nombre des collaborateurs de son centre d'appel ici. De 70 actuellement ils passeront à 140. Ce qui représentera un surcoût de 3 à 4 millions de francs pour en économiser hypothétiquement 9 à 10.

 

Vous savez ce que cela me rappelle ? Le sophisme de la vitre cassée, dénoncé par Frédéric Bastiat, dans son livre Ce qu'on voit et ce qu'on ne voit pas ici ...

 

A tout prendre, ne serait-il pas plus simple de supprimer purement et simplement la redevance comme le suggère Pascal Décaillet ici  et laisser au consommateur la liberté d'écouter et de regarder ce que bon lui semble ?

 

Francis Richard

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6 décembre 2010 1 06 /12 /décembre /2010 23:45

Affaire KadhafiVendredi dernier, 3 décembre 2010, la Commission de gestion du Conseil des Etats a publié son rapport ici sur la Gestion par les autorités fédérales de la crise diplomatique entre la Suisse et la Libye, autrement dit sur l'affaire Kadhafi.[la photo provient d'ici].

 

Après avoir lu le début de ce rapport où était résumé l'essentiel en bref, j'ai failli renoncer à aller plus avant. En effet, à quoi bon lire une enquête qui "ne vise ni une évaluation globale de la gestion de cette crise ni une appréciation de la stratégie de négociation suivie par la diplomatie suisse" ?

 

Il faut dire que le mandat d'enquête de la Commission de gestion est limité, pour la durée de la crise, soit pour la période allant du 15 juillet 2008 au 13 juin 2010 :

 

- à l'analyse de la conduite du Conseil fédéral et des flux d'informations au sein du collège en relation avec le voyage d'Hans-Rudolf Merz en Libye le 20 août 2009 et avec la planification d'opérations d'exfiltration des deux otages suisses en Libye

- à l'analyse des modalités de la collaboration entre les autorités fédérales et les autorités de la République et canton de Genève.

 

Ma curiosité a toutefois été récompensée. La Commission de gestion a bien été obligée pour remplir son mandat de reconstituer plusieurs épisodes de la crise, avec des moyens d'investigations que votre serviteur ne possède évidemment pas. C'est cette reconstitution, davantage que les recommandations de la Commission, qui, à mon sens, présente un réel intérêt.

 

C'est ainsi que deux points ont retenu toute mon attention :

 

- le statut d'Hannibal et d'Aline Kadhafi lors de leur arrestation le 15 juillet 2008¨

 

- le comportement d'Hans-Rudolf Merz, alors président de la Confédération, lors de la conclusion de l'accord du 20 août 2009

 

Le 15 juillet 2008 les époux Kadhafi, Hannibal et Aline, respectivement fils et bru du Guide de la Révolution, sont arrêtés à la suite d'une plainte pénale déposée par deux de leurs domestiques qui ont subi des sévices de leur part. La veille, avant de procéder à cette arrestation, les autorités genevoises ont interrogé les autorités fédérales. Celles-là reçoivent de celles-ci un courriel daté du 15 juillet 2008, qui figure dans le rapport et dont le passage important est le suivant :

 

"Ces deux personnes [Monsieur H.K. et Madame A.K.] n'ont pas de statut diplomatique en Suisse et sont soumises au droit ordinaire.

 

Compte tenu des répercussions politiques que cette interpellation ne manquera pas de susciter au niveau des relations bilatérales entre les deux pays, je vous prie de bien vouloir instruire les agents de police afin qu'ils prennent toutes les précautions d'usage lors de leur intervention."

 

Inculpés le 16 juillet 2008, les époux Kadhafi sont libérés sous caution le lendemain et regagnent la Libye le jour même.

 

Deux jours plus tard, le 19 juillet 2008, deux ressortissants suisses, Rachid Hamdani et Max Göldi, sont arrêtés sous un prétexte bidon et emprisonnés dans un premier temps jusqu'au 29 juillet 2008 dans des conditions de détention exécrables. Ils sont alors relâchés avec interdiction de quitter le territoire libyen.

 

Un comité indépendant composé d'un juge suisse et d'un juge libyen est mis en place début septembre 2008, tandis que les domestiques du couple Kadhafi retirent leur plainte et que le procureur de la République et canton de Genève abandonne les poursuites pénales contre le couple Kadhafi.

 

Le 14 décembre 2008 le juge suisse conclut son enquête en ces termes :

 

"J'estime que l'arrestation et la détention de M. et Mme [K.] n'ont pas été exécutées en violation des droits suisse et international, sauf en ce qui concerne le vol présumé [allusion à une déclaration, effectuée par trois employés et datée du 13 juillet 2008, du vol d'une montre et de 2000 € appartenant au couple K.]. Le déroulement  des opérations n'en est pas moins regrettable, notamment si l'on considère que les autorités de police genevoises avaient été informées que M. et Mme [K.], en tant que détenteurs de passeports diplomatiques et en leur qualité de hauts dignitaires de l'Etat libyen, devaient être traités avec une attention toute particulière. Ce conseil n'a malheureusement pas été suivi et l'on peut considérer que les deux personnes en question n'ont pas toujours été traitées avec les égards dus à leur rang et ont même été inutilement humiliés."

 

Quant au juge libyen, le 24 décembre 2008, il accrédite cette fable du "diplomate libyen et de son épouse" et considère que le traitement infligé au couple K. et la violation des droits de leur enfant "doivent être qualifiés de délits en vertu du droit pénal" et que "des mesures disciplinaires sévères" doivent les sanctionner.

 

Le problème est que les époux K. ne bénéficient pas de l'immunité diplomatique au moment des faits et que les conclusions de l'un et l'autre juge sont donc sans valeur, puisque toute leur argumentation, à l'un comme à l'autre, repose sur cette qualification erronée.

 

Pendant les mois qui suivent, des tractations ont lieu, sans résultat. Micheline Calmy-Rey, ministre des Affaires étrangères suisse, fait même le déplacement à Tripoli du 27 au 29 mai 2009, sans résultat.

 

Lors de sa séance du 17 juin 2009 le Conseil fédéral donne mandat informel à Hans-Rudolf Merz, président de la Confédération en 2009, de se charger du dossier. Après de nouvelles tractations une proposition d'accord est envoyée par la Libye le 13 août 2009.

 

Cette proposition est soumise par la collaboratrice diplomatique d'Hans-Rudolf Merz à la DDIP, Direction du droit international public (qui dépend du département de Micheline Calmy-Rey), qui conclut qu'elle est inacceptable par la Suisse. Il ne peut être question que la Suisse présente des excuses formelles et publiques pour tort commis à l'égard d'un diplomate libyen, puisqu'aucun tort n'a été commis et que H.K. n'avait pas de statut diplomatique au moment des faits. Selon la DDIP, un tribunal arbitral doit examiner non seulement "le comportement suisse" mais aussi "les violations de droit subséquentes à l'arrestation du couple K. commises par la Libye".

 

Une semaine plus tard, sans avoir consulté ses collègues du Conseil fédéral, Hans-Rudolf Merz signe le 20 août 2009, à Tripoli, un accord avec la Libye qui ne tient aucun compte des conclusions de la DDIP et qui leur est même exactement contraire. Le président de la Confédération s'est rendu en Libye après voir dit pourtant la veille à ses collègues qu'il ne s'y rendrait pas...

 

Pire, le 24 août 2009, dans une proposition élaborée par son département, il leur demande d'approuver cet accord lors de la séance prévue le 26 août 2009, en mentionnant qu'il s'est "seulement excusé pour les circonstances de l'arrestation". Ce qui est inexact puisque le texte original de l'accord est le suivant :

 

"The Swiss Federal Governement shall express official and public apology for the unjustified and unnecessary arrest conducted by the Geneva Police."

 

Ce qui peut se traduire par :

 

"Le Conseil fédéral devra exprimer ses excuses officielles et publiques pour l'arrestation injustifiée et non nécessaire conduite par la police de Genève."

 

Le rapport révèle :

 

"De plus, la version allemande de l'accord présentée par le président de la Confédération 2009 au Conseil fédéral lors de sa séance du 26 août 2009 ne correspond pas littéralement au texte original anglais. En effet il est fait état d'une "ungebührliche und unnötige Verhaftung" et non d'une "unberechtige und unnötige Veraftung"".

 

Ce qui n'est pas la même chose puisque "ungebührlich" peut se traduire par "peu convenable" et "unberechtig" par "injustifié"...

 

Enfin on apprend par le rapport que, le 26 août 2009, le Conseil fédéral n'approuve pas formellement l'accord du 20 août 2009, mais qu'il en prend acte et "décide de prendre en main la phase de mise en oeuvre de l'accord" :

  

"Il ressort des procès-verbaux du Conseil fédéral que les membres du collège n'étaient pas prêts à approuver formellement cet accord alors qu'ils n'avaient pas été consultés au préalable sur son contenu.

  

Par ailleurs, il ressort aussi des documents du Conseil fédéral que la secrétaire générale du DFF [Département fédéral des finances, dirigé par Hans-Rudolf Merz], sur mandat du président de la Confédération 2009, aurait approché la chancelière fédérale en vue de modifier après-coup la décision du Conseil fédéral du 26 août 2009, ce que la chancelière fédérale aurait refusé de faire."...

  

L'accord humiliant du 20 août 2009 devait permettre la libération rapide des otages suisses retenus en Libye. Il n'en a rien été. Rachid Hamdani devait être retenu six mois encore et Max Göldi dix.

 

Ces deux épisodes confirment :

 

- que la République et canton de Genève s'est montré respectueuse du droit suisse et du droit international et qu'elle a traité le couple Kadhafi comme les criminels de droit commun qu'ils étaient sans tenir compte qu'ils étaient puissants ou misérables

 

- que le président de la Confédération 2009, à savoir Hans-Rudolf Merz, a outrepassé ses droits, qu'il s'est complètement fourvoyé dans cette affaire et qu'il était vraiment temps qu'il prenne sa retraite.

 

Francis Richard

 

L'internaute peut écouter  ici sur le site de Radio Silence mon émission sur le même thème.

 

Articles précédents sur l'affaire Kadhafi :

 

Affaire Kadhafi: l'accord signé par la Suisse sous la contrainte ne vaut rien du 14.06.10    

Max Göldi sorti de prison: retour à la case départ ? du 11.06.10  

Muammar Kadhafi se confie à l'Hebdo : plus ouf, tu meurs ! du 7.05.10  

Affaire Kadhafi : demain soir Max Göldi aura déjà purgé la moitié de sa peine du 21.04.10
Union européenne, Kadhafi, mêmes intérêts économiques ? du 25.03.10
  

Comment,en refusant des visas à des Libyens,la Suisse a poussé à bout l'Italie du 17.03.10
Le jihad new-look de Kadhafi en réponse au vote sur les minarets du 10.03.10
Le ridicule ne tue pas, sinon Muammar Kadhafi avec son jihad... du 03.03.10
Otages suisses: la Libye, Etat voyou, a fauté en défiant Schengen du 23.02.10
La Libye de Kadhafi retient depuis 500 jours deux Suisses en otage du 01.12.09
Le gang Kadhafi, père et fils, et l'initiative anti-minarets du 22.10.09
Retour sur la 64e session de l'ONU et le bras de fer Kadhafi-Merz du 01.10.09
Affaire Kadhafi: où l'on découvre qu'Hans-Rudolf Merz ne sait pas lire... du 08.09.09
Affaire Kadhafi : en attendant le retour des deux otages. du 27.08.09
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Affaire Kadhafi : trompe-l'oeil du parallèle entre Libye et Suisse du 31.07.08
Affaire Kadhafi : baisser son pantalon en étant dans son bon droit du 29.07.08
L'emploi chez les Kadhafi c'est sévices compris du 25.07.08
 

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  • De formation scientifique (EPFL), économique et financière (Paris IX Dauphine), j'ai travaillé dans l'industrie, le conseil aux entreprises et les ressources humaines, et m'intéresse aux arts et lettres.
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